Sans cela le meilleur écrivain s’égare ; au milieu de couleurs brillantes, de détails admirables, on reconnaît que l’ouvrage n’est point construit, et on accuse l’auteur de manquer d’invention.
Le temps lui a manqué et non plus le courage de les accomplir.
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête, Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux, Je m’en irai bientôt, au milieu de la fête, Sans que rien manque au monde immense et radieux1 !
Chacun d’eux ne doit jamais manquer de dire à ceux qui naissent de lui : Connaissez le Seigneur, qui est votre père. » 2.
Celui auquel il manque certains temps, ou certaines personnes que l’usage n’admet pas, est appelé verbe défectueux. […] Je dois observer ici qu’une conjonction se rapporte bien souvent à plusieurs espèces, suivant le sens dans lequel elle est employée : = Comme vous êtes honnête homme, vous ne manquerez pas à votre parole : = C’est une affaire très importante : aussi devons-nous y apporter tous nos soins.
Il manque à votre belle statue l’expression et le mouvement. — D’accord. […] Dites-vous : « Tel effet oratoire a manqué, tel autre a réussi, » et demandez-vous pourquoi.
Les vaisseaux ont leurs soupapes ou valvules, tournées en tout sens ; les os et les muscles ont leurs poulies et leurs leviers : les proportions qui font et les équilibres, et la multiplication des forces mouvantes, y sont observées dans une justesse où rien ne manque.
Voilà pourtant, jeunes Pisons, voilà l’image exacte et fidèle d’un livre où les idées confuses ressembleraient aux songes d’un malade, et dont les différentes parties manqueraient d’harmonie et d’ensemble. — Les poëtes, dira-t-on, n’ont-ils pas toujours eu, comme les peintres, le privilège de tout oser ? […] 85La fuite d’un défaut 86mène dans un vice (un défaut plus grand), 87si elle manque d’art. […] 746Un vers jeté sur la scène 747avec une pesanteur trop grande, 748 l’auteur 749de l’accusation honteuse 750soit d’un travail trop rapide 751et qui manque de soin, 752soit d’ignorance de l’art.
Il manquerait quelque chose à ce tableau divin, si le bonheur de la bonne Noémi n’en terminait agréablement la perspective.
. — Rien, répond l’autre, sinon que vous montez et que je descends. » Les auteurs d’Ana attribuent à Molière un mot qu’il n’a probablement jamais prononcé, mais qui rentre parfaitement dans les allusions verbales : « Messieurs, aurait-il dit un jour à son public, nous vous avions promis Tartufe pour demain ; nous regrettons d’être forcés de vous manquer de parole ; monsieur le premier président ne veut pas qu’on le joue. » On peut placer parmi les allusions verbales la figure nommée par les rhéteurs syllepse oratoire, pour la distinguer de la syllepse grammaticale, dont il sera bientôt question.
J’observerai seulement que les vers, à rimes suivies, manquent d’harmonie, 1º quand les rimes masculines ont une trop grande convenance de son avec les féminines, comme dans ceux-ci de Racine : Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix, Souffrez que j’ose ici me flatter de leur choix, Et qu’à vos yeux, Seigneur, je montre quelque joie De voir le fils d’Achille, et le vainqueur de Troie.
L’espace nous manque pour nous occuper de la première, qui périt noyée plus tard dans le sang des Albigeois.
Quand avons-nous manqué d’aboyer au larron ?
Je suis un peu partisan de la méthode, et je tiens que sans elle aucun grand ouvrage ne passe à la postérité. » Il se corrige ailleurs en ajoutant : « J’avoue que Montesquieu manque souvent d’ordre, malgré ses divisions en livres et en chapitres ; que quelquefois il donne une épigramme pour une définition, et une antithèse pour une pensée nouvelle ; qu’il n’est pas toujours exact dans ses citations ; mais ce sera à jamais un génie heureux et profond, qui pense et fait penser.
Que manquera-t-il à votre félicité ?
Je crois de votre Provence toutes les merveilles que vous m’en dites ; mais vous savez fort bien les mettre dans leur jour, et si le beau pays que vous avez vu pouvait vous témoigner les obligations qu’il vous a, je suis assurée qu’il n’y manquerait pas. […] Il manque aux engagements qu’il a ; il en feint, quand il n’en a pas. […] N° 103. — L’Enfance C’est l’âge où les agréments du maintien, les grâces naïves de la personne apparaissent avec : le plus d’éclat, parce que tout est conforme à j la nature et que rien n’est vicié ni déformé par les travaux pénibles — … Ainsi, l’enfant a les membres bien proportionnés — … Sa main, son dos n’ont point supporté les fardeaux de l’atelier — … Ses cheveux flottent… Sa peau n’est pas ternie… La vie lui paraît semée de fleurs… Le chagrin ne l’a point encore atteint —..… La défiance lui est inconnue — _____ Son imagination n’enfante que des idées agréables - — … Ses peines légères se dissipent rapidement — … Que lui manque-t-il ? […] COMPOSITIONS N° 212. — La Couronne de Marie Une jeune femme avait élevé un petit autel à Marie, au fond d’une vallée solitaire — … elle allait tous les jours déposer sur la tête de la madone, une couronne des plus belles fleurs de la vallée — … Elle avait appris à son fils, dès la plus tendre enfance, à honorer ainsi Marie, et quand l’enfant fut grand, c’est lui qui allait porter la couronne nouvelle sur l’humble autel — … plein d’innocence, de joie et de céleste amour — … Un jour vint où il fallut quitter la ma « son maternelle pour aller en pension- — … Ce jour-là la couronne de Marie ne fut pas renouvelée et l’enfant fut triste — … Il porta ses douleurs au sein du pensionnat — … Le directeur du pensionnat, vieillard à cheveux blancs, sut la cause de la douleur du jeune homme ; et, en le consolant paternellement, il lui donna un rosaire, cette couronne mystique toujours fraîche, pour qu’il l’offrît tous les matins à la reine des anges — Ainsi fit le pieux écolier — … Or, il arriva que le vieillard et l’écolier, traversant un jour une forêt, s’égarèrent au milieu des ténèbres et furent sur le point de tomber entre les mains des voleurs — … Le jeune homme eut peur et dit : Je vous salue, Marie — … Aussitôt une clarté céleste dirigea leurs pas, et tous deux, en effeuillant la couronne mystique, arrivèrent en lieu sûr — … Alors ils prièrent — … En ce moment, une femme entourée d’un groupe d’anges, descendit sur eux — … Elle toucha Le front de son jeune serviteur, prit le rosaire qui se changea en couronne de roses, et remporta dans les cieux — … N° 213. — La Jeune Fille et sa Mère Une jeune fille et sa mère avancée en âge, travaillaient pendant une nuit d’hiver, à la lueur d’une lampe et à la froide chaleur d’un petit brasier — … La jeune fille dit doucement : Ma mère, vous n’avez pas toujours été pauvre — … Ma fille, Dieu est le maître — … Il m’a enlevé votre pore, je fus inconsolable, mais vous me restiez — … La jeune fille pleurait — … La mère reprit : Nous avons peu, mais nous travaillons, d’autres manquent de pain ; d’ailleurs, avec vous, pourrais-je me plaindre — … Et la jeune fille embrassait sa mère — … Ecoutez, ma fille, reprit encore la mère, tout passe ici-bas, un monde meilleur nous attend — … Quand je vous portais dans mon sein, la vierge Marie m’apparut et déposa entre mes bras un enfant couronné de roses blanches — … C’était vous — … L’hiver n’était pas fini, que la fille et la mère moururent dans les bras l’une de l’autre — … et l’on vit deux formes lumineuses s’élever dans les airs au milieu des cantiques des anges — … N° 214. — Le Trépas d’Amour À une époque de foi où les pèlerinages étaient en honneur parmi les chrétiens, un jeune gentilhomme entreprend un pèlerinage à Jérusalem, pour y visiter les lieux témoins des grands mystères de la vie du Sauveur — … Il parcourut successivement Nazareth, Bethléem, Béthanie ; il n’oublie pas le Jourdain, le désert, le Thabor, puis il suit jusqu’au calvaire la voie douloureuse — … Il descend dans le sépulcre, gravit ta montagne des Oliviers, d’où Jésus s’éleva dans les cieux — … Là, pénétré de douleur, et ne sachant, après avoir suivi pas à pas Jésus, en quels lieux aller sur ta terre, il pousse des soupirs d’amour vers le ciel — … Il meurt, on ouvre son corps, et l’on voit ces paroles écrites sur son cœur : Jésus, mon amour — … Avis. […] N° 217. — Mathilde de Tellis Vers le milieu du quatorzième siècle, vivaient à Berne, deux bourgeois qui se haïssaient cordialement, l’un, Jorg de Tellis, déjà vieux, était père d’une jeune fille nommée Mathilde ; Vautre, dans l’âge mûr, homme vaillant, se nommait Pierre de Kœpf — … Vint un moment où l’on crut que leur haine allait finir, car Kœpf avait demandé Mathilde en mariage ; mais il fut refusé du père et de la fille — … Peu après fut tué un banneret de Berne — … Kœpf accusa Tellis de ce meurtre — … Le vieillard troublé par cette accusation devint paralytique — … Le procès s’instruisit — … Quand Mathilde vit cela, et qu’on n’apportait contre son père que des suppositions au lieu de preuves, elle demanda le jugement de la bataille, c’est-à-dire, qu’elle s’offrit à combattre, elle, jeune fille, contre l’accusateur de son père, suivant la coutume de ces temps — … Le juge prit le papier qui contenait sa plainte, et Kœpf, soutenant vraie sou accusation, on les mit tous deux en prison, quand iis se furent jetés leurs gants — … On trouva à grande peine une armure de chevalier allant à la taille de Mathilde — … Arrivée au lieu du combat, elle voulut combattre à pied — … Elle était calme, Kœpf était pâle et confus —.… Les deux combattants s’agenouillèrent à côté l’un de l’autre, déclinèrent aux juges leurs noms de baptême, confessèrent la sainte Trinité et la sainte Eglise, et se répétèrent à la face leur accusation — … Puis, ils allèrent se placer, Mathilde, encouragée par le peuple, à l’orient, Kœpf, chancelant, à l’occident — … La première pria — … Le second fit semblant — … Description du combat, tel qu’on peut l’imaginer entre une jeune fille et un homme de quarante ans, Mathilde échappait par son agilité et son sang-froid, aux terribles coups du farouche guerrier — … Enfin, elle reçut un grand coup sur la tête, et tomba, puis elle se releva sur ses genoux — … Kœpf s’approcha pour l’achever -mais elle, saisissant habilement le défaut de la cuirasse sous le bras, lui plongea la pointe de son épée jusqu’au cou — … Il tomba — … Mathilde s’approcha alors, défit le casque du vaincu, et lui dit de se reconnaître félon et calomniateur — … Kœpf avoua qu’il avait tué le banneret, et qu’il était vaincu par Dieu ainsi qu’un ange le lui avait annoncé dans sa prison — … Kœpf fut mis à mort par le bourreau avec tous les faux témoins qu’il avait subornés — … N° 218. — Les Armaillis Autrefois, les Armaillis, ou bergers de la montagne, ne gardaient leurs vaches que pendant le jour — … Il leur suffisait de les confier aux esprits et aux fées, en leur offrant le soir sans manquer (autrement il y avait tapage nocturne), un peu de lait, de la main gauche… Maintenant, il faut garder les troupeaux pendant la nuit, depuis qu’un soir quelque fou eut offert de la boue au lieu du lait — … La guerre se déclara entre les Armaillis et les esprits ; ceux-ci se réfugièrent dans Ses chamois, qui, traqués de toutes parts, furent forcés de fuir — … Mais ils prennent leurs revanches pendant les nuits, précipitent les avalanches sur les troupeaux, et dirigent les tempêtes sur les chalets — …Quelques fois ils sont bien attrapés, quand on prie, par exemple — … Un jour ils voient un beau chalet tout neuf, ils vont trouver l’orage pour qu’il le renverse — … L’orage accourt, mais il est obligé de s’arrêter devant une croix et les noms de Jésus et de Marie — … Alors, les vents, ne pouvant seulement pousser la fumée du chalet, se retournent contre les esprits et les brisent contre les rochers — … Le lendemain, on vit un nuage noir, formé de leurs plumes, s’enfuira l’horizon — … N° 219. — Notre-Dame de Passant Dans un recoin ignoré du canton d’Unterwald (Suisse), au milieu d’un étroit sentier, bordé de chaque côté d’un affreux précipice est un petit oratoire, dédié à Notre-Dame du Passant — … Autrefois, ce lieu était célèbre par des accidents de toute sorte ; car c’était la demeure des démons — … Il était maudit — … On imagina d’y placer une image de la sainte Vierge — … Quelques ouvriers pieux se présentèrent pour aller bâtir l’oratoire — … Maintenant, le lieu est sûr — … Tous les passants sont préservés des dangers de la route — … (Petite invocation à Notre-Dame du Passant.)