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82. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre II. De l’arrangement des Mots. » pp. 87-179

On construit les adjectifs qui sont au comparatif, ou au superlatif, de la même manière que quand ils n’y sont point. […] Ici, le premier gérondif exprime une circonstance ; le second, une manière ; le troisième, un moyen. […] Voilà pourquoi il y a des conjonctions, après lesquelles on emploie tantôt l’indicatif, tantôt le subjonctif, selon la chose qu’on veut affirmer, ou qu’on exprime d’une manière qui marque le doute ou le souhait ; comme dans ces phrases : = il s’est placé, de manière qu’il peut tout voir et tout entendre : = il n’a rien dit autre chose, si ce n’est que vous êtes studieux et docile. […] Il en est de même après ces manières de parler, de crainte que, de peur que. […] On connaît assez par l’usage les différentes manières d’employer la conjonction que.

83. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE IV. De la composition des vers. » pp. 295-331

I manière de retourner les vers hexamètres. […] Talia funera ritu ferali curārunt49. » II manière de retourner les vers pentamètres. […] Si, au lieu de dire : Invadunt urbem somno vinoque sepultam, on disait : Somno vinoque fruentem, la pensée du poète serait travestie d’une manière ridicule. […] Et ces vers d’Horace ont été amplifiés d’une manière admirable par un poète français : « La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ; « On a beau la prier, « La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles, « Et nous laisse crier. […] Toutes les circonstances en sont décrites de la manière la plus sensible et la plus propre à nous émouvoir : ce roi chargé d’années, qui revêt son armure quand on lui annonce que l’ennemi est maître de la ville ; la rencontre des membres de sa famille, qui vont se réfugier au pied d’un autel élevé au centre du palais, et contraignent l’auguste vieillard, malgré sa bouillante ardeur, à se réfugier avec eux dans cet asile sacré ; l’indignation de ce roi à la vue de Pyrrhus qui égorge l’un de ses fils ; le trait qu’il lui lance d’une main faible et tremblante ; la brutale fureur de Pyrrhus ; la manière dont il massacre ce vénérable vieillard : tous ces traits sont peints avec un talent inimitable.

84. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Les matières doivent être disposées de manière que la connaissance d’un précepte mène naturellement à la connaissance d’un autre. […] Dans les œuvres de Lucien, né, vers la fin du premier siècle de notre ère, à Samosate, ville de Syrie, et professeur de philosophie et d’éloquence à Athènes, on trouve un petit traité sur la manière d’écrire l’histoire, qui est un chef-d’œuvre. […] Il est assurément impossible de donner en moins de mots, et d’une manière plus agréable et plus piquante, une idée plus complète des qualités et des défauts des deux ouvrages. […] Il y traite de la logique, de la physique, de la politique et de la morale d’une manière plus ingénieuse et plus attrayante qu’exacte et profitable.

85. (1873) Principes de rhétorique française

Manière de traiter les preuves. — 7. […] — Les preuves ou manières d’établir la vérité de la proposition avancée doivent sortir du sujet même : la meilleure manière de les couver est la méditation sérieuse du sujet. […] Manière de traiter les preuves. […] Les propositions subordonnées doivent être unies aux propositions principales de manière que la distinction en soit facile. […] On a quelquefois défini les figures des façons de parler qui s’éloignent de la manière naturelle et ordinaire.

86. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

L’élocution est la manière d’exprimer sa pensée par la parole ; on emploie souvent le mot style dans le même sens ; il y a pourtant une différence entre ces deux termes. Le style, c’est la manière d’écrire ; l’élocution, la manière de parler ; ce que nous avons à dire ici s’applique à l’un et à l’autre. […] « Presque toujours, dit Voltaire, les choses qu’on dit frappent moins que la manière dont on les dit ; car les hommes ont tous à peu près les mêmes idées de ce qui est à la portée de tout le monde : l’expression, le style fait toute la différence. […] Ainsi, le style n’est autre chose que la façon dont on exprimera pensée ; c’est à peu près la même chose que ce qu’on appelle manière en peinture. […] Il faut construire les périodes de manière qu’elles ne soient ni trop longues ni trop courtes ; la chute doit en être arrondie et harmonieuse, sans brusquerie comme sans pesanteur.

87. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Ceux-ci ont une ressource de plus ; c’est l’antithèse, mais il faut ici, comme ailleurs, user sobrement de cette figure dont la répétition devient monotone ; on y parviendra en opérant les rapprochements d’une manière saillante et naturelle. […] Forme. — Faites remarquer les contrastes les plus saillants, et la manière variée à employer l’antithèse. […] Cette manière est peut-être la plus éloquente de toutes, et peu d’écrivains sont capables de remployer avec une telle magnificence. […] Telle que nous allons l’ envisager, l’allégorie est la manière d’exprimer des faits ou des sentiments par des objets ou des paroles qui les laissent deviner, qui en donnent ridée, mais qui ne la font point connaître positivement. […] S'il s’agit au contraire de donner une leçon sévère, l’allégorie en adoucit l’amertume, et les hommes nés vicieux mais ayant tous en eux l’amour de la vérité, aiment cette manière indirecte de les instruire.

88. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

Cette qualité repose en grande partie sur la manière dont on sait traiter les détails. […] Ce sujet nous semble développé d’une manière agréable et heureuse. […] De la manière dont on nous parla hier de madame de Pontchartrain, je la crois morte présentement. […] Vous me faites sentir vos bontés de la manière la plus bienfaisante ; vous semblez, ne me laisser de sentiments que ceux de la reconnaissance ; et il faut avec cela que je vous importune encore. […] Si on le juge opportun, en complétera ensuite sa lettre en y ajoutant ce que la circonstance ou le cœur peuvent inspirer de nouveau ; de cette manière, on fournira matière à une nouvelle réponse, et l’on entretiendra ainsi avec ses amis ou ses connaissances un agréable échange de pensées et de sentiments.

89. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

« Bientôt nous nous trouvâmes enfourchés ; nous ne songeâmes plus qu’à nous sauver, et nous ne négligeâmes rien pour échapper aux abîmes profonds qui menaçaient de nous engloutir. » Et ceux-ci : « Nous voudrions que les autres nous aimassent, nous admirassent, pliassent sous nous, et ne s’occupassent que du soin de nous satisfaire. » Il vaut mieux dans ce cas construire sa phrase d’une manière différente, afin, comme on dit, de tourner la difficulté. […] Battre exprime l’action, tantôt sans spécifier la manière, tantôt en la spécifiant : Pour un âne enlevé, deux voleurs se battaient ; les Anglais se battent volontiers à coups de poings : c’est ce qu’ils appellent boxer. […] La langue que parlaient ces grands hommes se distinguait des autres idiomes de la Grèce par une concision si grande qu’elle était nommée laconisme : Cette manière de parler était remarquable tout à la fois par la brièveté jointe à l’énergie qui s’accordaient parfaitement avec le goût des Spartiates. […] On remarquera dans la période suivante que tous les membres, et les incises même, sont terminés par des mots pleins et sonores : Soit qu’il élève les trônes, | soit qu’il les abaisse ; (1er membre) : Soit qu’il communique sa puissance aux princes, | soit qu’il la relire à lui-même, | et ne leur laisse que leur propre faiblesse ; (2e membre) ; Il leur apprend leurs devoirs d’une manière souveraine et digne de lui ; (3e membre) ; Car, en leur donnant la puissance, il leur commande d’en user, comme il le fait lui-même pour le bien du monde ; (4e membre) ; Et il leur fait voir, en la retirant, que toute leur majesté est empruntée, | et que, pour être assis sur le trône, ils n’en sont pas moins sous sa main et sous son autorité suprême. (5e membre.) […] Toutes ces périodes respirent une harmonie continuelle : pour atteindre à cette précieuse qualité du style, nous remarquerons que tout le talent consiste à conserver le plus d’égalité possible entre les membres de la période ; à éditer les périodes trop longues et les phrases trop courtes : car les premières feraient perdre haleine, et les secondes obligeraient à chaque instant de s’arrêter ; à savoir dispenser les chutes masculines et féminines à la fin de chaque membre ; à bannir les mots qui riment ensemble, les consonances désagréables, et enfin à terminer le dernier membre d’une manière mélodieuse.

90. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

J’ai du bien2, je suis jeune, et sors d’une maison Qui se peut dire noble avec quelque raison ; Et je crois, par le rang que me donne ma race, Qu’il est fort peu d’emplois dont je ne sois en passe3 : Pour le cœur4, dont surtout nous devons faire cas, On sait, sans vanité, que je n’en manque pas ; Et l’on m’a vu pousser, dans le monde, une affaire5 D’une assez vigoureuse et gaillarde manière. […] N’a-t-il point quelque ami qui pût, sur ses manières, D’un charitable avis lui prêter les lumières ? […] Mais la fresque est pressante, et veut, sans complaisance, Qu’un peintre s’accommode à son impatience, La traite à sa manière, et d’un travail soudain Saisisse le moment qu’elle donne à sa main1, La sévère rigueur de ce moment qui passe Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce ; Avec elle il n’est point de retour à tenter, Et tout, au premier coup, se doit exécuter. […] S’il n’a pas les grandes manières, il a du moins toutes les petites, et celles même qui ne conviennent guère qu’à une jeune précieuse. […] Par quelle sorte de magie a-t-il su allier, fondre ensemble, en quelque manière, ce que l’observation a de plus fin, la réflexion de plus sérieux, de plus triste même, et la gaieté de plus entraînant ?

91. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre lII. »

La grandeur de l’action dépend de son importance, de sa position reculée dans le lointain des siècles, et de la manière dont le poète sait élever son sujet par des créations nobles et saisissantes, tour à tour héroïques et merveilleuses. […] Dans l’épopée, l’intérêt dépend de bien des choses : il tient d’abord aux qualités que nous avons mentionnées, l’unité, la grandeur, l’intégrité ; il tient encore au choix du sujet, aux caractères des personnages ; à la manière progressive dont l’action est conduite ; aux situations dramatiques, aux sentiments, passions qui s’y déploient ; au mouvement, à la variété du récit ; enfin, aux mille ressources de l’imagination du poète. […] Le récit épique se fait de deux manières : ou le poète parle en son nom, comme dans l’Iliade et la Jérusalem délivrée : c’est la fable simple ; ou le poète se jette tout d’abord au milieu de l’action, et fait ensuite raconter par le héros les faits antérieurs, comme dans l’Odyssée et l’Énéide : c’est la fable composée.

92. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — De la Poétique » pp. 2-4

De plus, ce poème offre une ordonnance bien plus parfaite que l’épître d’Horace, et présente les règles de la poésie d’une manière plus complète et plus détaillée. […] Les grandes divisions d’une poétique complète, qui nous seront fournies, ainsi que les divisions secondaires, par la définition qui est en tête de cet ouvrage, peuvent se réduire à deux : la première comprendra ce qui concerne la poésie considérée d’une manière générale, c’est-à-dire, sa nature, sa forme, et les qualités qu’elle exige du poète ; et la seconde renfermera ce qui regarde la poésie considérée en particulier ou les différents genres qu’elle renferme, genres principaux ou grands genres, et genres secondaires.

93. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

Boileau a rendu cette image d’une manière encore plus expressive : Le chagrin monte en croupe ; et galope avec lui. […] Mais il est un autre ordre d’idées qui n’ont de valeur que par la manière dont elles sont exprimées : ce sont des pensées ordinaires, mais qui doivent leur charme à l’expression, au choix des mots dont on se sert pour les représenter. […] Ce n’est point sur le plan, sur la succession des idées que notre étude vient de porter, mais sur la manière dont les idées analogues sont rendues par les deux écrivains. […]  » On sera facilement de l’avis de Racine, si l’on prend la peine de comparer entre elles d’une manière complète les idées analogues qui constituent ces deux pièces de poésie.

94. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Thiers. Né en 1797. » pp. 513-521

Je dirai qu’il y a non pas une, mais vingt manières d’écrire l’histoire, qu’on peut l’écrire comme Thucydide, Xénophon, Polybe, Tite-Live, Salluste, César, Tacite, Commines, Guichardin, Machiavel, Saint-Simon, Frédéric le Grand, Napoléon, et qu’elle est ainsi supérieurement écrite, quoique très-diversement. […] De quelque manière qu’ils fassent, je le répète, ils ont bien fait. […] En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes.

95. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE IV. Des Figures. » pp. 144-262

Il nous reste à parler de celle où l’on supprime des mots déjà exprimés de la même manière, ou d’une manière différente. […] Absolvere, dans ce dernier sens, est finir de quelque manière que ce soit ; au lieu que perficere (de facere, faire, per, parfaitement) est finir de manière qu’il ne manque rien. […] Au figuré, manière d’honorer, culte. […] Liv. — Vehere, voiturer de quelque manière que ce soit. […]  — Modus signifie 1° Manière.

96. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre premier. De l’art de la composition en général. »

2° La disposition a pour but de mettre en ordre les idées fournies par l’invention, c’est-à-dire de tracer le plan général que l’on doit suivre, de manière que chaque chose soit mise à sa place, que les idées s’enchaînent naturellement : de cet ordre naît la clarté, et les transitions d’une partie à l’autre se présentent d’elles-mêmes. […] À l’unité de matière, il faut joindre l’unité de ton et de style ; si l’on commence d’une manière gaie et enjouée, il ne faut pas prendre tout à coup une allure froide et sévère ; le style de la comédie choquerait dans la tragédie, et réciproquement.

97. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300

Sans prétendre en présenter une nouvelle, je crois pouvoir définir les figures des formes particulières de langage qui manifestent l’idée d’une manière plus noble, plus énergique, plus élégante que les formes ordinaires, ou qui indiquent mieux que celles-ci le mouvement de la pensée et la vue de l’esprit. […] Dumarsais donne des figures une idee juste au fond, mais qui pourrait être mieux présentée : « Les figures, dit-il, sont des manières de parler distinctement des autres par une modification particulière, qui fait qu’on les réduit chacune à une espèce à part, et qui les rend ou plus vives, ou plus nobles, ou plus agréables que les manières de parler qui expriment le même fond de pensée, sans avoir d’autre modification particulière. » Préférez-vous la définition de M.

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