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112. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XX. des qualités accidentelles du style. — élégance, finesse, naiveté, enjouement  » pp. 274-288

Homère a chanté le combat des rats et des grenouilles sur la même lyre qui chantait ceux des héros et des dieux ; l’auteur des Pensées est celui des Provinciales ; l’auteur de l’Esprit des lois, celui des Lettres persanes ; si Horace, le Pindare de Rome, en est aussi le premier satirique, qui aiguisa l’épigramme mieux que J. […] Les facéties qui nous plaisent le plus sont, par la loi du contraste, celles que leur auteur débite sérieusement ou qui viennent de graves personnages. […] Il est vrai qu’on en use ; mais le délit n’abroge pas la loi, et on est autorisé à dire que cette pratique est un empiétement et une profanation. » Geruzez, Cours de littérature.

113. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Ils semblaient oublier que la justice et la vérité sont la loi commune de tout écrivain, et que celui qui parle sur les livres des autres, au lieu d’en faire lui-même, n’est pas un ennemi naturel des gens de lettres, mais un homme de lettres moins entreprenant ou plus modeste1. […] Ce qu’il prescrit il le fait, et si quelque chose pouvait nous rappeler au respect des lois du beau, à l’amour et à l’étude des modèles, ce serait cette critique qui semble se monter au ton des grands écrivains qu’elle juge, et prendre les formes de leur talent pour en mieux faire sentir le charme. […] Il est au jugement ce que l’honneur est à la probité : ses lois sont délicates, mystérieuses et sacrées.

114. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre III. Du Genre historique. »

Nous y voyons dans une suite d’événements miraculeux, le chef-d’œuvre de la divinité ; Dieu lui-même prononcer ses oracles, et dicter ses lois à son peuple ; établir, dans les temps marqués par sa sagesse, son église, inébranlable sur ses fondements au milieu des erreurs, des crimes et des persécutions des hommes, au milieu des révolutions des âges, et du bouleversement des empires. […] Cette histoire renferme tous les faits relatifs, non seulement à la publication et à la propagation de l’Évangile, mais encore à l’établissement des lois et de la discipline ecclésiastique ; à la manière dont l’Église a été gouvernée par ses pontifes, et aux troubles excités par les hérétiques, hommes téméraires et audacieux, qui inventaient ou adoptaient des erreurs contraires aux vérités qu’elle enseigne. […] Pour la bien traiter, il faut être profondément instruit des augustes mystères, de la morale sublime de la religion, et du droit canonique ; faire connaître le véritable esprit des lois, des règles, des décisions, des usages, des privilèges de l’Église, ses oracles, ses dogmes, sa foi, l’étendue et les bornes de sa juridiction, son autorité à laquelle tous les fidèles du monde doivent être soumis en ce qui concerne purement le spirituel. […] Pour bien faire l’histoire complète d’une nation, il faut remonter jusqu’à son origine, marquer ses progrès et son accroissement ; démêler tous les ressorts de sa politique ; donner une notion juste de son caractère, de son génie, de sa religion, de ses lois, de ses richesses, de son gouvernement ; exposer tous les grands changements qu’elle a éprouvés et les divers états par lesquels elle a passé ; développer les véritables causes de sa décadence ou de son élévation, et la suivre pas à pas jusqu’à sa ruine totale, ou jusqu’au dernier période de sa grandeur. […] En faisant connaître la situation des lieux, les beautés de la nature, et les monuments des arts, l’auteur nous trace l’origine des divers habitants de cette charmante contrée, et nous apprend quelle était leur religion, quelles étaient leurs lois, leurs coutumes, leurs mœurs.

115. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Molière 1622-1672 [Notice] Molière a peint avec une vérité saisissante tous les types de la physionomie humaine ; il met en scène la cour, la ville et la province : bourgeois et nobles, marchands, médecins et hommes de lois, pédants, fâcheux, fanfarons, fripons, servantes, valets et maîtres, bel esprit, faux savoir, avarice, prodigalité, faiblesse, égoïsme, entêtement, malveillance, vanité, sottise, jalousie, libertinage, misanthropie, irréligion, hypocrisie, en un mot, son siècle, et avec lui l’humanité tout entière. […] Molière dit ailleurs : Nous serons, par nos lois, les juges des ouvrages ; Par nos lois, prose et vers, tout nous sera soumis : Nul n’aura de l’esprit hors nous et nos amis. […] Regardez donc bien, je vous prie, si cette humeur sera bonne au lieu où vous êtes, et si un homme à qui ses jarretières et ses aiguillettes pèsent, et qui a bien de la peine d’obéir au commandement de Dieu et aux édits du roi, pourra s’obliger à de nouvelles lois et se faire une troisième servitude.

116. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre V. De l’Éloquence politique chez les Français. »

À la tête des uns, se distinguent ce fougueux Mirabeau, dont la vie entière n’avait été qu’un long combat contre tous les genres d’autorités, qui n’étaient pour lui que des variétés du despotisme ; contre toutes les lois, qui, pour peu qu’elles blessassent ses intérêts ou ses passions, n’étaient que le code de la tyrannie régularisée. […] Il fallait plus pour défendre Louis XVI ; il fallait tout le courage que donne la vertu, et l’héroïsme que n’intimident ni les cris de la fureur aveugle, ni la certitude que la mort était l’infaillible prix de ce dévouement généreux à la cause d’un monarque proscrit d’avance, et pour qui l’on allait braver toutes les formes de la justice, comme on avait déjà violé toutes les lois de l’humanité.

117. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Persuadé qu’un académicien surnuméraire ne dérangerait rien et ne porterait nulle atteinte à la loi, il ramassa une feuille de rose, qu’il vit à ses pieds, puis il la posa doucement sur la surface de l’eau ou elle surnagea à son aise sans répandre la moindre larme. […] Voici comme ce Dieu vous répond par ma bouche : « Du zèle de ma loi que sert de vous parer ? […] Le peuple-roi, accoutumé à regarder la liberté comme inséparable de son nom, ne voulait recevoir de loi que de lui-même ; les guerres et les conquêtes modérèrent souvent, mais d’autres fois ranimèrent cette division intestine. […] Marius le vengea : le sang coula de tous côtés ; les proscriptions se multiplièrent ; les brigues, la corruption s’introduisirent partout ; le respect pour les lois s’affaiblit ; l’amour de la patrie fut près de s’évanouir. […] Le sénat ne peut plus faire respecter les lois qu’il a violées ; tout est soumis à la force ; tout se fait par des soldats qui ne sont plus Romains, et qui se livrent à celui qui les paye le plus.

118. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nisard. Né en 1806. » pp. 585-597

Elle est moins touchée des lois générales de l’esprit que des variétés de la vie individuelle. […] J’indique ce que veut la langue française de quiconque prend la plume ; et ces réflexions sur les lois du discours regardent, non ceux qui ont le don du discours, mais les esprits, en grand nombre, qui peuvent se perfectionner par la culture, et tirer du travail des ressources qui les sauvent du ridicule de mal écrire. […] il n’y va pas seulement de notre vanité, notre vie même peut y être engagée ; car celui qui s’est fait écrivain, et qui ne sait ni ne pratique les lois du discours, combien n’est-il pas à la merci des hommes et des choses !

119. (1858) Exercices latins adaptés à la Grammaire latine d’après Lhomond. Deuxième partie : Cours gradué de versions latines sur la syntaxe, à l’usage des classes de sixième, cinquième et quatrième. Livre du maître pp. -370

La ville de Sparte obéissait aux lois très-sévères de Lycurgue. — 4. […] Nous obéissons aux lois de la patrie. — 2. […] La crainte des lois détourne les hommes du crime. — 13. […] Souvent les Juifs furent infidèles aux commandements de Dieu, et se révoltèrent contre la loi divine. — 9. […] Lycurgue entreprit la rédaction de ses lois cent huit ans avant la première Olympiade. — 8.

120. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Ainsi entendue, la littérature peut se définir : L’ensemble des lois qui régissent l’expression du beau par la parole écrite ou parlée. […] Il est au jugement ce que l’honneur est à la probité : ses lois sont délicates, mystérieuses et sacrées. […] Tout importantes qu’elles sont, les règles nous paraissent plutôt des observations et des conseils que des lois invariables et inflexibles. […] Le chemin public, dit Quintilien, n’est pas pour nous une loi indispensable ; nous le quittons souvent pour abréger la marche ; si le pont est brisé, nous cherchons un détour, et si la porte est environnée de flammes, nous sortirons par la fenêtre. […] Si l’on disait : Celui qui règne dans les cieux est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, la période serait complète, et l’on pourrait s’arrêter là.

121. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Portez, vous en avez le droit, portez vos plaintes au Sénat, invoquez les lois. […] L’écrivain doit se faire une loi, avant de prendre la plume, l’orateur, avant de prendre la parole, de méditer le plan qui convient le mieux au sujet : c’est là une nécessité. […] Tes principes ne sont-ils pas gravés dans tous les cœurs, et ne suffit-il pas, pour apprendre tes lois, de rentrer en soi-même et d’écouter la voix de sa conscience, dans le silence des passions ?  […] Ainsi parlent dans Cicéron la patrie et dans Platon les lois. […] C’est donc la loi de Dieu qui doit être la règle constànte des temps et non pas la variation des temps qui doit devenir la règle de la loi de Dieu. » Apposition.

122. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

Enfin dans toutes les langues analytiques, en anglais, en italien, en espagnol, comme en français, le génie de la langue, le point de vue où l’on se place pour apprécier les relations logiques entre les mots, la liaison des idées surtout, loi souveraine de toute construction, justifient, exigent même, en certains cas, ces sortes de contraventions à la construction naturelle, mais on peut toujours, me semble-t-il, les expliquer facilement d’après ce que j’ai dit, et elles ne détruisent pas le principe. […] C’est que, tout en admettant la nécessité originelle de cette construction, on conçoit aussi que l’obligation de s’y conformer partout et toujours blesserait le principe de l’harmonie et celui de la variété ; et que la variété et l’harmonie étant, aussi bien que la clarté, des besoins de notre esprit, le génie de chaque langue a fait une loi d’introduire les unes toutes les fois qu’on le peut sans nuire à l’autre. […] C’est ainsi que, dans les langues même les plus analytiques, il est un grand nombre de qualificatifs, de compléments, d’incidentes, dont la position dans une phrase est parfaitement indifférente, et n’obéit plus qu’aux lois de la variété, ou du rhythme, ou encore de l’intérêt et de la passion, influences diverses qui déterminent les subdivisions de la construction usuelle.

123. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

La qualité de sujet et de citoyen, ainsi que l’humanité naturelle, jointe à notre propre intérêt, nous en font une loi inviolable. Nous observerons cette loi dans toute son étendue, si nous remplissons de la manière la plus convenable tous les devoirs de notre état, et ceux que nous commande la nature. […] Que toute la loi de Dieu y soit renfermée en entier : je ne veux rien de particulier pour les princes, qu’en tant qu’ils sont au rang des hommes du monde.

124. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume. » pp. 365-408

Dans la première, elle subit la loi du vainqueur ; dans la seconde, elle en fut tributaire, et dans la troisième, elle fut détruite, l’an 146 avant J. […] Il s’éleva aux premières dignités de la république par son éloquence et ses exploits militaires, se ligua avec Pompée et Crassus pour donner des lois aux Romains (ligue qu’on appelle le premier Triumvirat), et passa dans les Gaules, dont il fit la conquête, ainsi que d’une partie de la Germanie et de la Grande-Bretagne, comme il avait fait celle de bien d’autres pays. […] La sagesse de ses lois, et son équité le firent choisir, après sa mort, par Pluton, pour être un des juges des enfers. […] Moyse y reçut la loi de la main de Dieu même, au milieu des éclairs, sur le mont Sinaï, et mourut âgé de 120 ans, l’an 1451 avant Jésus-Christ, sur la montagne de Nébo, du sommet de laquelle Dieu lui fit voir la terre promise (aujourd’hui la Terre-Sainte) où il ne devait point entrer. […] Il en fut le premier roi, en partageant néanmoins la souveraine puissance avec un sénat qui lui servait de conseil, et le peuple qui autorisait les lois.

125. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

On nous en avertit dès les premiers pas, mais la loi est portée : il faut avancer toujours, je voudrais retourner en arrière… Marche, marche. […] Cette figure se trouve dans la bouche d’Apollonius, lorsque, faisant l’éloge du vertueux Marc Aurèle, il adresse ses conseils à Commode, fils de l’empereur, en présence du corps inanimé de son père : On te dira bientôt que tu es tout puissant, on te trompera : les bornes de ton autorité sont dans la loi. […] Impitoyable Dieu, loi seul as tout conduit ! C’est loi qui, me flattant d’une vengeance aisée, M as vingt fois en un jour à moi-même opposée ; Tantôt pour un enfant excitant mes remords, Tantôt m’éblouissant de tes riches trésors, Que j’ai craint de livrer aux flammes, au pillage. […] Je me flatte, j’espère Qu’indocile à ton joug, fatigué de ta loi, Fidèle au sang d’Achab qu’il a reçu de moi, Conforme à son aïeul, à son père semblable, On verra de David l’héritier détestable Abolir les honneurs, profaner ton autel, El venger Athalie, Achab et Jézabel.

126. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre IV. Des Ouvrages Didactiques. »

C’est là évidemment manquer, en fait de critique, à toutes les lois de l’équité. […] Il y traite de la logique, de la physique, de la politique ; y explique les lois de la morale, et y démontre l’immortalité de l’âme.

127. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Groupés sur ce deuxième plan, selon les lois de la perspective littéraire, les écrivains secondaires pourront encore faire bonne figure, et complèteront le tableau du siècle. […] Au xviie  siècle, l’orthographe est singulièrement flottante ; ses divergences sont nombreuses ; les préférences individuelles semblent être la loi qui la dicte à l’écrivain. […] pourquoy pechez vous irreligieusement alencontre de Ceres, inventrice des sainctes lois, et faictes honte au doulx et gracieux Bacchus, comme si ces deux deites la ne vous donnoient pas suffisamment assez de quoy vivre ? […] Mais les hommes de génie, ses amis ou ses contemporains, n’avaient pas attendu les lois qu’il édicta, pour donner, de leur côté, des modèles. […] Ne vous êtes-vous pas souvenu que le Cid a été représenté trois fois au Louvre, et deux lois à l’hôtel de Richelieu ?

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