En général les rhéteurs n’ont pas songé à descendre plus avant ; ils ont négligé de faire sentir la liaison des divers mouvements du langage avec les mouvements correspondans de l’âme et avec toutes les circonstances où se trouvent placés celui qui parle et celui à qui on parle. […] Hors de là elle serait contraire à l’aisance, à la liberté, à la facilité du langage et du style. […] Le langage de l’exemple est le plus fort, et s’il est contraire à celui de sa bouche, il en détruit tout l’effet. […] La première approprie les expressions, les tours et les figures aux pensées et aux sentimens ; la seconde ajoute les accens et les mouvemens des passions à leur langage. […] Cicéron ne fait que répéter le langage magnanime et touchant que lui a tenu Milon ; et Milon, courageux, tranquille, est plus intéressant dans sa noble constance, que ne l’est Cicéron en suppliant pour lui.
Plongé, en quelque façon, dans l’extase, mais emporté tout à coup par une imagination vive et ardente, il se représenta sous une forme visible les attributs du souverain créateur : il prêta un corps et une âme aux différents êtres sortis de ses mains, et les traça de même dans un langage plus agréable, plus riche, et, bien plus élevé que le langage ordinaire.
Mais il excelle dans le style simple et tempéré : son langage, facile et animé d’une douce chaleur, offre les principales qualités de l’esprit français, la netteté, la clarté, l’élégance et la finesse1. […] Nulle part notre langue n’a plus de prestesse et d’agilité ; nulle part on ne trouve mieux ce vif et clair langage que le vieux Caton attribuait à la nation gauloise au même degré que le génie de la guerre. » Quant au passage que nous avons choisi, il suffira de rappeler que Montesquieu, qui jugeait Voltaire avec beaucoup de sévérité, trouvait cependant admirable le récit de la retraite de Schullembourg : c’est, disait-il, « l’un des morceaux les plus vifs qui aient jamais été écrits ».
Non, un tel langage n’est pas possible ! […] Si quelqu’un s’étonne de ce langage, c’est qu’il ignore ce que c’est que d’être père. […] Le style pathétique évite le langage métaphysique et abstrait. […] L’esprit est froid quand il emploie ce langage, et il ne peut communiquer aux autres une chaleur qu’il n’a pas. […] Puisque le geste est une partie du langage, il faut qu’il marche d’accord avec le sens.
Elle est due à la sagesse et à la variété de ses plans, à la solidité, à l’habile disposition et au tissu serré de ses preuves, à l’abondance substantielle de ses développements, à la clarté, à l’énergie et à la noblesse continues de son langage. […] Aucun n’a parlé aux passions un langage plus propre à les captiver et à les soumettre : aucun n’a mieux connu le cœur humain et ne l’a peint avec plus d’éloquence. […] Notre langue, devenue plus aimable à mesure qu’elle devenait plus pure, sembla nous réconcilier avec toute l’Europe, dans le temps même que nos victoires l’armaient contre nous : un Français ne se trouvait étranger nulle part ; son langage était le langage de toutes les cours ; et nos ennemis, ne pouvant vaincre comme nous, voulaient du moins parler comme nous297. La politesse du langage nous amena celle des mœurs : le goût qui régnait dans les ouvrages d’esprit entra dans les bienséances de la vie civile ; et nos manières, comme nos ouvrages, servirent de modèle aux étrangers. […] Mais il excelle dans le style simple et tempéré : son langage, facile et animé d’une douce chaleur, offre les principales qualités de l’esprit français, la netteté, la clarté, l’élégance et la finesse331.
Ce mérite rare de la correction et de la pureté du style, Mme de Maintenon l’a joint, non moins que Mme de Sévigné, à l’agrément et à la délicatesse du langage : on peut ajouter, à un goût et à un bon sens exquis1. […] » On retrouve dans ses lettres « ce langage doux, juste, en bons termes, naturellement éloquent et court », que Saint-Simon, son ennemi, a loué dans ses conversations.
Langage du temps : expression que l’Espagne venait d’introduire parmi nous et qui serait aujourd’hui d’une familiarité très-déplacée. […] Le langage de la douleur doit être plus simple et plus naturel : il repousse ces faux brillants. […] Ce langage atteste, en tout cas, que l’élévation du talent n’avait chez Corneille d’égale que la modestie. — On a remarqué, relativement à la comédie, que nos plus illustres tragiques s’y étaient essayés avec succès, tandis qu’aucun de nos comiques, quelle que fût sa célébrité, n’a fait une tragédie passable. […] Maintenant on ne dit pas, d’ordinaire, consentir une chose mais à une chose ; ou, pour mieux parler, consentir n’est plus guère d’usage, comme verbe actif, qu’au palais et dans le langage diplomatique.
Elle évite également : Le barbarisme qui pèche contre le dictionnaire, Le solécisme qui pèche contre la grammaire et la syntaxe, L’archaïsme, ou l’abus des mots vieillis, Le néologisme, ou l’abus des mots nouveaux, Le jargon, ou l’emploi du langage corrompu de certaines fractions de la société. […] Les figures sont des formes particulières de langage qui manifestent l’idée d’une manière plus noble, plus énergique, plus élégante que les formes ordinaires, ou qui indiquent mieux que celles-ci le mouvement de la pensée et la vue de l’esprit. […] Enfin on range parmi les figures certaines formes de langage ou tours de phrase qui modifient la manifestation de l’idée, en faisant saisir d’une manière plus vive que les formes simples et positives le mouvement de l’âme et la vue de l’esprit.
Il faut surtout éviter les grandes fautes de langage : elles décèlent une profonde ignorance des principes de notre langue, et par-là même une éducation négligée, qui ne peut donner qu’une idée peu favorable de l’homme qui écrit. […] Le respect, le devoir, l’amitié, la supériorité même, ont chacun un langage particulier. La bonne éducation, le bon esprit, le sentiment nous dictent ce langage.
Est-ce être conséquent avec vos principes, avec votre définition même de la Rhétorique, et avec le langage de Quintilien ? […] Il est évident que cette hypocrisie oratoire, cette contradiction des principes avec le langage, serait de courte durée : les hommes, quoique aveuglés par leurs intérêts matériels, auraient bientôt découvert la fourberie, et l’orateur dissimulé verrait promptement les acclamations et l’estime se changer en huées et en mépris. […] Elles regardent : 1° l’orateur lui-même : un prince ne s’exprime point comme un simple particulier, un prédicateur comme un avocat ; 2° l’auditeur : on ne parlera point à des académiciens comme à des hommes peu instruits ; 3° les tiers : s’il s’agit d’un homme respectable, on le traite avec égard ; ou répand de l’intérêt sur la position de ceux que l’on défend ; 4° le temps ; si l’on n’a qu’une heure pour parler, il ne faut pas étendre son discours de manière à le aire durer plus longtemps ; 5° les circonstances : elles peuvent être affligeantes ou joyeuses, solennelles ou ordinaires, il faut y conformer le ton du discours ; 6° enfin le lieu : dans un camp, dans une assemblée politique, à la cour, au barreau, à l’église, etc., le langage ne sera pas le même.
Ce que les philosophes grammairiens ont dit de la formation et des principes physiques du langage, doit faire sentir que chaque langue est plus ou moins susceptible de l’espèce d’harmonie dont nous nous occupons ici. […] Le style coupé convient aux mouvements tumultueux de l’âme : c’est le langage du pathétique véhément et passionné.
La donnée est-elle fausse, paradoxale même, le langage sera pénible, embarrassé, et le néologisme, obligé pour rendre des idées excentriques, augmentera l’obscurité de l’ensemble. […] Assurément un tel langage ne peut nous être interdit.
et soutiendrez-vous que c’est à la même source qu’il a puisé l’abominable langage de l’hypocrisie ? […] Dans le dolendum est d’Horace, je ne vois point de larmes, mais plutôt cet air et ce langage triste qui doivent nous en arracher à nous spectateurs, auditeurs, lecteurs, troupe de pleureurs, comme les appelle Diderot, qu’il chasse de la scène pour les reléguer au parterre.
Il donne l’idée d’un beau corps auquel l’âme fait défaut, et les artifices de son noble langage laissent le cœur indifférent. […] En cet état-là, pour parler encore le langage de la primitive Église, ils étaient pleins, ils étaient possédés de Jésus-Christ.
C’est donc du fond et du sujet qu’elles tirent leur dénomination et non de la forme du langage. […] Dans le dialogue philosophique et littéraire, le ton et le style s’abaissent ou s’élèvent suivant la nature des sujets ; le langage y est tantôt simple, naïf, léger, badin, plaisant ; tantôt grave, noble, éloquent même, et sublime toutes les fois que le sujet et la question s’y prêtent. […] Le dialogue serait vicieux si la réplique se faisait attendre ; c’est-à-dire si, avant de répondre catégoriquement, un interlocuteur tombait dans les lieux communs du langage et recourait aux périphrases pour donner à sa réponse le temps d’accourir à sa pensée, un tel embarras impatiente l’auditeur. […] Lafontaine a pleinement résolu les deux problèmes : après ses vers si faciles et si harmonieux, il n’a plus été permis de songer à un autre langage ; et quoique resté inimitable sous ce point de vue comme sous tant d’autres, il a bien fallu l’imiter au moins pour le rhythme et la mesure. […] Il est plus facile sous cette forme simple et découvrir la moralité ; elle se trouve dans le langage du roseau.
C’est la voix de l’enthousiasme, le premier langage et l’expression la plus élevée de l’inspiration. […] Mais dans le genre lyrique, c’est le poète lui-même qui s’annonce et qui va chanter, le poète inspiré par les muses, et qui doit en parler le plus riche et le plus magnifique langage. […] Elle attaque le vice, célèbre la vertu, présente de grandes vérités, de belles et utiles maximes ; ou bien elle approfondit, dans un langage qui n’a rien de didactique, de hautes questions philosophiques. […] La véritable douleur n’a point de langage étudié, de style pompeux. […] Elle rejette toute recherche d’esprit, l’esprit étant l’écueil du langage du cœur.