A force de tamiser le dictionnaire, le zèle des puristes prit parfois le bon grain pour l’ivraie, et notre langue fut exposée au même péril que l’Homme entre deux âges, dans cette fable où La Fontaine nous montre deux veuves lui arrachant l’une les cheveux noirs, parce qu’ils sont trop jeunes, l’autre les blancs parce qu’ils sont trop vieux. […] — Issir (sortir avec vitesse) parlait à l’imagination, et n’a pas laissé sa vertu au verbe sortir (sortiri). — Rober (voler) s’applique à un rapt violent auquel ne suffit point dérober ou même ravir. — Tollir a une tout autre véhémence qu’enlever. — Liesse (lætitia) nous communique le sentiment d’une jouissance, d’une délectation, dont la plénitude n’est traduite que languissamment par des synonymes dégénérés. — Ramentevoir (remettre en mémoire) désignait je ne sais quelle réminiscence de souvenir éloigné, dont le vague rappel chercherait aujourd’hui vainement son verbe définitif. — Enfin souloir (solere) a droit au moins à une oraison funèbre, ne fût-ce qu’en mémoire de La Fontaine qui, dans son épitaphe, disait nonchalamment de sa vie écoulée : Deux parts en fit, dont il soulait passer L’une à dormir, et l’autre à ne rien faire Je ne dirai rien de marri, d’accort, de discourtois, d’assagir, d’amusoir, de charlataner, de coquiner, de dévaller, d’embesogner, d’encager, de routiner, de pluviner et de tant d’autres vocables qui, tout morts qu’ils sont, pourraient bien être plus vivants que leurs héritiers ; car, après l’ostracisme qui sévit entre 1600 et 1620, nous avons été réduits à leur substituer des termes abstraits qui sentent l’officine des savants, au lieu d’avoir jailli de source vive, je veux dire de l’imagination populaire, si prompte à peindre et animer tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle touche. […] Il plaît donc à nos défauts comme à nos qualités ; et, s’il n’a pas assez connu le prix de la discipline ou de l’autorité, le xviie siècle est là pour nous apprendre à respecter, sinon à aimer l’une et l’autre.
La métalepse prend donc l’antécédent pour le conséquent ou le conséquent pour l’antécédent : c’est un jeu d’idées corrélatives dont l’une réveille l’autre. […] La gradation est une figure qui présente les idées dans un ordre tellement naturel, que l’esprit passe aisément de l’une à l’autre et presque sans s’en apercevoir. […] C’est, a dit Labruyère, l’opposition de deux vérités qui se donnent du jour l’une et l’autre. […] Par l’antithèse, on fait ressortir les différences qui existent entre deux choses, en opposant l’une à l’autre. […] On distingue deux sortes d’enflures : l’une consiste dans des pensées simples et vulgaires qu’un esprit faux s’efforce de rendre grandes et pompeuses ; l’autre est le sublime outré, ou ce que les critiques appellent le gigantesque.
. — Le comparatif, c’est l’adjectif avec comparaison : quand on compare deux choses, on trouve que l’une est ou supérieure à l’autre, ou inférieure à l’autre, ou égale à l’autre.
Les passions ne sont variées et différentes l’une de l’autre que quand elles sont modérées : alors elles ont chacune leur langage et leur geste ; alors elles intéressent par leur diversité.
C’est à balancer l’une par l’autre ces deux qualités précieuses, que les prédicateurs se doivent attacher principalement dans leurs discours et dans la manière de les prononcer, De la chaleur et de la gravité réunies, résulte ce qu’on appelle l’onction, c’est-à-dire, la manière touchante d’un prédicateur vivement pénétré du désir ardent de communiquer à ses auditeurs la pureté de sa foi et la chaleur de son zèle.
La délicatesse se fait voir, comme la finesse, à travers un voile transparent ; il ne faut pas plus abuser de l’une que de l’autre, pour ne point tomber dans l’afféterie. […] Les pensées doivent s’enchaîner l’une à l’autre naturellement, sans effort, par une succession non interrompue jusqu’au terme qu’on s’est fixé. […] Bossuet nous en donne un exemple dans son oraison funèbre de la reine d’Angleterre : « Combien de fois a-t-elle remercié Dieu de deux grandes grâces : l’une, de l’avoir faite chrétienne ; l’autre… Messieurs, qu’attendez-vous ?
La fable veut encore qu’il ait séparé une montagne en deux parties, l’une appelée Calpé en Europe, et l’autre Abyla en Afrique ; séparation qui a formé le détroit de Gibraltar. […] L Landau, ville très forte de France, et l’une des plus fortes de toute l’Europe, à l’extrémité septentrionale de l’Alsace, sur la rivière de Queich. […] Elle fut le théâtre de deux fameuses batailles, dont l’une se livra, dans les plaines de Pharsale entre César et Pompée, et l’autre près de Philippes, entre Octave et Marc-Antoine réunis, et Brutus et Cassius, généraux de la république Romaine.
L’hiatus, du latin hiatus, fait de hiare, ouvrir la bouche, est la rencontre, dans le vers, de deux voyelles dont l’une, autre que l’e muet, finit un mot, et dont l’autre commence le mot suivant. […] La stance de cinq vers renferme deux rimes dont l’une est nécessairement triple. […] La stance de sept vers est composée d’un quatrain et d’un tercet » en sorte que l’une des deux rimes de la première partie passe dans la seconde.
Nous avons eu occasion d’annoncer déjà Périclès comme orateur : nous allons l’entendre dans l’une des circonstances les plus importantes et les plus délicates de sa longue administration. […] Croyez que la jeunesse et la vieillesse ne peuvent rien l’une sans l’autre, et que c’est dans la réunion de tous les âges et de tous les ordres que consiste la force principale de l’état.
S’il s’assied, vous le voyez s’enfoncer dans un fauteuil, croiser les jambes l’une sur l’autre, froncer le sourcil, abaisser son chapeau sur ses yeux pour ne voir dersonne, ou le relever ensuite, et découvrir son front par fierté, ou par audace. […] Phédon, devenu millionnaire, a bien “l’ample mouchoir” de Giton, et “le fauteuil où il s’enfonce en croisant les jambes l’une sur l’autre” ; mais, s’il prend la plupart des vices et des ridicules du riche, il ne perd pas aussitôt ceux du pauvre, ce qui fait qu’il est un parvenu au lieu d’être un riche.
« Citer Montesquieu, cela honore. » À son fils Mon fils, vous êtes assez heureux pour n’avoir ni à rougir ni à vous enorgueillir de votre naissance : la mienne est tellement proportionnée à ma fortune, que je serais fâché que l’une ou l’autre fussent plus grandes. […] Vous m’apprenez deux choses bien agréables : l’une que nous verrons monseigneur Cérati en France ; l’autre, que madame la marquise Ferroni4 se souvient encore de moi.
L’antithèse est une opposition de deux vérités qui se donnent du jour l’une à l’autre. […] Si cependant tout l’art des astronomes est inutile pour en marquer la distance, que doit-on penser de l’éloignement de deux étoiles qui, en effet, paraissent éloignées l’une de l’autre, et à plus forte raison des deux polaires ? […] — Seigneur, lui dit Callisthène, vous êtes chef de deux nations : l’une, esclave avant que vous l’eussiez soumise, ne l’est pas moins depuis que vous l’avez vaincue ; l’autre, libre avant qu’elle vous servit à remporter tant de victoires, l’est encore depuis que vous les avez remportées. […] Ce beau bassin, d’une forme presque ronde, enferme dans son milieu deux petites îles, l’une habitée et cultivée, d’environ une demi-lieue de tour, l’autre plus petite, déserte et en friche. […] Avant sa trente-septième année, l’auteur de tant de hautes conceptions tragiques nous donnait encore, dans le Menteur, notre première comédie de caractère, demeurée l’une des meilleures469.
Il a donné si longtemps des preuves de l’une, et si heureusement réalisé ce qu’il va dire de l’autre, que l’on croirait lire sa propre histoire tracée par la main impartiale de l’équité.
Ainsi la disposition dépend de l’invention et l’élocution est le reflet de l’une et de l’autre. […] — C’est un syllogisme dont l’une des prémisses est un fait historique ou du moins un fait intéressant. […] — Pour atteindre ce double but, la péroraison doit comprendre deux parties distinctes, l’une qui se rapporte aux arguments et l’autre aux passions. […] Une épithète qui ne remplit pas l’une de ces conditions doit être bannie comme un mot parasite ; en fait d’ornement tout ce qui ne sert pas est nuisible. […] Quelle harmonie dans les images, comme elles s’enchaînent et s’éclairent l’une l’autre !
Si vous embellissez une pensée naïve, une pensée vive, l’une et l’autre cesseront de l’être. […] Elles prêtent à l’éloquence ses plus grands mouvements, à la poésie son plus beau coloris ; elles sont comme l’âme et la vie de l’une et de l’autre. […] Mais quoiqu’il soit de l’essence de la métaphore de renfermer une comparaison, l’une et l’autre ne doivent pas être confondues.
Le rondeau est composé de treize vers roulant sur deux rimes, l’une masculine et l’autre féminine ; il se divise en trois couplets, le premier de cinq, le second de trois, et le dernier de cinq vers.