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80. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Il faisait, pour la moindre chose, emprisonner et juger des misérables, et les obligeait de racheter leurs peines par argent. […] Vous pouvez juger, par toutes les inquiétudes que m’a causées votre maladie, combien j’ai de joie de votre guérison. […] On peut juger de mon impatience tout aujourd’hui, voyant qu’il n’arrivait pas. […] Il jugeait les hommes par les mœurs, et les vrais non-conformistes étaient pour lui les vicieux et les méchants. […] On peut juger si les ministres à qui il le présenta lui firent un meilleur accueil.

81. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Je te le répète, Gil Blas, dès que tu jugeras que ma tête s’affaiblira, donne m’en aussitôt avis. […] Je ne doute pas que vous n’en jugiez comme moi. » Et, se tournant vers lui : « Monsieur, lui dit-il, voulez-vous bien l’expliquer ?  […] Par les choses que fit le désespoir dans Carthage désarmée, on peut juger de ce qu’elle aurait pu faire avec sa vertu lorsqu’elle avait ses forces. […] Le siècle de Louis XIV a été beaucoup plus grand sans doute que le sien ; mais Henri IV est jugé beaucoup plus grand que Louis XIV. […] Le public, sans doute, en jugera comme vous, et c’est encore ce qui m’afflige.

82. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XV. » pp. 109-111

« Le poëte doit observer toutes ces choses et prendre garde surtout de ne rien faire qui choque les sens qui jugent de la poésie, c’est-à-dire les oreilles et les yeux : car il y a plusieurs manières de les choquer, j’en ai parlé dans d’autres discours où je traite de cette matière. » (Trad. de Racine.)

83. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Avertissement. »

C’est d’enseigner à parler et à écrire avec grâce, avec élégance, avec talent ; c’est de former le goût et l’imagination ; c’est, enfin, d’apprendre à juger sainement les ouvrages d’esprit.

84. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Rochefoucauld 1613-1680 » pp. 18-21

Né avec des instincts chevaleresques, auxquels les événements infligèrent de cruelles déceptions, galant homme, modèle de politesse, de bravoure et de probité, La Rochefoucauld réfuta lui-même ses Maximes par son caractère ; et au lieu de juger l’homme d’après le philosophe, il est plus sûr de s’en rapporter au témoignage de madame de Sévigné qui lui prouva son estime par son amitié.

85. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Voltaire se jugeait peut-être lui-même en disant : « Je suis comme les petits ruisseaux : ils sont transparents, parce qu’ils sont peu profonds1. » Paris Je crois voir à la fois Athène et Sybaris2 Transportés dans les murs embellis par la Seine : Un peuple aimable et vain, que son plaisir entraîne, Impétueux, léger, et surtout inconstant, Qui vole au moindre bruit, et qui tourne à tout vent, Y juge les guerriers, les ministres, les princes ; Rit des calamités dont pleurent les provinces ; Clabaude le matin contre un édit du roi, Le soir, s’en va siffler quelque moderne, ou moi ; Et regrette, à souper, dans ses turlupinades3, Les divertissements du jour des barricades4. […] Vite achetez un emploi de Caton, Allez juger.

86. (1811) Cours complet de rhétorique « Préface. »

Oui, si les gens sensés, les seuls dont l’opinion puisse être de quelque poids à mes yeux, ont jugé cet ouvrage avec quelque indulgence ; s’ils l’ont distingué des autres compilations du même genre, c’est que mon plan ne leur a point échappé ; c’est qu’ils ont retrouvé, sans doute, à chaque page, à chaque ligne de ce Cours, l’intention bien prononcée de ramener les jeunes gens à la vertu, en les rappelant à l’étude et a l’admiration du beau et du vrai, et de leur prouver qu’il ne peut y avoir ni génie, ni sensibilité sans vertus, comme il ne peut y avoir rien de solide dans le talent, sans les mœurs et la conduite.

87. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre premier. De l’art de la composition en général. »

Le travail de la révision est donc d’une importance extrême : il faut se juger soi-même sévèrement, examiner l’ensemble et les détails, retrancher, ajouter, éclaircir selon le besoin, et même recommencer, s’il est nécessaire.

88. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

L’imitation du parler, par sa facilité, suyt iucontinent tout un peuple : l’imitation du juger, de l’inventer, ne va pas si vite. […] Qu’il ne luy apprenne pas tant les histoires qu’à en juger. […] Ou qui en jugera, si ce n’est ung sainct Concile ? […] Les choses donc estant en cest estat, il est aisé de juger qui perdroit le plus au refus de son absolution. […] Mais jugeons, je vous supplie, s’il a tenu à lui ou à la fortune qu’il ne soit venu à bout de ce dessein.

89. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Les mêmes règles qui guident les autres dans la composition, aideront celles-ci à en sentir et à en juger le mérite. […] Nous faut-il recueillir les voix de tout le monde avant de pouvoir juger par nous-mêmes du mérite des ouvrages de prose ou de poésie ? […] Le goût consiste dans la faculté de juger, le génie dans la faculté de produire. […] Quand nous leur en donnons, quand nous personnifions ces objets, c’est que nous nous exprimons en style poétique, ou que nous jugeons à propos de donner du mouvement à notre prose. […] Les prépositions une fois introduites dans les langues, on jugea qu’elles pourraient remplacer les cas, si on les mettait avant le nominatif.

90. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Voltaire se jugeait peut-être lui-même en disant : « Je suis comme les petits ruisseaux : ils sont transparents, parce qu’ils sont peu profonds. » L’esprit 1 Ce qu’on appelle esprit est tantôt une comparaison nouvelle, tantôt une allusion fine : ici, l’abus d’un mot qu’on présente dans un sens et qu’on laisse entendre dans un autre ; là, un rapport délicat entre deux idées peu communes : c’est une métaphore singulière ; c’est une recherche de ce qu’un objet ne présente pas d’abord, mais de ce qui est en effet dans lui ; c’est l’art, ou de réunir deux choses éloignées, ou de diviser deux choses qui paraissent se joindre, ou de les opposer l’une à l’autre ; c’est celui de ne dire qu’à moitié sa pensée, pour la laisser deviner ; enfin, je vous parlerais de toutes les différentes façons de montrer de l’esprit, si j’en avais davantage. […] La Bruyère disait sur le même sujet : « Quand une lecture vous élève l’esprit, et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage : il est bon et fait de main d’ouvrier. » 5.

91. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

On a pu en juger par les différens morceaux que j’en ai cités. […] Mais étant faite, elle doit avoir des suites : il faut que Polieucte soit arrêté et jugé. […] Il est aisé de juger que l’exposition du sujet ne doit pas être si claire, qu’elle instruise parfaitement le spectateur de tout ce qui se passera dans la pièce. […] Quel est l’homme qui, rentrant dans son propre cœur, ne se jugera pas capable d’un pareil excès s’il se laisse emporter par la fougue bouillante de cette passion. […] D’ailleurs il faut plaire aux femmes, qui jugent des ouvrages de théâtre par sentiment ; et ce ne seroit pas flatter leur goût, que de leur donner des tragédies sans amour.

92. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lamennais 1782-1854 » pp. 243-246

Vous la jugez trop défavorablement ; sans doute les âmes y sont, comme partout, affaiblies par l’égoïsme, mais infiniment moins que vous ne pourriez le croire.

93. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre Ier. Considérations générales. »

Cette étude fait bientôt juger qu’il y a des règles pour leur composition, règles qui, émanées de la saine raison et fondées sur la nature du cœur humain, sont peu variables, presque indépendantes du caprice des hommes, et, par conséquent, ont été et seront à peu près les mêmes dans tous les temps et chez toutes les nations.

94. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Louis XIV, 1638-1715 » pp. 146-149

Voici comment Bossuet jugeait la majesté royale : « Je n’appelle pas majesté cette pompe qui environne les rois, ou cet éclat extérieur qui éblouit le vulgaire.

95. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Nous appuyons à dessein sur ces différences du sens propre au sens figuré, pour faire voir combien les figures de mots ont besoin d’être appropriées au génie particulier de la langue qui les emploie, et dans quelle erreur, par conséquent, s’exposent à tomber ceux qui s’obstinent à juger un auteur d’après une traduction qui se borne à travestir les mots, sans traduire la pensée32. […] Virgile sans doute n’a prétendu le fait ni arrivé, ni possible ; mais, l’imagination fortement préoccupée de la légèreté de Camille, il a employé, pour la peindre, les tours et les expressions qu’il a jugées les plus propres à nous en donner l’idée qu’il en avait lui-même. […] C’est ce qu’a fait Voltaire à l’égard de Shakespeare, lorsque, lassé de l’avoir admiré pendant soixante ans comme un génie, il jugea à propos de ne plus voir en lui qu’un Gille de foire, et de lui en prêter le langage.

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