Virgile aime autant qu’un autre l’harmonie imitative, mais il la conçoit autrement, et croit imiter mieux en imitant de plus loin : At tuba terribilem sonitum procul ære canoro Increpuit… Condillac dit à propos de l’harmonie française : « Nous imitons aussi quelquefois des bruits ; mais c’est un avantage que nous avons si rarement qu’il ne parait être qu’un hasard. » Condillac est dans l’erreur.
I final est bref : 1° au vocatif des noms en is imités du grec, comme Daphnis, Daphnĭ ; Alexis, Alexĭ. […] De tels exemples ne sont pas à imiter.)
Non moins que les versificateurs du seizième siècle, les grands poètes du dix-septième imitent les anciens, mais ils les imitent très différemment. […] Ce fameux cavalier, non moins habile qu’orgueilleux, non moins avide de gain que de renommée, devenait un des héros de l’hôtel de Rambouillet, et voyait ses madrigaux et ses concetti cités partout avec honneur et imités avec émulation. […] Il en enrichissait son propre fonds, mais ne leur empruntait pas beaucoup dans ses écrits : il tenait bien plus à les égaler qu’à les imiter. […] Boileau poursuit sa tâche de satirique et de réformateur dans un poème didactique discrètement imité d’Horace. […] Il n’a guère cette qualité que lorsqu’il imite les anciens, parce que, tout en imitant, il s’efforce d’être créateur.
Homère créa la poésie épique, mais Virgile imita Homère ; le Tasse imita Virgile ; le Camoëns et le chantre de Henri les imitèrent tous deux ; Milton n’imita personne : son poème est à lui, comme l’Iliade est à Homère ; et il y a peut-être plus de génie et de force d’invention dans le Paradis perdu qu’il n’y en a dans l’Énéide,1a Jérusalem, la Lusiade et la Henriade tout ensemble. […] On doit faire une différence entre imiter et décrire, et ces idées ne sauraient être confondues. L’imitation emploie des moyens qui ont avec l’objet imité quelques rapports de conformité ou de ressemblance, et qui la rendent facile à saisir pour tout le monde. […] Pour acquérir l’une et l’autre, il n’est pas de moyen plus sûr que de chercher à imiter les écrivains et les orateurs les plus distingués. […] Milton et quelques autres auteurs anglais ont tâché de les imiter à cet égard, mais leurs constructions forcées sont souvent obscures.
Virgile imita Théocrite sans l’égaler ; ses églogues pèchent par l’uniformité et la monotonie des personnages.
Admirateur enthousiaste du prince des poètes latins, il ne pense qu’avec ses expressions, il imite toutes ses formes, et quelquefois, dans ses beaux moments, il réunit son génie heureux à la brillante fécondité d’Ovide.
Je ne sais si c’est cette raison seule qui me détermine à vous les transcrire ici ; mais quand j’y mêlerais un peu d’orgueil, c’est peut-être là toute la gloire de notre sexe ; la vôtre consiste à les imiter. […] Mais qui parviendra jamais à imiter la vivacité, la délicatesse, l’enjouement, l’aimable négligence, les grâces si naturelles et si piquantes du style enchanteur de la première ?
. — Voltaire n’a pas craint d’appeler admirable cette pièce dont le sujet est tiré du IIIe livre de l’Eneïde de Virgile (v. 301-332), et où l’auteur a imité aussi en quelques passages l’Andromaque d’Euripide. […] Boileau a dit, en traduisant quelques vers d’Euripide (Oreste, 255 et suiv.), imités par Racine : Ils viennent (ces spectres), je les vois ; mon supplice s’apprête !
Vous imitez si mal vos illustres aïeux, Que leurs noms sont pour vous des noms injurieux. […] » Imitez leur exemple, pères conscrits, et prenez garde que le crime de Lentulus et de ses complices ne l’emporte sur ce que vous vous devez à vous-mêmes, et que votre ressentiment ne vous fasse oublier votre gloire. […] Ils prirent des Samnites la manière d’armer leurs troupes ; des Toscans, le costume de leurs magistrats : en un mot, tout ce qu’ils trouvaient de bon chez leurs alliés, ou même chez leurs ennemis, ils s’empressaient de le transporter chez eux, préférant à la petitesse d’en être jaloux, la gloire d’imiter ce qui leur semblait bien.
. — Seulement, à propos de la rime, nous croyons devoir recommander à nos élèves de ne pas imiter les négligences ci-dessous, qui sont, d’ailleurs, extraites d’une œuvre moins parfaite que les Méditations. […] Qu’il choisisse, s’il veut, d’Auguste ou de Tibère ; Qu’il imite, s’il peut, Germanicus mon père. […] Si nous omettons ici l’autre grand poète du XVIIe siècle, c’est qu’il ne s’agit que de la rime, et que, sous ce rapport, La Fontaine est parfois d’une négligence qui n’est pas à imiter.
J’ai souvent resserré ses pensées, et j’ai plus fréquemment imité que traduit. […] Toute imitation plaît, quelle que soit la nature de l’objet imité ; la vérité de l’imitation produit ce sentiment de plaisir. […] Les anciens modèles nous offrent des exemples dignes d’être imités, quoique, dans nos tentatives, nous devions respecter le goût et les mœurs modernes. […] Que l’orateur de la chaire soit original, qu’il n’imite jamais servilement un autre prédicateur, quelque estimé qu’il soit. […] Il y a mille circonstances intéressantes qui sont le fruit de la passion réelle, que l’on ne peut imiter, qu’aucun raffinement ne saurait suppléer.
On a souvent induit de ces ressemblances, qu’Horace lisait et imitait l’ouvrage d’Aristote rien n’est moins démontré.
Toutefois il a fréquemment imité Virgile ; témoin ce vers de l’Enéide qu’il a traduit : Una salus victis nullam sperare salutem.
Ils les changent et les corrompent, quand ils sortent de l’enfance ; ils croient qu’ils peuvent imiter ce qu’ils voient faire aux autres : or il y a toujours quelque chose d’incertain et de faux dans toute imitation1 ; chacun veut alors être un autre, et n’être pas ce qu’il est ; ils cherchent une contenance hors d’eux-mêmes, et un autre esprit que le leur2.
Qui doute qu’un Shakespeare (le plus frappant exemple de ce que peut la nature toute seule) ait fait des pièces plus régulières, moins défigurées par le mélange continuel du bas et du trivial, avec ce que le génie peut concevoir de plus grand, s’il eût connu Aristote comme notre Corneille, et imité les anciens comme Racine !
L’homme imite par instinct.]