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26. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE IV. De la composition des vers. » pp. 295-331

Si, au lieu de dire avec Virgile : Hi summo in fluctu pendent, on disait : Hi summo in fluctu sistunt, l’image disparaîtrait, ainsi que la beauté du vers. […] Mais on n’aura qu’à se rappeler les verbes qui se combinent bien avec fluctus, et l’on trouvera secare, scindere, findere, sulcare, verrere, etc., verbes qui expriment la même idée sous des images plus poétiques. […] On doit rechercher de préférence les épithètes qui font image et peignent la chose dont on parle, en mettant sous les yeux ses qualités les plus saillantes. […] Cette idée fait donc image dans le vers et en augmente la poésie. […] Là, Hécube et ses filles, semblables à des colombes qu’une noire tempête a mises en fuite, étaient assises autour de l’autel, et tenaient embrassées les images de leurs dieux.

27. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Voilà l’image de l’orateur. […] » Quelle foule de pensées, de figures, d’images ! […] Combien la lenteur et la plénitude des sons rendent avec justesse l’image de ce long et morne silence ! […] Telle est cette image de David (Ps.  […] Dans le style élevé, comme partout ailleurs, évitez la profusion des images.

28. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

le même poète dit, mêlant l’image à l’harmonie imitative. […] L’homme que Dieu a fait à son image, n’est-il qu’une ombre ? […] Ajoutons que la périphrase, du domaine surtout de la poésie, aime les images. […] La métaphore n’admet point non plus d’image dégoûtante ou qui répugne. […] Mais elle aime à se parer en poésie de toute sa grâce, à se revêtir du plus beau coloris, des plus séduisantes images.

29. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

Le mérite d’une composition est en grande partie renfermé dans les idées, les images et les sentiments. […] Comme la nouveauté plaît à tous les hommes, il faut s’efforcer d’être neuf et de donner un air de jeunesse aux circonstances, aux couleurs et aux images qui paraissent avoir été épuisées par les écrivains. […] Le contraste est une opposition très-frappante entre deux objets, deux situations, deux caractères, deux images ou deux pensées. […] Cependant il faut observer dans le contraste des images que le mélange en soit harmonieux. […] Tout, dans une description, doit donc être marqué et particularisé autant qu’il est possible de le faire, afin que l’esprit s’en forme une image distincte et complète.

30. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Louis XIV, 1638-1715 » pp. 146-149

Ses paroles précises sont l’image de la justesse qui règne dans ses pensées. […] « La majesté est l’image de la grandeur de Dieu dans le prince. […] C’est l’image de Dieu, qui, assis dans son trône au plus haut des cieux, fait aller toute la nature. » 1.

31. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

On peut, on doit même varier les images, les pensées, les tours, mais de manière qu’ils soient toujours analogues à la pensée qui règne. […] Dans ce genre de poésie, tout doit être en sentiments et en images. […] Que le cœur soit vivement pénétré, et il suggérera à l’esprit des pensées, des images, des comparaisons analogues et proportionnées au sentiment. […] Ce genre de poésie doit présenter une suite d’idées naturelles et piquantes, d’images douces et gracieuses. […] Destinée à exprimer la gaieté et la joie, à récréer l’esprit, à toucher le cœur par de gracieuses images, la chanson, infidèle à sa mission, s’inspire trop souvent de souvenirs dangereux et de peintures licencieuses.

32. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

Personne ne conteste que les sons l’attirent ou la repoussent par leur vertu propre, et indépendamment de toute idée accessoire ; qu’une gamme, un prélude, un accord, une vocalise peuvent lui plaire, sans offrir à l’esprit aucun caractère positif, aucune image déterminée. Mais dès que les sons prétendent représenter une pensée, une image, un sentiment, soit sous les formes vagues et souples de la musique, soit dans le langage plus strict et mieux défini de la littérature, l’oreille ne se contente plus de sa première jouissance, elle n’est pleinement satisfaite que par l’accord entre les sons et l’idée ou l’émotion à laquelle ils s’appliquent. […] Car puisque l’écriture peut et doit toujours en dernier résultat se ramener à la parole, dont elle n’est que l’image visible, le monument, comme l’appelle Quintilien, il est évident que les règles d’harmonie du discours écrit ne seront autres que celles du discours parlé. […] tandis que vous le diriez exclusivement occupé de l’image et de l’harmonie, Bossuet ne leur sacrifie rien du sens. […] — Racine : Mais que si vous voyiez, ceint du bandeau mortel, Votre fils Télemaque approcher de l’autel, Nous vous verrions, touché de cette affreuse image, Changer bientôt en pleurs ce auperbe langage, Eprouver la douleur que j’éprouve aujourd’hui, Et courir vous jeter entre Calchas et lui.

33. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

L’homme que Dieu a fait à son image, n’est-il qu’un ombre ? […] Ce n’est point là un vain luxe de mots mal à propos prodigués : c’est une grande pensée rendue sensible par une grande image ; et c’est ainsi qu’on est vraiment éloquent. […] Partout on entend des cris ; partout on voit la douleur, et le désespoir, et l’image de la mort. […] Souvent son raisonnement n’est qu’un trait de sentiment, et sa preuve, une image brillante.

34. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

L’homme Tout marque dans l’homme, même à l’extérieur, sa supériorité sur tous les êtres vivants ; il se soutient droit et élevé, son attitude est celle du commandement, sa tête regarde le ciel1 et présente une face auguste2 sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité ; l’image de l’âme y est peinte par la physionomie ; l’excellence de sa nature perce à travers les organes matériels, et anime d’un feu divin3 les traits de son visage ; son port majestueux, sa démarche ferme et hardie, annoncent sa noblesse et son rang4 ; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées, il ne la voit que de loin5, et semble la dédaigner ; les bras ne lui sont pas donnés pour servir de piliers d’appui à la masse de son corps ; sa main ne doit pas fouler la terre, et perdre par des frottements réitérés la finesse du toucher dont elle est le principal organe ; le bras et la main sont faits pour servir à des usages plus nobles, pour exécuter les ordres de la volonté, pour saisir les choses éloignées, pour écarter les obstacles, pour prévenir les rencontres et le choc de ce qui pourrait nuire, pour embrasser et retenir ce qui peut plaire, pour le mettre à portée des autres sens. Lorsque l’Ame est tranquille, toutes les parties du visage1sont dans un état de repos ; leur proportion, leur union, leur ensemble, marquent encore assez la douce harmonie des pensées, et répondent au calme de l’intérieur ; mais lorsque l’âme est agitée, la face humaine devient un tableau vivant où les passions sont rendues avec autant de délicatesse que d’énergie, où chaque mouvement de l’âme est exprimé par un trait, chaque action par un caractère, dont l’impression vive et prompte devance la volonté, nous décèle, et rend au dehors par des signes pathétiques2 les images de nos secrètes agitations. C’est surtout dans les yeux3 qu’elles se peignent et qu’on peut les reconnaître : l’œil appartient à l’âme plus qu’aucun autre organe ; il semble y toucher, et participer à tous ses mouvements ; il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils partent : l’œil reçoit, et réfléchit en même temps la lumière de la pensée, et la chaleur du sentiment : c’est le sens de l’esprit, et la langue de l’intelligence4. […] Dans le portrait du cygne, dit Rivarol, il y a d’habiles artifices d’élocution, de la limpidité, de la mollesse et une mélancolie d’expression qui, se mêlant à la splendeur des images, en tempère heureusement l’éclat. » 3.

35. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

Ainsi les pensées sont les images des choses. […] Si cette image représente l’objet tout entier, dans toute son étendue, alors la pensée est vraie, de quelque côté qu’on la considère ; et c’est ce qui en fait la justesse. Pour donner à une pensée cette vérité, cette justesse que la raison exige, il faut saisir et marquer le rapport ou la disconvenance des idées dont elle est composée, c’est-à-dire la convenance ou l’opposition qu’a l’objet dont on se forme une image, avec d’autres objets, soit sensibles, soit intellectuels. […]  » 11° Pensées hardies La pensée est hardie, lorsque l’objet dont elle est l’image se peint dans l’esprit avec des couleurs extraordinaires. […] Boileau a rendu cette image d’une manière encore plus expressive : Le chagrin monte en croupe ; et galope avec lui.

36. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Thiers Né en 1797 » pp. 265-270

Tandis que vous pensez à tant de choses, le canon gronde, votre tête est menacée ; mais ce qui est plus grave, des milliers d’hommes vous regardent, cherchent dans vos traits l’espérance de leur salut ; plus loin, derrière eux, est la patrie avec des lauriers ou des cyprès, et toutes ces images, on les chassera pour penser vite ; car, une minute de plus, et une combinaison infaillible a perdu son à-propos, et au lieu de la gloire, c’est la honte qui vous attend. […] Il tombe enfin, laissant le monde rempli de ses œuvres, l’esprit humain plein de son image, et le plus actif des mortels va mourir, mourir d’inaction, dans une île du grand Océan ! […] Dans les hommages que lui décerna la reconnaissance britannique, il y eut l’égoïsme d’une nation qui s’admirait en lui comme en son image.

37. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre premier. Division générale. »

L’imagination est aussi une faculté créatrice ; elle se représente les objets sous de vives couleurs, et les reproduit dans ses œuvres par des images frappantes. […] L’imagination suppose un esprit vif et une âme sensible : un esprit vif saisit les rapports, les ressemblances et les différences, et les peint en leur donnant du mouvement et de l’éclat ; une âme sensible est facilement impressionnée, et reproduit fidèlement son émotion par des images. […] Le vers se plie, comme la musique, à toutes les émotions de l’âme; il se modifie selon les sujets et les genres, soit pour exprimer les passions humaines, soit pour peindre et animer la nature, soit pour donner un corps et une image aux idées abstraites et métaphysiques. […] Voir ci-dessus ce qui a été dit sur les Images, p. 22 [1re partie, chapitre II, § III].

38. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

Mais souvent il arrive que, pour donner du relief aux idées qui nous intéressent plus vivement, pour exprimer d’une manière plus sensible les images et les sentiments qui nous dominent, nous intervertissons l’ordre grammatical, et nous plaçons en premier lieu les mots qui servent à exprimer ces idées, ces images et ces sentiments, bien que l’analyse ne leur assigne qu’un rang secondaire. […] Telle doit être aussi la règle de l’écrivain ; il doit mettre en évidence les pensées les plus frappantes, les images les plus sensibles. […] Ainsi, l’on verra dans les plaines de l’air paître les cerfs légers, la mer laisser les poissons à sec sur le rivage, avant que son image s’efface de mon cœur. […] Quelle hardiesse dans ces images ! […] Et jam bis medium amplexi… Quelle image effrayante, quel affreux spectacle le poète met ici sous nos yeux !

39. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Remarques particulières sur chaque espèce de mots. » pp. 46-52

Ainsi dites : ces images, tout amusantes qu’elles sont, ne plaisent pas. […] Exemples : cette image, toute amusante qu’elle est, ne me plaît pas : ces images, toutes belles qu’elles sont, ne me plaisent pas 1.

40. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Il avait un génie aisé et fécond, un caractère doux et simple ; il sentait l’harmonie poétique et trouvait facilement cette douceur dans les mots et le style qui conviennent aux images champêtres. […] Français, connaissez votre image : Des modes vous êtes l’ouvrage ; Leur souffle incertain vous conduit. […] Elle ne peut point embrasser les sentiments de toutes les espèces et de tous les degrés réservés à l’ode, et rejette par conséquent les pensées sublimes, les images pompeuses. […] Le sublime dans les sentiments ou les images se conçoit facilement. Les images sont sublimes quand elles élèvent notre esprit au-dessus de toutes les idées de grandeur qu’il pouvait avoir.

41. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Elle cherche les images, les comparaisons, la couleur, l’éclat. […] Pour emprunter une image familière à Cicéron, elle fait dans le discours l’office de la chair, des muscles et des os. […] Il consiste dans le rapport parfait des pensées et des sentiments, des images et des mots avec la réalité. […] Les images et les termes de l’industrie et de la science pénètrent au hasard et pêle-mêle dans le style et dans la langue. […] La suite et l’analogie sont une règle rigoureuse des métaphores et des images.

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