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41. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Jean-Baptiste Rousseau 1670-1741 » pp. 441-444

Il est froid, artificiel ; il a le génie indigent, il se traîne sur des lieux communs mythologiques ; il travaille de mémoire, et pourtant, lorsqu’il est soutenu par un modèle ou des souvenirs, il a de l’harmonie, du rhythme, parfois même de la couleur et de la noblesse dans les détails du style. […] Cette ode sans prétention me paraît une des meilleures de Rousseau par la simplicité, l’harmonie, et un certain accent de sensibilité très-rare chez lui.

42. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

Ces esprits étroits et rampants prennent toujours les choses une à une, et ne les voient jamais comme elles sont, parce qu’ils n’ont pas saisi l’ensemble qui montre clairement l’usage et l’harmonie des parties différentes : science confuse, amas de poussière, qui ne fait qu’aveugler la raison, et la charger d’un poids inutile. […] Il faut que la philosophie, quand elle veut nous plaire dans un ouvrage de goût, emprunte le coloris de l’imagination, la voix de l’harmonie, la vivacité de la passion : les beaux-arts, enfants et pères du plaisir, ne demandent que la fleur, et la plus douce substance de votre sagesse. […] Blessée par une main barbare, cette lyre divine, qui renfermait autrefois dans son sein une si ravissante harmonie, ne rend plus que des sons aigres et sévères : je vois naître des poèmes géométriquement raisonnés, et j’entends une pesante sagesse chanter en calculant tous ses tons.

43. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. B. Rousseau. (1671-1741.) » pp. 254-266

L’élévation de la pensée, la magnificence des images, l’harmonie et la vigueur du style lui assurent, malgré ses défauts, une place à côté de nos classiques. […] Quelle harmonie différente de celle qui va suivre ! […] Ces sons lugubres et sourds, dont la désinence revient sans cesse à l’oreille, produisent un admirable effet d’harmonie imitative.

44. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

On a aussi de lui quelques odes remarquables, entre lesquelles il faut mentionner celle qu’il a consacrée à l’harmonie poétique. […] Telle est de l’univers la constante harmonie : De son empire heureux la discorde est bannie ; Tout conspire pour nous, les montagnes, les mers, L’astre brillant du jour, les fiers tyrans des airs. […] Lucrèce de ses vers prête les ornements1 : De la noble harmonie indigne et triste usage !

45. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

Par conséquent, loin de chercher à flatter les inclinations vicieuses de notre nature déchue, le poète lyrique vraiment digne de ce nom se rappellera que ces accents, quelle que soit la puissance de leur harmonie, ne seront que des sons funestes, s’ils ne présentent pas à notre âme, créée pour la vertu, des exemples et des leçons salutaires. […] L’ode n’est pas toujours également passionnée : il est clair que dans les sujets moins élevés, le début n’aura point un ton si imposant, puisqu’il doit être en harmonie avec l’ensemble du morceau. […] C’est alors qu’il nous élève, nous enchante et nous transporte, en unissant au sublime des sentiments et à la hardiesse des pensées toute l’énergie et la pompe des expressions, tous les charmes d’une harmonie soutenue et toujours ravissante. […] Ordinairement, il est vrai, ces hymnes ne remplissent point l’oreille de ce bruit qui souvent ne fait que flatter le sens de l’harmonie, mais ces hymnes prient toujours. […] Les vers des récits doivent être d’une mesure inégale, parce qu’ainsi ils sont plus favorables à l’harmonie du chant.

46. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Sa langue musicale et pittoresque produit, par l’arrangement des sons et le choix des mots, des effets d’harmonie et de couleur qui enchantent l’oreille et les yeux. […] Si tout est silence et repos dans les savanes, de l’autre côté du fleuve, tout ici1, au contraire, est mouvement et murmure : des coups de bec contre le tronc des chênes, des froissements d’animaux qui marchent, broutent ou broient entre leurs dents les noyaux des fruits ; des bruissements d’ondes, de faibles mugissements, de sourds beuglements, de doux roucoulements, remplissent ces déserts d’une tendre et sauvage harmonie. […] Les scènes humaines jetées dans un coin n’ont d’autre objet que de relever et de faire paraître davantage les scènes de la nature par l’harmonie ou par le contraste. […] Le tableau appelé un Paysage représente une vaste campagne chargée d’arbres et éclairée par le soleil levant : il y a là de la fraîcheur et déjà de la chaleur, du mystère et de l’éclat, avec des horizons de la plus suave harmonie.

47. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

Pour l’une comme pour l’autre, il faut faire un choix dans l’ensemble des objets, déterminer les points les plus saillants, les plus utiles ; à moins qu’il n’y ait quelque circonstance dominante et qui appelle tout d’abord les regards, distribuer le tout par groupes, le ciel, le terrain, les eaux, puis le feuillage et les fabriques, ou encore d’après les impressions des sens, les formes, les couleurs, les bruits, les odeurs ; si le sujet est vaste, préférer en général l’opposition des contrastes aux rapprochements des harmonies, les masses aux détails, et là même où les détails sont de mise, se restreindre à ceux qui ont un caractère assez tranché pour frapper l’esprit. […] Pour y parvenir, l’écrivain rattachera la description tantôt aux héros du poëme, du drame, du roman, du discours, par l’harmonie ou les contrastes qu’il établit entre la nature extérieure et les sentiments qui les animent ; tantôt au lecteur lui-même, en mettant l’action en lui, en réveillant, pour les lui faire partager ou du moins comprendre, les émotions humaines qui dorment au sein de la nature, en faisant pénétrer enfin dans les objets physiques un élément moral. […] Pour lui donner la vie, mêlez le sentiment à l’image, soit que vous mettiez l’aspect des lieux en harmonie avec les émotions de l’âme ; soit que vous aviviez celles-ci par l’opposition ; soit que vous y rattachiez une espérance ou un souvenir public ou privé.

48. (1881) Rhétorique et genres littéraires

Les rhéteurs distinguent trois espèces d’harmonie : 1° L’harmonie des mots, 2° L’harmonie des phrases, 3° L’harmonie imitative. […] 2° L’harmonie des phrases est le résultat de l’harmonie des mots et de leur assemblage plus ou moins heureux. […] La véritable harmonie du style consiste dans l’habile mélange de la période et de la phrase coupée. […] 3° L’harmonie imitative est plus artificielle en apparence. […] Cette sorte d’harmonie est quelquefois cherchée ; elle naît presque toujours de la propriété des expressions.

49. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IV. Du Beau et des Plaisirs du Goût. »

Les plaisirs de la mélodie et de l’harmonie appartiennent également au goût. Il n’est point de sensation délicieuse, résultante du beau et du sublime, qui ne soit susceptible de recevoir un charme de plus du pouvoir magique des sons : de là, le plaisir du nombre poétique et de cette espèce d’harmonie que l’on retrouve, quoique d’une manière moins sensible, dans la prose un peu soignée.

50. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VII. Fontenelle. »

Voici comme Thomas décrit les devoirs et les travaux de l’homme d’état : « Il doit gouverner comme la nature, par des principes invariables et simples ; bien organiser l’ensemble, pour que les détails roulent d’eux-mêmes : pour bien juger d’un seul ressort, regarder la machine entière, calculer l’influence de toutes les parties les unes sur les autres, et de chacune sur le tout ; saisir là multitude des rapports entre des intérêts qui semblent éloignés ; faire concourir les divisions même à l’harmonie du tout ; veiller sans cesse à retrancher de la somme des maux qu’entraînent l’embarras de chaque jour, le tourment des affaires, le choc et le contraste éternel de ce qui serait possible dans la nature, et de ce qui cesse de l’être par les passions ». […] Les partisans un peu sévères du bon goût l’ont constamment rejeté parmi ces modèles qu’il faut soigneusement écarter d’un livre classique, parce que le brillant en impose ici sur la solidité, et qu’il est à craindre qu’il ne reste de tout ce fracas d’antithèses plus d’apparence que de réalité, et plus de bruit dans la tête des jeunes gens, que d’idée de la véritable harmonie oratoire.

51. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur les extraits des problèmes » pp. -144

xvi, d’après lequel ce fut Sappho qui apprit aux tragiques l’usage de l’harmonie mixolydienne, comme plus propre aux effets de pathétique, tandis que l’harmonie dorienne ne convenait qu’au genre grave et sublime.

52. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre II. Moyens de se préparer à la composition. »

C’est le meilleur moyen de fie former à la fois la pensée, le jugement et le style ; on se pénètre peu à peu des tours, des images, de l’harmonie des bons auteurs ; on s’enrichit la mémoire ; le goût se forme ; on acquiert le sentiment du beau, qui est l’idéal auquel doivent aspirer tous les arts. […] Sans être peintre, musicien, sculpteur ou antiquaire, on peut apprendre à connaître ce qui constitue le mérite et la beauté d’une peinture ou d’une statue, à se laisser émouvoir par les accords de l’harmonie musicale, à admirer les monuments de l’architecture chez les différents peuples et dans les divers styles qui ont produit des chefs-d’œuvre. […] Le goût d’une nation change avec ses mœurs ; chaque peuple a un goût particulier en harmonie avec son caractère ; chaque individu a un goût personnel, qui n’est pas tout à fait celui des autres.

53. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Cet hommage rendu à ce qu’il suffit d’apercevoir et de reconnaître, nous ne sortirions plus de nos horizons, et l’œil s’y complairait en mille spectacles agréables ou augustes, s’y réjouirait en mille rencontres variées et pleines de surprises, mais dont la confusion apparente ne serait jamais sans accord et sans harmonie. […] Au centre du lieu, trois grands hommes aimeraient souvent à se rencontrer devant le portique du principal temple (car il y en aurait plusieurs dans l’enceinte), et, quand ils seraient ensemble, pas un quatrième, si grand qu’il fût, n’aurait l’idée de venir se mêler à leur entretien, ou à leur silence, tant il paraîtrait en eux de beauté, de mesure dans la grandeur, et de cette harmonie parfaite qui ne se produisit qu’un jour dans la pleine jeunesse du monde. […] madame, toutes nos langues modernes sont sèches, pauvres et sans harmonie, en comparaison de celles qu’ont parlées nos premiers maîtres, les Grecs et les Romains.

54. (1854) Éléments de rhétorique française

Alors il y a harmonie parfaite dans tout notre être : est-ce la raison qui nous parle ? […] L’harmonie, considérée sous ce dernier rapport, prend le nom d’harmonie imitative. […] Ce qui est nécessaire à toute phrase bien laite, c’est l’harmonie des sons en général. Cette harmonie dépend de la nature et de l’arrangement des mots. […] Gardez-vous de pousser trop loin le scrupule de l’harmonie.

55. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XVI. Genre du roman. »

Quoique le roman, tel que nous le comprenons aujourd’hui, soit une véritable création des temps modernes, on peut dire que, dans tous les âges et dans tous les lieux, l’homme s’est plu à sortir en imagination de la vie ordinaire, et à rêver un ordre d’événements plus varié, plus fantastique, plus en harmonie avec ses désirs. […] Alors viennent les déceptions et les mécomptes ; le cœur se brise à chaque pas qu’il fait dans la vie ; tout l’ennuie, tout le dégoûte ; il ne trouve rien en harmonie avec l’idéal de ses rêves ; devant lui se creuse un abîme où trop souvent il s’engloutit.

56. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-8

Esprit brillant, belle imagination, il fut le Malherbe de la prose : il a l’ampleur de la période, l’éclat du discours ; il sait choisir et ordonner les mots ; il orne de grandes pensées par des expressions magnifiques dont l’harmonie soutenue enchante l’oreille. […] Telle est la puissance de l’harmonie sur les organes des hommes, que, même déplacée, elle les subjugue et les enchante.

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