Elle aime l’harmonie jusqu’à l’imitation, jusqu’à la peinture des objets par le concours des sons harmonieux ou rudes. […] Harmonie. […] Harmonie des mots. […] — Période. — L’harmonie des phrases est plus importante que celle des mots ; car souvent l’absence d’harmonie nuit à l’unité, à la force, à l’agrément de la pensée. […] L’harmonie de la phrase n’est pas toute dans la période.
Le tumulte immense de la mer, la course bruyante des vagues, celle, non moins rapide, mais silencieuse, des nuages, les oiseaux de marine qui flottaient dans le ciel et balançaient leurs corps grêles entre deux ailes arquées et d’une envergure démesurée, tout cet ensemble d’harmonies sauvages et retentissantes qui venaient toutes converger à l’âme de deux êtres de cinq pieds de hauteur, plantés sur la crête d’une falaise, secoués comme des feuilles par l’énergie du vent, et qui n’étaient guère plus apparents dans cette immensité que deux oiseaux perchés sur une motte de terre : oh ! […] Le bruit des vents et des flots, qui s’engouffre dans cet enfoncement sonore, y rend les plus belles harmonies. […] « Tous les bruits de la nature : les vents, ces haleines formidables qui mettent en jeu les innombrables instruments disposés dans les plaines, sur les montagnes, dans le creux des vallées, ou réunis en masse dans les forêts ; les eaux, qui possèdent une échelle de voix d’une étendue si démesurée, à partir du bruissement d’une fontaine dans la mousse jusqu’aux immenses harmonies de l’Océan ; le tonnerre, voix de cette mer qui flotte sur nos têtes ; le frôlement des feuilles sèches, s’il vient à passer un homme ou un vent follet ; enfin, car il faut bien s’arrêter dans cette énumération qui serait infinie, cette émission continuelle de bruits, cette rumeur des éléments toujours flottante, dilatent ma pensée en d’étranges rêveries et me jettent en des étonnements dont je ne puis revenir. […] Mais s’éveiller à minuit, aux cris de la tempête, être assailli dans les ténèbres par une harmonie sauvage et furieuse qui bouleverse le paisible empire de la nuit, c’est quelque chose d’incomparable en fait d’impressions étranges ; c’est la volupté dans la terreur. » (Journal, p. 65.)
La place en peut être changée pour des effets d’harmonie ou mieux d’expression. […] Harmonie de la période. — 6. […] Harmonie de la période. […] Le style périodique a plus de noblesse, plus d’harmonie que le style coupé ; celui-ci est plus léger, plus vif, plus brillant. […] Quelle harmonie dans les images, comme elles s’enchaînent et s’éclairent l’une l’autre !
C’est une lumière divine qui se réfléchit dans l’âme humaine, une harmonie qui trouve en nous son écho. […] La foudre en mes veines circule ; Étonné du feu qui me brûle, Je l’irrite en le combattant, Et la lave de mon génie Déborde en torrents d’harmonie, Et me consume en s’échappant. […] La musique enchante l’oreille et touche l’âme par la mélodie des sons et par la savante harmonie des accords. La danse est la musique du corps et l’harmonie des mouvements.
Cette dernière partie comprend : 1° Les qualités générales et les défauts de la phrase ; 2° L’harmonie et ses quatre espèces, qui sont : l’harmonie des mots, des phrases, imitative et des périodes ; 3° Le choix des pensées ; 4° Les rapports des pensées entre elles, qui sont : l’Unité, la Transition et la Gradation ; 5° Les figures de grammaire ou Tropes ; 6° Les figures en général ; 7° Les qualités particulières du style, qui caractérisent le style simple, le tempéré et le sublime.
On l’appelle fleuri, parce qu’il fait usage des ornements ; il comporte l’agrément des expressions, se distingue par le choix et l’harmonie des mots, par la variété des sons et par des tours brillants et animés. […] L’harmonie n’est qu’accessoire. […] L’harmonie ne fait ni le fond, ni le ton du style : elle peut trouver dans des écrits vides de sens : Les règles ne peuvent suppléer au génie : s’il manque, elles seront inutiles. […] Or jamais l’imitation n’a rien créé : aussi cette harmonie de mots ne fait ni le rond ni le ton du style, et se trouve souvent dans les écrits vides d’idées. […] Le Style poétique Le style Poétique admet tous les ornements, mais surtout il prodigue les images : il est riche d’expressions et d’harmonie, il déploie beaucoup de pompe et de noblesse pour exprimer tout ce qui frappe l’imagination : il aime particulièrement l’harmonie imitative, et fait un grand usage de métaphores et de comparaisons.
Qu’est-ce que l’harmonie ? […] Il y a deux sortes d’harmonie dans le style : l’harmonie mécanique, qui résulte d’un bon choix et d’une disposition heureuse des mots, et l’harmonie imitative, qui lie l’arrangement des mots avec le sens des phrases. […] En ce dernier cas, elle prend le nom d’harmonie descriptive. […] Y a-t-il plusieurs sortes d’harmonie dans le style ? […] L’harmonie imitative n’est-elle pas elle-même de deux sortes ?
Comme ce croisement des rimes d’une part, de l’autre celui des mètres, sont deux moyens d’augmenter l’harmonie, on fait en sorte qu’ils s’aident l’un l’autre, et se fortifient au lieu de se contrarier. […] L’harmonie en est toujours moins belle que celle des vraies stances. […] Au-dessous de quatre vers, l’harmonie de la stance est tellement uniforme et répétée qu’elle fatigue l’oreille plutôt qu’elle ne l’amuse.
Méditations et Harmonies : ces deux mots résument les immortelles beautés d’une inspiration qui manquait à la France, et dont il nous a offert de parfaits modèles1. […] Nisard a dit de cette poésie délicieuse : « Elle s’épanche en des vers d’une harmonie que Racine même n’a pas connue : ce charme ne cessera qu’avec la langue française2. » Priére de l’indigent O toi dont l’oreille s’incline Au nid du pauvre passereau, Au brin d’herbe de la colline Qui soupire après un peu d’eau ; Providence qui les console, Toi qui sais de quelle humble main S’échappe la secrète obole Dont le pauvre achète son pain ; Charge-toi, seule, ô Providence, De connaître nos bienfaiteurs, Et de puiser leur récompense Dans les trésors de tes faveurs ! […] (Harmonies poétiques, liv. […] La foudre en mes veines circule : Étonné du feu qui me brûle, Je l’irrite en le combattant, Et la lave de mon génie Déborde en torrents d’harmonie, Et me consume en s’échappant1. […] La poésie et les beaux-arts servent à développer dans l’homme ce bonheur d’illustre origine qui relève les cœurs abattus, et met à la place de l’inquiète satiété de la vie le sentiment habituel de l’harmonie divine dont nous et la nature faisons partie.
Ses derniers ouvrages, la Chaumière indienne (1791) et les Harmonies de la nature (1796) mêlent aux pages les plus riantes la fadeur d’un ton trop sentimental. […] Mais bientôt émues elles-mêmes par ces scènes religieuses de lumière et d’ombre, et surtout par le sentiment du tombeau de Jean-Jacques, elles se mirent à chanter une romance ; leurs voix douces, se mêlant aux chants lointains des rossignols1 me firent sentir que s’il y avait des harmonies entre la lumière de l’astre des nuits et les forêts, il y en avait encore de plus touchantes entre la vie et la mort. […] Rencontre d’un site assez remarquable pour sa sauvagerie : le chemin descend par une pente subite dans un petit ravin où coule un petit ruisseau sur un fond d’ardoise, qui donne à ses eaux une couleur noirâtre, désagréable d’abord, mais qui cesse de l’être quand on a observé son harmonie avec les troncs noirs des vieux chênes, la sombre verdure des lierres, et son contraste avec les jambes blanches et lisses des bouleaux.
Or, le moyen le plus simple, le plus naturel, nous disons même le moyen unique pour atteindre ce but, est de se familiariser avec les auteurs qui ont le mieux écrit en cette langue, de bien saisir le caractère propre et les formes diverses de leur style, de concevoir une idée exacte de la propriété des mots, de leur élégance, de leur disposition dans la phrase, de l’harmonie des périodes… Nous conseillons aux jeunes élèves de porter principalement leur attention sur les passages les plus saillants des modèles qu’ils auront sous les yeux, et d’en faire l’objet d’une étude toute spéciale. […] Mais, pour obtenir à cet égard des résultats satisfaisants, il faudra, avant tout, qu’il s’assujettisse lui-même à un travail sérieux, et que, dans la préparation des auteurs, il se rende un compte exact de tout ce qu’il y a de richesse, d’élégance, d’harmonie dans le style, et, en un mot, de toutes les beautés littéraires comprises dans le texte qu’il doit analyser.
La mélodie et l’harmonie appartiennent aussi au goût ; il n’existe pas d’agréable sensation qui ne soit susceptible d’être rehaussée par la puissance de l’harmonie. […] Aussi Aristote, dans sa Poétique, considère-t-il l’harmonie comme une des parties les plus essentielles de la tragédie. […] La première espèce d’harmonie est la plus commune ; la deuxième est plus rare, et appartient au beau par excellence. […] Ses mots sont très expressifs, leur arrangement ferme et mâle, quoique fort éloigné d’être sans harmonie. […] Enfin, l’exorde doit être en harmonie avec la longueur et la nature du discours qui va suivre.
Ces cas exceptés, les monosyllabes doivent être proscrits à la fin du vers30, à moins que l’on ne veuille produire un effet d’harmonie, comme dans ce vers de Virgile : Stērnĭtŭr, ēϰănĭmīsqυĕ trĕmēns prōcūmbĭt hŭmī bōs . […] Les vers qui ont deux césures, l’une au second pied, l’autre au quatrième, offrent une heureuse harmonie.
Aristote a signalé cette disposition de l’enfance ; ce grand observateur déclare l’homme le plus imitateur de tous les animaux. » Joignez à cet instinct celui du chant, de l’harmonie et de la danse, vous avez les bases de l’art dramatique, qui est aussi ancien que l’homme lui-même. […] Ce système était en harmonie avec les croyances religieuses de l’antiquité ; il était bon ; parce qu’il ne pouvait être autre. […] Mais dans les endroits où la passion est moins excitée, l’oreille se plaît à retrouver la cadence et l’harmonie : c’est un charme continu auquel l’imagination est sensible17. […] Même liberté, dans le style : la noblesse, la correction sont pour le dramaturge des obstacles qu’il se plaît à braver, sous prétexte qu’il faut donner aux personnages un langage en harmonie avec leur position et leur éducation. […] Tout en représentant une action malheureuse, il peut y mêler des alternatives de joie, d’espérance et de plaisirs : par ce moyen, l’opéra admet tous les tons, toutes les pompes, toutes les merveilles de la scène, les danses, les féeries, le jeu des machines, les décorations éblouissantes, les effets les plus saisissants de l’harmonie musicale.
C’est pour cette raison que l’exorde admet le nombre et l’harmonie de la période, qui s’allie avec la situation de l’orateur et de son auditoire. […] Nous distinguerons l’harmonie des mots, celle des périodes, et l’harmonie imitative. […] L’harmonie est quelque chose de si considérable, qu’elle peut quelquefois l’emporter sur le mérite de la propriété. […] L’harmonie, telle que nous venons de l’envisager, peut s’appeler harmonie mécanique, parce qu’elle consiste uniquement dans les mots matériellement pris et considérés comme sons ; mais il est une autre sorte d’harmonie qu’on appelle imitative, et qui consiste dans le rapport des sons avec les objets qu’ils expriment. […] Homère fait entendre par son harmonie le bruit des flots, le choc des vents, le cri des voiles déchirées, la chute du rocher de Sisyphe.
Voltaire, qui écrivait dans un temps et chez un peuple observateur bien plus scrupuleux des bienséances, n’a pas craint de comparer, dans sa Henriade, les troupes françaises à une meute de chiens : sûr de la justesse de la comparaison et du rapport vrai des idées, il ne restait plus qu’à ennoblir les détails par la richesse et l’harmonie de la diction ; et c’est l’art des grands poètes. […] Nous avons vu Homère donner à l’éloquence de Nestor la douceur du miel, et nous avons admiré l’harmonie imitative du beau vers qui exprime cette idée. […] Nous allons la mettre sous les yeux du lecteur, en nous servant de la belle traduction de Lefranc de Pompignan, dont le nom ne rappelle à bien des gens qu’une des nombreuses victimes immolées aux sarcasmes de Voltaire, mais dont les vers retracent souvent l’harmonie et l’enthousiasme vraiment lyriques de J. […] Le traducteur ne borne point ici son mérite à une fidélité pleine d’élégance et d’harmonie : il ajoute quelquefois à la force de l’expression originale, et tire souvent une image magnifique d’un trait qui n’était qu’indique en passant.