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31. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

Le monde fabuleux nous rappelle la mythologie, ses dieux antiques et ses héros imaginaires, 4. […] Ainsi ne faites pas un impie d’un homme qui fut vertueux, un homme humble d’un orgueilleux, un héros tranquille, quand il a été emporté et violent. […] Les climats font souvent les diverses humeurs ; Souvent, sans y penser, un écrivain qui s’aime, Forme tous ses héros semblables à soi-même ; Tout a l’humeur gasconne en un auteur gascon. […] Comment voulez-vous que je m’intéresse à un héros qui tire vanité de ses crimes, à l’histoire d’un scélérat qui souille sa vie de forfaits honteux ?

32. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre V. Panégyrique de Louis XV, par Voltaire. »

Heureux le panégyriste, quand il lui suffit d’être historien exact pour tracer l’éloge de son héros ! […] J’ai perdu, dit-il dans un de ces billets où le cœur parle, et où le héros se peint, j’ai perdu un honnête homme et un brave officier, que j’estimais et que j’aimais.

33. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

Jean Sobieski, un des héros de la Pologne, dont il fut roi. — Né en 1624, mort en 1696. […] Le propre du militaire est de tout vouloir despotiquement : celui de l’homme civil est de tout soumettre à la discussion, à la vérité, à la raison. » Citons en terminant cette page de M. de Salvandy : « Napoléon Bonaparte, le héros des temps modernes, héros dans le sens antique du mot, héros à la façon de ces personnages épiques, demi-dieux de la terre, qui la remplissent de leurs exploits, laissent un souvenir ineffaçable dans la mémoire des hommes, prennent place dans toutes les traditions des peuples, grandissent de siècle en siècle, grâce aux actions surhumaines dont la fable grossit leur histoire, et finissent par laisser l’érudit incertain si ces Hercule, ces Sésostris, ces Romulus, dont le nom et les monuments sont partout, ont jamais vécu.

34. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Selon lui, point de dénoûment sans catastrophe, soit dans les fables qu’il appelle simples, où le héros est continuellement malheureux, jusqu’à ce qu’un dernier coup mette le comble à son infortune, soit dans celles qu’il nomme implexes, où le sort des personnages change à la fin par une péripétie. […] Il sait concilier le goût que les hommes ont pour l’apparence même de la vérité avec le plaisir que la surprise leur cause, et il tempère avec tant d’art le mélange de ces deux sortes de satisfaction, qu’en trompant leur attente il ne révolte point leur raison ; la révolution de la fortune de ses héros n’est ni lente ni précipitée, et le passage de l’une à l’autre situation étant surprenant sans être incroyable, il fait sur nous une impression si vive par l’opposition de ces deux états, que nous croyons presque éprouver dans nous-même une révolution semblable à celle que le poëte nous présente. » Enfin le dénoûment doit être rarement pris en dehors de l’action, et s’il en est ainsi, que l’intervention de l’agent étranger et supérieur soit toujours justifiée par la nécessité : Nec Deus intersit, nisi dignus vindice nodus. […] Courbé, comme je le suis, par la main de la douleur, je suis peu capable d’assister mon pays dans cette périlleuse conjoncture ; mais, milords, tant que je garderai le sentiment et la mémoire, je ne consentirai jamais à priver la royale postérité de la maison de Brunswick et les descendants de la princesse Sophie de leur plus bel héritage. » N’est-ce pas dans l’intervention personnelle de l’orateur que consiste en grande partie le triomphe de Bossuet, dans la péroraison de l’Oraison funèbre de Condé, « lorsqu’après avoir mis Coudé au cercueil, comme parle Chateaubriand, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsqu’en s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe, et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité ? 

35. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Cet Ulysse-là n’est pas le héros d’Homère, dont nous connaissons l’esprit fin et délié, mais un rhéteur qui a fait ses études à Athènes, dans les écoles où on apprend à plaider le pour et le contre, et qui récite un de ses exercices de déclamation. […] Que Condé s’endorme la veille du combat, c’est pour l’historien un incident naturel qui peut s’expliquer par deux causes également plausibles ; pour l’orateur, c’est le sommeil d’un héros. […] On sait qu’il est monté en chaire pour prononcer l’éloge de Condé : plus cet éloge sera pompeux, plus il semblera digne du héros, plus il remplira l’attente des assistants. […] Est-ce que vous-même vous ne vous intéressez pas sérieusement aux malheurs imaginaires d’un héros de roman ? […] » Peut-être au début de la bataille les avait-il appelés des héros.

36. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Qu’il règne ce héros, qu’il triomphe toujours ; Qu’avec lui soit toujours la paix ou la victoire ; Que le cours de ses ans dure autant que le cours De la Seinea et de la Loireb Qu’il règne ce héros, qu’il triomphe toujours ; Qu’il vive autant que sa gloire. […] Sa race avait quelque antiquaille, Et pouvait des héros compter. […] Quel vaste, quel pompeux spectacle Frappe mes yeux épouvantés Un nouveau monde vient d’éclore : L’univers se reforme encore Dans les abîmes du chaos ; Et pour réparer ses ruines, Je vois des demeures divines Descendre un peuple de héros. On a trouvé que des yeux épouvantés par un pompeux spectacle, tandis que tous les autres sens sont enchantés, l’univers qui se reforme après qu’un nouveau monde vient d’éclore, et un peuple de héros, qui descend des demeures divines, pour réparer les ruines de ce nouvel univers, étaient une véritable enflure dans la pensée et dans l’élocution. […] C’est le sang de vingt Rois tous chrétiens comme moi ; C’est le sang des Héros défenseurs de ma loi ; C’est le sang des martyrs…… ô fille encor trop chère, Connais-tu ton destin ?

37. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bourdaloue, 1632-1704 » pp. 133-137

Ce qui fit un héros du prince de Condé J’appelle le principe de ces grands exploits cette ardeur martiale qui ; sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution, lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa, ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration avec laquelle, dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvoit ou troubler, ou favoriser l’événement des choses : semblable à un aigle dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir l’inconvénient de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait si habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations ces moments heureux qui décident du sort des armées ; cette activité que rien ne pouvait égaler, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout : soldat et général tout à la fois, et, par sa présence, inspirant à tout le corps d’armée, jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur, ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat, cette tranquillité dont il n’était jamais plus sûr que quand on en venait aux mains, et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublaient à mesure que sa fierté pour l’ennemi était émue ; cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort ; car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les héros1. […] Comparer Bossuet. — Pour compléter ce portrait idéalisé, rappelons-nous ces mots : « Loin de nous les héros sans humanité !

38. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

De mon héros les illustres malheurs Peuvent aussi se promettre vos pleurs. […] L’affreux destin du héros que je chante En éternise une preuve touchante : Tous les échos des parloirs de Nevers, Si l’on en doute, attesteront mes vers.

39. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Remarques particulières sur chaque espèce de mots. » pp. 46-52

. — H est aspirée dans héros : on dit : le héros ; mais elle n’est point aspirée dans héroïsme, on dit : l’héroïsme de la vertu.

40. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Pour relever la sagesse de son héros, l’orateur définit ainsi une armée : « Cette sagesse était la source de tant de prospérités éclatantes. […] Dans le genre démonstratif, on décrit quelquefois les lieux pour relever la gloire d’un héros par les difficultés et les obstacles qu’il avait à vaincre. […] Puis il y admet les guerriers que ce héros avait conduits si souvent à la victoire. […] Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros. […] Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau ; versez des larmes avec des prières ; et admirant dans un si grand prince une amitié si commode et un commerce si vous conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait courage.

41. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

Scarron est, en poésie, le héros du style burlesque. […] Est-on héros en régnant par la peur ? […] Où et au moyen de quelles figures l’orateur esquisse-t-il, à grands traits, les caractères de ses héros ? […] Ici tombe un héros moissonné dans sa fleur. […] C’est l’héroïne qui parle.

42. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

Au commencement de son récit, Racine nous montre le héros grec, monté sur son char ; Pradon ajoute ici une circonstance qui nous semble puérile : il le fait monter avec adresse, talent dont ce jeune prince n’a pas besoin pour être Intéressant. […] Fléchier dans l’oraison funèbre de Turenne, fait voir que : tout le royaume pleure la mort de ce héros. […] Il y a un exemple de gradation dans ce passage de l’Oraison funèbre de Turenne, lorsque Fléchier parle des sentiments religieux de son héros et de son humanité.

43. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

C’est ainsi que Lusignan insiste avec force sur la naissance de Zaïre, sa fille, pour la ramener à la religion de ses pères : Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines : C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi, C’est le sang des héros défenseurs de ma loi, C’est le sang des martyrs…………………… Voltaire, Zaïre. […] C’est la plus variée dans ses formes, et la plus riche : on images et eu beautés ; elle est faite pour plaire à. l’esprit et nous faire connaître les objets avec les qualités qui leur appartiennent et les circonstances qui s’y rattachent ; elle rappelle les événements passés et nous les place sous les yeux comme s’ils s’accomplissaient au moment où nous les lisons ; elle nous fait partager toutes les sensations que les écrivains ou leurs héros ont éprouvées eux-mêmes. […] Mais oses-tu penser que les Serviliens, Les Cosses, les Métels, les Pauls, les Fabiens, Et tant d’autres, enfin, de qui les grands courages Des héros de leur sang sont les vives images. […] Voltaire se sert de cette figure lorsqu’Égisthe, fils de Mérope, attaque Polyphonie au pied de l’autel où ce tyran allait épouser sa mère : Dans l’enceinte sacrée en ce moment s’avance Un jeune homme, un héros, semblable aux immortels ; Il court… C’était Égisthe ; il s’élance aux autels ; Il monte, il y saisit, d’une main assurée, Pour les fêtes des Dieux la bâche préparée. […] Le tyran se relève, et blesse le héros ; De leur sang confondu j’ai vu couler les flots.

44. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Il reste du barbare encore dans les héros d’Homère, et nous sommes loin des siècles de Périclès et de Platon. […] Cette fameuse contestation n’est qu’un épisode des luttes sans nombre qui divisent ces héros : luttes pour la prééminence, luttes pour le partage des dépouilles, luttes pour la possession d’un captif. […] Il les réunit donc en assemblée, et voici comment il leur parle : « — Amis, héros grecs, compagnons de Mars ; Jupiter, fils de Saturne, m’a lié à la lourde chaîne de la fatalité. […] Le héros le reçoit cordialement et le fait asseoir à sa table. […] Songez que chez tous les peuples les vertus guerrières ont devancé les vertus civiles, que nous ne sommes encore que dans un camp, et que les grandes idées de dévouement à la patrie et d’obéissance aux lois sont aussi étrangères aux héros grecs qu’elles le furent plus tard aux barons du moyen âge.

45. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Ici le héros ne provoque point la pitié par l’excès de ses infortunes, mais il excite l’admiration des spectateurs par sa magnifique fermeté. […] Tous les héros de Corneille sont plus graves que dans l’histoire. […] Puisque Alexandre était le héros de la pièce, il fallait le mettre au premier rang, et ne pas tailler Porus, son vaincu, en véritable héros cornélien qui aime mieux la gloire que la vie et qui devant son vainqueur parle et agit en roi. […] Andromaque sublime sans être au-dessus de l’humain, héroïne sans cesser d’être femme : voilà quelle était la véritable nouveauté de cette tragédie. […] Notre héros suivit la dame en servitude.

46. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Courier, 1773-1825 » pp. 447-454

Allusion à ce passage de l’Énéide, où le héros du poëme retrouve aux Enfers Deiphobus, fils de Priam, mutilé par les blessures reçues dans le pillage de Troie. […] Allusion au célèbre passage du chant V de l’Iliade, où Diomède blesse à la main Vénus accourue au secours de son fils Enée, poursuivi par le héros grec.

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