/ 167
41. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

La Fontaine, inspiré par ce souvenir, et à qui il semble que Gresset ait pris quelquefois sa naïveté et son abandon, s’est peint lui-même dans les vers suivants : Papillon du Parnasse et semblable aux abeilles, A qui le bon Platon compare nos merveilles, Je suis chose légère et vole à tout sujet ; Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet. […] « Qui multum peregrinantur, a dit en effet l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ , raro sanctificantur » ; et La Fontaine, parlant d’un pèlerin : Prou de pardons il avait rapporté ; De vertu, peu : chose assez ordinaire.

42. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

D’autres adjectifs, devenus depuis prépositions, conservaient leurs flexions ; on faisait accorder sauf avec le substantif en des locutions comme celle-ci : « Saulve (salva) l’honneur de toute la compaignie. » Souvent aussi l’on usait d’adjectifs numéraux venus directement du latin, prime, tiers, quart, quint ; et, si, depuis lors, ces formes ont à peu près succombé, ce ne fut pas sans résistance ; car La Fontaine s’en servit fréquemment, et quelques-unes ont même survécu dans tiers-parti, prime-saut etprime-abord. […] A force de tamiser le dictionnaire, le zèle des puristes prit parfois le bon grain pour l’ivraie, et notre langue fut exposée au même péril que l’Homme entre deux âges, dans cette fable où La Fontaine nous montre deux veuves lui arrachant l’une les cheveux noirs, parce qu’ils sont trop jeunes, l’autre les blancs parce qu’ils sont trop vieux. […] Ils eussent attendri le cœur de Fénelon ; car plusieurs d’entre eux ont touché celui de La Fontaine toujours si hospitalier pour ce vieux langage qui « avoit je ne sais quoi de court, de naïf, de hardi, de vif et de passionné », comme dit la lettre à l’Académie. […]  — Issir (sortir avec vitesse) parlait à l’imagination, et n’a pas laissé sa vertu au verbe sortir (sortiri). — Rober (voler) s’applique à un rapt violent auquel ne suffit point dérober ou même ravir. — Tollir a une tout autre véhémence qu’enlever. — Liesse (lætitia) nous communique le sentiment d’une jouissance, d’une délectation, dont la plénitude n’est traduite que languissamment par des synonymes dégénérés. — Ramentevoir (remettre en mémoire) désignait je ne sais quelle réminiscence de souvenir éloigné, dont le vague rappel chercherait aujourd’hui vainement son verbe définitif. — Enfin souloir (solere) a droit au moins à une oraison funèbre, ne fût-ce qu’en mémoire de La Fontaine qui, dans son épitaphe, disait nonchalamment de sa vie écoulée : Deux parts en fit, dont il soulait passer L’une à dormir, et l’autre à ne rien faire Je ne dirai rien de marri, d’accort, de discourtois, d’assagir, d’amusoir, de charlataner, de coquiner, de dévaller, d’embesogner, d’encager, de routiner, de pluviner et de tant d’autres vocables qui, tout morts qu’ils sont, pourraient bien être plus vivants que leurs héritiers ; car, après l’ostracisme qui sévit entre 1600 et 1620, nous avons été réduits à leur substituer des termes abstraits qui sentent l’officine des savants, au lieu d’avoir jailli de source vive, je veux dire de l’imagination populaire, si prompte à peindre et animer tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle touche. […] Au lieu d’en faire collection dans un glossaire, ne serait-il pas sage de puiser avec discernement dans cette réserve nationale, qui peut redevenir une fontaine de Jouvence pour une langue trop mort génée jadis par les rigoristes, et aujourd’hui trop infidèle à ses vieilles traditions ?

43. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

s’écrie Boileau en parodiant Virgile ; et la Fontaine à propos des deux coqs : Deux coqs vivaient en paix ; une poule survint, Et voilà la guerre allumée. […] Ainsi j’appelle épiphonème les vers imprimés en caractère italique de ce passage de la Fontaine, dans sa belle élégie aux Nymphes de Vaux : Inspires A Louis cette même douceur : La plus belle victoire est de vaincre son cœur. […] Voici, selon lui, un exemple d’incidence dans la Fontaine ; c’est le renard qui parle : Pourquoi dire Jupin m’a-t-il donc appelé Au metier de renard ?

44. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Quel progrès dans l’art de décrire et de sentir les beautés de la nature, de La Fontaine à Chateaubriand, en passant par Jean-Jacques Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Delille et Volney. […] Il importe d’en faire d’abord l’observation, parce que ces différences entraînent l’emploi de procédés différents d’interprétation : La Fontaine ne se dit pas du tout comme Bossuet. […] La Fontaine. […] La Fontaine. […] La Fontaine.

45. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

La Fontaine présente de nombreux exemples de cette simplicité dont il est un modèle accompli. — Vauquelin de La Fresnaye, pour exprimer cette pensée : On fait plus de cas des richesses que de la science , dit-il avec une simplicité qui décèle l’homme d’esprit et de goût : Quand on dit j’ai, toute la compagnie S’en esjouit. […] C’est ainsi que La Fontaine a embelli cette pensée vulgaire : La tristesse ne dure pas toujours : Sur les ailes du temps la tristesse s’envole. […] Si le dies per silentium vastus de Tacite ne présente qu’une image confuse, il n’en est pas de même de celle qui se trouve dans ce vers de La Fontaine : Craignez le fond des bois et leur vaste silence. […] La Fontaine dit en parlant du veuvage : On fait un peu de bruit, et puis on se console. […] La Fontaine et Racine sont des modèles en ce genre ; leur style est riche et n’est point chargé : c’est l’abondance du génie, que le goût ménage et dirige.

46. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

(La Fontaine.) […] Bossuet, La Bruyère, Fénelon, Boileau, La Fontaine disent les choses de telle façon qu’elles semblent ne leur avoir rien coûté. […] Il est telle fable de La Fontaine, telle page de Racine ou de Bossuet, qui renferme à la fois les tons les plus divers. […] (La Fontaine.) […] (La Fontaine.)

47. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Phédon, enrichi par un coup du sort, fait comme le trafiquant de la Fontaine : il attribue ses succès à son mérite, à son industrie ; et si ses compagnons d’hier continuent leur misère, c’est leur faute : ils sont paresseux ou sots ; voilà pourquoi ils ne réussissent pas. […] Il est ruiné, et, comme le trafiquant de la fable, il attribue ses malheurs à la fortune et à la société. » (La Fontaine et les fabulistes, Michel Lévy.) […] (La Fontaine.)

48. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre Ier. Des exercices préparatoires à la composition » pp. 209-224

Il faut d’abord éviter cette imitation servile, qui consiste à se traîner sur les pas d’un écrivain et qui a fait tant de mauvaises copies des meilleurs modèles, et imiter d’une manière noble, généreuse, pleine de liberté et d’aisance, comme La Fontaine qui dit de lui-même : Mon imitation n’est point un esclavage. […] On trouve de magnifiques amplifications par les causes et les effets dans la description de la mort d’Euryale, par Virgile, et dans la peinture de la peste des animaux, par La Fontaine ; et par les effets seulement, dans l’Oraison funèbre de Turenne, lorsque Fléchier rappelle les suites de la bonne fortune sur un général vainqueur ; dans celle de la reine d’Angleterre, lorsque Bossuet décrit les effets de la persécution protestante ; dans l’Enfant prodigue, de Massillon, lorsque celui-ci énumère les suites funestes de la volupté ; dans le premier acte d’Athalie, quand Joad expose les effets de la puissance de Dieu, et dans les Pensées de M. de Bonald, lorsque cet illustre philosophe fait justice en ces termes d’une des maximes de la Révolution : La liberté, l’égalité, la fraternité ou la mort ont eu dans la Révolution une grande vogue.

49. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Notes. Pour l’intelligence des exemples cités dans ce troisième volume. — S — article »

Siloé, ruisseau ou fontaine abondante qui coule près des murs de Jérusalem.

50. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

On reproche à La Fontaine plusieurs sons semblables dans ces deux vers :             Un lièvre en son gîte songeait, Car que faire en un gîte à moins que l’on ne songe ? […] La Fontaine fait frissonner à la peinture de Borée, qui Se gorge de vapeurs, s’enfle comme un ballon,     Fait un vacarme de démon, Siffle, souffle, tempête et brise en son passage Maint toit qui n’en peut mais, fait périr maint bateau,     Le tout au sujet d’un manteau. […] Les Épîtres de Boileau sont datées des conquêtes de Louis XIV ; Racine porte sur la scène les faiblesses et l’élégance de la cour ; Molière doit à la puissance du trône la liberté de son génie ; La Fontaine lui-même s’aperçoit des grandes actions du jeune roi et devient flatteur.

51. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Poète et parfois grand poète dans l’un et l’autre genre, il mérita les éloges des plus illustres : Malherbe, La Fontaine et Boileau. […] Nous ne verrons ici dans La Fontaine que le fabuliste. […] À partir du septième livre, La Fontaine sort du pur genre d’Ésope. […] La morale est le côté faible des fables de La Fontaine. […] Pressé par les instances de Port-Royal, La Fontaine se hâta trop.

52. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume. » pp. 365-408

On le représente sur un char traîné par des tigres, des lynx ou des panthères, et armé d’une espèce de pique ornée de pampre et de lierre, appelée thyrse, et dont il s’était servi pour faire couler des fontaines de vin. […] Naïades, nymphes des fleuves et des fontaines. […] Elles étaient révérées chez les païens comme des divinités, et avaient séparément pour domaines les mers, les fleuves et les fontaines, les lacs, les forêts les arbres, les montagnes, les bocages et les prairies. […] Dans la réalité c’était une fontaine de l’Arcadie, près de la ville de Nonacris, dans le Péloponnèse (aujourd’hui Morée).

53. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

Hippocrène, fontaine peu éloignée du mont Hélicon dans la Phocide (aujourd’hui Livadie). […] Un jour s’étant reposé sur le bord d’une claire fontaine, et ayant aperçu son image dans l’eau, il en devint si amoureux, qu’il sécha de langueur. […] En naissant, il frappa du pied contre un rocher, et en fit jaillir la fontaine d’Hippocrène. […] La fable dit qu’aussitôt qu’il fut arrivé dans ce lieu, il fit un sacrifice aux Dieux, et envoya ses compagnons à une fontaine voisine, pour qu’ils y puisassent de l’eau.

54. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

(La Fontaine.) […] Voyez avec quel naturel Mme de Sévigné a écrit le plus grand nombre de ses lettres ; avec quelle bonhomie la Fontaine a écrit ses fables : relisez souvent Racine, Fénelon, Bossuet et Boileau ; apportez une grande attention dans la conversation ; et vous concevrez que l'on s'accoutume à bien écrire et à bien parler en lisant ceux qui ont bien écrit, et en écoutant ceux qui parlent bien. […] C'est à notre bon la Fontaine que les Muses ont donné le sceptre de la fable. […] (La Fontaine.) […] C'est une construction propre à la langue française (un gallicisme), et Racine, Fénelon, la Fontaine, Jullien, Le Tellier, Bescherelle, etc., font accorder le participe dans ce cas.

55. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Souvent le genre est employé au lieu de l’espèce, et l’espèce au lieu du genre : dans la Fontaine, le quadrupède écume, l’arbre tient bon, pour le lion écume, le chêne tient bon ; au contraire, dans Boileau : Et vit-on, comme lui, les ours et les panthères S’effrayer follement de leurs propres chimères, pour les animaux en général. […] Chimène ne peut mieux faire comprendre son amour à Rodrigue qu’en lui disant toute en larmes : Va, je ne te hais point… des dénégations répétées de la Fontaine : Ce n’était pas un sol, non, non, et croyez-m’en, Que le chien de Jean de Nivelle, je conclus la haute sagacité du prudent animal qui ne venait pas quand on l’appelait ; « Nec sum adeo informis… je ne suis pas si laid, » dit le berger de Virgile qui se croyait sans doute un fort beau berger.

56. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Sévigné 1626-1696 » pp. 52-64

Madame de Sévigné eut comme La Fontaine le sentiment de la nature, en un siècle où il faisait défaut. […] Ce dialogue supposé rappelle la fable du Mort et du Mourant dans La Fontaine.

/ 167