Il ne voit, dans les feuilles qui tombent, qu’un engrais pour la terre ; dans les vents qui agitent les forêts, que des courants destinés à purifier l’air que nous respirons ; dans la pluie qui inonde les champs, que des eaux qui vont alimenter les ruisseaux voisins et faire mouvoir les usines. Mais l’âme du poète ne peut rester insensible à ce tableau ; ces bois qui se dépouillent en gémissant de leur parure, ces feuilles jaunies qui tombent emportées par les vents, ces ruisseaux qui précipitent leurs eaux troublées, ces vents qui murmurent à travers les rameaux desséchés, lui paraissent exprimer la souffrance et le deuil.
Ou le Parthe boira de l’eau de la Saône, ou le Germain de l’eau du Tigre. […] Le ruisseau, dont il épure les eaux, hâte sa course à travers la prairie. […] Il roule des eaux épaisses dans son gouffre. […] Gazouillement des eaux. […] V. — Vorago (de vorare), ouverture de terre, tournant d’eau, abîme.
Voici un rondeau composé par Chapelle pour critiquer Benserade, qui avait eu la malheureuse idée de traduire en rondeaux les Métamorphoses d’Ovide : À la fontaine où l’on puise cette eau Qui fait rimer et Racine et Boileau, Je ne bois point, ou bien je ne bois guère ; Dans un besoin si j’en avais affaire, J’en boirais moins que ne fait un moineau. Je tirerai pourtant de mon cerveau Plus aisément, s’il le faut, un rondeau, Que je n’avale un verre plein d’eau claire À la fontaine.
La Judée, par exemple, dont il est question ici, ne présente partout qu’un sol aride, coupé de ravins, hérissé de rochers : pendant les chaleurs de l’été, la terre était impitoyablement dévorée de l’ardeur du soleil ; la privation d’eau y était donc le plus grand malheur que l’on eût à redouter, et la découverte d’une source ou d’un peut ruisseau changeait pour un moment la face entière de la nature, et ramenait aux idées douces de plaisir et de bonheur. De là ces allusions si fréquentes, dans les livres saints, à une terre aride et brûlante, où il n’y a point d’eau, pour peindre l’excès du malheur : de là ces métaphores empruntées d’une rosée qui tombe du ciel, d’une source imprévue qui s’échappe du sein d’un rocher, pour décrire le passage du malheur à la prospérité, etc.
Cependant tous les gens eurent le temps de se sauver, et onze chevaux s’étant jetés dans l’eau, malgré la rapidité du fleuve, gagnèrent tous les bords, à la faveur des feux qu’on y avait fait allumer aux endroits où ils pouvaient prendre port. Mon carrosse même avait été lié avec des cordes, et presque élevé sur le pont ; mais quelques uns de ceux qui le tiraient ayant lâché les câbles, il tomba dans le fond de l’eau et se perdit.
On ne savait comment s’y prendre, lorsque le président imagina cet expédient : il remplit d’eau une grande coupe, mais de manière qu’une petite goutte de plus l’eut fait déborder à l’instant ; puis il fit signe qu’on introduisit le candidat. […] Persuadé qu’un académicien surnuméraire ne dérangerait rien et ne porterait nulle atteinte à la loi, il ramassa une feuille de rose, qu’il vit à ses pieds, puis il la posa doucement sur la surface de l’eau ou elle surnagea à son aise sans répandre la moindre larme. […] Ce fossé lui-même renferme tout un monde d’habitants, toute une forêt de végétation ; son eau limpide court sans bruit en s’épurant sur la glaise, et caresse mollement des bordures de cresson, de baume et d’hépatiques ; les fontinales, les longues herbes, appelées rubans d’eau, les mousses aquatiques pendantes et chevelues, tremblent incessamment dans ces petits remous silencieux ; la bergeronnette jaune y trotte sur le sable d’un air à la fois espiègle et peureux ; la clématite et le chèvre-feuille l’ombragent de berceaux où le rossignol cache son nid. […] Voiture, écrivant à une dame qu’il s’est embarqué sur un navire chargé de sucre, lui dit que, S’il vient à bon port, il arrivera confit, et que, si d’aventure il fait naufrage, il aura du moins la consolation de mourir en eau douce. […] Et dans le Cid : Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre.
Son œuvre rappelle cette fontaine magique dont les eaux avaient pour chacun le goût des vins qu’il s’imaginait boire. […] Rencontrant sur la riue frere Adam Couscoil, cordelier obseruantin de Myrebeau18, luy promist vn habit en condition qu’il le passast oultre l’eau à la cabre morte1 sus ses espaules. […] Soubdain se descharge, et vous iecte Dodin en pleine eau la teste au fond.
Entre les fleurs, Psyché, dormant au bord de l’eau, S’anime, ouvre les yeux à ce monde nouveau ; Et baigné des vapeurs d’un sommeil qui s’achève, Son regard luit pourtant, comme après un doux rêve. […] L’œuvre languit ; la main, en essuyant la tempe, Retombe mollement avec l’eau qui la trempe1.
Il veut une rivière, un torrent, des cascades : à l’aide d’une machine à vapeur, il fait arriver de l’eau dans son parc, et il creuse à cette eau des lits de ciment et de pierres. […] Mais c’était un feu follet qui brillait sur des eaux stagnantes. […] Tout à coup un ange leur apparaît et promet de leur accorder toute l’eau qu’ils demanderont. […] Léopold s’élance dans les eaux. […] Yvain, de retour à Orthès, remplit la mission que son oncle lui avait donnée ; mais, au moment où il allait répandre la liqueur dans la coupe de son père, on l’aperçoit ; Gaston jette la liqueur dans un vase d’eau, et fait boire cette eau à un chien, qui périt bientôt dans les convulsions.
Grand Dieu qui vis les cieux se former sans matière, A ta voix seulement Tu séparas les eaux, leur marquas pour barrière Le vaste firmament. Si la voûte céleste a ses plaines liquides, La terre a ses ruisseaux, Qui, contre les chaleurs, portent aux champs arides Le secours de leurs eaux. Seigneur, qu’ainsi les eaux de ta grâce féconde Réparent nos langueurs ; Que nos sens désormais vers les appas du monde N’entraînent plus nos cœurs Fais briller de ta foi les lumières propices A nos yeux éclairés : Qu’elle arrache le voile à tous les artifices Des enfers conjurés.
Les nuages Lorsque j’étais en pleine mer, et que je n’avais d’autre spectacle que le ciel et l’eau, je m’amusais quelquefois à dessiner les beaux nuages blancs et gris, semblables à des groupes de montagnes, qui voguaient à la suite les uns des autres, sur l’azur des cieux. […] Rencontre d’un site assez remarquable pour sa sauvagerie : le chemin descend par une pente subite dans un petit ravin où coule un petit ruisseau sur un fond d’ardoise, qui donne à ses eaux une couleur noirâtre, désagréable d’abord, mais qui cesse de l’être quand on a observé son harmonie avec les troncs noirs des vieux chênes, la sombre verdure des lierres, et son contraste avec les jambes blanches et lisses des bouleaux.
Un jour s’étant reposé sur le bord d’une claire fontaine, et ayant aperçu son image dans l’eau, il en devint si amoureux, qu’il sécha de langueur. […] Après avoir formé de terre et d’eau les premiers hommes, il alla, avec le secours de Pallas, dérober le feu du ciel pour les animer. […] Il était né, en 1518, à Semur en Bourgogne, et mourut, en 1653, aux eaux de Spa, bourg d’Allemagne, dans le pays de Liège. […] La fable dit qu’aussitôt qu’il fut arrivé dans ce lieu, il fit un sacrifice aux Dieux, et envoya ses compagnons à une fontaine voisine, pour qu’ils y puisassent de l’eau. […] Elle fut mariée à Pélée, roi de la Phthiotide en Thessalie ; et tous les Dieux et toutes les Déesses du ciel, de la terre et des eaux, excepté la Discorde, assistèrent à ses noces, qui se firent sur le mont Pélion.
Ont fondu l’écorce des eaux. […] On se console pourtant, parce que de temps en temps on rencontre des objets qui vous divertissent, des eaux courantes, des fleurs qui passent : on voudrait s’arrêter… Marche, marche. […] Toujours entraîné, on approche du gouffre affreux ; déjà tout commence à se ternir ; les jardins sont moins fleuris, les fleurs moins brillantes, leurs couleurs moins vives, les prairies moins riantes les eaux moins claires ; tout pâlit, tout s’efface ; l’ombre de la mort se présente ; on commence à sentir l’approche du gouffre fatal ; mais il faut aller sur le bord ; encore un pas : déjà l’horreur trouble les sens, la tête tourne, les yeux s’égarent… il faut marcher ; on voudrait retourner en arrière ; plus de moyens : tout est évanoui, tout est tombé, tout est échappé. […] Tel est cet épisode, arrivé au Passage du Rhin par l’armée française, sous les yeux de Louis le Grand : Le chevalier de Nantouillet était tombé de cheval : il va au fond de l’eau, il revient, il retourne, il revient encore ; enfin il trouve la queue d’un cheval, il s’y attache ; ce cheval le mène à bord, il monte sur le cheval, se trouve à la mêlée, reçoit deux coups dans son chapeau, et revient gaillard. […] Victor Hugo, dans la pièce de vers intitulée Moïse sauvé des eaux, en fournit un exemple.
C’est une source pure ; en vain dans ses canaux Les vents contagieux en ont troublé les eaux ; En vain sur la surface une fange étrangère Apporte en bouillonnant un limon qui l’altère : L’homme le plus injuste et le moins policé S’y contemple aisément quand l’orage est passé1 Le passage de la vie Le bonheur est le port où tendent les humains ; Les écueils sont fréquents, les vents sont incertains ; Le ciel, pour aborder cette rive étrangère, Accorde à tout mortel une barque légère. […] On met bas les habits ; vêtus seulement de leurs capotes, les soldats courent aux vivres, au bois, à l’eau, à la paille. […] Si au contraire la liqueur inspiratrice des propos joyeux, transportée dans des tonneaux ou dans des outres, sur les épaules des coureurs qu’on avait envoyés chercher de l’eau, est arrivée au camp, la veillée se prolonge.
Le bruit des eaux convient à toutes ces impressions vagues et profondes ; il est uniforme, comme l’édifice est régulier. […] Des courriers traversent les airs, se glissent dans les eaux, franchissent les monts et les vallées. […] Aussitôt que la vapeur du soir enveloppe la vallée, le cou tendu et l’aile sifflante, ils s’abattent tout à coup sur les eaux qui retentissent. […] Une racine de saule minée par les eaux lui offre un asile, elle s’y dérobe à tous les yeux. […] Cette eau me parut excellente ; j’en bus abondamment, car je mourais de soif.
Au pied de la hauteur coule un torrent rapide, qu’il faut passer pour arriver sur l’autre montée : partie de la file est déjà dans l’eau, partie en deçà, au delà. […] Au fond du jardin, aux deux angles, il y a deux fontaines qui tombent dans des sarcophages, et dont l’eau coule par des canaux le long du mur et des allées.