/ 206
44. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

Les reconnaît-on dans la critique des arts ? […] Vous voyez qu’il ne s’agit ici que d’une critique d’individus et non des généralités de la rhétorique. […] Etudiez les prosateurs français qui ont le mieux connu le génie de la langue : au xvie  siècle, Amyot, Montaigne, du Bellay ; au xviie , Pascal, Bossuet, Fléchier, la Bruyère, madame de Sévigné ; malgré les reproches que la critique a pu adresser aux trois derniers, je les recommande pour l’excellence de leur forme ; au xviiie , les quatre maîtres, Voltaire, Rousseau, Buffon et Montesquieu ; j’ajouterais volontiers le duc de Saint-Simon lu avec prudence.

45. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

C’est le règne de la critique. […] L’Avocat. — Je suis forcé de me rendre à vos raisons ; vos critiques m’éclairent, mais elles me découragent. […] Nous avons d’excellents travaux de critique et d’histoire, étudiez-les : feuilletez même les romans, les brochures, ce qu’on appelle la littérature courante ; vous y trouverez du bon quelquefois, et d’ailleurs un homme d’esprit tire profit de tout, du mauvais comme du bon.

46. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre VI. D’Aguesseau et Séguier. »

Dans un autre discours sur la décadence du barreau, il parle des vices de style qui défiguraient alors l’éloquence, et trace, à ce sujet, les règles du goût le plus sur, et de la critique la plus exercée. […] C’est là qu’il pèse scrupuleusement jusques aux moindres expressions, dans la balance exacte d’une juste et savante critique : c’est là qu’il ose retrancher tout ce qui ne présente pas à l’esprit une image vive et lumineuse ; qu’il développe tout ce qui peut paraître obscur à un auditeur médiocrement attentif ; qu’il joint les grâces et les ornements â la clarté et à la pureté du dicours ; qu’en évitant la négligence, il ne fuit pas moins l’écueil également dangereux de l’affectation ; et que, prenant en main une lime savante, il ajoute autant de force à son discours, qu’il en retranche de paroles inutiles ; imitant l’adresse de ces habiles sculpteurs qui, travaillant sur les matières les plus précieuses, en augmentent le prix à mesure qu’ils les diminuent, et ne forment les chefs-d’œuvre les plus parfaits de leur art, que par le simple retranchement d’une riche superfluité ».

47. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

En résumé, le meilleur de l’œuvre de Malherbe, c’est la partie toute négative et critique. […] Tout le monde, y compris les beaux esprits, avait applaudi à ces chefs-d’œuvre ; cependant des critiques reprochèrent au grand poète de n’y avoir pas assez mis de héros. […] Résumons maintenant les titres de gloire du grand poète, et signalons en même temps ce que la critique a droit de lui reprocher. […] Cependant cette pièce prête à des critiques sérieuses. […] Mais quelques critiques qu’on puisse faire du détail d’un grand nombre de ses fables, il nous en a laissé une cinquantaine qui suffisent à sa gloire.

48. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

C’est une critique spirituelle de ces préambules qui ne finissent pas. […] De l’analyse critique. […] Le goût des élèves se forme en partie sur la foi du maître et sur celle des critiques dont ils font la lecture ; mais il faut aussi qu’ils s’habituent à juger par eux-mêmes. […] Mais, avant d’aborder cette critique en grand, il est éminemment utile de rappliquer à des morceaux choisis de peu d’étendue. […] Modèle d’analyse critique.

49. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Tout écrivain, dit-il, pour écrire nettement, doit se mettre à la place de ses lecteurs, examiner son propre ouvrage comme quelque chose qui lui est nouveau, qu’il lit pour la première fois, où il n’a nulle part, et que l’auteur aurait soumis à sa critique ; et se persuader ensuite qu’on n’est pas entendu, seulement à cause que l’on s’entend soi-même, mais parce qu’on est en effet intelligible. […] Si l’on disait, par exemple : nous ne trouvons point la critique qu’a faite Eugène d’un ouvrage d’Ariste, dans le recueil de ses œuvres ; ce pronom, ses, formerait une équivoque, qui mettrait le lecteur dans l’impossibilité de juger si c’est dans le recueil des œuvres d’Eugène, ou dans celui des œuvres d’Ariste. Il faudrait, suivant le sens qu’on voudrait marquer, dire à peu près : nous ne trouvons point dans le recueil des œuvres d’Eugène, la critique qu’il a faite d’un ouvrage d’Ariste ; ou ; nous ne trouvons point dans le recueil des œuvres d’Ariste, la critique d’un de ses ouvrages, qui a été faite par Eugène. […] La phrase suivante, sans être précisément louche, n’est pas à l’abri d’une juste critique : cet illustre infortunéf fut conduit à Pignerol a, où M. de Saint-Mars était commandant. […] Mais comme je suis bien loin de croire que mes observations puissent être une règle pour eux, je me suis imposé la loi de m’appuyer toujours de l’autorité des critiques sages et éclairés, dont le goût sûr et les connaissances profondes sont généralement reconnus.

50. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

Son éloge de Racine essuya également de nombreuses critiques, et ces critiques étaient fondées. […] La Harpe n’approuve pas cette répétition : « J’apporte à la cendre  de Marc-Aurèle, etc. » J’ose être ici d’un avis moins sévère que ce grand critique ; et je trouve, au contraire, que cette formule répétée, qui confond tous les vœux, tous les cœurs, tous les sentiments, en un seul et même sentiment, qui n’a et ne doit plus avoir qu’un langage, est peut-être ce qu’il y a de plus heureusement imaginé dans cette scène, d’ailleurs si intéressante.

51. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

Voilà cependant ce que Thomas prenait et aurait bien voulu qu’on prît pour des règles de goût et des modèles de style : présomption fondée jusqu’à un certain point, puisque chacun de ses ouvrages était honoré d’un triomphe public ; puisque La Harpe lui-même, cet homme dont le goût est ordinairement si sûr et la critique si judicieuse, poussa la complaisance académique jusqu’à louer outre mesure les Éloges de Thomas107. […] Voilà ce que disait La Harpe, dans un temps où la considération personnelle dont jouissait Thomas, et le crédit que lui donnaient ses protecteurs académiques, imposaient à la critique des entraves de tous les genres.

52. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Balzac. (1594-1655.) » pp. 2-6

Ses principaux ouvrages sont : le Socrate chrétien, où une teinte antique relève la beauté de la morale moderne ; le Prince, où il trace à Louis XIII ses devoirs et célèbre Richelieu son protecteur ; ses Dissertations politiques et critiques ; Aristippe ou la Cour, et la Relation à Ménandre, en d’autres termes sa justification ou sa réponse aux ennemis que lui avait faits sa gloire. […] Dissertations critiques, IIe.

53. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Mazure fait sur ce sujet, dans sa Nouvelle Rhétorique : il faut de la tolérance en matière de dégoût, dit le sage critique. […] Cependant il fallait que le nœud en fût bien simple, puisque Térence, dont les pièces ne sont pas elles-mêmes fort intriguées, était obligé, en l’imitant, de réunir deux de ses fables pour en faire une, et que pour cela ses critiques l’appelaient un demi-Ménandre. […] Quand une scène de ce genre est conduite avec art, et placée dans une situation critique, elle produit un grand effet. […] En général, un ou deux actes ne suffisent pas, dans la tragédie, pour produire une impression assez profonde ; et des critiques ont remarqué qu’on ne trouve aucun drame remarquable en quatre actes ou en six. […] Plusieurs critiques ne veulent point regarder la comédie héroïque comme un genre distinct, parce qu’ils pensent que le caractère d’un drame vient moins de la condition des personnages que du rôle qu’on leur fait jouer.

54. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

La Critique de l’École des femmes (1663), sc.  […] Ne vouloir être ni conseillé ni corrigé sur son ouvrage est un pédantisme186 Il faut qu’un auteur reçoive avec une égale modestie les éloges et la critique que l’on fait de ses ouvrages. […] Il n’y a point d’ouvrage si accompli qui ne fondît tout entier au milieu de la critique, si son auteur voulait en croire tous les censeurs, qui ôtent chacun l’endroit qui leur plaît le moins… Quelle prodigieuse distance entre un bel ouvrage et un ouvrage parfait ou régulier ! […] Le Cid enfin est l’un des plus beaux poèmes que l’on puisse faire ; et l’une des meilleures critiques qui aient été faites sur aucun sujet est celle du Cid 199. […] On y remarque une critique sûre, judicieuse et innocente, s’il est permis du moins de dire de ce qui est mauvais, qu’il est mauvais.

55. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Distinction que les critiques ont résumée après lui en cette formule : plaire, convaincre et toucher, et qu’il serait plus juste de résumer en celle-ci : plaire et toucher pour convaincre. […] Que conclure de ces critiques ? […] La situation est critique : la France, menacée d’une double invasion au nord, a besoin de tous ses soldats ; livrer bataille en Piémont, c’est jouer sur un coup de dé la fortune du royaume. […] La passion vraie n’a pas de ces scrupules ; elle s’abandonne à ses effusions avec la confiance d’un enfant qui livre sa joue aux baisers, et sa simplicité même désarme la critique. […] On les cueillait déjà vingt ou trente siècles avant que les critiques eussent songé à les nommer et à les classer.

56. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « PRÉFACE. » pp. -12

Pour répondre à l’honneur que m’ont fait et mes juges et mes critiques, je crois devoir faire précéder cette édition nouvelle de quelques lignes d’explication. […] Un critique a loué Montesquieu en disant : il fut assez profond pour n’être pas novateur.

57. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Un écrivain de génie peut être un critique d’un goût peu sûr ; et, au contraire, sans être un grand écrivain, on peut exceller dans la critique. […] Plusieurs critiques modernes reprochent aux auteurs anciens d’avoir attaché trop d’importance à l’étude des figures. […] Les critiques littéraires ont pour but de faire connaître les beautés ou les défauts d’un ouvrage d’esprit. […] La critique d’un ouvrage doit être avant tout éclairée, consciencieuse et équitable. […] Mais ils peuvent du moins soumettre à leur critique des œuvres de peu d’étendue et des compositions ou des fragments détachés.

58. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. Piron. Chanoine, Vicaire général, Membre de l’Académie des Arcades, ancien Professeur de littérature. » pp. 1-12

Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. […] L’auteur, dans ces trois volumes, ne marche qu’appuyé sur les autorités des meilleurs critiques anciens et modernes, qu’il a su habilement fondre dans ces traités, compléter les uns par les autres et mettre parfaitement en lumière.

59. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

On croirait que, jaloux d’un repos que l’envie et la haine laissent rarement au talent, il a jeté comme une expiation de son génie, dans ses ouvrages les plus parfaits, des imperfections volontaires, ou qu’il a pensé vivre encore dans cet âge de goût et de raison où le plus judicieux des critiques écrivait : Ubi plura nitent in carmine, non ego paucis Offendar maculis8. […] La critique est aisée, et l’art est difficile. […] Racine, d’ailleurs, plus sensible aux mauvaises critiques des ignorants et des envieux, et surtout à l’étrange triomphe de Pradon, qu’aux encouragements et aux éloges prophétiques de son maître et ami, était profondément découragé : on l’avait, pour ainsi dire, dégoûté du théâtre. […] Il critique, il enseigne, il pratique ; voilà le mal, voilà la route du bien, voilà le bien.

/ 206