Voici le sage conseil que Maynard donnait à un jeune homme qui affectait d’écrire d’une manière inintelligible : Mon ami, chasse bien loin Cette noire rhétorique : Tes écrits auraient besoin D’un devin qui les explique : Si ton esprit veut cacher Les belles choses qu’il pense, Dis-moi qui peut t’empêcher De te servir du silence ? […] Aussi fait-il usage de tout ce qui peut embellir le discours, et se pare-t-il de tous les ornements et de toutes les fleurs du langage, sans prendre soin de les cacher. […] Racine nous fournit, dans Esther, un exemple bien propre à faire saisir la différence qui existe entre le style sublime et le sublime : J’ai vu l’impie adoré sur la terre : Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux Son front audacieux.
Les vilains en tuarent beaucoup plus que nous ; car la nuict ilz se derobiont pour se retirer en leurs maisons, et se caschoient dedans des bois : mais comme ilz estoient descouvertz, hommes et femmes les couroient sus, et ne sçavoient où se cacher. […] N’estes vous point las de vous cacher derrière vous mesme, si le cacher estoit permis à un Prince né comme vous ? […] En cette consternation publique le ministre s’ira-t-il cacher au fond du palais pour pleurer les misères de l’État et faire des vœux avec les femmes ? […] Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret inpénétrable ; également incapable de voir le néant dont il est tiré et l’infini où il est englouti. […] Nous le cachons à notre vue, parce qu’il nous afflige ; et, s’il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper.
Là, sur ce théâtre changeant et mobile, où la scène varie à chaque instant ; où, sous les apparences du repos, règne le mouvement le plus rapide : dans cette légion d’intrigues cachées, de perfidies ténébreuses, de méchanceté profonde et réfléchie : dans cette région, où l’on respecte, sans estimer ; où l’on applaudit, sans approuver ; où l’on sert, sans aimer ; où l’on nuit, sans haïr ; où l’on s’offre par vanité ; où l’on se promet par politique ; où l’on se donne par intérêt : où l’on s’engage sans sincérité ; où l’on se retire, où l’on s’abandonne sans bienséance et sans pudeur : dans ce labyrinthe de détours tortueux, où la prudence marche au hasard ; où la route de la prospérité mène si souvent à la disgrâce ; où les qualités nécessaires pour avancer, sont souvent un obstacle qui empêche de parvenir ; où vous n’évitez le mépris, que pour tomber dans la haine ; où le mérite modeste est oublié, parce qu’il ne s’annonce pas ; où le mérite qui se produit, est écarté, opprimé, parce qu’on le redoute ; où les heureux n’ont point d’amis, puisqu’il n’en reste point aux malheureux : là, dès les premiers pas que l’abbé de Fleuri fait dans ces sentiers embarrassés, on croirait qu’il les a parcourus mille fois… Il apporte à la cour les talents qu’on vient y chercher ; il n’y prend aucun des vices qu’elle a coutume de donner… Les sociétés du goût le plus fin, le plus délicat et le plus difficile, le reçoivent, l’appellent et l’invitent… Il se concilie tous les esprits ; il obtient tous les suffrages ». […] Il y a même dans les auteurs médiocres des beautés cachées, ou mal rendues, qui n’échappent point à l’œil pénétrant de l’homme de goût. […] Heureux, qui satisfait de son humble fortune, Libre du joug superbe où je suis attaché, Vit dans l’état obscur où les Dieux l’ont caché ! […] Voltaire, imitant cette pensée dans l’invocation de sa Henriade, dit à la Vérité : Viens, parle ; et s’il est vrai que la fable autrefois Sut à tes fiers accents mêler sa douce voix ; Si sa main délicate orna ta tête altière ; Si son ombre embellit les traits de ta lumière, Avec moi, sur tes pas, permets-lui de marcher, Pour orner tes attraits, et non pour les cacher. […] … Oui, je déteste celles qui, plus chastes en paroles qu’en effets, couvrent d’un voile de vertu leurs égarements cachés.
Il n’appartient qu’à un Dieu de connaître distinctement et par soi-même le fond des cœurs et d’en révéler les plus intimes secrets, les intentions les plus cachées, jusqu’à savoir mieux ce qui est ou ce qui sera dans la pensée et dans la volonté de l’homme que l’homme même. […] Il se coucha hier les délices257 du genre humain : ce matin, on est honteux pour lui, il faut le cacher. […] Combien un homme est-il au-dessus de ce qu’on nomme esprit, quand il ne craint pas d’en cacher une partie ! […] Il forme des pauvres bienheureux, des affligés qui trouvent la joie dans les larmes, et des riches qui craignent d’avoir leur consolation en ce monde ; tout milieu entre le siècle et Jésus-Christ est ignoré ; ils ne savent que prier, se cacher, souffrir, espérer. […] On parle du cri des remords, qui punit en secret les crimes cachés et les met si souvent en évidence.
Va te cacher, que le Chat ne te voye ! […] Qui eust cuydé66 le desir d’un cœur franc Estre caché dessoubz ung papier blanc ? […] Je ne sçauroy la vérité cacher De peur de voir un autre s’en fâcher. […] De feuillage d’acante et de plaisans festons, Les Muses cachent l’or des vers que nous chantons. […] Qui se cache ?
La mollesse est une langueur de l’âme qui l’engourdit, et qui lui ôte toute vie pour le bien ; mais c’est une langueur traîtresse qui la passionne secrètement pour le mal, et qui cache sous la cendre un feu toujours prêt à tout embraser. […] Il se coucha hier les délices du genre humain4 : ce matin on est honteux 5 pour lui ; il faut le cacher.
Sur lui-même Si parfois de mon sein s’envolent mes pensées, Mes chansons par le monde en lambeaux dispersées2 ; S’il me plaît de cacher l’amour et la douleur Dans le coin d’un roman ironique et railleur3 ; Si j’ébranle la scène avec ma fantaisie ; Si j’entre-choque aux yeux d’une foule choisie D’autres hommes comme eux, vivant tous à la fois De mon souffle, et parlant au peuple avec ma voix ; Si ma tête, fournaise où mon esprit s’allume, Jette le vers d’airain qui bouillonne et qui fume Dans le rhythme profond, moule mystérieux D’où sort la strophe ouvrant ses ailes dans les cieux ; C’est que l’amour, la tombe, et la gloire et la vie, L’onde qui fuit, par l’onde incessamment suivie, Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal, Fait reluire et vibrer mon âme de cristal1, Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j’adore Mit au centre de tout comme un écho sonore2 ! […] D’une main elle en abaissa les rameaux inférieurs, de l’autre elle y plaça le corps de son enfant ; laissant alors échapper la branche, la branche retourna à sa position naturelle, en emportant la dépouille de l’innocence, cachée dans un feuillage odorant. » 1.
Le poëte, qui déjà dans l’épopée s’effaçait derrière ses héros, se cache ici et disparaît complètement. […] L’orateur à la tribune, l’avocat au tribunal, le prédicateur dans la chaire, sont cachés jusqu’à la moitié du corps. […] Ces deux formes amples et puissantes de l’argument sont plus rares, à cause même de leur ampleur, et souvent cachent leur forme didactique sous le tour oratoire du style. […] sous un beau semblant de ferveur si touchante Cacher un cœur si double, une âme si méchante ? […] Tant de talent et d’éclat ne faisait que retarder et cacher la décadence.
Prétendez-vous longtemps me cacher l’empereur ? […] Mais vous savez trop bien l’histoire de ma vie Pour croire que longtemps, soigneux de me cacher, J’attende en ces déserts qu’on me vienne chercher. […] Depuis plus de six mois que je te fais chercher, Quel climat, quel désert a donc pu te cacher ?
La mollesse est une langueur de l’âme qui l’engourdit, et qui lui ôte toute vie pour le bien ; mais c’est une langueur traîtresse qui la passionne secrètement pour le mal, et qui cache sous la cendre un feu toujours prêt à tout embraser. […] Combien un homme est-il au-dessus de ce qu’on nomme esprit, quand il ne craint point d’en cacher une partie ! […] Un homme ne peut jamais dérober ses rayons à un autre homme : on le voit également en quelque coin de l’univers qu’on soit caché ; un homme n’a jamais besoin de dire à un autre : retirez-vous pour me laisser voir ce soleil ; vous me dérobez ses rayons ; vous enlevez la portion qui m’est due.
La simplicité et la naïveté n’excluent pas une légère pointe de finesse et de malice, mais sans recherche ni affectation ; l’esprit doit se cacher sous une apparence de bonhomie qui fasse illusion : nulle part le bel esprit n’est plus déplacé que dans la fable.
Pénétrer dans les replis les plus cachés du cœur, montrer l’homme à l’homme, lui peindre son caractère mieux que jamais il ne l’avait vu lui-même, voilà ce qui produit un effet merveilleux. […] Il affecte pour vous une fausse douceur ; Et, par là de son fiel colorant la noirceur, Tantôt à cette reine il vous peint redoutable, Tantôt, voyant pour l’or sa soif insatiable, Il lui feint qu’en un lieu que vous seul connaissez Vous cachez des trésors par David amassés. […] Je l’observais hier, et je voyais ses yeux Lancer sur le lieu saint des regards furieux ; Comme si, dans le fond de ce vaste édifice, Dieu cachait un vengeur armé pour son supplice. […] Je comparais ce roi invisible avec Sésostris, si doux, si accessible, si affable, si curieux de voir les étrangers, si attentif à écouter tout le monde et à tirer du cœur des hommes la vérité qu’on cache aux rois. […] Faute de prudence, ils ne voient pas le vrai ; ou, manquant de probité, ils le voient, mais nous le cachent ; ou enfin, ne nous étant point affectionnés, quoiqu’ils soient prudens et probes, ils ne se croient pas obligés de nous dire ce qui nous est le plus convenable. » (Rh. l.
On a justement comparé les preuves du discours aux os et aux muscles, qui sont cachés sous la peau mais qui la soutiennent et sont indispensables à la vie. […] Il distingue, alors une bonne et une mauvaise popularité ; et en même temps qu’il flétrit les intrigues des tribuns qui cachent sous ce beau nom leurs ambitieux desseins, il loue hautement les Grecques, zélés défenseurs de la loi agraire et objets d’un culte passionné pour le peuple romain. […] Quant à cet ordre caché, cet enchaînement logique prescrit par Cicéron, qui prétend conduire l’auditeur sans qu’il s’en aperçoive, c’est une méthode un peu factice contre les surprises de laquelle l’auditeur ou le lecteur se tient en garde comme un homme qu’on essaye d’entraîner sans lumière au fond d’un souterrain. […] Les ennemis prennent notre place ; ils n’ont qu’à se montrer, la victoire se montre avec eux ; leurs propres succès les étonnent ; la valeur de nos troupes a semblé passer dans leur camp ; le nombre prodigieux de nos armées en facilite la déroute ; la diversité des lieux ne fait que diversifier nos malheurs ; tant de champs fameux de nos victoires sont surpris de servir de théâtre à nos défaites ; le peuple est consterné ; la capitale est menacée ; la misère et la mortalité semblent se joindre aux ennemis ; tous les maux paraissent réunis sur nous : et Dieu, qui nous en préparait les ressources, ne nous les montrait pas encore ; Denain et Landrecies étaient encore cachés dans les conseils éternels. […] Il écrit sur les fauvettes : Ces jolis oiseaux se dispersent dans toute l’étendue de nos campagnes : les uns viennent habiter nos jardins, d’autres préfèrent les avenues et les bosquets ; plusieurs espèces s’enfoncent dans les grands bois et quelques-unes se cachent au milieu des roseaux.
Noailles120, éperdu en lui-même, ne le cachait pas même au dehors. […] M. du Maine est bien malheureux. — Monsieur, répondit le Régent d’un ton vif et haut, Monsieur du Maine est mon beau-frère, mais j’aime mieux un ennemi découvert que caché. » A ce grand mot, plusieurs baissèrent la tète. […] Cette mère a l’air accablé, désolé ; la sœur aînée s’est aussi interposée entre son frère et son père ; la mère et la sœur semblent, par leur attitude, chercher à les cacher l’un à l’autre. […] Un de ses petits enfants, effrayé, s’est caché le visage dans son sein. […] Génie simple et puissant, il assemble des choses qu’on croyait être incompatibles, la véhémence, l’enthousiasme, la naïveté, avec les profondeurs les plus cachées de l’art ; mais d’un art qui, bien loin de gêner la nature, n’est lui-même qu’une nature plus parfaite et ; l’original des préceptes.
voilà ce que vous ne trouverez pas ailleurs. » Et là-dessus ses narines s’enflent, il caches die avec peine sa joie et sa vanité par quelques dehors de modestie. […] Mais cela était fait et je ne pouvais le cacher à la postérité. […] ne peut-on pas cacher certaines choses ? […] croyez-vous qu’un roi puisse être caché après sa mort comme vous cachiez certaines intrigues pendant votre vie ? […] Cependant la recette était toujours la plus forte, et on lui trouva après sa mort une grosse somme d’argent comptant qu’il avait cachée.
L’orateur qui veut que sa manière d’argumenter ne soit pas suspecte, doit cacher le piège sous les fleurs, et se souvenir qu’un auditeur qui prend plaisir à ce qu’il entend, est à demi gagné. » Nous ajouterons que, lorsqu’il s’agit en général d’établir la vérité d’une manière solide, il existe un art qui doit être l’objet d’une étude sérieuse ; cette étude, c’est la logique. […] Où me cacher ? […] ignorez-vous quelles sévères lois Aux timides mortels cachent ici les rois ?