Il avait cependant vécu beaucoup d’années à l’étranger, et il mourut à Stockholm21, le 11 février 1650, un an avant que Louis XIV fut déclaré majeur. […] Pour le duc d’Enghien, le cardinal satisfaisait à son ambition par le gouvernement de Champagne et de Stenay, et par le commandement des armées qu’il lui procurait : joint que Mazarin étant étranger, sans parents, sans établissement, d’une nature assez douce, il était moins appréhendé ; et les princes moins appliqués aux affaires s’en déchargeaient sans envie sur lui. […] L’amour-propre ne se repose jamais hors de soi, et ne s’arrête dans les sujets étrangers que comme les abeilles sur les fleurs, pour en tirer ce qui lui est propre. […] Mais la force que Charlemagne avait mise dans la nation subsista assez sous Louis le Débonnaire pour que l’État pût se maintenir dans sa grandeur et être respecté des étrangers. […] Nommez-moi donc, milord, un souverain qui ait attiré chez lui plus d’étrangers habiles et qui ait plus encouragé le mérite de ses sujets.
Ils ont été intimement persuadés ; mais cette persuasion n’a été que momentanée : des causes étrangères ont empêché qu’elle n’eût des effets sensibles et durables. […] Agréable et touchant, suivant la pensée de Cicéron 1, sans chercher à le paraître, il dédaigne, comme ces beautés modestes, toute parure affectée, tout ce qui s’appelle fard et ornement étranger.
J’aurais voulu pouvoir remanier à loisir ce travail déjà ancien, le tenir au courant des derniers travaux de la philologie française et de la philologie étrangère sur l’opuscule si mutilé, si difficile, et pourtant si précieux, d’Aristote1.
Athénée, II, p. 66 F, en reconnaît un quatrième, ϰῦφι ou ϰοῖφι, mais qu’il déclare être d’origine étrangère, comme πέπερι et ϰόμμι.
Mais si l’objet est de ceux que l’imagination se retrace aisément, il faut se contenter de l’expression naturelle : le coloris étranger serait superflu. […] Le barbarisme est un mot étranger à la langue que l’on parle ou à l’usage reçu. […] Les figures de mots consistent dans la disposition des mots ou dans la signification étrangère qu’on donne à quelques-uns d’entre eux. Les figures qui transportent un mot de sa signification propre dans une signification étrangère portent le nom de tropes (τρέπω, changer). […] Exposez donc le fait nettement et sans détour, et retranchez tout ce qui lui est étranger.
La nature même des moyens qu’il emploie pour remuer les cœurs agit plus fortement encore sur lui que sur aucun de ceux qui l’écoutent… L’homme qui nous est le plus étranger, du moment que nous nous sommes chargés de sa cause, si nous avons de l’honneur, n’est plus étranger pour nous. […] Ne vous jetez pas dès l’abord dans ces sortes de mouvements ; ils sont le plus souvent étrangers à la cause et au point de la question qu’on veut connaître avant tout. […] On l’appelle étranger ou d’emprunt (separatum, translatum), lorsqu’il ne naît point de la cause ou n’y convient, pas. […] Que l’on prenne garde alors de s’abandonner à des saillies, de s’arrêter sur des idées étrangères, ou même d’insister mal à propos sur celles qui doivent intéresser. […] C’est prouver contre son adversaire, ou ce qu’il ne nie point, ou ce qui est étranger à la question.
De termes étrangers.]
L’un1, aussi correct dans sa langue que s’il l’avait apprise par règles et par principes, aussi élégant dans les langues étrangères que si elles lui étaient naturelles, en quelque idiome qu’il compose, semble toujours parler celui de son pays : il a entrepris, il a fini une pénible traduction que le plus bel esprit pourrait avouer, et que le plus pieux personnage devrait désirer d’avoir faite. […] L’on écarte tout cet attirail qui t’est étranger, pour pénétrer jusqu’à toi, qui n’es qu’un fat. […] Une naissance auguste, un air d’empire et d’autorité, un visage qui remplisse la curiosité des peuples empressés de voir le prince6, et qui conserve le respect dans le courtisan ; une parfaite égalité d’humeur ; un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point1 : ne faire jamais ni menaces ni repròches ; ne point céder à la colère, et être toujours obéi ; l’esprit facile, insinuant ; le cœur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi très-propre à se faire des amis, des créatures et des alliés ; être secret toutefois, profond et impénétrable dans ses motifs et dans ses projets ; du sérieux et de la gravité dans le public ; de la brièveté, jointe à beaucoup de justesse et de dignité, soit dans les réponses aux ambassadeurs des princes, soit dans les conseils ; une manière de faire des grâces2 qui est comme un second bienfait ; le choix des personnes que l’on gratifie ; le discernement des esprits, des talents et des complexions3, pour la distribution des postes et des emplois ; le choix des généraux et des ministres ; un jugement ferme, solide, décisif dans les affaires, qui fait que l’on connaît le meilleur parti et le plus juste ; un esprit de droiture et d’équité qui fait qu’on le suit jusqu’à prononcer quelquefois contre soi-même en faveur du peuple, des alliés, des ennemis ; une mémoire heureuse et très-présente qui rappelle les besoins des sujets, leurs visages, leurs noms, leurs requêtes ; une vaste capacité qui s’étende non-seulement aux affaires de dehors, au commerce, aux maximes d’État, aux vues de la politique, au reculement des frontières par la conquête de nouvelles provinces, et à leur sûreté par un grand nombre de forteresses inaccessibles ; mais qui sache aussi se renfermer au dedans, et comme dans les détails4 de tout un royaume ; qui en bannisse un culte faux, suspect et ennemi de la souveraineté, s’il s’y rencontre ; qui abolisse des usages cruels et impies5, s’ils y règnent ; qui réforme les lois et les coutumes6, si elles étaient remplies d’abus ; qui donne aux villes plus de sûreté et plus de commodités par le renouvellement d’une exacte police, plus d’éclat et plus de majesté par des édifices somptueux ; punir sévèrement les vices scandaleux ; donner, par son autorité et par son exemple, du crédit à la piété et à la vertu ; protéger l’Église, ses ministres, ses droits, ses libertés1 ; ménager ses peuples comme ses enfants2 ; être toujours occupé de la pensée de les soulager, de rendre les subsides légers, et tels qu’ils se lèvent sur les provinces sans les appauvrir ; de grands talents pour la guerre ; être vigilant, appliqué, laborieux ; avoir des armées nombreuses, les commander en personne ; être froid dans le péril3, ne ménager sa vie que pour le bien de son État, aimer le bien de son État et sa gloire plus que sa vie ; une puissance très-absolue, qui ne laisse point d’occasion aux brigues, à l’intrigue et à la cabale ; qui ôte cette distance infinie4 qui est quelquefois entre les grands et les petits, qui les rapproche, et sous laquelle tous plient également ; une étendue de connaissances qui fait que le prince voit tout par ses yeux, qu’il agit immédiatement par lui-même, que ses généraux ne sont, quoique éloignés de lui, que ses lieutenants, et les ministres que ses ministres ; une profonde sagesse qui sait déclarer la guerre, qui sait vaincre et user de la victoire, qui sait faire la paix, qui sait la rompre, qui sait quelquefois, et selon les divers intérêts, contraindre les ennemis à la recevoir ; qui donne des règles à une vaste ambition, et sait jusqu’où l’on doit conquérir ; au milieu d’ennemis couverts ou déclarés, se procurer le loisir des jeux, des fêtes, des spectacles ; cultiver les arts et les sciences, former et exécuter des projets d’édifices surprenants ; un génie enfin supérieur et puissant qui se fait aimer et révérer des siens, craindre des étrangers ; qui fait d’une cour, et même de tout un royaume, comme une seule famille unie parfaitement sous un même chef, dont l’union et la bonne intelligence est redoutable au reste du monde.
On conçoit, en effet, d’après tout ce qui a été dit, que la noblesse varie nécessairement d’après les époques, les lieux, les circonstances, les convenances de personnes et de choses ; que ces nuances se multiplient à l’infini ; que la même idée, la même expression a pu être tour à tour anoblie ou avilie par l’opinion ; qu’ainsi il est à peu près impossible de prononcer à cet égard, quand il s’agit des anciens et des étrangers. […] Ouvrez l’admirable sermon de Fénelon sur les missions étrangères.
Pourvu, vers 1554, d’un office de conseiller au Parlement de Bordeaux, marié vers la trentaine par convenance plus que par entraînement, honoré de relations illustres, étranger à toute passion, sauf à l’amitié, cette volupté choisie des cœurs épicuriens, privé par la mort de la Boétie d’une tendresse qu’immortalisa son deuil éloquent, ce magistrat philosophe soucieux avant tout de s’appartenir à lui-même, avait quarante-deux ans lorsqu’il se retira des affaires, sans autre ambition que celle de vivre chez lui et pour lui, dans sa tour de Montaigne, parmi ses livres et ses pensées. […] Et plus pour ce qu’elle est en soi que pour le luxe étranger qui la surcharge.
Je me borne à ceux-là, sans parler de ceux qui ont été traduits des langues étrangères, quoiqu’il y en ait beaucoup d’autres qui peuvent également être lus sans danger.
Ils nous surpassent en force, en patience, en grandeur de corps, en durée, en vitesse, en mille autres avantages, et surtout en celui de se passer mieux que nous de tous secours étrangers.
Rien de plus piquant que l’intrigue de cette aimable pièce dégagée de tout moyen et de tout incident étrangers, et étincelante d’entrain, de rapidité de franche gaîté, de force comique. […] Ils n’enviaient pas l’heur des troupeaux étrangers. […] « L’exact, le solide, le laborieux, l’élégant Despréaux100 », devait être éternellement placé parmi les gloires de notre littérature, n’eût-il produit que cet Art poétique qui mérita, dès son apparition, de faire loi, non seulement en France, mais chez les étrangers qui le traduisirent. […] Étranger dans le monde, il m’est insupportable, J’y languis, privé du secours Et de ce charme inexplicable Dont depuis quarante ans jouit mon amitié. […] Quand Destouches quitta la carrière dramatique, à l’âge de soixante ans, sa réputation était universelle et très surfaite chez les étrangers, qui le plaçaient immédiatement après Molière et préféraient sa vérité simple à la gaieté folle de Regnard, à l’originalité piquante de Dufresny, au sel épigrammatique de Lesage, à la vivacité et au naturel de Dancourt.
Les règles ayant pour principes la satisfaction de nos besoins intellectuels, et notre esprit ne demandant point seulement l’unité et l’enchaînement des idées, mais encore l’harmonie, la variété et la gradation, il faut aussi s’occuper des points suivants : Juste étendue de l’ouvrage, en sorte qu’il ne soit ni trop vaste ni trop resserré ; Juste proportion des parties de l’ouvrage, et entre elles, et dans leur rapport avec l’ensemble et la forme adoptée ; Épisodes et digressions, admissibles, pourvu qu’ils ne soient ni fréquents, ni longs, ni trop étrangers au sujet, ni déplacés ; Transitions, auxquelles l’enchaînement parfait des idées dispense presque toujours d’avoir recours, la transition artificielle n’étant nécessaire que quand deux idées ou absolument opposées, ou tout à fait semblables, doivent être rapprochées, ici sans monotonie, là, sans disparate ; Contrastes, utiles pour éviter la trop grande uniformité, mais qu’il faut employer avec ménagement et sans exagération ; Gradation et préparation oratoire, presque toujours indispensable, surtout quand il s’agit d’entraîner les esprits ou de peindre les passions. […] Le début, quel qu’il soit, ne doit être : Ni trop brillant et trop étudié ; Ni vulgaire, c’est-à-dire pouvant appartenir à plusieurs sujets ; Ni commun, c’est-à-dire pouvant être également employé par l’adversaire ; Ni étranger au sujet, ou même disparate dans ses rapports avec le sujet.
Votre qualité d’historien vous donne le titre de juge : mais souvenez-vous sans cesse que vous ne pouvez vous dispenser d’être un juge également intègre, à l’égard des étrangers et de vos concitoyens, à l’égard des alliés de votre patrie et de ses plus implacables ennemis. […] Nul sentiment étranger à. leur objet ne les anime : ils ne sont occupés qu’à peindre la vérité telle qu’elle est. […] Maimbourg, jésuite, a publié sur la Décadence de l’Empire ; livre estimé même par les plus savants d’entre les Allemands, qui sont extrêmement prévenus contre ce que les étrangers écrivent sur leur histoire ».
Mais quel est l’avocat, en lui supposant encore quelque sentiment d’honneur et de probité, qui voulût se charger ainsi d’une haine étrangère, se rendre l’instrument méprisable du ressentiment de son client, et devenir à son gré, violent, emporté, sans d’autre motif que celui de servir, pour un vil intérêt, la passion d’un ennemi qui n’a ni les moyens, ni le courage de se venger lui-même ?