Qui apprend le grec ne se borne pas aux époques de Périclès et d’Alexandre ; il remonte à Homère, pour redescendre ensuite jusqu’aux derniers pères de l’Eglise ; il suit l’idiome pendant ses quinze siècles de vie. […] Sans parler des écrivains anglais, italiens, allemands surtout, dont un si grand nombre peut se placer parmi les véritables savants, je citerai en France Rabelais et Montaigne, Bossuet et Pascal, et à une époque plus voisine, Cuvier, Courier, Nodier, Thierry. […] Elle développe l’imagination, sans prêter, comme la fiction, au romanesque et à l’excentrique ; elle présente la méthode la plus efficace pour connaître à fond les annales des peuples anciens et modernes, à leurs plus brillantes époques ; en s’appuyant sur des faits, des caractères, des mœurs, des passions réelles, elle éloigne du vague et du lieu commun, et le jeune homme accoutume son âme à comprendre le grand, et à penser lui-même comme les illustres personnages qu’il fait parler.
Lysias, dont on a conservé quelques harangues, appartient aussi à la même époque. […] Mais, cette époque écoulée, nous ne trouvons plus chez les Grecs un seul orateur digne de ce nom.
On entend par mœurs ou mœurs générales, les habitudes qui appartiennent à une nation, à une époque, à tel ou tel âge, telle ou telle condition. […] Depuis cette époque, chaque œuvre du poète a ajouté à sa réputation. […] Nous avons encore des comédies de caractère mixtes, c’est-à-dire formées de plusieurs caractères opposés entre eux, mais qui sont tous également importants de manière qu’il n’y en a aucun qui brille assez pour être distingué des autres et pour être regardé comme le caractère principal166 ; nous en avons surtout où le poète, sans s’attacher à peindre un de ces défauts inhérents à l’esprit humain, et qui se retrouvent ainsi à toutes les époques, représente des travers d’un certain temps ou d’un certain endroit : comme quand Picard, dans sa Petite ville, montre les ridicules des provinciaux et les caquets des lieux où tout le monde se connaît. […] Il n’y a pas de comédie d’intrigue où on ne représente en même temps quelques caractères particuliers et les mœurs de l’époque où l’on vit : il n’y a pas, non plus, de bonne comédie de caractère ou de mœurs où les événements ne s’enchaînent de manière à en former l’intrigue : ainsi ces trois qualités se trouvent, bien qu’à des degrés différents, dans toutes les bonnes comédies. […] Longtemps même après l’époque de la renaissance, on n’aperçoit que par intervalle chez nos vieux poètes quelques lueurs de vrai comique.
Émule, dans la prose, des maîtres de notre époque classique, Voltaire s’est, toutefois, élevé rarement au ton de la haute éloquence. […] Villemain, Tableau de la littérature au dix-huitième siècle ; les ouvrages de MM. de Barante et Victorin Fabre sur la littérature française de cette même époque, etc.
Aussi quand Louis XVI, en 1792, le nomma, à la place de Buffon, intendant du Jardin des Plantes, il lui adressa ces paroles simples et vraies : « J’ai lu vos ouvrages ; ils sont d’un honnête homme » L’intendance fut supprimée l’année suivante, et Bernardin de Saint-Pierre, retiré à Essonnes, put s’y soustraire aux persécutions de cette sanglante époque. […] Tel fut l’égarement des esprits à cette époque, que Bernardin de Saint-Pierre, en 1798, eut à soutenir, contre plusieurs de ses collègues à l’Institut une discussion au sujet de l’existence de Dieu.
de Chateaubriand appartient à l’époque qui l’a vu naître, surtout dans Atala et le Génie du Christianisme. […] « Maladroit que je suis, dit Horace, à propos des poëtes excentriques et chevelus de son temps, car les mêmes ridicules ont reparu à toutes les époques, maladroit que je suis, moi qui fais comme tout le monde, qui me purge à l’approche du printemps ; sans cela, si je ne faisais pas comme tout le monde, je serais réputé le premier des poëtes, nul ne ferait les vers mieux que moi. » — « Si l’on vient pour me voir, dit Tartufe, dites que je n’y suis pas, parce que je vais partager mes deniers aux prisonniers. » En fait d’ellipse de mot, tout le monde se rappelle le fameux vers de Racine dans Andromaque : Je t’aimais inconstant, qu’aurais-je fait fidèle ? […] Si l’on y tient cependant, on peut leur donner à toutes un seul nom, celui d’imiation, par exemple, et y joindre les constructions hors de l’usage commun, mais empruntées pourtant à une époque ou à un écrivain de la langue elle-même, comme en frauçais le Marotisme.
Quels sont les grands prosateurs de cette époque ? […] A quelle époque la tragédie française a-t-elle produit ses chefs d’œuvre ? […] Quels sont les chefs d’œuvre qu’elle a inspirés à cette époque ? […] Par qui ces défauts étaient-ils surtout combattus à la même époque ? […] C’est l’homme tel que le font les lois et les coutumes de l’époque où il vit.
Il escoule tous les jours de nos mains, et depuis que je vis s’est altéré de moitié. » Cet aveu nous avertit que le xvie siècle fut pour la langue française une époque de crises dont l’histoire ne saurait tenir dans le cadre d’un résumé rapide. […] Car ils en interdisent l’abord aux profanes, qui ne peuvent attacher aucune idée à ces vocables dont les hellénistes tiennent seuls la clef2 En examinant de près les écrivains de cette époque, on pourra surprendre l’influence du grec dans certaines tournures ou expressions, entre autres dans l’emploi des substantifs formés soit avec des adjectifs, comme le clair, le chaud, l’efficace, le subit (pour clarté, chaleur efficacité, soudaineté), soit avec des infinitifs, comme l’imaginer, le vivre, le partir, le mourir, le dormir, le chanter, le vouloir, le taire, le médire et le philosopher. […] Voici encore un terrain bien glissant ; aussi, j’admire fort les érudits qui, s’y tenant de pied ferme, imposent à chaque époque un système infaillible auquel ils veulent ramener tous les dissidents. […] Au lieu de nous appauvrir ainsi de nos propres mains, mieux vaut reconnaître que chaque époque a sa valeur et sa beauté. […] Aussi, la prose seule représente-t-elle à cette époque la vraie mesure de l’esprit français.
Banni de cette cité en 1538 par le parti des libertins, il y rentra triomphalement en 1541, et ne cessa pas dès lors d’y exercer une dictature omnipotente jusqu’en l’année 1564, époque de sa mort. […] Ferme, simple, sobre, clair et pur, son style est une merveille pour cette époque, où l’on ignorait la méthode et la gravité soutenues.
Un de ses plus remarquables chapitres est celui qui contient les Époques de la nature, chef-d’œuvre de science conjecturale, où il évoque dans un magnifique langage et avec une puissante imagination les spectacles grandioses dont l’homme ne fut pas le temoin. […] L’histoire naturelle comparée a l’histoire politique Comme, dans l’histoire civile, on consulte les titres, on recherche les médailles, on déchiffre les inscriptions antiques, pour déterminer les époques des révolutions humaines et constater les dates des événements moraux : de même, dans l’histoire naturelle, il faut fouiller les archives du monde, tirer des entrailles de la terre les vieux monuments, recueillir leurs débris, et rassembler en un corps de preuves tous les indices des changements physiques qui peuvent nous faire remonter aux différents âges de la nature2. […] (Époques de la nature.) […] Isidore Geoffroy Saint-Hilaire apprécie ainsi Buffon : « Buffon fut sagace, ingénieux comme Linnée, mais dans un autre ordre d’idées ; négligeant de créer, de multiplier pour lui les faits d’observation, mais en saisissant toutes les conséquences, et, sur une base en apparence étroite et fragile, élevant hardiment un édifice dont lui seul et la postérité concevront le gigantesque plan ; dédaignant les détails techniques, les divisions systématiques, parce qu’il sait planer au-dessus dans ses hautes conceptions, et cependant, par une heureuse contradiction, créant lui-même un jour une classification méthodique digne de servir de modèle à tous ; s’égarant quelquefois dans ces espaces inconnus où il s’élance sans guide, mais de ces erreurs même sachant faire naître des vérités utiles ; passionné pour tout ce qui est beau, pour tout ce qui est grand ; avide de contempler la nature dans son ensemble, et appelant à son aide, pour en peindre dignement les grandes scènes, tous les trésors d’une éloquence que nulle autre n’a surpassée : en un mot, un de ces hommes puissants par la synthèse, qui franchissent d’un pied hardi les limites de leur époque, marchent seuls en avant, et s’avancent vers les siècles futurs en tenant tout de leur génie comme un conquérant de son épée. » Je lis dans M.
L’histoire ne fait aucune mention particulière des orateurs qui fleurirent entre cette époque et la guerre du Péloponnèse. […] Vers la même époque, quoiqu’un peu plus tard que les philosophes dont nous avons rappelé les noms, florissait Isocrate. […] Isée et Lysias, dont quelques discours nous ont été conservés, appartiennent aussi à cette époque. […] Vers cette même époque, plusieurs hommes de lettres étrangers au barreau se présentèrent dans l’arène, et combattirent avec succès. […] De là l’influence qu’elles exerçaient à cette époque ; de là la réputation qu’elles conservent aujourd’hui.
À notre époque, on sait que l’instruction des jeunes gens est suivie avec tous les soins possibles; mais combien y en a-t-il qui ont terminé leurs classes et qui font encore des fautes d’orthographe et de style! […] À notre époque, c’est aux jeunes gens des deux sexes qu’il appartient d’être l’ornement de la société ; qu’il nous soit permis de leur demander si, après avoir interprété la veille avec succès les œuvres musicales des plus habiles compositeurs, ils écrivaient le lendemain un simple billet, ou une lettre d’un style banal ou équivoque sans élégance aucune, qu’il nous soit permis fie leur demander, dis-je, quel effet ils penseraient produire sur leurs lecteurs ?
La destruction d’un homme sensible qui expire au milieu de ses amis désolés, et celle d’un papillon que l’air froid du matin fait périr dans le calice d’une fleur, sont deux époques semblables dans le cours de la nature. […] Voici des vers inédits, composés à la même époque par Nicolas Debaste, poëte chartrain.
En certaines matières, si l’on ne veut pas s’égarer, l’innovation ne doit consister que dans une disposition différente, et dans les additions que réclament les besoins de l’époque. […] Assurément je ne m’inscris pas en faux contre la doctrine du progrès humanitaire, mais je pense que la voie en est longue, embarrassée, sinueuse, se dérobant parfois à notre vue bornée ; je pense qu’à chaque époque l’humanité avance, recule, s’arrête avant de reprendre sa course, d’après une loi générale, que j’ai désignée ailleurs1 par les noms d’action, de réaction et de transaction.
L’adjectif sentimental, que notre langue a emprunté de celle des Anglais, est un de ces mots que l’on prodigue d’autant plus volontiers, qu’il a toujours l’air de signifier quelque chose, et qu’il couvre heureusement le vide absolu d’idées, et le défaut de justesse dans l’application, il ne sera pas hors de propos de remarquer ici que la fortune de tous ces grands mots qui disent tant en apparence, pour signifier quelquefois si peu dans le fond, date précisément de l’époque où l’on a commencé à substituer le jargon au raisonnement suivi, et l’emphase des mots au sentiment, qui s’exprime toujours d’autant plus simplement, qu’il est plus vrai. […] S’il est, dans notre histoire moderne, une époque qui puisse se comparer à celle où les Hébreux captifs gémissaient sur un sol étranger, ce sera celle, sans doute, où des milliers de Français, exilés de leur patrie par la force des circonstances, allèrent porter leurs talents, leur fortune et surtout leurs regrets dans les contrées lointaines. […] Le fond et les détails principaux sont restés exactement les mêmes ; les noms seuls et le lieu de la scène sont changés : c’est Lavinie et Palémon, au lieu de Ruth et de Booz ; quant au lieu de la scène, il est partout où l’on voudra, et ce vague qui prive le sujet de l’intérêt attaché aux circonstances locales, ces noms, ces personnages d’idée, qui ne tiennent à rien, qui ne se lient à aucun peuple, à aucune époque historique, rejettent nécessairement cet épisode dans la classe des morceaux qui plaisent plus à l’esprit qu’ils ne peuvent toucher le cœur.
Elle n’est point effacée de notre mémoire, cette époque désastreuse et terrible, cette année la plus funeste des dernières années de Louis XIV, où il semblait que le ciel voulût faire expier à la France ses prospérités orgueilleuses, et obscurcir l’éclat du plus beau règne qui eût encore illustré ses annales. […] Cette qualité consiste à emprunter ses expressions, ses comparaisons, ses descriptions, soit du caractère de l’époque à laquelle se rapporte le fait que l’on raconte, soit de la nature du climat, des habitudes, des mœurs particulières des habitants chez lesquels il s’est passé : ainsi les faits qui se rapportent à notre époque du moyen âge, ou à nos temps modernes, doivent avoir le cachet original de chacune de ces époques ; les faits qui s’accomplissent en Orient chez les Turcs ou en Occident chez les Espagnols devront différer, quant à la peinture des mœurs et du caractère de ces deux peuples. […] Il se trouve naturellement empreint de la couleur de l’époque : le style et l’auteur sont contemporains.