Si elle l’était, on contracterait une façon de s’exprimer qui paraîtrait étrange non seulement à cause de certains mots qui sont tombés en désuétude, et que l’on emploierait mal à propos, mais aussi pour des tours de phrase qui ont vieilli et ne sauraient plus être de mise aujourd’hui. […] Le roi, parti de Paris le 20 juin pour aller rejoindre son armée qui assiégeait la Rochelle, tomba malade en route, et n’arriva au camp que le 12 octobre. […] Vous vous cachez, seigneur, et semblez soupirer ; Tous vos regards sur moi ne tombent qu’avec peine : Avons-nous sans votre ordre abandonné Mycène ? […] Pour nous en tenir à une appréciation équitable, disons que si Destouches ne prend place qu’à la suite de Molière et de Regnard, plus comiques, plus animés et plus originaux que lui, il a du moins la gloire d’avoir soutenu après eux l’honneur d’un théâtre presque absolument tombé. […] Il approcha du drame, mais n’y tomba pas.
La sagesse de sa direction releva bientôt la fortune d’une maison autrefois illustre, et tombée alors en décadence. […] Je sais que je puis tomber tout d’un coup. […] Le vieillard mort est étendu sur ce lit ; une lumière qui tombe d’une fenêtre n’éclaire que son visage ; le reste est dans l’ombre. […] Monsieur l’auteur tombé ! […] Ils doivent donc voir les fluides monter au lieu de descendre ; se mettre en rond au lieu de se mettre de niveau, et s’élever en l’air au lieu de tomber.
C’est le paresseux de l’Écriture, qui veut et ne veut pas ; qui veut de loin ce qu’il faut vouloir, mais à qui les mains tombent de langueur dès qu’il regarde le travail de près. […] Un tel homme non-seulement sera incapable de tout bien, mais il tombera peu à peu dans les plus grands maux. […] On tombe dans le défaut de répandre un peu trop de sel, et de vouloir donner un goût trop relevé à ce qu’on assaisonne2. […] On croit que tout va tomber, mais tout dure pendant bien des siècles. […] Regardez ces peuples barbares qui firent tomber l’empire romain.
Tant que sa faveur vous seconde, Vous êtes les maîtres du monde ; Votre gloire nous éblouit : Mais, au moindre revers funeste, Le masque tombe, l’homme reste, Et le héros s’évanouit1. […] Vous avez vu tomber les plus illustres têtes ; Et vous pourriez encore, insensés que vous êtes, Ignorer le tribut que l’on doit à la mort ? […] Rousseau porta la peine des fautes où l’avait fait tomber son orgueil, bien plus qu’il ne fut victime de son inflexible vertu, comme il l’a dit dans son ode à la Postérité (IV, 10). […] Quoi Rome…, Quel est donc…, Héros cruels… ; et surtout on ne saurait trop estimer cet autre endroit : Le masque tombe… L’auteur choisit et met en œuvre les traits d’histoire avec beaucoup d’art. » 1.
Ou t’en vas-tu, si belle, à l’heure du silence, Tomber, comme une perle, au sein profond des eaux2 ? […] A défaut d’action, leur grande âme inquiète De la mort et du temps entreprend la conquête, Et, frappés dans la lutte, ils tombent en guerriers. […] Ce qu’il nous faut pleurer sur ta tombe hâtive, Ce n’est pas l’art divin, ni ses savants secrets : Quelque autre étudiera cet art que tu créais ; C’est ton âme, Ninette, et ta grandeur naïve, C’est cette voix du cœur qui seule au cœur arrive1, Que nul autre, après toi, ne nous rendra jamais. […] Tu n’as rien fait qu’on ne l’admire ; Rien de toi n’est perdu pour nous ; Tout prie, et tu ne peux sourire, Que nous ne tombions à genoux1.
C’est un point arrêté, que tout ce que nous sommes, Issus de pères rois et de pères bergers1, La parque également sous la tombe nous serre : Et les mieux établis au repos de la terre N’y sont qu’hôtes et passagers. […] A peine fut réclamée Sa douceur accoutumée, Que d’un sentiment humain Frappé non moins que de charmes4, Il fit la paix ; et les armes Lui tombèrent de la main. […] Terme tombé en désuétude : la colère.
Ce gentilhomme le regardait toujours ; il ne le voit point tomber ; le cheval l’emporta où il avait laissé le petit d’Elbeuf ; il n’était point encore tombé, mais il était penché le nez sur l’arçon : dans ce moment, le cheval s’arrête ; il tomba entre les bras de ses gens ; il ouvrît deux fois de grands yeux et la bouche, et puis demeura tranquille pour jamais : songez qu’il était mort et qu’il avait une partie du cœur emportée. […] Tel a été célèbre par son esprit à l’âge de cinq ans, qui est tombé dans l’obscurité et dans le mépris à mesure qu’on l’a vu croître.... […] Au bout de ce temps-là il tomba malade. […] » Il tombe aussitôt percé de coups. […] Je m’embarrassais dans les bancs ; je ne savais plus ou j’étais ; et, ne pouvant trouver ni la chaire ni la porte, je tombai dans un bouleversement inexprimable.
Mais en fuyant toute brièveté obscure, il prendra bien garde, en même temps, de ne pas tomber dans l’excès contraire, la prolixité. […] Il fallait, sans espoir de pardon me vois-je condamnée, afin que la phrase entière tombât sur Andromaque, ou l’équivalent de ceci, m’avez-vous condamnée sans me laisser aucun espoir de pardon, afin qu’elle ne tombât que sur Pyrrhus. […] Nous ne saurions être trop en garde contre ce défaut du style, puisque nos meilleurs poètes mêmes, ceux dont l’esprit était frappé sur le grand, y sont quelquefois tombés. […] Tourne les yeux ; sa tombe est près de ce palais : C’est ici la montagne, où lavant nos forfaits, Il voulut expirer sous les coups de l’impie : C’est là que de sa tombe il rappela sa vie. […] Mais en évitant cet excès, il faut prendre garde de ne pas tomber dans l’excès contraire.
155« En la sixième année, le cinquième jour du sixième mois, comme j’étais assis dans ma maison, et que les anciens de Juda y étaient rassemblés avec moi, la main du Seigneur tomba tout à coup sur moi… Quelqu’un me parut comme un feu ardent : depuis les reins jusqu’au bas, ce n’était qu’une flamme ; et depuis les reins jusqu’en haut, c’était un airain mêlé d’or, étincelant de lumière. […] Voyez comme la nature entière est appelée à se réjouir de la chute du tyran : En le voyant tomber ce farouche tyran, La terre tout à coup frémit d’un doux tumulte Le Pin s’en réjouit, et le Cèdre l’insulte, Tranquille au sommet du Liban. […] Les Juifs reprennent la parole, et insultent, par cette ironie amère, à l’auteur de leurs maux : Comment es-tu tombé de ton char radieux, Brillant fils du matin ! […] Comment es-tu tombé des cieux ! […] Sous un joug étranger nous avons succombé ; Et des mains de Juda notre sceptre est tombé.
Qu’un feuilleton vous tombe sous la main, si le journal qui le contient ne doit pas vous présenter plus tard la suite du récit, vous n’en commencez pas la lecture. […] Votre oeuvre révolte ma raison, je méconnais votre talent, et le livre me tombe des mains. […] Ces deux qualités, la fidélité et la noblesse, sont inséparables, qu’on s’en souvienne ; autrement, on s’éloigne du beau, on tombe dans le laid ; dès lors le mérite de l’invention diminue et se dégrade même entièrement. […] A l’appui de cette sentence de réprobation, je n’ai pas besoin de citer tous les auteurs des siècles passés, qui sont tombés dans l’oubli, à cause de l’immoralité de leurs productions. […] Il faut d’abord feindre d’entrer dans leurs dispositions, sembler condamner ce qu’ils condamnent eux-mêmes, les ramener peu à peu et ne faire usage de ses moyens que lorsque les préventions seront tombées ; 2° lorsque la matière que l’on traite peut faire une impression désagréable, il faut éviter de se servir de mots trop découverts et qui rappelleraient des idées contraires au but du discours ; 3° lorsque l’on a des reproches à faire, il faut en tempérer la vivacité par un ton affectueux, atténuer les fautes et en rejeter l’odieux soit sur un petit nombre de coupables soit sur la fatalité des circonstances, etc.
Enfin, les bourreaux fatigués s’arrêtent1, la hache échappe de leurs mains : je ne sais quelle vertu céleste, émanée de la croix, commence à les toucher eux-mêmes ; à l’exemple des nations entières, subjuguées avant eux, ils tombent aux pieds du Christianisme, qui, en échange du repentir, leur promet l’immortalité, et déjà leur prodigue l’espérance. […] Que me fait, à moi, un empire qui tombe ? […] Dans le Saint-Genest de Rotrou, Adrien parle ainsi : J’ai contre eux éprouvé tout ce qu’eût pu l’enfer, J’ai vu bouillir leur sang sous des ongles de fer, J’ai vu couler leur corps dans la poix et les flammes, J’ai vu leur chair tomber sous de flambantes lames, Et n’ai rien obtenu de ces cœurs glorieux Que de les avoir vus pousser des chants aux cieux, Prier pour leurs bourreaux au fort de leur martyre, Pour vos prospérités et pour l’heur de l’empire. […] J’ai vu tendre aux enfants une gorge assurée, À la sanglante mort qu’ils voyaient préparée, Et tomber sous le coup d’un trépas glorieux Ces fruits à peine éclos, déjà mûrs pour les cieux… 1. […] Toute possession lie l’âme, tout ce qu’on recherche au delà du simple besoin présent l’entrave, dans l’ordre de l’apostolat ; et les besoins mêmes doivent être réduits aux strictes nécessités de la nature, sans quoi l’apôtre tombera plus ou moins dans le servage de ceux au-dessus desquels il doit s’élever pour accomplir son œuvre.
Souvent les poëtes tombent dans les défauts opposés à ceux qu’ils veulent éviter. — 38. […] Ainsi, faute de talent et de goût, on n’évite un défaut, que pour tomber dans un vice. […] Que de mots sont déjà tombés, qui renaîtront un jour sans doute ! […] Malheur à qui tombe sous sa main ! […] Toute l’argumentation de Bentley doit tomber devant un tel témoignage.
Il fallait d’ailleurs fortifier par d’incontestables preuves l’éloge des héros dont nous honorons la tombe. […] La terre, oui, la terre entière est la tombe des grands hommes, et ce n’est pas seulement dans leur patrie que des colonnes et des inscriptions publient leur gloire : gravé dans tous les cœurs, bien mieux que sur la pierre, leur nom pénètre jusque dans les contrées étrangères. […] Une partie de la dette publique est déjà réellement acquittée par les honneurs rendus à la tombe des héros que nous pleurons.
Si l’amiral et non le poète eût trouvé ces paroles au fond de son cœur, point de doute que le poignard ne fût tombé de la main de ses assassins. […] Voilà certes des traits d’éloquence remarquables qui peignent fortement les mouvements de l’âme, et qui en sont comme les éclairs rapides et brûlants ; mais ces lueurs éloquentes qui ont suffi quelquefois pour entraîner tout un peuple, comme le fit Scipion, et pour faire tomber à genoux des assassins, comme le fit Coligny, selon le poète, n’auraient pas suffi à nos grands orateurs, à nos illustres auteurs dramatiques pour émouvoir une assemblée, ou pour tenir, pendant plusieurs heures de suite, tout un auditoire sous le charme. […] Le torrent des âges et des siècles coule devant ses yeux ; et il voit, avec un air de vengeance et de fureur, de faibles mortels, dans le temps même qu’ils sont entraînés par le cours fatal, l’insulter en passant, profiter de ce seul moment pour déshonorer son nom, et tomber au sortir de là entre les mains éternelles de sa justice et de sa colère.
Ingénieur, artilleur, bon officier de troupes, il deviendra en outre géographe, et non géographe vulgaire, qui sait sous quel rocher naissent le Rhin ou le Danube, et dans quel bassin ils tombent, mais géographe profond, qui est plein de la carte, de son dessin, de ses lignes, de leurs rapports, de leur valeur. […] Une couronne tombe avec fracas, entraînant la tête auguste qui la portait. […] Il tombe enfin, laissant le monde rempli de ses œuvres, l’esprit humain plein de son image, et le plus actif des mortels va mourir, mourir d’inaction, dans une île du grand Océan !