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55. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Massillon. (1663-1742.). » pp. 120-123

Dieu seul est grand2, mes frères, et dans ces derniers moments surtout où il préside à la mort des rois de la terre ; plus leur gloire et leur puissance ont éclaté, plus, en s’évanouissant alors, elles rendent hommage à sa grandeur suprême : Dieu paraît tout ce qu’il est, et l’homme n’est plus rien de tout ce qu’il croyait être. […] Poussé d’un zèle saint, il sort, comme un autre Abraham, de sa terre et de la maison de ses pères ; il s’arrache à toutes les délices du trône, et, à la tête de ses plus vaillants sujets, il vole venger la gloire de Jésus-Christ outragée par des barbares, qui foulaient encore aux pieds une partie des lieux saints de la Palestine et menaçaient d’envahir le reste, que la valeur des Français venait de conquérir depuis peu. Terre infortunée qui, arrosée du sang de Jésus-Christ, et consacrée par les mystères qui ont opéré le salut de tous les hommes, gémissez pourtant encore, malgré tous les efforts de nos pères, sous une dure servitude, pour servir sans doute de monuments jusqu’à la fin à la vérité des prédictions du Sauveur ; terre infortunée, vous rappelâtes alors, en voyant ce pieux héros armé pour la délivrance de la sainte Jérusalem, vous rappelâtes vos anciens jours de gloire et d’allégresse ; vous parûtes animée d’une nouvelle espérance, vous crûtes revoir les Josué, les Gédéon, les David, a la tête de vos tribus, qui venaient briser votre joug et vous délivrer de la servitude et de l’oppression d’un peuple incirconcis.

56. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

La philosophie faisait encore à 1 oraison funèbre un autre reproche : celui de n’être réservée que pour les rois et les grands de la terre, etc. […] Au contraire, s’il est capable d’avoir toujours l’œil vers les cieux, même en louant les héros de la terre ; si, en célébrant ce qui passe, il porte toujours sa pensée et la nôtre vers ce qui ne passe point ; s’il ne perd jamais de vue ce mélange heureux, qui est à la fois le comble de l’art et de la force, alors ce sera en effet l’orateur de l’évangile, le juge des puissances, l’interprète des révélations divines ; ce sera en un mot Bossuet ». […] Ce texte, qui convient à tous les états, à tous les événements de notre vie, par une raison particulière devient propre à mon lamentable sujet, puisque jamais les vanités de la terre n’ont été si clairement découvertes, et si hautement confondues. […] Ce que Jésus-Christ est venu chercher du ciel en la terre, ce qu’il a cru pouvoir, sans se ravilir, racheter de tout son sang, n’est-ce qu’un rien ? […] Elle va descendre à ces demeures souterraines, pour y dormir dans la poussière avec les grands de la terre, comme parle Job : avec ces rois et ces princes anéantis, parmi lesquels à peine peut-on la placer, tant les rangs y sont pressés, tant la mort est prompte à remplir les places ».

57. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Musset 1810-1857 » pp. 564-575

Lorsque plus tard, las de souffrir, Pour renaître ou pour en finir, J’ai voulu m’exiler de France ; Lorsque, impatient de marcher, J’ai voulu partir, et chercher Les vestiges d’une espérance… Partout où j’ai voulu dormir, Partout où j’ai voulu mourir4, Partout où j’ai touché la terre, Sur ma route est venu s’asseoir Un malheureux vêtu de noir, Qui me ressemblait comme un frère L’incendie Lorsque le laboureur, regagnant sa chaumière, Trouve le soir son champ rasé par le tonnerre, Il croit d’abord qu’un rêve a fasciné ses yeux, Et, doutant de lui-même, interroge les cieux. Partout la nuit est sombre, et la terre enflammée. […] Une croix, et ton nom écrit sur une pierre, Non pas même le tien, mais celui d’un époux, Voilà ce qu’après toi tu laisses sur la terre ; Et ceux qui t’iront voir à ta maison dernière, N’y trouvant pas ce nom qui fut aimé de nous1, Ne sauront pour prier où poser les genoux. […] ……………… Le dernier des fils de la terre Te rend grâces du fond du cœur, Dès qu’il se mêle à sa misère Une apparence de bonheur. […] Passer comme un troupeau les yeux fixés à terre, Et renier le reste, est-ce donc être heureux ?

58. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Et de fait, les aiguillons que Périclès laissait dans les âmes, les tonnerres qu’il excitait dans les assemblées, les noms de Jupiter et d’Olympien que l’on lui donna, et le temple de la déesse Persuasion, qu’elle-même, selon le dire commun, avait bâti sur ses lèvres, que sont-ce autre chose que des marques et des images de cette monarchie spirituelle4, fondée par la parole dans un état populaire, et de cette espèce de divinité qu’un homme représentait sur la terre ? […] Dieu est le poëte, et les hommes ne sont que les acteurs : ces grandes pièces qui se jouent sur la terre ont été composées dans le ciel, et c’est souvent un faquin qui doit en être l’Atrée ou l’Agamemnon. […] Au nom de toute la terre, un roi se déclare partie et prend la parole contre un empereur. Après lui avoir reproché sa mauvaise haleine, sa tête pelée, son visage pétri de boue et de sang, les monstres et les prodiges de ses débauches, en un mot les plus visibles défauts de sa personne et les crimes les plus connus de sa vie, cette grande lettre1, cette lettre injurieuse lui conseille, pour conclusion, de mettre fin par une mort volontaire à tant de maux qu’il souffre et qu’il fait souffrir, l’exhorte de donner par là à toute la terre la seule satisfaction qu’elle pouvait recevoir de lui. […] La fraîcheur et les rosées de la nuit viennent ensuite, et réjouissent ce qui languirait sur la terre sans leur secours ; mais, ayant plutôt abattu la poussière que fait de la boue, il faut avouer qu’elles ne contribuent pas peu aux belles matinées dont nous jouissons1.

59. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

— Cède-moi la terre, dit l’orgueilleux Sicambre. — La terre que je te céderai, s’écria le Gaulois, tu la garderas éternellement. […] Mérovée entendant parler du ciel, réclame la terre. […] Le Gaulois à propos de la terre, fait un jeu de mots trop étudié pour être vraisemblable. […] Ses yeux roulent à terre est une autre image contraire à la nature.

60. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre premier. Beautés de détail. »

« Voyez aussi, dit Longin, voyez, mon cher Terentianus, la terre ouverte jusqu’à son centre, l’enfer prêt à paraître, et toute la machine du monde sur le point d’être détruite et renversée, pour montrer que dans ce combat le ciel, les enfers, les choses mortelles et immortelles, tout enfin combattait avec les dieux, et qu’il n’y avait rien dans la nature qui ne fût en danger ». […] Qu’est-ce que des Dieux qu’il faut armer de la sorte, en comparaison de celui qui n’a besoin que de se montrer pour ébranler la terre jusque dans ses fondements124 ; de celui qui, de son souffle seul, terrasse des armées innombrables ? […] La Judée, par exemple, dont il est question ici, ne présente partout qu’un sol aride, coupé de ravins, hérissé de rochers : pendant les chaleurs de l’été, la terre était impitoyablement dévorée de l’ardeur du soleil ; la privation d’eau y était donc le plus grand malheur que l’on eût à redouter, et la découverte d’une source ou d’un peut ruisseau changeait pour un moment la face entière de la nature, et ramenait aux idées douces de plaisir et de bonheur. De là ces allusions si fréquentes, dans les livres saints, à une terre aride et brûlante, où il n’y a point d’eau, pour peindre l’excès du malheur : de là ces métaphores empruntées d’une rosée qui tombe du ciel, d’une source imprévue qui s’échappe du sein d’un rocher, pour décrire le passage du malheur à la prospérité, etc.

61. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Pascal. (1623-1662.) » pp. 35-39

On ne s’en étonnera pas, s’il est vrai, comme il faut le reconnaître avec Vauvenargues, « qu’il ait été l’homme de la terre qui sut mettre la vérité dans un plus beau jour et raisonner avec le plus de force ». […] Lui seul est son véritable bien ; et depuis qu’il l’a quitté, c’est une chose étrange qu’il n’y a rien dans la nature qui n’ait été capable de lui en tenir la place, astres, ciel, terre, élément, plantes, animaux, insectes, fièvre, peste, guerre, famine, vices4. […] Vos maladies principales sont l’orgueil, qui vous soustrait1 de Dieu, la concupiscence, qui vous attache à la terre ; et ils n’ont fait autre chose qu’entretenir au moins l’une de ces maladies. […] Nous sommes si présomptueux, que nous voudrions être connus de toute la terre, et même des gens qui viendront quand nous ne serons plus ; et nous sommes si vains, que l’estime de cinq ou six personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente.

62. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Les moments lui sont chers, il court dans tous les rangs Sur un coursier fougueux, plus léger que les vents, Qui, fier de son fardeau, du pied frappant la terre, Appelle les dangers et respire la guerre3. […] Ainsi, lorsque des monts séparés par Alcide Les aquilons fougueux fondent d’un vol rapide, Soudain les flots émus de deux profondes mers D’un choc impétueux s’élancent dans les airs : La terre au loin gémit, le jour fuit, le ciel gronde, Et l’Africain tremblant craint la chute du monde2. […] Ce n’est plus ce lion qui, tout couvert de sang, Portait avec effroi la mort de rang en rang : C’est un Dieu bienfaisant, qui, laissant son tonnerre, Enchaîne la tempête et console la terre. […] Son œil est ardent, farouche ; L’écume sort de sa bouche : Prêt au moindre mouvement, Il frappe du pied la terre, Et semble appeler la guerre Par un fier hennissement. […] Encore une imitation de Racine, qui avait dit, Phèdre, II, 1 : Le fer moissonna tout, et la terre humectée But à regret le sang des neveux d’Erechthée.

63. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Regardons à terre les pauures gens que nous y voyons espandus6, la teste panchante apres leur besongne : qui ne sçauent ny Aristote ny Caton7, ny exemple ny precepte. […] Enterré si profondément, sous un monceau de terre si lourd. […] -à-d. partie (de petium, pièce de terre). […] Disséminés, le front courbé sur la terre qu’ils travaillent. […] A un de ses pauvres villages : son père était seigneur de terres nombreuses.

64. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

  Au moment où l’ambassadeur d’Angleterre fut introduit auprès de la reine, il aperçut les petits princes qui allaient à cheval sur le dos : du roi, complaisamment couché par terre sur ses deux genoux et ses deux mains. […] La terre en tous endroits produira toutes choses. […] Nous n’avons qu’à lever les yeux en haut, nous voyons l’immensité des cieux qui sont l’ouvrage de ses mains, ces grands corps de lumière qui roulent si régulièrement et si majestueusement sur nos têtes, et auprès desquels la terre n’est qu’un atome imperceptible. […] Tel est le portrait d’Alexandre, par Barthélemy : Je vis alors cet Alexandre, qui depuis a rempli la terre d’admiration et de deuil. […] Ver impur de la terre et roi de l’univers,… Etc.

65. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, amas d’incertitudes, gloire et rebut de l’univers. […] Toute la terre en est étonnée. […] Si vous croyez, ma fille, que cette invention soit bonne pour vendre votre terre, vous pouvez vous en servir. […] Répondez, cieux et mers, et vous, terre, parlez ! […] En un mot, les poètes épiques ont pour domaine le ciel, la terre, les enfers, et ils sont vraiment les peintres de l’univers.

66. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

Ainsi, les mots, envie, confondue, agitée, terre, féconde, bocages, agréables, fleurissent, demandent, instruisent, etc., pourraient terminer un vers féminin. […] Mais guerre, terre, tonnerre, ne peuvent pas rimer avec père, hémisphère, colère, la convenance des sons ne se trouvant pas dans l’avant-dernière syllabe de ces mots, non pas précisément parce que les premiers ont deux rr, et que les autres n’en ont qu’un ; mais parce que dans les mots guerre, terre, tonnerre, le premier e est fort ouvert, et que dans les autres il est seulement un peu ouvert. […] ——————————— Le roi des cieux et de la terre Descend au milieu des éclairs : Sa voix, comme un bruyant tonnerre, S’est fait entendre dans les airs. […] L’Aurore est une jeune déesse, qui ouvre avec ses doigts de roses les portes de l’Orient : ses pleurs sont la rosée qui humecte la terre, et qui redonne la vie aux fleurs. […] ——————————— Le bled pour se donner sans peine ouvrant la terre, N’attendait pas qu’un bœuf pressé de l’aiguillon, Traçât à pas tardifs un pénible sillon.

67. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

La terre est ronde. Voilà une pensée vraie : elle marque le rapport et la convenance qu’il y a entre l’idée de terre et l’idée de rondeur. […] Mais il dit, la terre se tut en sa présence ; et cette expression donne à la pensée de la vivacité, de l’énergie et de la grandeur. […] Répondez, cieux et mers, et vous, terre, parlez. […] Cotin à ses sermons traînant toute la terre, Fend les flots d’auditeurs pour aller à sa chaire.

68. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Tremblez, humains, faites des vœux ; Voilà le maître de la terre. […] Rois, soyez attentifs ; terre, prête l’oreille ; Que l’univers se taise et m’écoute parler. […] Rousseau adresse à Malherbe contre les détracteurs de l’antiquité, la Fable du serpent Python, né du limon de la terre, et tué à coups de flèches par Apollon. […] Les cieux instruisent la terre À révérer leur auteur. […] La terre tremblante Frémit de terreur.

69. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Au nom de toute la terre, un roi se déclare partie et prend la parole contre un empereur. […] Toutes les richesses de la terre sont insuffisantes sans son consentement. […] Je n’aurai pas davantage en possédant des terres. […] Voilà l’image de l’Église pendant qu’elle voyage sur la terre. […] « J’ai cru qu’étant sur la terre il fallait que j’y fusse libre.

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