Mais songeons-nous un seul instant qu’il y a là des malheureux qui souffrent et peut-être vont périr ; dès là1 ce spectacle nous devient insupportable. […] Mon esprit épuisé ne sert plus ni mon cœur ni ma pensée ; ma plume est aussi faible que ma main ; elle a tracé péniblement chacune de ces lignes : il n’y en a pas une qui ne m’ait déchiré le cœur, et je n’aurais pas souffert davantage si j’eusse creusé moi-même la fosse de Santa-Rosa.
Votez-le, parce que les circonstances publiques ne souffrent aucun retard, et que nous serions comptables de tout délai. […] Quand il avait encore une part active dans les scènes des passions, quand il souffrait lui-même par le cœur, ses écrits produisaient une impression plus vive. […] Tu vis donc, tu souffres : voilà l’homme. […] Les phalanges républicaines, les soldats de la liberté, étaient seuls capables de souffrir ce que vous avez souffert ; grâces vous en soient rendues, soldats ! […] Souffrirons-nous qu’ils héritent du fruit de nos glorieux travaux ; qu’ils s’emparent de nos honneurs, de nos biens ; qu’ils calomnient notre gloire ?
Voici sur quel ton Bourdaloue commence la seconde partie de son Oraison funèbre du grand Condé a : « Il n’y a point d’astre qui ne souffre quelque éclipse ; et le plus brillant de tous, qui est le soleil, est celui qui en souffre de plus grandes et de plus sensibles. […] Vous souffrez qu’il vous parle ?
Je vous l’ai déjà dit, je l’ai trouvé sans vie : Son flanc était ouvert ; et, pour mieux m’émouvoir, Son sang sur la poussière écrivait mon devoir ; Ou plutôt sa valeur en cet état réduite Me parlait par sa plaie et hâtait ma poursuite ; Et, pour se faire entendre au plus juste des rois, Par cette triste bouche elle empruntait ma voix3 Sire, ne souffrez pas que, sous votre puissance, Règne devant vos yeux une telle licence ; Que les plus valeureux, avec impunité, Soient exposés aux coups de la témérité ; Qu’un jeune audacieux triomphe de leur gloire, Se baigne dans leur sang, et brave leur mémoire. […] Pour vous mieux assurer, souffrez que je vous suive. […] Rotrou a dit à peu près de même, dans son Iphigénie en Aulide, I, 5 : Les princes sont des dieux sujets aux lois des hommes : Ils souffrent comme nous, ils sont ce que nous sommes.
je me flattais de ne jamais souffrir un si grand mal. Je le souffre, et je le sens dans toute sa rigueur. […] Nous souffrons en naissant, pendant la vie entière, Et nous souffrons surtout à notre heure dernière. […] Les ouvrages de l’un ont dû perdre beaucoup avec le temps, sans que sa gloire personnelle doive en souffrir ; le mérite des ouvrages du second doit croître et s’agrandir dans les siècles avec sa renommée et les lumières. […] vous ne comprenez donc pas qu’il n’est personne qui veuille souffrir sans raison, ou qui puisse supporter ses tourments sans le secours de la divinité.
Un cœur qui souffre a-t-il besoin de maître pour savoir comment il faut se plaindre ! […] « L’impie apporta en naissant les principes de religion naturelle communs à tous les hommes : il trouva écrite dans son cœur une loi qui défendait la violence, l’injustice, la perfidie, et tout ce qu’on ne peut pas souffrir soi-même.
On lui laissa sentir qu’il était homme ; et l’habitude de souffrir fut la première leçon qu’il reçut. […] Être bienfaisant, je réclame ici ta pitié pour les princes : ils sont peut-être plus à plaindre que les peuples ; car il est plus affreux sans doute de faire le mal que de le souffrir.
Qui peut souffrir par exemple que Lebrun le lyrique, dise en parlant de M. […] On y souffre cependant les traits brillants d’une imagination hardie, un style noble et animé, et un certain enthousiasme.
Cette règle qui s’imposait à nous a dû cependant souffrir quelques exceptions. […] Comment peuvent ses yeux souffrir de voir tuer, escorcher, demembrer une pauvre beste ? […] Encore, parmy ceux qui ont demouré, vous ne voulez pas souffrir que quatre ou cinq disent ce qu’ils pensent, et les menacez de leur donner un billet237 comme à des Heretiques ou Politiques238. […] Barthelemi s’en souviennent bien, et ne peuvent croire que ceux qui l’ont soufferte l’ayent mise en oubli. […] De quelque façon que ce soit, il faut que vous me les prêtiez, et gardez-vous bien de souffrir que quelque autre vous enlève sur la moustache cette belle occasion de me faire plaisir ; j’en serois fâché pour l’amour de vous.
Et touteffois si vous faites cela Pour obéir au Seigneur, me voila, Me voila prest, mon pere, et à genoux, Pour souffrir tout, et de Dieu et de vous. […] Rome, ne peut souffrir commandement de Princes. […] Vivez tant que nature icy vous souffrira. […] Qui a peché sans fin souffre sans fin aussi. […] Peut bien souffrir Gérés emmener les chevaus Du labour à la guerre, et brusler les charettes ?
Mais elle n’a qu’aigreur, sans cette charité, Et c’est un long sujet de murmure et de plainte, Quand son joug n’est souffert que par nécessité2. […] Le déplorable état où je vous abandonne Est bien digne des pleurs que mon amour vous donne ; Et si l’on peut au ciel sentir quelques douleurs,J’y pleurerai pour vous l’excès de vos malheurs ; Mais si, dans ce séjour de gloire et de lumière, Ce Dieu tout juste et bon peut souffrir ma prière, S’il y daigne écouter un conjugal amour, Sur votre aveuglement il répandra le jour. […] Vois, pour te faire vaincre un si fort adversaire, Quels efforts à moi-même il a fallu me faire ; Quels combats j’ai donnés pour te donner un cœur Si justement acquis à son premier vainqueur6 : Et si l’ingratitude en ton cœur ne domine, Fais quelque effort sur toi pour te rendre à Pauline7 Apprends d’elle à forcer ton propre sentiment ; Prends sa vertu pour guide en ton aveuglement ; Souffre que de toi-même elle obtienne ta vie, Pour vivre sous tes lois à jamais asservie8.
La bonne compagnie ne les souffre point, et il importe au critique de faire voir qu’il la fréquente. […] Tu veux que je le sache et que je le souffre ?
Notre langue ne souffre point ces ombres qui se placent entre notre pensée et nous ; c’est le premier devoir de l’écrivain de s’en défier, ou plutôt de les chasser courageusement, comme Énée dissipait les ombres avec son épée. […] Il souffre nos humeurs, il joue avec la même grâce pour le vieillard que pour l’enfant.
Cette règle souffre néanmoins plusieurs exceptions que l’usage apprendra. […] Cette règle souffre aussi des exceptions.
» Afin que l’indigent que glacent les tempêtes, Que le pauvre qui souffre à côté de vos fêtes, Au seuil de vos palais fixe un œil moins jaloux. […] Beaucoup ont sa pitié : nul ne lui fait envie ; Sage et douce, elle prend patiemment la vie ; Elle souffre le mal sans savoir qui le fait.