Il n’était point Alexandre ; mais il aurait été le meilleur soldat d’Alexandre. […] Fallait-il payer les dettes des soldats, faire part de sa conquête aux Grecs, faire la fortune de chaque homme de son armée : il était Alexandre.
Un soldat insubordonné, quand il frappe son supérieur, est puni de mort. […] Frapper, est le plus souvent accompagné d’un complément qui indique l’endroit dans lequel les coups sont portés : À la bataille de Pharsale, César recommanda aux siens de frapper les soldats de Pompée au visage. […] À ce moment, Bonaparte ayant pris de nouvelles dispositions : « Soldats, crie-t-il aux troupes de Victor, c’est assez reculer, marchons en avant ; vous savez que je couche toujours sur le champ de bataille. » Ces paroles électriques décidèrent du succès ; les Français furent vainqueurs de leurs ennemis.
Il fallait bien que les soldats romains, pour être incorporés dans la milice, fusent une espèce d’abjuration et de père et de mère, entre les mains de ceux qui les commandaient, etc. […] Charitable envers le prochain : rendant lui-même justice à tout le monde, se familiarisant avec les pauvres, portant en terre les corps de ses soldats tués dans une sanglante bataille, fondant des hôpitaux sans nombre. […] J’appelle le principe de ces grands exploits, cette ardeur martiale, qui, sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration, avec laquelle dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvait ou troubler, ou favoriser l’événement des choses, semblable à un aigle, dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir les inconvénients de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations, ces moments heureux qui décident du sort des armes ; cette activité que rien ne pouvait égarer, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout, soldat et général tout à la fois, et par sa présence, inspirant à tout un corps d’armée, et jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur ; ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat ; cette tranquillisé dont il n’était jamais plus sûr, que quand on en venait aux mains et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublait à mesure que sa fierté contre l’ennemi était émue : cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort : car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du Prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les Héros. […] Delà vient que le Prince de Condé valait seul à la France des années entières ; que devant lui les forces ennemies les plus redoutables s’affaiblissaient visiblement par la terreur de son nom ; que sous lui nos plus faibles troupes devenaient intrépides et invincibles ; que par lui nos frontières étaient à couvert, et nos provinces en sûreté ; que sous lui se formaient et s’élevaient ces soldats aguerris, ces officiers expérimentés, ces braves dans tous les ordres de la milice, qui se sont depuis signalés dans nos dernières guerres, et qui n’ont acquis tant d’honneur au nom français, que parce qu’ils avaient eu ce Prince pour Maître et pour Chef ». […] Le discours que ce grand roi tint à ses soldats, au moment qu’il allait livrer bataille à Mayenne110 dans les plaines d’Ivry111, n’est pas moins admirable.
A peine les Grecs l’ont-ils entendu, qu’ils poussent un cri, et tous, chefs et soldats, courent au rivage, rompent les amarres de leurs navires et les roulent à la mer. […] — Elle est terrible, la colère du roi, fils de Jupiter. — Son pouvoir vient de Jupiter, et Jupiter le chérit. » Trouvait-il un homme du peuple, et le surprenait-il à pousser des cris, il le frappait de son sceptre : « — Tiens-toi tranquille, camarade, et écoute la parole de ceux qui valent mieux que toi. — Toi, tu n’es qu’un mauvais soldat, sans force et sans cœur : tu ne comptes ni dans le combat, ni dans le conseil. — Crois-tu que nous allons tous régner maintenant dans l’armée des Grecs ? […] Ajax, avec son bouclier doublé de sept peaux de cuir, sa voix de taureau, sa taille de géant et ses grandes enjambées, serait un excellent chef de Peaux-Rouges : chez les Grecs, il ne compte que comme un bon soldat. […] Tout ce qui peut frapper des âmes pieuses et des imaginations crédules, une vision divine, une voix entendue dans les airs, — moins que cela, un songe, un mot d’heureux augure échappé au hasard, — moins que cela encore, l’éternuement d’un soldat, le vol d’une chouette au moment d’un combat, tous ces incidents que la superstition commente et que la peur grossit, deviennent des instruments de ses desseins et des auxiliaires de sa politique. […] N’y tient-il pas des garnisons de soldats étrangers ?
Il n’était point Alexandre ; mais il aurait été le meilleur soldat d’Alexandre. » 1. […] Je remis fidèlement ce sacré dépôt, et je crus pouvoir m’en aller sans manquer à aucune tête couronnée ; mais dans l’instant que je partais, on m’arrête, moi, mon secrétaire et mes gens ; on arrête ma nièce ; quatre soldats la traînent au milieu des boues chez le marchand Smith, qui avait je ne sais quel titre de conseiller privé du roi de Prusse. […] « On nous fourra tous dans une espèce d’hôtellerie, à la porte de laquelle furent postés douze soldats ; on en mit quatre autres dans ma chambre, quatre dans un grenier où l’on avait conduit ma nièce, quatre dans un galetas ouvert à tous les vents, où l’on fit coucher mon secrétaire sur de la paille. Ma nièce avait, à la vérité, un petit lit ; mais ses quatre soldats, avec la baïonnette au bout du fusil, lui tenaient lieu de rideaux et de femme de chambre.
A la veille d’une bataille, Marlborough comme Napoléon, Napoléon comme Souvarow, n’ont qu’une pensée à exprimer à leurs soldats : « Combattez en braves ; triomphez, si vous pouvez ; mourez, s’il le faut. » Voilà le programme solennel, la matière uniforme des trois ordres du jour. […] Sans parler, en effet, de l’expression, il est bien des idées qui n’auront rien de déplacé dans la bouche ou sous la plume d’un homme, d’un quadragénaire, d’un soldat, d’un bourgeois, et dont une femme, un jeune homme, un magistrat, un prêtre, devront s’abstenir.
J’emprunte aux soldats une de leurs expressions pittoresques qui rendra encore mieux ma pensée. […] C’est le champ de bataille qui fait le soldat, c’est le barreau qui fait l’avocat.
Les soldats sans leurs officiers.
Il se convertit sur le tard et brusquement, à quarante-huit ans, et porta dans sa guerre aux « pédanterie, latinerie, pindarisme et pétrarchisme », le fanatisme d’un néophyte et l’esprit de discipline d’un soldat. […] Il suivit à Paris son père, devenu secrétaire d’Anne de Bretagne et poète de cour, et, pendant que Jean faisait et racontait en vers le Voyage de Gênes et le Voyage de Venise, Clément commençait et continuait ses études sous des pédants qu’il a ridiculisés, puis était successivement clerc de procureur, page chez M. de Villeroy, valet de chambre de la sœur de François Ier, Marguerite d’Angoulême, duchesse d’Alençon, valet de chambre du roi, qu’il suit au camp du Drap d’Or (1520), soldat dans l’armée du duc d’Alençon sous Mézières en 1521, soldat et vaillant soldat, à Pavie, où il fut blessé et pris. — Rendu à la liberté, commença pour lui, en 1526, cette vie de persécutions, d’incarcérations, de proscriptions, qui pendant dix ans le conduisit, des prisons d’où a plusieurs reprises le tira François Ier, à Pau, auprès de Marginalité, devenue reine de Navare, à Ferrare, auprès de Renée de France, enfin à Venise. — Une abjuration solennelle faite à Lyon en 1536 lui permit de reparaître à la cour. […] Et vous, braves soldats, voyez, voyez quel tort On vous a faict, voyez ceste robbe sanglante ! […] LE PREMIER SOLDAT. […] soldats, mourons pour nostre maistre !
La France est engagée d’honneur à conserver la terre arrosée du sang de ses soldats. […] Si l’Angleterre a plus de vaisseaux, la France a plus de soldats. […] Reprenez son œuvre, faites soutenir la Compagnie par vos vaisseaux et par vos soldats. […] Venez à leur aide, Sire, mettez à leur disposition les soldats et l’or de la France et ces vastes régions où l’Angleterre médite d’établir à jamais sa domination sur nos ruines reconnaîtront votre autorité. […] Les marins qui ont battu l’amiral Byng, les soldats qui ont pris Port-Mahon sont capables de faire, pour votre service, des choses plus grandes encore.
C’est vous, vous que j’implore, hommes généreux qui avez tant de fois versé votre sang pour la république ; centurions, et vous, soldats, c’est à vous que je m’adresse dans les dangers d’un homme courageux, d’un citoyen invincible. […] Elle entretenait cette union des soldats avec leur chef, qui rend une armée invincible ; elle répandait dans les troupes un esprit de force, de courage et de confiance, qui faisait tout souffrir, tout entreprendre dans l’exécution de ses desseins ; elle rendait enfin des hommes grossiers capables de gloire, car, Messieurs, qu’est-ce qu’une armée ? […] » On sent que le tableau est chargé, les difficultés exagérées, le soldat sacrifié à la gloire du général ; supposez que le mémorateur soit chargé de prononcer cet éloge devant l’armée, la définirait-il de même ? […] C’est en vain qu’à travers les bois, avec Sa cavalerie toute fraîche, Bek précipite sa marche pour tomber sur nos soldats épuisés ; le prince l’a prévenu ; les bataillons enfoncés demandent quartier ; mais la victoire va devenir plus terrible pour le duc d’Enghien que le combat. Pendant qu’avec un air assuré il s’avance pour recevoir la parole de ces braves gens, ceux-ci, toujours en garde, craignent la surprise de quelque nouvelle attaque ; leur effroyable décharge met les nôtres en furie ; on ne voit plus que carnage ; le sang enivre le soldat, jusqu’à ce que le grand prince, qui ne peut voir égorger ces lions ou comme de timides brebis, calma les courages émus, et joignit au plaisir de vaincre celui de pardonner.
Une troupe de soldats sans chef est un corps sans âme. […] Jugurtha, roi des Numides, comptant sur la multitude de ses soldats, livra bataille aux Romains. — 7. […] Dans la guerre, il fut d’abord un soldat très-brave, puis un général éminent. […] Les hommes les plus vaillants et les plus braves soldats sortent de la classe des laboureurs. — 7. […] Le soldat qui abandonne ses drapeaux ou quitte son poste mérite la bastonnade. — 8.
Annibal veut établir pour ses soldats la nécessité de triompher ; il emploie toutes les circonstances : A droite et à gauche deux mers vous enferment. […] Tout soldat était également citoyen ; chaque consul avait une armée ; et d’autres citoyens allaient à la guerre sous celui qui succédait. […] L’actif et le passif peuvent également s’employer : Phèdre brûle ou est brûlée, d’un feu secret. — Au lieu de l’ardeur dont il était animé, Bossuet aurait pu dire qui ranimait. — A la place de, le sang enivre le soldat, le soldat est enivré par le sang. […] Plus sévère encore, Quintilien comparait le discours surchargé d’épithètes à une armée qui compterait autant de valets que de soldats ; le nombre des hommes serait doublé et la force militaire diminuée d’autant. […] Par exemple à cette phrase : Cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne restait encore, Bossuet a substitué par une heureuse inversion : Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne, et cette inversion plaçant bien, en vue le verbe restait présente l’image de l’héroïque immobilité des soldats espagnols.
Un soldat Quand vous êtes de garde au bord d’un fleuve, où la pluie éteint tous les feux pendant la nuit, et pénètre dans vos habits, vous dites : « Heureux qui peut dormir sous une cabane écartée, loin du bruit des eaux !
L’effroi est dans le cœur des soldats : le seul Annibal est tranquille. […] Et quand je vois ce soldat déterminé mettre des armées sur pied de son cabinet ; aller au sénat dans un silence qui marque de la résolution pour affronter le consul ; essuyer tête levée ses invectives ; jeter l’alarme dans Rome ; faire trembler l’Italie ; oser enfin ce qu’un particulier n’avait jamais osé, je ne suis pas surpris après la description que l’historien m’en a faite. […] Nous lui devons aussi les Mœurs des chrétiens ; excellent ouvrage où il nous fait parfaitement connaître ces hommes si admirables par leurs vertus ; supérieurs à tous les héros par leur courage, et dont le grand Corneille a dit avec autant d’énergie que de vérité, dans sa tragédie de Polyeucte 114 : Nos princes ont-ils eu des soldats plus fidèles ?