quel secret, oh ! […] On se retranche657, on s’abstient, on se mortifie en secret, mais on fait si bien que ce secret cesse bientôt d’être secret ; et l’on a cent biais658 pour le rendre public, en sauvant même les dehors et les apparences de la modestie. […] Vous vouliez vous satisfaire, vous complaire en vous-même, et de quelles secrètes complaisances n’avez-vous pas été rempli ! […] On sait qu’un an après le décès de la reine, en 1684, il s’unit à la marquise de Maintenon par un mariage secret. […] Mais la souffrance est la vie secrète des cœurs d’ici-bas ; car ce n’est que par un sentiment de mort que se forme en nous le principe d’une nouvelle vie.
« Un charme d’élocution continuel, dit-il, en parlant de Massillon, une harmonie enchanteresse, un choix de mots qui vont tous au cœur ou qui parlent à l’imagination ; un assemblage de force et de douceur, de dignité et de grâce, de sévérité et d’onction ; une intarissable fécondité de moyens se fortifiant tous les uns par les autres ; une surprenante richesse de développements ; un art de pénétrer dans les plus secrets replis du cœur humain ; de l’effrayer et de le consoler tour à tour ; de tonner dans les consciences et de les rassurer ; de tempérer ce que l’évangile a d’austère par tout ce que la pratique des vertus a de plus attrayant : c’est à ces traits que tous les juges éclairés ont reconnu dans Massillon un homme du très petit nombre de ceux que la nature fit éloquents ». […] L’éducation fortifia ces sentiments de la nature : on lui apprit à connaître un Dieu, à l’aimer, à le craindre ; on lui montra la vertu dans les règles ; on la lui rendit aimable par des exemples ; et quoiqu’il trouvât en lui des penchants opposés au devoir, lorsqu’il lui arrivait de s’y laisser emporter, son cœur prenait en secret le parti de sa vertu contre sa propre faiblesse.
Cette manière de transporter le lecteur sur le lieu même de la scène, de le placer au milieu des personnages intéressés à l’action, est un des secrets du style antique, et je n’en connais guère de plus beau modèle, que le début sublime des complaintes de Jérémie : « Postquam in captivitatem redactus est Israel, et Jerusalem deserta est, sedit Jeremias Propheta flens, et planxit lamentatione hâc in Jérusalem, et amaro animo suspirans et ejulans, dixit. […] Alors je crus entendre une voix secrète qui me dit : Quoi que tu fasses, tu seras toujours un homme ; mais conçois-tu bien à quel degré de perfection un homme peut s’élever ?
« Fais qu’il soit assez maladroit pour prouver sa liaison secrète avec mes ennemis en écrivant contre moi dans Paris des lettres de Grenoble à celui qui l’aura aidé à me dépouiller de mes biens ; de façon que je n’aie qu’à poser les faits dans leur ordre naturel, pour être vengé de ce riche légataire par lui-même. […] Je n’ai nulle considération pour des femmes qui se permettent de voir un spectacle qu’elles jugent malhonnête, pourvu qu’elles le voient en secret ; je ne me prête point à de pareilles fantaisies.
Il les admire avec l’accent d’une amitié respectueuse qui trahit des affinités, des sympathies secrètes de croyances, de sentiments, ou même de talent ; car ce commerce intime lui a porté bonheur, et il nous parle de ses maîtres favoris avec leur tour d’esprit et presque dans leur langue. […] Rendez-moi le soleil de la Grèce, les jeux, les combats des héros, ces temples où l’homme vouait un culte à son image divinisée par le ciseau d’un Phidias ; rendez-moi les sages se complaisant dans leur sagesse, et s’étudiant à se mettre par la force de leur âme au-dessus des accidents de la fortune et de la colère du ciel ; un Platon pénétrant jusque dans le sanctuaire des idées éternelles ; un Aristote embrassant dans sa vaste science la morale, la politique, tous les secrets de l’art et de la nature ; un Caton disposant de sa vie pour échapper à l’oppression ; un Socrate buvant la ciguë d’une âme calme et sereine, bien sûr que s’il y a des dieux, ce sont des dieux bons ; rendez-moi toutes les illusions, toutes les chimères du monde antique, si vous n’avez rien à mettre à la place qu’une sèche et désespérante anatomie des petitesses du cœur !
» et c’est là tout le secret de l’éloquence du Chrysostome champêtre. […] Apparemment que je n’ai pas, comme Horace, la faveur des Tyndarides89, et qu’ils n’ont pas voulu me laisser pénétrer le secret de leur berceau. […] Mais enfin il fallait ma présence, l’électricité de mon regard, mon accent, une parole de moi : j’allumais le feu sacré dans les cœurs… Certes, je possède le secret de cette puissance magique qui enlève l’esprit ; mais je ne saurais le communiquer à personne ; aucun de mes généraux ne l’a reçu ou deviné de moi ; je n’ai pas davantage le secret d’éterniser mon nom et mon amour dans les cœurs, et d’y opérer des prodiges sans le secours de la matière. […] Veut-il se renfermer dans la prédication évangélique, cette science de la morale, cette expérience de l’homme, ces secrets des passions, étude éternelle des philosophes et des orateurs anciens, doivent être dans sa main. […] Cependant, par le prodige d’une activité dont nous semblons chaque jour perdre le secret, l’historien savait dérober des heures précieuses à l’homme public, et M.
Cinna a confié à Maxime son amour pour Emilie, et le secret motif qui le fait agir. […] Mais je supprime un secret qui vous touche. […] De vos secrets desseins on est trop éclairci ; Et ce n’est pas Calchas que vous cherchez ici. […] C’est un secret qu’il veut leur arracher. […] avec quel respect et quelle complaisance Tous les cœurs en secret l’assuroient de leur foi !
Le Pot au lait Comparaison des alquemistes 1 à la bonne femme qui portoit une potée de lait au marché 2 Chascun sçait que le commun langaige3 des alquemistes, c’est qu’ilz se promettent un monde de richesses, et qu’ilz sçavent des secrets de nature que tous les hommes ensemble ne sçavent pas ; mais à la fin tout leur cas s’en va en fumée…4 et ne les sçauroit-on mieux comparer qu’à une bonne femme qui portoit une potée de laict au marché, faisant son compte ainsi : qu’elle la vendroit deux liards ; de ces deux liards elle en5 achepteroit une douzaine d’eufz, lesquelz elle mettroit couver, et en auroit une douzaine de poussins ; ces poussins deviendroient grands.. et vaudroyent cinq solz la pièce ; ce seroit un escu et plus, dont elle achepteroit deux cochons, masle et femelle, qui deviendroyent grands et en seroient une douzaine d’autres, qu’elle vendroit vingt solz6 la pièce après les avoir nourriz quelque temps : ce seroyent douze francs, dont elle achepteroit une jument qui porteroit un beau poulain, lequel croistroit et deviendroit tant gentil : il saulteroit et feroit hin7.
Le poète Lebrun (le lyrique) avait entrepris, il n’a pas achevé, un poème intitulé les Veillées du Parnasse, dont il expose le plan dans les premiers vers que voici : « Pendant l’hiver, dit-il, Il est sur l’Hélicon de charmantes veillées : Là, sous l’abri secret des grottes reculées, Les muses, tour à tour, d’un récit enchanteur Trompent des longues nuits l’importune lenteur. […] Sans doute, il y a beaucoup d’art dans tout cela, mais de cet art que le poète garde pour lui, et dont il ne peut donner le secret à personne, pas plus qu’on ne peut le lui ravir. […] En général, on accorde à Homère la supériorité du génie producteur, puisqu’il a trouvé en lui-même de quoi remplir deux poèmes très longs ; qu’il a eu le secret de tirer le plus long des deux du sujet le plus mince et le plus étroit qui fut jamais, la brouillerie de deux princes pour une esclave.
Etudiez ces modèles, cherchez à substituer aux termes employés par l’orateur des synonymes qui n’aient pas la même cadence, à déranger l’ordre des mots, à multiplier, à retrancher ou à déplacer les repos, et ce travail pour ainsi dire anatomique vous fera pénétrer le secret, et vous donnera le moyen de produire à votre tour des effets semblables. […] On en découvrit le secret.
La réunion de ces diverses conditions, une certaine facilité apparente qui cache au lecteur jusqu’à la trace des efforts qu’elle a coûtés, voilà ce qui constitue un bon écrit, ou plutôt une chose écrite en français ; car je ne donne pas ici le secret du génie. […] On pourrait tout au plus leur apprendre qu’il y a des railleurs qui persiflent les petits garçons et se moquent en secret de leur sotte vanité ; mais le fromage gâte tout : on leur apprend moins à ne pas le laisser tomber de leur bec qu’à le faire tomber du bec d’un autre.
Adieu, ma très aimable et ma très chère, je vous recommande tous mes secrets. […] Il ne connaissait ni le jeu ni l’ennui : son seul délassement était la promenade, encore trouvait-il le secret de la faire rentrer dans ses exercices de bienfaisance. […] Accord bien rare dans les généraux d’armée ; qui, par leurs secrètes jalousies, perdait souvent des batailles ! […] Les maîtres du palais ne se montrent pas, mais il les suppose occupés dans le secret de leurs appartements. […] La jeune déesse, à la vue des prodiges qu’elle-même a opérés, sent une joie secrète inonder son cœur.
S’ils pleurent en secret, qui lira dans leur cœur Verra que cet amour est toujours leur vainqueur. […] Né pour des chagrins plus secrets, il a eu de la hauteur et de l’ambition dans la pauvreté. […] On admire en secret sa naissance et son sort. […] Enfin l’heure est venue Qu’il faut que mon secret éclate à votre vue. […] Dans nos troubles pressants, qui peut nous avertir Des secrets de ce monde où tout va s’engloutir ?
Le tumulte du monde empêche qu’on ne réfléchisse sur ces tentations secrètes.
Les hommes de génie ont considéré la nature et l’ont embellie en l’imitant ; puis des esprits observateurs ont analysé ces productions, et après avoir découvert le secret de leurs beautés, ont fait part aux autres hommes du résultat de leurs investigations, et leur ont indiqué la voie qu’ils devaient suivre.