Les grands poètes, tels que Corneille, Racine, Molière, rappellent le mot profond d’Aristote : « La poésie est quelque chose de plus philosophique et de plus sérieux que l’histoire. » Leurs ouvrages sont au premier rang de ceux qui feront éternellement l’éducation du genre humain. […] En ces songes profonds où flottait mon esprit, Un homme par la main hasardément me prit, Ainsi qu’on pourrait prendre un dormeur par l’oreille, Quand on veut qu’à minuit en sursaut il s’éveille. […] Un art profond et caché, une force sobre et contenue, une grandeur sans ostentation, le talent de satisfaire également l’oreille, l’esprit, le cœur, enfin la réunion de deux qualités en apparence incompatibles, l’imagination la plus brillante et la raison la plus parfaite, la sensibilité la plus exquise et le bon sens le plus invariable, voilà Racine. […] Nulle science n’est pour elles trop profonde, Et céans, beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde : Les secrets les plus hauts s’y laissent concevoir, Et l’on sait tout chez moi, hors ce qu’il faut savoir. […] … un homme… un homme, Qui suit bien ses leçons, goûte une paix profonde, Et comme du fumier regarde tout le monde.
Le toucher corrige l’erreur de sa vue et lui révèle les formes des corps ; il distingue leur mollesse, leur dureté ; tous ses jeux sont d’actives et de profondes études. […] L’obscurité dépend encore de ce qu’on veut parfois paraître fin, délicat, profond, mystérieux même ; on croit ainsi éblouir le vulgaire, souvent disposé à admirer ce qu’il n’entend pas. […] Nous avancions lentement au pas de nos chevaux fatigués, les yeux attachés sur les murs gigantesques, sur les colonnes éblouissantes et colossales, qui semblaient s’étendre, grandir, s’allonger à mesure que nous approchions : un profond silence régnait dans toute notre caravane ; chacun aurait craint de perdre une impression de cette heure, en communiquant celle qu’il venait d’avoir. […] « Bientôt nous nous trouvâmes enfourchés ; nous ne songeâmes plus qu’à nous sauver, et nous ne négligeâmes rien pour échapper aux abîmes profonds qui menaçaient de nous engloutir. » Et ceux-ci : « Nous voudrions que les autres nous aimassent, nous admirassent, pliassent sous nous, et ne s’occupassent que du soin de nous satisfaire. » Il vaut mieux dans ce cas construire sa phrase d’une manière différente, afin, comme on dit, de tourner la difficulté.
Ses passions étaient plus vives et plus mobiles que ses convictions profondes et arrêtées. […] Les Saxons se trouvaient enfermés entre cette rivière de Parts et le grand fleuve de l’Oder, qui prend sa source dans la Silésie, et qui est déjà profond et rapide en cet endroit.
Cependant ces grands corps insensibles font entendre des bruits profonds et mélancoliques. […] Il n’y a point de voix dominantes : ce sont des sons monotones, parmi lesquels se font entendre des bruits sourds et profonds, qui nous jettent dans une tristesse pleine de douceur.
Voyez la naissance du monde ; Voyez… » Les spectateurs, dans une nuit profonde, Écarquillaient leurs yeux, et ne pouvaient rien voir : L’appartement, le mur, tout était noir. […] « Florian n’est pas un satirique mordant ou un moraliste profond ; mais il observe bien les petits travers de l’humanité et les défauts particuliers de son temps. » 2.
Éliante nous attire et nous charme par sa sincérité, sa douceur, son naturel, son caractère ouvert et sa profonde raison. […] Certains esprits ont le privilège de cette facilité du premier jet ; mais, le plus souvent, ils sont plus superficiels que profonds. […] Observateur profond, écrivain plein de verve, de bon sens et de naturel, il a atteint la perfection dans son art, et la gloire sans l’avoir cherchée. […] Et ce n’est pas tout, vous ne laissez de côté aucun genre ; le genre historique est défini et étudié par vous, Monseigneur, d’une façon originale et profonde. […] Partout d’ailleurs, dans votre ouvrage, on remarque un goût sûr, une critique fine et profonde, une science que votre modestie cherche vainement à dissimuler.
On peut dire aussi qu’il y a richesse toutes les fois qu’une phrase, un mot même réveille plusieurs idées profondes, découvre un vaste tableau, ou fait saisir à l’instant des rapports qui semblaient ne devoir se révéler qu’à la réflexion ou à une lecture longue et variée. […] L’antithèse entre la gloire et la chute d’un empire, d’un souverain, d’un héros, ne peut manquer d’être énergique, c’est-à-dire de produire sur l’âme une impression vive et profonde. […] » Le mot est profond, tragique, terrible, non pas sublime.
Ainsi, lorsque des monts séparés par Alcide Les aquilons fougueux fondent d’un vol rapide, Soudain les flots émus de deux profondes mers D’un choc impétueux s’élancent dans les airs : La terre au loin gémit, le jour fuit, le ciel gronde, Et l’Africain tremblant craint la chute du monde2. […] Ils jettent leurs drapeaux, ils courent, se renversent, Poussent des cris affreux, se heurtent, se dispersent : Les uns, sans résistance, à leur vainqueur offerts, Fléchissent les genoux et demandent des fers ; D’autres, d’un pas rapide évitant sa poursuite, Jusqu’aux rives de l’Eure emportés dans leur fuite, Dans les profondes eaux vont se précipiter Et courent au trépas qu’ils veulent éviter. […] Les captifs, en tremblant, conduits en sa présence, Attendaient leur arrêt dans un profond silence : Le mortel désespoir, la honte, la terreur, Dans leurs yeux égarés avaient peint leur malheur.
Il n’éprouve guère de sensation profonde. […] Il est tour-à-tour sublime c’est-à-dire grand, élevé, orné, profond ou intéressant. […] Son aspect inspirait la vénération la plus profonde. […] Le chagrin et la souffrance lui arrachaient de profonds soupirs. […] Ils représentaient une grande terre formée de hautes montagnes, séparées par des vallées profondes, et surmontées de rochers pyramidaux.
Le bruissement des flots mollement agités, qui seul trouble en ce moment le calme profond de la nature, n’aura peut-être rien d’extrêmement doux et flatteur pour nous, qui aurons entendu le bruit d’une rivière tranquille, ou le murmure d’un ruisseau qui serpente dans un bocage. […] Les immenses baleines et tous les monstres marins faisant avec leurs narines un flux et reflux de l’onde amère, sortaient à la hâte de leurs grottes profondes, pour voir la Déesse. » Voyez aussi dans l’idylle des Oiseaux par madame Deshoulières, cette peinture si riante et si animée. […] Fier d’être le flambeau du monde, Il contemple du haut des airs L’olympe, la terre et les mers Remplis de sa clarté féconde, Et jusques au fond des enfers Il fait rentrer la nuit profonde, Qui lui disputait l’univers. […] « Malgré les portraits odieux que des Auteurs contemporains ont faits du cardinal de Richelieu, on admire aujourd’hui en lui toutes les qualités qui concourent à former un grand ministre, un génie vaste et supérieur qui ne concevait que de grands desseins, des vues profondes qu’on ne pénétrait qu’après l’événement, un grand discernement dans le choix des moyens, une fermeté inébranlable dans l’exécution, une habileté extrême à écarter ou à surmonter les obstacles.
La meilleraie 2 Mon frère, la tempête a donc été bien forte ; Le vent impétueux qui souffle, et nous emporte De récif en récif, A donc, quand vous partiez, d’une aile bien profonde Creusé le vaste abîme, et bouleversé l’onde, Autour de votre esquif, Que1 tour à tour, en hâté, et de peur du naufrage, Pour alléger la nef en butte au sombre orage, En proie au flot amer, Il a fallu, plaisirs, liberté, fantaisie, Famille, amour, trésors, jusqu’à la poésie, Tout jeter à la mer ! […] Sur lui-même Si parfois de mon sein s’envolent mes pensées, Mes chansons par le monde en lambeaux dispersées2 ; S’il me plaît de cacher l’amour et la douleur Dans le coin d’un roman ironique et railleur3 ; Si j’ébranle la scène avec ma fantaisie ; Si j’entre-choque aux yeux d’une foule choisie D’autres hommes comme eux, vivant tous à la fois De mon souffle, et parlant au peuple avec ma voix ; Si ma tête, fournaise où mon esprit s’allume, Jette le vers d’airain qui bouillonne et qui fume Dans le rhythme profond, moule mystérieux D’où sort la strophe ouvrant ses ailes dans les cieux ; C’est que l’amour, la tombe, et la gloire et la vie, L’onde qui fuit, par l’onde incessamment suivie, Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal, Fait reluire et vibrer mon âme de cristal1, Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j’adore Mit au centre de tout comme un écho sonore2 ! […] A quelques pieds sous terre un silence profond, Et tant de bruit à la surface1 !
Le roman de Renard était une allégorie ; la France la continuait d’une manière plus délicate, plus chevaleresque, mais moins profonde, dans le célèbre Roman de la Rose, dont la vogue dura plus de deux siècles. […] Ce fut une vraie découverte ; on ne connaissait pas jusque-là ces peintures piquantes de mœurs, ce développement profond des caractères, cette habile ordonnance de l’intrigue, ce ton naturel et vrai de la narration, cette satire de bon goût qui devait chasser de la littérature toutes les fades et extravagantes aventures de la chevalerie.
Par un étalage hors de propos d’arguments scientifiques, on l’amène à douter d’elle-même ; elle subit une crise profonde dont les résultats apparaissent successivement au jour et sont loin d’être épuisés. […] Quelques moments de silence morne et profond succédèrent à cette lecture, pendant lesquels le maréchal de Villeroy, pâle et agité, marmottait tout seul. […] Cet état idéal d’innocence, de haute tempérance, d’abstinence entière de la chair, de tranquillité parfaite, de paix profonde, a-t-il jamais existé ? […] On remarque avec la même surprise la profonde intelligence qu’il fait paraître de son art ; et on admire qu’un esprit si fin ait été en même temps si naturel. […] La mer, soulevée par le vent, grossissait à chaque instant, et tout le canal compris entre cette île et l’île d’Ambre, n’était qu’une vaste nappe d’écume blanche creusée de vagues noires et profondes.
Un critique a loué Montesquieu en disant : il fut assez profond pour n’être pas novateur. […] J’aimerais autant qu’on l’accusât de se servir des mots anciens : comme si les mêmes pensées ne formaient pas un autre corps de discours par une disposition différente, aussi bien que les mêmes mots forment d’autres pensées par les différentes dispositions. » Mais si je n’aspire pas au renom d’inventeur, j’ai voulu, et d’une volonté ardente et profonde, rappeler des doctrines que je crois vraies et saines à tous ceux qui s’occupent des travaux de l’intelligence et surtout aux jeunes gens, et appuyer tous mes préceptes sur la nécessité de fortes et solides études.
» Elle s’afflige, elle se rassure, elle confesse humblement et avec tous les sentiments d’une profonde douleur que de ce jour seulement elle commence à connaître Dieu. […] A la veille d’un si grand jour, et dès la première bataille, il est tranquille, tant il se trouve dans son naturel ; et on sait que le lendemain, à l’heure marquée, il fallut réveiller d’un profond sommeil cet autre Alexandre4. […] Le corps humain, ouvrage d’un dessein profond et admirable.