Comparez Politique, VII, 4.
Qu’on ne s’y trompe cependant pas, et disons ici ce que n’ont point dit les rhéteurs, qui n’ont vu et cherché à faire sentir, dans ces discours, que le mérite de la perfection oratoire : le véritable motif de ce concours général de toute la Grèce, était bien moins encore la grande réputation des deux orateurs, que la nature même du débat qui allait dévoiler les ressorts politiques qui avaient dirigé la Grèce dans des circonstances décisives pour elle. […] Arrivé à la troisième époque de l’administration de Démosthène, l’antagoniste l’accuse sans ménagement de tous les désastres qui ont affligé la république ; il fait voir tous les inconvénients qui ont résulté de l’alliance avec les Thébains, ce chef-d’œuvre de la politique de Démosthène.
« Qui ne sait traiter que l’espèce, dit Vico, diffère autant de celui qui s’élève jusqu’au genre que l’homme qui voit les objets de nuit et au flambeau diffère de celui qui les contemple à la lumière du soleil. » Quand on peut, dans une cause particulière, dans une discussion actuelle, rattacher son argumentation à quelque grand principe, à quelque vérité d’un ordre élevé, soit en morale, soit en politique, on lui donne une gravité, une autorité, une abondance, que les spécialités ne comportent pas. […] La liberté de la tribune et de la presse, consacrée par nos lois et nos mœurs, semble donner toute licence à cet égard, et certains journaux de petit format, enfants perdus de la politique, ont amplement profité de la permission.
L’épopée est morte ; la tragédie antique, hôtesse des palais et des cours, est descendue dans la rue, elle a échangé sa pourpre pour les haillons du drame populaire ; la chanson a pris les ailes de l’ode ; la fable, cessant d’être une simple leçon de morale, s’est armée de l’aiguillon de l’abeille et s’est transformée en drame satirique ; le roman, fleur obscure chez les anciens et presque inaperçue, est devenu chez nous un arbre immense qui couvre tout de son ombre, mœurs, histoire, politique, sciences, arts, et qui menace d’absorber tous les autres genres ; l’éloquence a quitté l’ample toge, la vaste tribune, les horizons de la place publique, les grands mouvements des grandes multitudes ; elle s’est enfermée dans d’étroites enceintes, elle a pris le frac noir, les gestes sobres et mesurés, la convenance digne et froide des . […] Exercez-vous fréquemment à la parole dans la société des jeunes gens de votre âge : des discussions sur des points de droit, des improvisations sur des questions générales ayant trait à la politique, à la morale, à la science, à la philosophie, sont une excellente gymnastique oratoire.
J’ai tâché d’exposer avec précision et avec clarté les règles des différents Ouvrages en prose ; du Discours oratoire en général, des Discours sacrés, des Discours du barreau, des Discours académiques, des Discours politiques, du genre historique, des Ouvrages didactiques, du Roman : et, après quelques notions préliminaires sur la versification française et sur la poésie en général, j’ai tracé les règles des différents Ouvrages en vers ; de tous ceux qui peuvent être compris sous le titre de Poésies fugitives ; des petits Poèmes et des grands Poèmes.
Le monde politique est aussi réglé que le monde physique ; mais comme la liberté de l’homme y joue un certain rôle, nous finissons par croire qu’elle y fait tout2. […] Le politique n’écoute que la raison.
Rendez-moi le soleil de la Grèce, les jeux, les combats des héros, ces temples où l’homme vouait un culte à son image divinisée par le ciseau d’un Phidias ; rendez-moi les sages se complaisant dans leur sagesse, et s’étudiant à se mettre par la force de leur âme au-dessus des accidents de la fortune et de la colère du ciel ; un Platon pénétrant jusque dans le sanctuaire des idées éternelles ; un Aristote embrassant dans sa vaste science la morale, la politique, tous les secrets de l’art et de la nature ; un Caton disposant de sa vie pour échapper à l’oppression ; un Socrate buvant la ciguë d’une âme calme et sereine, bien sûr que s’il y a des dieux, ce sont des dieux bons ; rendez-moi toutes les illusions, toutes les chimères du monde antique, si vous n’avez rien à mettre à la place qu’une sèche et désespérante anatomie des petitesses du cœur ! […] Ailleurs M. de Sacy juge ainsi Cicéron : « Son traité sur les devoirs, De Officiis, restera l’ouvrage de morale civile et politique le plus parfait qui soit sorti de la main des hommes.
Car au lieu d’aller à un bien solide et éternel sur lequel le hasard ne domine pas, et de mépriser par cette vue la fortune toujours changeante, la persuasion de son inconstance fait qu’on se donne tout à fait à elle pour trouver des appuis contre elle-même ; car écoutez parler ce politique habile et entendu : la fortune l’a élevé bien haut, et dans cette élévation, il se moque des petits esprits qui donnent tout au dehors, et qui se repaissent de titres et d’une belle montre de grandeur. […] — Mais je saurai bien m’affermir et profiter de l’exemple des autres ; j’étudierai le défaut de leur politique et le faible de leur conduite, et c’est là que j’apporterai le remède. — Folle précaution ! […] dit-il à Rome elle-même ; et ce peuple invincible, qui sert d’instrument aux desseins de Dieu, sera à son tour effacé de la terre qu’il n’aura conquise que pour Jésus-Christ ; son aigle, qui croyait voler au gré de la politique du sénat, est forcé de reconnaître que son vol était tracé et qu’elle a suivi le doigt de Dieu plutôt que l’ambition des Sylla et des Pompée. […] Politique comme Thucydide, moral comme Xénophon, éloquent comme Tite-Live, aussi profond et aussi grand peintre que Tacite, l’évêque de Meaux a de plus une parole grave et un tour sublime dont on ne trouve ailleurs aucun exemple, hors dans l’admirable début du livre des Machabées.
Il faut donc beaucoup d’art pour employer ces personnages, et on loue avec raison la manière dont Voltaire les a placés dans ces beaux vers de la Henriade : Cependant sur Paris s’élevait un nuage Qui semblait apporter le tonnerre et l’orage ; Ses flancs noirs et brûlants, tout à coup entrouverts, Vomissent dans ces lieux les monstres des enfers : Le Fanatisme affreux, la Discorde farouche, La sombre Politique, au cœur faux, à l’œil louche, Le Démon des combats respirant la fureur, Dieux enivrés de sang, dieux dignes des ligueurs. […] Ici, le Fanatisme, la Discorde, la Politique, prennent en quelque sorte une existence réelle, parce que ce sont des monstres des enfers, vomis physiquement des flancs d’un nuage, et qui reproduisent les volontés et les actes des démons. […] La poésie où l’on rappelle les grands événements politiques et les exploits des guerriers a, de tout temps, excité l’attention des hommes ; elle a dû être et a été, en effet, cultivée une des premières.
Car, comme je l’ai dit, si le publie vient en quelque sorte de lui-même au-devant de l’écrivain et du prêtre, l’orateur politique et l’avocat ne peuvent dominer leur auditoire qu’en commençant par se soumettre à lui. […] Lui-même, dans les livres de Rhétorique, conseille d’attirer sur la partie adverse, politique ou civile, l’envie, la haine, le mépris, en exposant tout ce que sa vie peut présenter d’odieux et d’infâme.
En général les livres qui traitent d’intérêts sérieux, qui ont pour objet l’humanité, la patrie, les hautes doctrines de la société, tous les ouvrages didactiques, religieux, moraux, politiques, historiques, exigent la gravité du ton, la dignité du langage, une réserve scrupuleuse dans le choix des termes. […] Plusieurs pages de Démosthène dans les Philippiques et le Pro Corona, de Cicéron dans les Catilinaires et les Verrines, de nos grands orateurs parlementaires dans les hautes questions politiques et surtout personnelles, les trois dernières scènes de l’Andromaque de Racine, quelques-unes des imprécations qui terminent nos tragédies classiques, sont d’excellents modèles de véhémence.
Les peuples, à grands flots, se précipitent sous leurs bannières ; l’avarice y conduit les prêtres des idoles ; l’orgueil y amène les sages, et la politique, les empereurs. […] Pour moi, voici toute ma politique : — Je crois en Dieu, en sa Providence, et j’espère dans l’avenir qu’elle destine au genre humain.
Voy. encore : Hist. des Animaux, IX, 1 Politique, 1, 2 et 6 Économique, 1, 3 Rhétorique, II, 23.
Ils eurent plus de talent oratoire que d’esprit politique, et furent victimes du parti démagogique dont les violences leur firent horreur. […] Outre son journal l’Ami du Peuple, Marat avait composé des écrits politiques, entre autres sa Profession de foi aux Français, 1792, et les Chaînes de l’Esclavage, 1774.
A ce genre appartiennent les discours de la tribune politique, etc. […] ) Caractère de Cromwel. — Un homme s'est rencontré d'une profondeur d'esprit incroyable ; hypocrite raffiné autant qu'habile politique ; capable de tout entreprendre et de tout cacher ; également actif et infatigable dans la paix et dans la guerre ; qui ne laissait rien à la fortune de ce qu'il pouvait lui ôter par conseil ou par prévoyance ; d'ailleurs si vigilant et si prêt à tout qu'il n'a jamais manqué aucune des occasions qu'elle lui a présentées ; enfin un de ces esprits remuants et audacieux qui semblent être nés pour changer le monde. […] Observez que ce n'est que dans les grandes assemblées, dans la chaire, à la tribune politique, au Palais, sur la scène, que l'on fait des gestes ; et que les lectures particulières et le discours familier peuvent se passer de gestes. […] Château-briand a dit : « Les anciens n'ont connu que l'éloquence politique et l'éloquence judiciaire : la morale, c'est-à-dire la science de tout pays, de tout gouvernement, n'a été éloquente qu'avec la loi évangélique : Démosthène combat un adversaire ou tâche de rallumer l'amour de la patrie chez un peuple dégénéré ; Cicéron défend un client ou dénonce un tyran cruel ; l'un et l'autre ne savent qu'exciter les passions, et fondent toutes leurs espérances de succès sur le trouble qu'ils jettent dans les cœurs. […] La politique et toutes les choses de la terre ne lui sont point étrangères ; mais ces choses, qui faisaient les premiers motifs de l'éloquence antique ne sont pour elle que des raisons secondaires ; elle domine ces raisons des hauteurs où elle s'est placée, comme un aigle aperçoit, du sommet de la montagne, les objets abaissés de la plaine. » Descriptions et tableaux.