Si je dis avec Fénélon que le visage de Télémaque se flétrit, je rapproche la beauté et la fleur, et cet assemblage si naturel, si gracieux plaît à l’imagination. […] L’hyperbole plaît aux jeunes gens, qui en font souvent usage, parce que leur imagination vive aime à augmenter les objets ou à les rendre plus mignons. […] La suspension est une figure très originale qui plaît infiniment dans le discours. […] Elle se sert d’exclamations et s’annonce par : Plut à Dieu ! […] A Dieu ne plaise qu un ministre du ciel pense jamais avoir besoin d’excuse auprès de vous : car qui que vous soyez, vous n’êtes, comme moi, que des pécheurs.
Une puissance surnaturelle, qui se plaît à relever ce que les superbes méprisent, s’est répandue et mêlée dans l’auguste simplicité de ses paroles. […] Tout s’y fait par une chaleur inconsidérée ; et comment accoutumer à la règle, à la solitude, à la discipline, cet âge qui ne se plaît que dans le mouvement et dans le désordre, qui n’est presque jamais dans une action composée5, « et qui n’a honte que de la modération et de la pudeur : et pudet non esse impudentem ? […] Mais que les hommes ne s’y trompent pas : Dieu redresse quand il lui plaît le sens égaré ; et celui qui insultait à l’aveuglement des autres tombe lui-même dans des ténèbres plus épaisses, sans qu’il faille souvent autre chose pour lui renverser le sens que ses longues prospérités. […] Celui-là qui se plaint qu’il travaille trop, s’il était délivré de cet embarras, ne pourrait souffrir son repos ; maintenant les journées lui semblent trop courtes, et alors son grand loisir lui serait à charge : il aime sa servitude, et ce qui lui pèse lui plaît ; et ce mouvement perpétuel, qui les engage en mille contraintes, ne laisse pas de les satisfaire, par l’image d’une liberté errante. […] Dieu a tous les temps dans sa main, et s’en sert pour avancer et pour retarder, ainsi qu’il lui plaît, l’exécution des desseins des hommes.
Au mépris du bon sens, le burlesque effronté4, Trompa les yeux d’abord, plut par sa nouveauté. […] N’offrez rien au lecteur que ce gui peut lui plaire : Ayez pour la cadence une oreille sévère. […] Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée, Ne peut plaire à l’esprit quand l’oreille est blessée. […] de Fontanes a jugé ainsi Boileau : « Quand il parut, la poésie retrouva ce style qu’elle avait perdu depuis les beaux jours de Rome ; ce style toujours clair, toujours exact, qui n’exagère ni n’affaiblit, n’omet rien de nécessaire, n’ajoute rien de superflu, va droit à l’effet qu’il veut produire, ne s’embellit que d’ornements accessoires puisés dans le sujet, sacrifie l’éclat à la véritable richesse, joint l’art au naturel, et le travail à la facilité ; qui, pour plaire toujours davantage, s’allie toujours de plus près au bon sens, et s’occupe moins de surprendre les applaudissements que de les justifier ; qui fait sentir enfin, et prouve, à chaque instant, cet axiome éternel : Rien n’est beau que le vrai. » (Discours préliminaire de l’essai sur l’homme.)
Dans l’enceinte étroite d’un horizon borné du côté de la terre, vouée à son devoir filial et fraternel, elle se plut à isoler sa vie dans un bonheur caché ou un deuil religieux. […] Mon Christ, ma sainte Thérèse, les autres dessins que j’ai dans ma chambre lui plaisaient beaucoup ; il voulait les avoir et les voir tous à la fois, et sa petite tête tournait comme un moulinet. […] Partout ta place sans t’y voir… Ces jeunes filles, ces jeunes gens, nos parents, nos voisins, qui remplissent en ce moment le salon, qui sont autour de toi mort, t’entoureraient vivant et joyeux ; car tu te plaisais avec eux, et leur jeune gaieté t’égayait.
L’écrivain ayant pour but de plaire en même temps que d’instruire, doit chercher à embellir la vérité de manière à la faire aimer. […] Nous voyons une chose dans l’autre, comme dit Aristote, ce qui plaît toujours à notre esprit. […] Figures de pensée propres à plaire. […] Quelquefois on emploie la licence avec le dessein secret de plaire et de flatter. […] Ils plaisent en présentant une composition de sons qui se succèdent avec aisance : aussi abondent-ils dans les langues harmonieuses.
L’amour-propre contribue à le rendre aimable ; plus il croit plaire, plus il a de penchant à aimer. […] Et n’est-ce pas (je ne ferai point ici de difficulté de le dire, non pour décréditer la piété, à Dieu ne plaise ! […] Si vous voulez dire des fables, elles pourront bien plaire sans contenir aucune vérité. […] Tout ce qu’il te plaira : je garde le silence. […] Et toutefois le seul qui dans Rome peut plaire.
Attendez donc, s’il vous plaît. […] Embrassez-moi donc, s’il vous plaît. […] Voulez-vous savoir, chrétiens, quand Dieu se plaît de parler ? […] je n’y suis pas : vous plairait-il de recommencer ? […] Tout le monde cherche à lui plaire.
Trop de rigorisme déplaît tout aussi bien dans la phrase que dans le caractère ; l’atticisme des Grecs, et l’urbanité romaine consistaient dans une sorte d’abandon, dans une négligence aimable qui embellit le discours, et qui plaît plus que l’excessive rigidité des règles. […] Harmonie des mots L’Harmonie des mots consiste à ne choisir que les mots les plus coulants, les plus doux, les plus sonores et les réunir suivant ce précepte de Boileau : Il est un heureux choix de mots harmonieux ; Fuyez des mauvais sons le concours odieux ; Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée, Boileau, Art poétique, ch. […] Qui n’éprouverait un véritable plaisir à la lecture des phrases suivantes : « Les grâces de la figure, la beauté de la forme, répondent dans le cygne à la douceur du naturel ; il plaît à tous les yeux ; il décore, embellit tous les lieux qu’il fréquente ; on l’aime, on l’applaudit, on l’admire… » Buffon, le Cygne. […] Exemple de périodes divisées en membres et en incises : Bossuet commence son Oraison funèbre de la reine d’Angleterre par ces deux belles périodes : Celui qui règne dans les cieux | et de qui relèvent tous les empires, | à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, | (membre composé de trois incises), Est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, | et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et terribles leçons. | (2e membre composé de deux incises.) […] Dans cette dernière période, par exemple, si Bossuet en eût dérangé la construction et se fût exprimé ainsi : la gloire, l’indépendance, la majesté, en de terribles et grandes leçons, quand il lui plaît, c’en était fait de l’harmonie : les expressions eussent toujours été les mêmes, mais quelque sonores et quelque bien choisies qu’elles soient, si elles ne sont pas placées avec goût, elles rendent la phrase désagréable à l’oreille.
Le beau ne plaît qu’un jour, si le beau n’est utile. […] Le goût distingue ce qu’il y a de conforme aux plus exactes bienséances, de propre à chaque caractère, de convenable aux différentes circonstances ; et, pendant qu’il remarque par un sentiment fin et exquis les grâces, les tours, les manières, les expressions les plus capables de plaire, il aperçoit aussi tous les défauts qui produisent un effet contraire, et il démêle en quoi précisément consistent ces défauts et jusqu’où ils s’écartent des règles sévères de l’art et des vraies beautés de la nature. […] Un homme d’un goût pur est celui qui ne se laisse jamais séduire par des beautés fausses, qui estime avec justesse, qui compare avec équité les beautés des divers genres, et qui distingue pourquoi elles ont la faculté de plaire.
Plût au ciel que de vrais amis, Telle qu’elle est, dit-il, elle pût être pleine ! […] Quoiqu’elle soit fort connue, nous nous plaisons à la répéter ici ; le prince indien venait de tomber entre les mains d’Alexandre : « Comment veux-tu que je te traite ? […] Cette réponse si noble et si fière plut au vainqueur, qui rendit sur-le-champ à Porus la liberté et ses États. […] Ainsi Bossuet voulant nous montrer que Dieu seul est le maître absolu de tous les hommes, nous annonce d’abord que sa puissance s’exerce dans les cieux, et sur tous les empires du monde, puis il nous amène à conclure que ce Dieu peut alors élever et abaisser son gré les princes et les rois : Celui qui règne dans les cieux, de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté, l’indépendance est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et terribles leçons.
C’est un soin tranquille et modéré, mais fréquent et presque continuel, que vous devez prendre, non par vanité et par ambition, mais par fidélité pour remplir les devoirs de votre état, et pour soutenir votre famille4 Il ne faut y mêler ni empressement ni indiscrétion5 ; mais sans rechercher trop les personnes considérables, on peut les cultiver, et profiter de toutes les occasions naturelles de leur plaire. […] Tout le monde cherche à lui plaire. […] Étudiez-le bien ; puis dites-en tout ce qu’il vous plaira ; il4 ne sera plus vrai le moment d’après que vous l’aurez dit : ce je ne sais quoi5 veut et ne veut pas ; il menace, il tremble ; il mêle des hauteurs ridicules avec des bassesses indignes ; il pleure, il rit, il blandine, il est furieux ; dans sa fureur la plus bizarre et la plus insensée, il est plaisant et éloquent, subtil, plein de tours nouveaux, quoiqu’il ne lui reste pas seulement une ombre de raison. […] Il y en a une autre qui est une fausse monnaie, quand on se donne aux hommes pour leur plaire, pour les éblouir, pour usurper de l’autorité sur eux en les flattant.
L’univers, à votre retour, Semble renaître pour vous plaire ; Les Dryades3 à votre amour Prêtent leur ombre solitaire4. […] Et quel honneur peut espérer de moins Un écrivain libre de tous ces soins, Que rien n’arrête, et qui, sûr de se plaire, Fait, sans travail, tous les vers qu’il veut faire ?
Parmi ces ouvrages, dans lesquels nous nous plaisons d’ailleurs à reconnaître des qualités réelles, les uns, tout en présentant d’heureux développements sur quelques points, se taisent presque entièrement sur d’autres qui ont aussi leur importance, ou se servent d’un langage métaphysique souvent résultant pour l’esprit et toujours incommode pour la mémoire ; les autres, sous prétexte d’éviter les longueurs, tombent dans la sécheresse et l’aridité, et ressemblent plutôt à des tables analytiques qu’à des traités destinés aux classes supérieures ; d’autres enfin présentent une étendue démesurée, et se perdent dans des explications trop vagues et trop diffuses. […] Ces développements nous ont paru d’une utilité réelle, et nous sommes plus que jamais convaincu de leur importance, lorsque nous recevons d’un professeur distingué, dont les savants ouvrages sont connus dans toute la France, ces encouragements bienveillants : « Je vous félicite d’avoir compris que les abrégés ne profitent qu’à ceux qui les font, et vous avez sagement fait de donner aux préceptes un juste développement qui les fait bien comprendre. » Un autre juge également compétent voulait bien nous faire savoir, après avoir soigneusement examiné notre Poétique, qu’il se plaisait à reconnaître tout le mérite et toute la conscience de ce livre.
Celui-là a un mauvais goût qui se plaît aux ornements précieux et affectés, qui recherche le burlesque, le bizarre, le monstrueux. […] Bien plus, si l’on veut plaire et intéresser, le sentiment doit nécessairement s’unir à la pensée. […] La progression des idées satisfait l’esprit, et la proportion entre les membres de la phrase plaît h l’œil et à l’oreille. […] Le poète peut élargir ses tableaux, parce qu’il s’adresse surtout à l’imagination et cherche principalement à plaire. […] La morale plaît toujours davantage quand elle est présentée avec art et revêtue d’ornements qui l’embellissent.
Il faut que la philosophie, quand elle veut nous plaire dans un ouvrage de goût, emprunte le coloris de l’imagination, la voix de l’harmonie, la vivacité de la passion : les beaux-arts, enfants et pères du plaisir, ne demandent que la fleur, et la plus douce substance de votre sagesse. […] Je l’avoue ; mais un autre excès plus dangereux encore, c’est l’audace effrénée de la raison, cette curiosité inquiète et hardie, qui n’attend pas, comme la crédulité stupide, que l’erreur vienne la saisir ; mais qui s’empresse d’aller au-devant des périls ; qui se plaît à rassembler des nuages, à courir sur le bord des précipices, à se jeter dans les filets que la justice divine a tendus, pour ainsi dire, aux esprits téméraires : là, vient ordinairement se perdre l’esprit philosophique. […] Si tout était ténèbres, la raison, qui ne verrait rien, s’enfuirait avec horreur loin de cet affreux objet ; mais on vous donne assez de lumière pour satisfaire un œil qui n’est pas curieux à l’excès : laissez donc à Dieu cette nuit profonde où il lui plaît de se retirer avec sa foudre et ses mystères ».