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52. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bernardin de Saint-Pierre. (1737-1814.) » pp. 153-158

[Notice] au Havre le 19 janvier 1737, Bernardin de Saint-Pierre, d’un caractère tendre et rêveur, laissa bientôt percer sa prédilection exclusive pour le spectacle des beautés de la nature. […] Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords ; mon âme s’y abandonne, elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres, elle s’élève avec leur crime vers les cieux, elle se transporte dans les temps qui les ont vus naître et dans ceux qui les verront mourir ; ils étendent dans l’infini mon existence circonscrite et fugitive. […] Il semble que ces enfants de l’air soient nés pour danser ; ils font aussi entendre, au milieu de leur bal, des espèces de chants.

53. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

L’un, Joachim Du Bellay ( à Liré, en Anjou), étudiait le droit, l’autre, Pierre de Ronsard, était momentanément absent du collège de Coqueret, où, avec ses condisciples, et sous leur maître Daurat, il étudiait avec passion l’antiquité. […] Le Roy que nous demandons est déjà faict par la nature, au vray parterre des fleurs de lys de France, rejeton droit et verdoyant du tige de Saint-Louis. […] N’estes vous point las de vous cacher derrière vous mesme, si le cacher estoit permis à un Prince comme vous ? […] Mais il fit beaucoup pour la dignité des lettres, qui le lui rendaient, ne disons pas en flatteries (il vaut mieux n’en pas parler), disons en chefs-d’œuvre nés du génie qui se sent libre. […] Ces peuples si braves et si belliqueux, et que vous dites qui sont nés pour commander à tous les autres, fuient devant une armée, qu’ils disoient être composée de nos cochers et de nos laquais.

54. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Massillon 1663-1742 [Notice] à Hyères, en Provence, dans une contrée qui fut la patrie de poëtes ou d’orateurs distingués ; entré en 1681 dans la savante congrégation de l’Oratoire ; devenu professeur de rhétorique au séminaire de Saint-Magloire ; plus effrayé qu’enhardi par ses premiers succès, Massillon parut quand Bourdaloue terminait sa carrière. […] Il est un des modèles de notre langue pour l’élégance, la richesse, l’harmonie de la diction, la modération ornée du discours, l’ampleur ingénieuse d’un talent qui excelle dans ces développements souples et continus où les pensées naissent les unes des autres ; mais en lui l’art se fait trop sentir. […] Tel prend le parti des armes, et suit une route d’où mille raisons de tempérament, de goût, de conscience, d’intérêt même, l’éloignent, parce que, avec un nom, il n’oserait se borner aux soins domestiques, et que le monde regarderait ce repos comme une indigne lâcheté. […] Massillon semble pour justifier le mot de Cicéron : « Le comble et la perfection de l’éloquence, c’est d’amplifier le sujet en l’ornant et le décorant. » 1.

55. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gilbert. (1751-1780.) » pp. 297-303

[Notice] Gilbert, en 1751 à Fontenoy-le-Château (Vosges), était le fils de pauvres cultivateurs de Lorraine, qui épuisèrent leurs ressources pour lui donner une éducation brillante. […] Mais Dieu t’entend gémir, Dieu vers qui te ramène         Un vrai remords des douleurs ; Dieu qui pardonne enfin à la nature humaine         D’être faible dans les malheurs. […] Quels demi-dieux enfin nos jours ont-ils vus naître ?

56. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

Il se trouvera sans doute quelquefois, quand la situation le fera naître ; mais il ne faut pas le chercher ; il faut le laisser venir. […] Euripide, le troisième tragique des Grecs, naquit à Salamine, quinze ans après Sophocle, s’attacha d’abord aux philosophes, et eut pour maître Anaxagore. […] Lorsque ce grand homme commençait à vieillir, Racine, avec un génie heureux, un goût exquis, entra dans la carrière et donna une nouvelle forme à la tragédie. […] La comédie naquit après la tragédie. […] Plaute, comme Aristophane, avec un génie libre et gai, a répandu partout le sel et la plaisanterie ; mais il reste dans ses ouvrages quelque rouille du siècle précédent.

57. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

en 1538, il mourut en 1584. […] en 1331, il mourut en 1391. […] Menzikoff ou Mentchikoff (Alexandre Danielowitz) était on 1674. […] Papinien était en Phénicie vers 142. […] à Mont-de-Marsan, sa famille subsiste encore.

58. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre I. Des Poésies fugitives. »

Mais l’homme de lettres un peu célèbre, et celui qui est avec quelque talent poétique, les regardent comme des bagatelles, dont ils ne doivent que très rarement, et peut-être jamais s’occuper. […] Les meilleurs épigrammatistes latins sont Catulle, à Vérone, l’an 86 avant J.-C., et Martial, qui, en Espagne, vers le milieu du premier siècle de l’ère chrétienne, passa la plus grande partie de sa vie à Rome. […] Stésichore, à Himères, ville de Sicile, vers l’an 612 avant J. […] On y souffre cependant les traits brillants d’une imagination hardie un style noble et animé, et un certain enthousiasme, cette élévation, ces transports, ce délire même, font le plaisant de ces sortes de chansons, parce qu’il semble que c’est la liqueur que le poète célèbre, qui les a fait naître, comme on peut le voir dans celle-ci : Quel effroyable bruit !

59. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Pascal, 1623-1662 » pp. 56-71

Pascal 1623-1662 [Notice] à Clermont-Ferrand dans une famille où l’intelligence s’alliait à la vertu, élevé librement par un père qui fut un homme supérieur, Blaise Pascal manifesta dès l’enfance des dons merveilleux, le génie des sciences mathématiques, et une sensibilité passionnée pour le bien, avide d’un bonheur noble et infini. […] Comme la raison le fait naître, elle doit aussi le mesurer ; et considérons que s’ils fussent demeurés dans cette retenue de n’oser rien ajouter aux connaissances qu’ils avaient reçues, ou que ceux de leur temps eussent fait la même difficulté de recevoir les nouveautés qu’ils leur offraient, ils se seraient privés eux-mêmes et leur postérité du fruit de leurs inventions. […] Pour moi, n’étant pas sous le premier de vos empires, je veux que tout le monde sache que je fais gloire de vivre sous le second ; et c’est pour le témoigner que j’ose lever mes yeux jusqu’à ma reine en lui donnant cette première preuve de ma dépendance. […] Chateaubriand a dit de Pascal : « Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques : qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu’on eût vu depuis l’antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l’entendement ; qui, à vingt-trois, démontra les phénomènes de la pesanteur de l’air, et détruisit une des grandes erreurs de l’ancienne physique ; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s’aperçut de leur néant, et tourna toutes ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue qu’ont parlée Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans le court intervalle de ses maux, résolut, en se privant de tous les secours, un des plus hauts problèmes de géométrie, et jeta au hasard sur le papier des pensées qui tiennent autant de Dieu que de l’homme. […] Joubert a dit : « Il faut que les pensées naissent de l’âme, les mots des pensées, et les phrases des mots. — Il en est de nos pensées comme de nos fleurs.

60. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Rome, qui t'a vu naître et que ton cœur adore ! […] Qui me dévoilera l'instant qui t'a vu naître ? […] Du Chaos tout à coup les portes s'ébranlèrent, Des soleils allumés les feux étincelèrent ; Tu naquis ; l'Éternel te prescrivit ta loi. […] Je te retrouve à la prairie, Où sous tes pas naissent les fleurs : Es-tu le bois, la bergerie ? […] Le dénoûment doit naître des obstacles qui le retardaient et être amené naturellement.

61. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XVI. Genre du roman. »

De plus, chez une nation si heureusement née pour les arts, la fiction appelait naturellement les vers ; et l’on ne serait pas descendu de ces belles fables, si bien chantées par les poètes, à des récits en prose qui n’auraient renfermé que des mensonges vulgaires. […] La chevalerie du moyen-âge a fait naître un nouveau genre de récits qui brillent d’un vif éclat, d’abord chez les troubadours de la Provence, ensuite dans les ouvrages ingénieux des trouvères au nord de la France. […] Le roman moderne est l’épopée populaire et prosaïque ; il commence à poindre au moment où la chevalerie pâlit et s’efface ; il naît de l’esprit pratique, posé, satirique, raisonneur, observateur des peuples septentrionaux.

62. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords : mon âme s’y abandonne ; elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres : elle s’élève avec leur cime vers les cieux ; elle se transporte dans les champs qui les ont vus naître et dans ceux qui les verront mourir ; ils étendent dans l’infini mon existence circonscrite et fugitive. […] J’irai vous voir à la première violette2 : j’aurai bien près de cinq lieues à aller ;3j’irai gaiement, et je compte vous faire une telle description de mon séjour que je vous ferai naître l’envie de m’y venir voir et d’y prendre une collation. […] Les clochers des villages où ils étaient nés, qu’ils reconnaissaient au loin dans les campagnes, et qu’ils nommaient les uns après les autres, les remplissaient d’allégresse ; mais, quand le vaisseau entra dans le port, et qu’ils virent sur les quais, leurs amis, leurs pères, leurs mères, leurs enfants, qui leur tendaient les bras en pleurant, et qui les appelaient par leurs noms, il fut impossible d’en retenir un seul à bord.

63. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Jean de la Taille, en 1540, le chantre gracieux de la marguerite et de la rose, et, plus tard, le satiriste vigoureux du Courtisan retiré (voir infra), et son frère Jacques de la Taille, en 1542, ont surtout leur place parmi les poètes dramatiques : le premier avec deux tragédies religieuses et bibliques Saül furieux et les Gabaonites, le second avec deux tragédies antiques et profanes, un Daire (Darius) et un Alexandre. […] Il convient de ne pas séparer d’eux leur ami Estienne Pasquier (mort en 1645), le savant auteur des Recherches de la France qui, lui aussi, fit des vers sur tous sujet (Jeux poétiques) ; qui, juge aux Grands Jours de Poitiers en 1579, provoqua, à cinquante ans, une joute de petits vers dans le salon des dames Des Roches, et qui donna une pointe d’enjouement Philosophique à sa Pastorale du Vieillard amoureux, fruit de sa souriante vieillesse, en son plein hiver. […] -A. de Baïf (1532-1589) Notice Jean-Antoine de Baïf, à Venise, de Lazare de Baïf, ambassadeur de François Ier, parlait à treize ans toutes les langues de l’Europe. […] Garnier (1534-1590) Notice Robert Garnier, à La Ferté-Bernard, dans le Maine, après avoir étudié le droit à Toulouse et plaidé à Paris, vécut et mourut au Mans dans les fonctions de lieutenant criminel. […] Son vers, de l’indignation, lui a rendu ce qu’il lui devait : il l’a fait vivre jusqu’à nous, brûlante comme une lave, qui s’y est moulée, sans s’y refroidir.

64. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

Les meilleurs épigrammatistes latins sont Catulle, à Vérone l’an 86 avant Jésus-Christ, et Martial, en Espagne vers le milieu du premier siècle de l’ère chrétienne, qui passa la plus grande partie de sa vie à Rome. […]                     Du sort qui m’a fait naître,                     La rigoureuse loi                     Veut que je cesse d’être                     Dès qu’on parle de moi. […] L’instant qui doit te faire naître Est celui qui doit te flétrir.

65. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

C’est donc Votre Majesté qui, par la force invincible avec laquelle elle voudra ce soulagement, fera naître un désir semblable en ceux qu’elle emploie ; en ne se lassant point de chercher et de pénétrer, elle verra sortir ce qui sera utile effectivement. […] Ce n’est point flatter Votre Majesté, que de lui dire qu’elle est née avec de plus grandes qualités que lui. Oui, Sire, vous êtes pour attirer de loin et de près l’amour et le respect de tous vos peuples. […] Cette recrue continuelle du genre humain, je veux dire les enfants qui naissent, à mesure qu’ils croissent et qu’ils s’avancent, semblent nous pousser de l’épaule, et nous dire : Retirez-vous, c’est maintenant notre tour. […] Henriette d’Angleterre, dernière fille de Charles Ier, mariée au duc d’Orléans, naquit en 1644, et mourut en 1670, empoisonnée par le chevalier de Lorraine, qu’elle avait fait exclure de la maison de son mari.

66. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — [Introduction] » pp. 18-20

Le style est un tableau des idées qui naissent dans l’esprit, et de la manière dont elles y naissent.

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