La plupart des noms terminés au singulier par al, ail, font leur pluriel en aux : le mal, les maux ; le cheval, les chevaux ; le travail, les travaux.
Prophétie du dieu de seine Stances 1630 Va-t’en1 à la malheure2, excrément de la terre3, Monstre qui dans la paix fais les maux de la guerre, Et dont l’orgueil ne connaît point de lois ; En quelque haut dessein que ton esprit s’égare, Tes jours sont à leur fin, ta chute se prépare, Regarde-moi pour la dernière fois. […] Malheure est pour male heure (mala hora, mauvaise heure). […] L’expression est mal venue.
La vraie satire attaque les vices généraux de la-société, frappe le ridicule sans avilir les personnes, flétrit le mal, le préjugé, l’erreur, sans sortir des bornes des convenances, sans blesser le goût ni la pudeur. […] car si la satire ne corrige pas, elle punit au moins le mal.
Quelque brillantes que soient les couleurs qu’il emploie, quelques beautés qu’il sème dans les détails, comme l’ensemble choquera, ou ne se fera pas assez sentir, l’ouvrage ne sera point construit… C’est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent bien, écrivent mal ; que ceux qui s’abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un ton qu’ils ne peuvent soutenir ; que ceux qui craignent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées ; qu’en un mot il y a tant d’ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d’un seul jet. » Les interruptions, les repos, les sections peuvent être utiles au lecteur, elles le délassent et lui indiquent les temps d’arrêt, mais il ne doit pas y en avoir dans l’esprit de l’auteur. […] Sur la terre, la lutte entre le bien et le mal, entre Joad et Athalie : voilà la variété d’incidents ; au ciel, l’œil de la Providence, incessamment ouvert, et d’où partent, comme autant de rayons glorieux, ses éternels décrets : voilà l’unité de dessein. […] Nous saisissons mal la liaison entre cette idée : « Ils ne craignent pas un public qui les craint et qui les respecte, et, à la honte du siècle, ils se flattent avec raison qu’on a pour leurs passions les mêmes égards que pour leurs personnes, » et celle-ci : « Ainsi,… ceux qui leur sont soumis se vengent de la servitude par la liberté des discours ; les grands se croient tout permis, et l’on ne pardonne rien aux grands. » Encore une fois, Massillon a parfaitement raison, il énonce une vérité, et une vérité bonne à dire ; mais assurément ses prémisses, au lieu d’amener cette conséquence, semblaient en promettre une toute contraire. […] Enfin, lorsque leur jugement, fortifié par l’exercice et l’expérience, aurait acquis la rectitude et la solidité convenables, le professeur leur présenterait des compositions d’un goût moins sévère, d’un travail moins exquis ; ils y verraient eux-mêmes comment, par le défaut de méditation ou par la recherche de ces pensées déliées et fugitives, que Buffon comparait aux feuilles du métal battu, il arrive que les parties d’un écrit sont gauchement jointes entre elles, les chaînons mal agencés l’un à l’autre, et la trame du discours souvent interrompue. […] il n’en est pas ainsi ; et les Dieux qui donnent à chacun une part égale de biens et de maux, en vous douant de talents et de vertus, vous ont refusé la santé, strophes 21-24.
Si vis me flere, dolendum est 1 Primum ipsi tibi : tunc tua mornfortunia lædent, Telephe, vel Peleu ; male si mandata loqueris, Aut dormitabo, aut ridebo. […] Quintilio 1 si quid recitares : « Corrige, sodes, Hoc, aiebat, et hoc. » Melius te posse negares, Bis terque expertum frustra : delere jubebat, 440 Et male formatos 2 incudi reddere versus. […] Voulez-vous me faire pleurer : montrez d’abord vous-même une douleur véritable ; alors Télephe, alors aussi, Pélée, je serai sensible à vos malheurs ; mais si vous dites mal votre rôle, vous me ferez bâiller, ou, rire. […] Quand on lisait quelque chose à Quintilius : « Tenez, disait-il, corrigez-moi ceci, et cela encore. — Mais, impossible à moi de faire mieux ; je l’ai tenté deux ou trois fois en vain. — Effacez alors, et remettez sur l’enclume ces vers mal forgés. » — S’avisait-on de défendre une faute, au lieu de corriger : il ne disait plus mot, et, sans se donner une peine inutile, il vous laissait, seul et sans rival, vous adorer vous-même, à genoux devant votre génie. […] Il faut dire, au reste, que cette vigilance, si vantée par Velléius, s’accorde mal avec certain témoignage assez bizarre que Sénèque a rendu de ce même Lucius Pison, en disant « qu’il ne s’enivra qu’une fois dans sa vie, parce que sa vie ne fut qu’une longue ivresse, Ebrius, ex quo semel factus est, fuit.
Mais c’est là que le mal de l’impiété a son foyer et son travail d’expansion. […] L’insouciance religieuse est, de nos jours, un mal plus répandu que l’impiété. […] C’est le mal moral sinon le plus choquant, du moins le plus grave de notre temps. […] Ce qui éveille la raison, ce qui l’oblige à s’inquiéter de la destinée de l’homme, c’est le mal : le mal, qui est partout dans la condition humaine, jusque dans ces jouissances passagères qu’on appelle le bonheur. […] Le bourreau lui-même était ému et la frappa d’une main mal assurée.
On trouvera dans ce livre, à côté des noms de Platon, de Cicéron, de Pascal, de Bossuet, de Massillon, de Fléchier, ceux d’Aristophane, de Catulle, de Molière, de Voltaire, de Jean Jacques, de Béranger et de bien d’autres ; parce que, selon moi, il est ridicule pour un homme bien élevé d’ignorer et de blâmer ce que ces derniers ont de bien, comme il lui serait honteux de rechercher et de louer ce qu’ils ont de mal ; parce qu’il vaut mieux que l’élève voie de telles choses avec le professeur qui saisira l’occasion de lui apprendre ce qui est à fuir et ce qui est à suivre, que de les voir seul ; parce qu’un système absolu de réticence, de dissimulation et de mensonge est, dans l’éducation publique, le plus pernicieux, à mon gré, de tous les systèmes. […] Que le professeur montre à l’élève le mal comme le bien, mais qu’il se réserve d’apprécier et de lui faire apprécier l’un et l’autre, et l’élève s’en rapportera à lui, si le professeur est ce qu’il doit être, c’est-à-dire honnête, franc et habile. […] Je sais bien qu’il manque encore beaucoup à ce livre, qu’il répond mal au travail que j’y ai dépensé, qu’en un mot, comme bien d’autres choses humaines, institutions, révolutions et plaisirs, il ne vaut pas ce qu’il a coûté.
Je ne répondis point mal à ses questions : il vit que je connaissais assez les auteurs grecs et latins. […] Mon prélat n’en fut pas mal satisfait. « Je suis content de votre main, s’écria-t-il, et plus encore de votre esprit. […] Je jugeais qu’un auteur entêté de ses ouvrages pourrait le recevoir mal ; mais, rejetant cette pensée, je me représentais qu’il était impossible qu’il le prît en mauvaise part, après l’avoir exigé de moi d’une manière si pressante.
L’absence est le plus grand des maux ; Non pas pour vous, cruel ! […] Les Gracques sentirent la cause du mal ; ils défendirent le peuple, mais ils l’accoutumèrent aux grandes agitations. […] Pompée et César accroissent les maux et les dangers. […] Voyez comme la renommée soudain publie le mal, comme le bien. […] et je m’en vais gagner au pied, ou je veux caution bourgeoise qu’ils ne me feront point de mal.
Il en vint enfin (et c’était l’expression vraie de la douleur de ce grand homme) à douter si, d’après cela, l’éloquence avait fait plus de bien que de mal à la société : boni ne, an mali plus attulerit hominibus, et civitatibus copia dicendi, et summum eloquentiæ studium (de Invent. […] Fidèles aux vœux de leur institution, les premiers académiciens se firent un devoir de le respecter, et rendirent à la langue française des services aussi réels que mal appréciés depuis.
Il cite comme exemple de paraphrase les vers d’Iphigénie : Ce destructeur fatal des tristes Lesbiens, Cet Achille, l’auteur de tes maux et des miens, Dont la sanglante main m’enleva prisonnière, Qui m’arracha d’un coup ma naissance et ton père, De qui jusques au nom tout doit m’être odieux, Est de tous les mortels le plus cher à mes yeux ; et comme exemple d’épiphrase les deux derniers vers de ce passage de Phèdre : Et puisse ton supplice à jamais effrayer Tous ceux qui, comme toi, par de lâches adresses, Des princes malheureux nourrissent les faiblesses, Les poussent au penchant où leur cœur est enclin, Et leur osent du crime aplanir le chemin, Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère céleste ! […] Dans Massillon : « Ce monde ennemi de Jésus-Christ, ce monde qui ne connaît pas Dieu, ce monde qui appelle le bien un mal et le mal un bien, ce monde, tout monde qu’il est, respecte encore la vertu, envie quelquefois le bonheur de la vertu, cherche souvent un asile et une consolation auprès des sectateurs de la vertu, rend même des honneurs publics à la vertu. » Inutile de s’arrêter à la répétition, ni d’en énumérer toutes les variétés indiquées par les rhéteurs. […] Cette critique cependant s’appliquerait mal à Racine.
Quel mal cela fait-il ? […] Irai-je, dans une ode en phrases de Malherbe, Troubler dans ses roseaux le Danube superbe, Délivrer de Sion le peuple gémissant, Faire trembler Memphis ou pâlir le croissant, Et, passant du Jourdain les ondes alarmées, Cueillir mal à propos les palmes Idumées ? […] Toutefois, s’il le faut, je veux bien m’en dédire, Et, pour calmer enfin tous ces flots d’ennemis, Réparer en mes vers les maux qu’ils ont commis1 Puisque vous le voulez, je vais changer de style. […] On a critiqué ces deux vers comme embarrassés et obscurs : mal à propos, ce me semble.
J’indique ce que veut la langue française de quiconque prend la plume ; et ces réflexions sur les lois du discours regardent, non ceux qui ont le don du discours, mais les esprits, en grand nombre, qui peuvent se perfectionner par la culture, et tirer du travail des ressources qui les sauvent du ridicule de mal écrire. […] Ce temps d’ivresse passé2, quand chacun a trouvé enfin la mesure de sa taille en s’approchant d’un plus grand ; de ses forces, en luttant avec un plus fort ; de son intelligence, en voyant le prix remporté par un plus habile ; quand la maladie, la fatigue lui ont appris qu’il n’y a qu’une mesure de vie ; quand il en est arrivé à se défier même de ses espérances, alors revient le fabuliste qui savait tout cela, qui le lui dit et qui le console, non par d’autres illusions, mais en lui montrant son mal au vrai, et tout ce qu’on en peut ôter de pointes par la comparaison avec le mal d’autrui. […] Plutôt que d’être réduits à corriger nos habitudes, il faut travailler à les rendre bonnes pendant qu’elles sont encore indifférentes au bien ou au mal.
Voilà comment Alcander fut chastié12 par Lycurgus, et la punition qu’il en receut : c’est que de mal conditionné jouvenceau13, oultrageulx et temeraire qu’il estoit au paravant, il devint homme tres sage et tres modéré. […] Et tout ainsi que les vaultours volent à la senteur7 des corps pourris et corrompus, et n’ont aucun sentiment8 de ceux qui sont sains et entiers9, aussi les parties de nostre vie qui sont mal saines, mauvaises, et gastees, sont celles qui plus emeuvent nostre ennemy : c’est là que sautent incontinent ceux qui nous haïssent, c’est ce qu’ils harassent10 et qu’ils deschirent. […] Il ne lui fit aucun mal, ne lui fit aucun reproche.
Dans tous les sophismes, la conclusion se trouve mal déduite. […] S’ils font du mal, c’est plutôt pour insulter que pour nuire. […] Ils sont timides, et craignent tous les maux avant qu’ils n’arrivent. […] S’ils font du mal, c’est plutôt pour nuire que pour insulter. […] Le mal moral porte toujours le mal, et la conscience qu’il trouble de sa présence a beau s’étourdir, le pécheur n’est pas heureux, c’est la loi.