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91. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Qu’il expose ses preuves dans l’ordre le plus logique et le plus serré, en appuyant chaque raison principale de preuves secondaires ; qu’il unisse ses arguments par des transitions naturelles, fortes soudures qui ne laissent pas la moindre prise à la contradiction ; qu’il concentre toutes ses preuves dans la péroraison ; qu’il s’oublie surtout pour ne laisser parler que sa cause : chaque développement, dans une œuvre ainsi conçue, répandra sur l’ensemble une lumière nouvelle et ajoutera à l’évidence ; les raisons, poussées l’une par l’autre, comme le flot par le flot, entreront de gré ou de force dans l’intelligence des auditeurs : l’esprit ébranlé entraînera le cœur à son tour, le triomphe de l’éloquence sera complet. […] « Car, disent-ils, le tribunal est flatté de ces marques d’émotion comme d’un témoignage de respect rendu à ses lumières et à son autorité ; tandis qu’une assurance imperturbable lui paraît impudente et irrévérencieuse. » La réflexion est juste. […] Il faut que chaque fait vienne renforcer le fait qui le précède et préparer celui qui suivra ; il faut que l’ombre et la lumière soient réparties adroitement sur les côtés faibles et sur les côtés avantageux de la narration ; il faut, ce qui est plus difficile encore, que cet ordre calculé échappe à la pénétration du tribunal. […] Les arguments abstraits sont pour eux, comme les ombres de la caverne de Platon, de vains simulacres qui s’évanouissent aussitôt que s’éteint la lumière de l’éloquence. […] En général, quand vous aurez préparé vos preuves, mettez les plus fortes en lumière, et répandez sur les parties faibles de la cause une ombre savante : tâchez de dérober le défaut de votre armure à la pointe de l’antagoniste.

92. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

De l’ordre naissent la lumière et la chaleur ; la lumière, par l’unité du dessein, qui, bien comprise, répand sur toutes les idées le même jour avec des teintes variées, et donne à chacune sa valeur ; la chaleur, par l’étroit enchaînement de toutes les idées, qui, en les rapprochant, les fortifie et les échauffe l’une par l’autre.

93. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XII. Abrégé des règles de la versification française. »

Ainsi, les voyelles se réunissent en diphtongues dans les mots suivants : fiacre, viande, premier, lumière, ciel, mien, lieu, aimions, loin, fouet, celui, etc. […] Tandis que ces monstres barbares Poussaient d’insolentes clameurs, Le dieu, poursuivant sa carrière, Versait des torrents de lumière Sur ses obscurs blasphémateurs.

94. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Si vos jurés conservent le moindre soupçon, si l’innocence de l’accusé ne leur apparaît pas aussi claire que la lumière du jour, plus de pitié à attendre d’eux ; ils se renferment dans la résolution inflexible de sévir. […] Voyez dans quelles circonstances leur génie s’est développé : l’étude du passé vous donnera de grandes lumières pour connaître le présent : je ne sais pas de travail plus profitable que la comparaison des mœurs antiques avec celles des temps modernes.

95. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Le calme profond des campagnes éclairées par cette douce lumière, et les tendres accents du rossignol l’avaient retenu longtemps plongé dans un ravissement tranquille. […] Pourrais-je, en proie aux soins vulgaires, Dans la commune illusion, Offusquer mes propres lumières Du bandeau de l’opinion ? […] Environné de lumière, Cet astre ouvre sa carrière, Comme un époux glorieux, Qui, dès l’aube matinale, De sa couche nuptiale Sort brillant et radieux. […] Tandis que ces monstres barbares Poussaient d’insolentes clameurs, Le Dieu poursuivant sa carrière, Versait des torrents de lumière Sur ces obscurs blasphémateurs. […] Fontenai, lieu délicieux, Où je vis d’abord la lumière, Bientôt au bout de ma carrière, Chez toi je joindrai mes aïeux.

96. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Il en est du discours comme de la peinture : il y faut des ombres, et tout n’y doit pas être lumière. […] Le mot rayon a été institué pour signifier un trait de lumière ; le mot chaleur, pour signifier une propriété du feu. […] Or, comme tout écrivain a pour but d’instruire, de plaire ou de toucher, les figures de pensée peuvent être rapportées à trois classes principales. — Il y en a que l’écrivain emploie avec art, pour porter plus sûrement la lumière dans notre esprit, pour faire parler la raison avec plus de force, de justesse, pour présenter une vérité sous le jour le plus favorable et le plus lumineux : ce sont les figures de raisonnement, qui servent principalement à éclairer l’esprit et à convaincre. — Il y a d’autres figures qui ont pour objet de flatter et de captiver l’imagination, par l’éclat et l’agrément qui leur sont propres. […] L’antithèse est une ressource puissante pour l’écrivain : elle donne de la lumière aux pensées, et au discours de la force et de l’éclat ; mais il ne faut s’en servir qu’avec sobriété, et ne pas oublier que cette figure n’est réellement belle que lorsque les pensées opposées sont naturelles, tirées du fond du sujet, et qu’elles servent à se donner réciproquement de la justesse et de la clarté. […] La lumière luit dans les ténèbres, dit Malebranche, mais elle ne les dissipe pas toujours ; de même que la lumière du soleil environne les aveugles et ceux qui ferment les yeux, quoiqu’elle n’éclaire ni les uns ni les autres.

97. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Mais les modèles les plus frappants ne jettent leur lumière que sur un point ; celle des règles est plus étendue, elle éclaire toute la route. […] N’est-ce pas aller contre ses propres lumières et contre sa raison ?  […] Elle suppose nécessairement les lumières : que nous servirait d’être conduits par un homme de bien, par un ami véritable, si lui-même il ignorait la route ? […] Tant d’éclairs m’éblouissent : je cherche une lumière douce, qui soulage mes faibles yeux. […] On aurait tort certainement d’opposer le simple au sublime, puisque le sublime se trouve souvent dans le simple, et qu’il n’est rien de plus simple et en même temps de plus sublime que ce passage de la Genèse, justement admiré par Longin : Dieu dit : Que la lumière soit ; et la lumière fut.

98. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

La division ne convient pas aux petits sujets, où elle est inutile ; mais elle porte la lumière dans les complications et les difficultés des grands. […] Elle en atténue les traits blessants ou odieux ; elle fait valoir, elle met en relief et en lumière les détails favorables du récit, qui servent à convaincre et à persuader. […] Massillon et Bourdaloue excellent dans ces développements par redoublement d’idées, qui augmentent sans cesse la lumière et la force. […] J’en sais qui ont défini la lumière en cette sorte : La lumière est un mouvement luminaire des corps lumineux. Comme si on pouvait entendre les mots de luminaire et de lumineux sans celui de lumière. » (Pensées, de l’Esprit géométrique, 1, 1, édit. annotée par M.

99. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

Aussi a-t-il trouvé des admirateurs dans tous les temps ; et ceux même qui ne croyaient pas à sa doctrine, ont cru à son talent, par respect pour leurs propres lumières, qu’ils eussent craint de compromettre en pensant autrement. […] Les simples lumières de la raison ont convaincu dans tous les temps les hommes de l’immortalité de leur âme ; et s’il s’en est trouvé quelquefois d’assez malheureux pour en douter, d’assez imprudents pour afficher ce doute, le mépris de leurs propres contemporains les a dénoncés d’avance à la postérité qui en a fait justice.

100. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre II. Moyens de se préparer à la composition. »

Si nous avons à décrire les phénomènes de la nature, les splendeurs du soleil à son lever ou à son coucher, la lumière se jouant en mille nuances autour de notre globe, le calme d’une belle nuit, un orage, la mer et ses mille aspects merveilleux, la campagne et ses charmes enivrants ; si nous voulons peindre l’homme et la société avec les vertus, les passions ou les travers qui nous présentent sans cesse un drame ou une comédie vivante, il vaut mieux interroger notre mémoire et nos impressions que les livres ; nos compositions auront une couleur plus vraie, nous y ferons circuler davantage la chaleur et la vie. […] 1° Consultons le sentiment intérieur et spontané de notre âme : s’il n’est pas gâté par une mauvaise éducation, ce sera un bon juge, mais non infaillible. 2° Examinons si l’objet en question est conforme à la nature, type de tout art d’imitation : si le rapprochement est possible, ce sera un excellent moyen de juger avec goût. 3° Enfin, le guide le plus sûr, c’est l’admiration générale : ce qui est regardé comme beau par tous les hommes doit l’être infailliblement ; le nier, ce serait nier la lumière.

101. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

Après la lumière que la morale chrétienne a répandue sur les plaies de notre cœur et sur les misères de ce monde, il n’est plus possible à l’homme de s’adorer lui-même. […] qui ne s’est figuré, avec délices, une petite retraite bien sûre, bien modeste, où l’on n’aurait plus à s’occuper que du beau et du vrai en eux-mêmes, où l’on ne verrait plus les hommes et leurs passions, les affaires et leurs ennuis, l’histoire et ses terribles agitations, qu’à travers ce rayon de pure lumière que le génie des grands écrivains a répandu sur tout ce qu’il représente ?

102. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XXI. » pp. 120-121

Semant la lumière.]

103. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre premier. »

Qu’on ne soit donc pas étonné que, dans des temps bien postérieurs, le tableau désolant des malheurs qu’avait entraînés l’abus de ce qu’il y a de mieux au monde, ait fait prendre à un philosophe célèbre le parti rigoureux de se déclarer contre les sciences en général, et contre celles en particulier qui avaient le plus contribué à pervertir les lumières naturelles.

104. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Quoiqu’il soit vrai, en un sens, de dire que la Divinité se mêle de toutes les actions des hommes, cependant il semble que, pour conserver la dignité de cette cause, on ne doit l’employer que dans les entreprises importantes, et même dans les parties les plus importantes de ces entreprises, et lorsque, sans elle, les hommes, faute de lumière ou de force, pourraient se détourner du but où les dieux veulent qu’ils arrivent. […] Homère et Virgile s’adressent aux muses païennes ; le Tasse demande des lumières à celle qui ne couronne pas son front des lauriers périssables de l’Hélicon, mais qui habite dans les cieux, au-dessous des chœurs des anges  ; Milton appelle cette autre muse céleste qui, de l’Horeb ou du Sinaï, inspirait Moïse . […] Viens, parle, et s’il est vrai que la fable, autrefois, Sut à tes fiers accents mêler sa douce voix, Si sa main délicate orna ta tête altière, Si son ombre embellit les traits de ta lumière, Avec moi sur tes pas permets-lui de marcher, Pour orner tes attraits et non pour les cacher.

105. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Le déplorable état où je vous abandonne Est bien digne des pleurs que mon amour vous donne ; Et si l’on peut au ciel sentir quelques douleurs,J’y pleurerai pour vous l’excès de vos malheurs ; Mais si, dans ce séjour de gloire et de lumière, Ce Dieu tout juste et bon peut souffrir ma prière, S’il y daigne écouter un conjugal amour, Sur votre aveuglement il répandra le jour. […] Ni l’esprit de votre mère, ni la dignité des manières de votre frère, ni le charme de votre sœur, ni les lumières de M. […] Il ajourne le dogme, les mystères, dans la crainte d’éblouir la raison de Pauline par une trop vive lumière.

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