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28. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Il suffit pour s’en convaincre de lire leurs poëtes. […] Lisez les plaidoyers civils d’Antiphon, de Démosthène, d’Andocide, vous n’en trouverez pas un qui sorte de cette mesure. […] Lisez les premières légendes de Rome, à leur couleur dramatique, vous reconnaîtrez déjà le génie de la race latine. […] S’il n’était destiné qu’à défendre la cause du sénat et les intérêts des citoyens, il lui suffirait de lire les annales de Rome, les traités des jurisconsultes et les livres des augures et des pontifes. […] Lisez les plaidoyers de Cicéron pour ces deux accusés ; lisez-les, non pour en admirer les grands effets de style, mais pour voir comment on tire d’une cause tous les moyens qu’elle renferme.

29. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre II. De l’arrangement des Mots. » pp. 87-179

J’ai acheté les deux ouvrages nouveaux, et je lis en ce moment celui de votre ami. […] Ici l’action de cultiver, et celle de lire se rapportent ou se terminent directement aux arts et aux beaux ouvrages. […] Il y lira au mot laisser : « on dit qu’une fille s’est laissée aller, pour dire qu’elle s’est laissé séduire ». […] La première phrase signifie : je vous ai vu, pendant que je lisais, etc. ; et la seconde, je vous ai vu, lorsque vous lisiez, etc. […] On le met encore pour non, dans les phrases interrogatives, et l’on ne peut jamais se servir de pas. = Lirez-vous ces vers ?

30. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre III. du choix du sujet. » pp. 38-47

Un auteur n’écrit que pour être lu ; par là même il contracte une dette envers celui qui prend la peine de le lire, et il n’a qu’un moyen de s’acquitter, c’est de lui offrir un sujet qui puisse l’amuser, l’instruire ou le toucher, qui parle à son imagination, à son intelligence ou à son cœur. […] C’est qu’en effet on lut ces ouvrages d’un bout à l’autre avec une ardeur fiévreuse, en passant toutefois presque toujours par-dessus tout ce qui ne satisfaisait pas directement la curiosité ; mais le livre fini, nul ne s’avisait d’y revenir. […] Et, d’autre part, j’ai lu tel article de journal, où l’auteur, resserré dans les mesquines proportions des trois colonnes quotidiennes, étranglait une pensée qui eût mérité les développements de l’in-8°.

31. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

Quant à moi, si j’avais suivi ma première vocation, et que je n’eusse ni lu ni écrit, j’en aurais sans doute été plus heureux. […] Joubert a dit avec une dureté trop cruelle et vraiment injuste : « Quand on a lu Buffon on se croit savant. On se croit vertueux quand on a lu Rousseau : on n’est pourtant pour cela ni l’un ni l’autre. […] Dans le sermon de Bossuet sur la mort, je lis ces admirables pensées : « Quoi ! […] Un jour ou l’autre il frappe à notre porte, il s’assied au foyer désert ou rempli, et d’un de ses regards jeté sur notre cœur, il en tire cette larme unique où nous lisons ce qu’il est.

32. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Le hasard fait que je lui lis mon ouvrage, il l’écoute. Est-il lu, il me parle du sien. […] Avez-vous lu cet éloge d’Hélène qui est si célèbre ? […] Oui, je l’ai lu autrefois. […] Despréaux que d’avoir été commentés par vous, et lus par Charles XII.

33. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Je lis cet éloge éloquent Que Thomas a fait savamment Des dames de Rome et d’Athène ; On me dit : « Partez promptement, Venez sur les bords de la Seine, Et vous en direz tout autant Avec moins d’esprit et de peine. » Ainsi du monde détrompé, Tout m’en parle, tout m’y ramène. […] Ayons le cœur et l’esprit hospitaliers. » Je lis dans La Bruyère : « Appellerai-je homme d’esprit celui qui, borné et renfermé dans quelque art, ou même dans une certaine science qu’il exerce dans une grande perfection, ne montre hors de là ni jugement, ni mémoire, ni vivacité, ni mœurs, ni conduite ; qui ne m’entend pas, qui ne pense point, qui s’énonce mal ; un musicien, par exemple, qui, après m’avoir comme enchanté par ses accords, semble s’être remis avec son luth dans un même étui, on n’être plus, sans cet instrument, qu’une machine démontée, à qui il manque quelque chose, et dont il n’est plus permis de rien attendre ?  […] Je lis dans M. […] Je lis dans M. […] J’en lis qui sont du Nord et qui sont du Midi… 2.

34. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre IV. » pp. 78-81

., et de lire : Τὸ μὲν οὖν ἐπɩσϰοπɛĩν παρέχɛɩ ἢδη ἡ τραγῳδία, τοĩς ɛìδόσɩ ίϰανῶῶς ἢ οὐ αὐτὸ τɛ ϰαθ’ αὐτὸ ϰρĩναɩ ϰαì προς τὰ θέατρα, ἄλλος λόγος, ce qu’il traduit par : « Spectandi quidem facultatem jam præbet tragœdia, utrum iis qui satis sciant nec ne ipsum perse respectuque theatri judicare, nihil attinet. » Nous traduisons simplement le texte des mss. peu modifié, sans affirmer qu’il ait précisément le sens profond que lui prête De Raumer dans son Mémoire sur la Poétique d’Aristote (Berlin, 1829). […] Etiam a dictione ridicula sero liberata (tragœdia) magnificentior evasit. » Même après avoir lu les raisonnements dont il appuie cette conjecture, il faut beaucoup de complaisance pour reconnaître avec lui dans le texte d’Aristote une allusion aux trilogies tragiques d’Eschyle, et une confirmation du témoignage de Suidas au mot Σοφοϰλῆς. […] On lirait plus volontiers ἑρμηνείας.

35. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre IV. Des Ouvrages Didactiques. »

Il faut que, pour bien comprendre ce qui est dit au commencement d’un ouvrage didactique, on ne soit pas obligé de le lire et de l’étudier tout entier. […] Au reste, en disant que la critique doit être judicieuse, j’ai voulu dire aussi qu’elle doit être réfléchie ; c’est-à-dire, que celui qui veut juger une production littéraire ne saurait la lire et l’examiner avec une attention trop scrupuleuse. […] Cet ouvrage et celui de Cicéron, bien dignes de servir à jamais de modèles en ce genre, doivent être sans cesse lus et médités par tous ceux qui se destinent à courir la carrière de l’éloquence. […] Le sage et judicieux Rollin, après avoir lu cet excellent ouvrage, dit que s’il avait pu le connaître lorsqu’il travaillait à son Traité des études, la plume lui serait tombée des mains.

36. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Préface de la première édition » pp. -

On pourrait d’ailleurs, dans ce cas, mettre le Traité de la poésie entre les mains des élèves comme livre de lecture : ce qui serait d’autant plus facile à faire que cet ouvrage est, au dire de beaucoup de juges compétents, agréable à lire. […] De nos jours, dit-il, on est inondé de classiques, qui ne sont à vrai dire que des nomenclatures : l’élève n’en a pas plutôt lu un paragraphe, que déjà il bâille, l’ennui le saisit, et il est dégoûté du livre et de la science. — D’ailleurs, toutes les questions n’ont pas une égale importance ; et nous avons nous-même pris soin d’en indiquer un certain nombre que l’on peut se contenter de faire lire attentivement.

37. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Le Tasse et l’Arioste1 vous rendront plus de services que moi, et la lecture de nos meilleurs poëtes vaut mieux que toutes les leçons ; mais puisque vous daignez de si loin me consulter, je vous invite à ne lire que les ouvrages qui sont depuis longtemps en possession des suffrages du public, et dont la réputation n’est point équivoque2 : il y en a peu, mais on profite bien davantage en les lisant3, qu’avec tous les mauvais petits livres dont nous sommes inondés. […] Ce n’est point une étude ; il n’en coûte aucune peine de lire ce qui est bon, et de ne lire que cela. […] Le barbare Sylla, le crapuleux Antoine, l’imbécile Lépide lisaient peu Platon et Sophocle ; et pour ce tyran sans courage, Octave, surnommé si lâchement Auguste, il ne fut un détestable assassin que dans le temps où il fut privé de la société des gens de lettres. […] Ce qui fait et fera toujours de ce monde une vallée de larmes, c’est l’insatiable cupidité et l’indomptable orgueil des hommes, depuis Thamas Kouli-Khân, qui ne savait pas lire, jusqu’à un commis de la douane, qui ne sait que chiffrer. […] Je ne peux plus lire ni dans mon Virgile, ni dans mon Horace, ni dans mon La Fontaine.

38. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nicole, 1625-1695 » pp. 72-75

« Je les lis, disait Mme de Sévigné, avec un plaisir qui m’enlève : il faudrait en faire du bouillon pour l’avaler. » Elle ajoutait même : « C’est de la même étoffe que Pascal. » C’était aller trop loin. […] Il faut le lire avec un désir de pratique. » Je lis chez le même moraliste : « Un homme qui ne montre aucun défaut est un sot ou un hypocrite dont il faut se méfier.

39. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Prosper Mérimée. Né en 1803. » pp. 558-565

Lisez Colomba, son chef-d’œuvre ; vous y verrez régner une sorte de fatalité morale, qui rappelle le théâtre antique. […] Nous avons lu Hérodote et Thucydide lambeau par lambeau, comme on lit maintenant un roman feuilleton, oubliant le chapitre de la veille, et comprenant à moitié celui que nous avions sous les yeux. […] Lisez les scènes qui suivent, dans la traduction de M. […] Je lis ailleurs dans M.

40. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

Pour s’instruire d’exemple, en dépit de l’envie, Il lira seulement l’histoire de ma vie. […] Oui, hier, il me fut lu dans une compagnie. […] On peut lire, à ce sujet, la savante dissertation publiée par M. […] Molière, dans le Misanthrope, dit en parlant d’un sonnet : Oui, hier, il me fut lu dans une compagnie. […] Il n’est point de père qui ne doive faire lire cette belle scène à ses enfants ».

41. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

Dès l’enfance, il lisait plume en main, avec réflexion, cherchant, dit-il, l’esprit des choses : la vocation parlait déjà. […] S’il m’est permis de prédire la fortune de mon ouvrage3, il sera plus approuvé que lu : de pareilles lectures peuvent être un plaisir, elles ne sont jamais un amusement. […] Bien des gens me font de pareilles questions ; mais vous voyez bien que je n’irai pas lire tous ces livres pour les satisfaire ; j’ai mon bibliothécaire qui vous renseignera peut-être ; car il s’occupe nuit et jour à déchiffrer tout ce que vous voyez là. […] Comparer dans La Bruyère Arias ou le parleur impertinent, qui a tout vu, tout lu, et aime mieux mentir que de se taire ou paraître ignorer quelque chose. […] Il semble aussi qu’on lise son compatriote Montaigne.

42. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

Si l’on parle, c’est qu’on veut se faire écouter ; si l’on écrit, c’est qu’on veut se faire lire. […] Il ne suffit pas de bien fixer le point à établir, il faut se demander aussi comment on parviendra, dès le principe, à se faire lire ou écouter. […] Bienveillant : par égard, soit pour l’auteur, soit pour la matière, pour la moralité, les talents, la position de l’un, la grandeur, l’intérêt, la nouveauté de l’autre, il aura, avant tout, le désir et la volonté de lire ou d’écouter. […] Attentif : il écoutera ou lira avec suite et intérêt, sans non-chalance, sans distraction. […] Sans être aussi déplacé, le début ne serait-il que disparate, il serait déjà blâmable, car il abuse le lecteur sur le caractère général, sur l’allure réelle de l’écrit qu’il va lire.

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