Une seconde non moins essentielle, pour le cas où la métaphore prend ses termes de rapport dans un ordre unique, c’est que la métaphore compare, et que la catachrèse imite. […] La Catachrèse imite, étend ou fait abus, Par elle tes mots sont détournés de leurs buts. […] C’est une espèce de défi de nier ce qu’on dit ; il n’y a rien qui imite mieux la passion que cette manière vive de se proposer des questions. […] Le redoublement des consonnes (c. s.) imite le sifflement des serpents. […] Comme on l’a vu : r, en roulant dans la bouche, imite le fracas ; s c, peignent le sifflement.
Il est probable qu’on chercha, autant qu’il était possible, à imiter par le son la nature et les qualités de la chose qu’on voulait nommer. […] J’imite sa pudeur, et fuis votre présence, Pour n’être pas forcée à rompre le silence. […] Condillac cite cet exemple dans son ouvrage, en recommandant de ne point l’imiter. […] Les mouvements des liras et des mains servent à indiquer le temps, le nombre, les lieux, les personnes, etc, ou à imiter par des signes l’objet même dont on parle, ou enfin à exprimer les sentiments dont l’orateur est agité. […] Sanlecque, a résumé, dans les vers suivants, les principaux défauts à éviter : Surtout n’imitez pas cet homme ridicule, Dont le bras nonchalant fait toujours Je pendule.
Lafontaine a pleinement résolu les deux problèmes : après ses vers si faciles et si harmonieux, il n’a plus été permis de songer à un autre langage ; et quoique resté inimitable sous ce point de vue comme sous tant d’autres, il a bien fallu l’imiter au moins pour le rhythme et la mesure. […] Mais plus puissante que la peinture, votre parole imitera les sons, fera changer les objets de place, reproduira la succession des mouvements, exprimera les élans du cœur, et révélera les faits les plus intimes de la pensée. […] Si les circonstances sont de nature à les modifier, ce changement sera amené avec adresse et vraisemblance ; 6° enfin, vous devez raconter des choses morales et imiter la belle nature.
Il faut de préférence, dire avec l’abbé Maury que « Bourdaloue a été un des plus beaux ouvrages de Bossuet », qu’il a su imiter à la manière des grands esprits, sans se dépouiller de sa propre originalité. […] Il y a plus dans le premier de ce que l’on admire et de ce que l’on doit même imiter ; il y a plus dans le second de ce que l’on reconnaît dans les autres, ou de ce que l’on éprouve dans soi-même. […] Il semble que l’un imite Sophocle et que l’autre doit plus à Euripide209. […] Enfant de saint Louis252, imitez votre père ; soyez, comme lui, doux, humain, accessible, affable, compatissant et libéral. […] Le goût manquait partout : la poésie elle-même, malgré ses Marot et ses Regnier, marchait encore sans règles et au hasard ; les grâces de ces deux auteurs appartiennent à la nature, qui est de tous les siècles plutôt qu’au leur ; et le chaos où Ronsard, qui ne put imiter l’un ni devenir le modèle de l’autre, la replongea, montre que leurs ouvrages ne furent que comme d’heureux intervalles qui échappèrent à un siècle malade et généralement gâté.
Orso l’imita aussitôt.
J’y vois beaucoup de luxe imité de luxe d’autrui, et qui n’a même pas l’originalité d’un caprice personnel satisfait ; j’y vois des hommes d’âge mûr qui s’entourent de joujoux, et qui, moins heureux que leurs enfants, ne peuvent pas les casser quand ils s’en dégoûtent.
On continua pourtant d’imiter les formes et les expressions de l’antique poésie ; on laissa à cette imitation dégénérée le nom de poésie lyrique ; les poètes répétèrent souvent : Je chante, et parlèrent toujours des accords de la lyre, en travaillant péniblement leurs vers dans le silence du cabinet.
À mesure qu’ils étendirent leurs conquêtes, ils ne surent que piller les monuments des arts, sans jamais savoir les imiter.
Que si mon ouvrage m’ayant assez plu, je vous en fais voir ici le modèle, ce n’est pas, pour cela, que je veuille conseiller à personne de l’imiter.
Ici il veut imiter un désert : il y fait transporter des roches énormes et couvrir le sol de sable, de pierres. […] Son frère, au lieu d’imiter cet exemple, ne pense point à son arbre ; il perd son temps à mille divertissements frivoles. […] Les gardes, espérant qu’il va les imiter, le laissent faire. […] Quand Dioctétien abdiqua, en 305, Maximien imita son exemple, mais à contre-cœur. […] Il est utile de donner par cet exemple sévère un avertissement aux rois qui seraient tentés d’imiter ce tyran.
Sa cavalerie enfin lâcha prise la première et tourna bride ; son exemple fut rapidement imité pur toutes les légions. […] Saint-Cloud, je t’aperçois ; j’ai vu loin de tes rives S’enfuir sous les roseaux tes naïades plaintives ; J’imite leur exemple, et je fuis devant toi : L’air de la servitude est trop pesant pour moi. […] Le Paon Si l’empire appartenait à la beauté et non à la force, le paon serait, sans contredit, le roi des oiseaux ; il n’en est point sur qui la nature ait versé ses trésors avec plus de profusion : la taille grande, le port imposant, la démarche fière, la figure noble, les proportions du corps élégantes et sveltes, tout ce qui annonce un être de distinction lui a été donné ; une aigrette mobile et légère, peinte des plus riches couleurs, orne sa tête, et l’élève sans la charger ; son incomparable plumage semble réunir tout ce qui flatte nos yeux dans le coloris tendre et frais des plus belles fleurs, tout ce qui les éblouit dans les reflets pétillants des pierreries, tout ce qui les étonne dans l’éclat majestueux de l’arc-en-ciel : non-seulement la nature a réuni sur le plumage du paon toutes les couleurs du ciel et de la terre pour en faire le chef-d’œuvre de sa magnificence, elle les a encore mêlées, assorties, nuancées, fondues de son inimitable pinceau, et en a fait un tableau unique, où elles tirent de leur mélange avec des nuances plus sombres et de leurs oppositions entre elles un nouveau lustre et des effets de lumière si sublimes que notre art ne peut ni les imiter ni les décrire. […] Qu’il choisisse, s’il veut, d’Auguste ou de Tibère ; Qu’il imite, s’il peut, Germanicus, mon père.
C’est alors que les impies Salmonées osent imiter le tonnerre de Dieu, et répondre par les foudres de la terre aux foudres du ciel ; c’est alors que les sacrilèges Antiochus n’adorent que leurs bras et leurs cœurs, et que les insolens Pharaon, enflés de leur puissance, s’écrient : C’est moi qui me suis fait moi-même ».
Imité d’Horace : « Quo semel est imbuta recens, servabit odorem testa diu. » « L’amphore gardera longtemps le parfum dont, toute fraîche, elle fut imbue. » Il se rapporte à vase : la forme est latine.
Il arrivait même a la poésie de se gâter pur l’érudition scholastique : Guillaume de Lorris imitait et traduisait déjà Ovide bien avant Octavien de Saint-Gelais (mort en 1502), qui, tout en accumulant rondeaux sur ballades, faisait aussi une traduction de l’Énéide, présentée à Louis XII en 1500. […] III) ; — Étienne Forcadel, de Béziers, poète mythologique, comme Marot en sa première manière, et, à sa suite, poète de Blasons ; François Habert, qui traita presque tous les mêmes sujets que Marot qui reçut de Henri II le titre de poète royal, et dont un recueil de fables lues et imitées par La Fontaine doit sauver le nom ce l’oubli avec ceux de Heudent et de Guéroult, fabulistes comme lui ; — Roger de Collerye, qui, comme Marot, sut parler gaiement de « Plate bourse » et popularisa le nom de Roger Bon Temps, qu’il se donnait ; — Victor Brodeau, que Marot appelait son fils ; — le sieur de La Borderie, qu’il appelait son mignon ; — Bonaventure des Périers (mort vers 1544), qui fut comme lui valet de chambre de Marguerite, qui eut quelquefois de la grâce dans ses vers (voyez infra, Poés. […] On imitait impartialement l’une et l’autre. […] À côté d’eux, mais à part, il faut nommer ensemble ceux que j’appellerai les « Ménippéens », bourgeois de Paris, de naissance ou d’adoption, tous, qui avocat, qui jurisconsulte, qui professeur, tous érudits et poètes a leurs heures, quelque peu amis de la gaillardise en prose et en vers, du sel attique et du sel gaulois, tenant, pour Ronsard sans renier Marot en poésie, sans tenir pour la Digue en religion ; — c’est Nicolas Rapin (mort en 1608), homme de robe, de plume et d’épée, avocat, un des braves d’Ivry, puis prévôt de la connétablie de France, qui traduisait ou imitait Horace, qui lit une ode sur la mort de Ronsard et reçut la dédicace de la satire de Régnier contre Malherbe ; — C’est Gilles Durant, sieur de la Bergerie (mort en 1615), qui fit force sonnets et chansons, traduisit des psaumes, et dont l’écrin de la Ménippée nous garde la complainte à Mademoiselle ma Commère sur le trépas de son âne ; — c’est Jean Passerat (mort en 1602), l’éminent latiniste du collège de France, ami de la vigne et de la poésie, fin chansonnier des Pastoureaux et Pastourelles, vert et vigoureux satiriste des étrangers, Espagnols catholiques ou reîtres huguenots. […] La prose narrative et descriptive de ses Bergeries (1rejournée, 1565 ; 2e journée, 1571) est un fond sur lequel se détachent, au milieu de séries de sonnets, des chants, des odes, des prières, des stances imitées des Écritures, comme en écriront Desportes et Malherbe, plus tard J.
Probablement ce berger Daphnis, né avec une imagination vive, occupa son loisir à composer, sur son état et sur les objets champêtres, des chansons, qui, en lui attirant l’admiration de ses semblables, firent naître en eux, le désir de l’imiter, et de se donner même réciproquement de ces espèces de défis poétiques. […] Celles de Moschus ont été imitées en vers par Poinsinet de Sivry. […] Boileau les a aussi quelquefois violées : il a pris plaisir à tourner en ridicule l’indigence de quelques écrivains médiocres de son temps ; et en cela il ne doit pas être imité. […] Dans l’ode sacrée, il soutient dignement le caractère de l’éloquence du prophète qu’il imite.