Ses écrits portent les titres de Maximes, Caractères, Méditations, Introduction à la connaissance de l’esprit humain. […] L’on ne mesure bien, d’ailleurs, la force et l’étendue de l’esprit et du cœur humains que dans ces siècles fortunés ; la liberté découvre, jusque dans l’excès du crime, la vraie grandeur de notre âme ; là, brille en pleine lumière la force de la nature ; là, paraît la vertu sans bornes, le plaisir sans infamie, l’esprit sans affectation, la hauteur sans vanité, le vice sans bassesse et sans déguisement. […] « Je vais lire vos Portraits, lui écrivait Voltaire ; si jamais je veux faire celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. » Vauvenargues disait ailleurs : « On doit se consoler de n’avoir pas les grands talents, comme on se console de n’avoir pas les grandes places : on peut être au-dessus de l’un et de l’autre par le cœur. » Citons encore de lui quelques pensées détachées : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » « Les orages de la jeunesse sont environnés de jours brillants. » « Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. » « La servitude abaisse l’homme jusqu’à s’en faire aimer. » « La liberté est incompatible avec la faiblesse. » « Le fruit du travail est le plus doux plaisir. » « C’est un grand signe de médiocrité que de louer toujours modérément. » « Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rend plus généreux, plus compatissant, plus humain, qu’elle vous soit chère. » « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil d’hiver. » « Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage. » 1.
Le goût n’est point lié aux progrès des sciences ou à l’étendue des connaissances humaines ; il est tout entier dans le sentiment. […] Pour y réussir, il faut deux choses : une connaissance parfaite du cœur humain, et la science de la politique ou du gouvernement. […] Le célèbre Traité sur l’entendement humain, par M. […] Bacon regarde notre goût pour les histoires fictives comme une preuve de la grandeur et de la dignité de l’esprit humain. […] La nature humaine s’y montrait à découvert, et les hommes n’avaient pas encore appris l’art de se cacher aux hommes sous un extérieur emprunté.
Ses écrits portent les titres de Maximes, Caractères, Méditations, Introduction à la connaissance de l’esprit humain. […] Cette préoccupation si profonde des souffrances individuelles et surtout cet accent si pénétré, si peu déclamatoire étaient rares au xvii e siècle, où les écrivains se souciaient plus de la destinée du genre humain que de celle de l’individu.
L’esprit humain qui puise les germes de ses productions dans les connaissances acquises par l’éducation, peut les féconder par la méditation, s’il imite la nature dans sa marche lente et son travail continu sur un plan bien conçu et graduellement développé ; ce n’est qu’à cette condition qu’il établira, sur des fondements inébranlables, des monuments immortels. […] Mais deux règles sont à observer ici : 1° C’est de peindre les personnages, de les faire agir et parler suivant les lois de la nature et les caprices du cœur humain. 2° C’est de donner aux objets cette couleur locale qui les rapproche de l’histoire. […] Mais l’intérêt, ce grand et détestable mobile des actions humaines, est la cause souvent de la dégradation de leur talent. […] Pour trouver le pathétique, il faut descendre dans son propre cœur et étudier avec ce maître par excellence les caprices des passions humaines.
Lorsqu’on vient annoncer la vérité aux hommes, les presser d’obéir à la loi de l’amour, qui ordonne de renoncer à soi pour se fondre en autrui, et y retrouver une vie plus puissante et plus abondante, on rencontre d’abord toutes les passions humaines, qui se soulèvent contre cette loi et la repoussent violemment. […] Pour moi, voici toute ma politique : — Je crois en Dieu, en sa Providence, et j’espère dans l’avenir qu’elle destine au genre humain. […] L’individu et la société sont responsables avant tout de l’héritage céleste qui doit être transmis aux générations successives de la race humaine. […] « On a beaucoup dit que la nature humaine tendait au bonheur : c’est là son instinct involontaire.
Les grands sont une espèce relativement au genre humain ; il établit d’abord que le plaisir est le premier piége tendu par le démon aux hommes en général. […] Mais ce premier écueil de la vie humaine devient comme l’écueil privilégié de la vie des grands…, etc. » On voit que ce lieu rentre, sous plusieurs rapports, dans l’énumération. […] On conçoit quelle abondante variété de développements découle de l’examen des causes premières ou secondes, essentielles ou accidentelles, intimes ou extérieures, brutes ou intelligentes, de tout ce qui peut être l’objet de la pensée humaine.
Cependant, l’éloquence de la chaire ne s’appuie pas exclusivement sur l’autorité divine, elle emploie aussi les armes humaines du raisonnement, selon les auditeurs auxquels elle s’adresse ; elle sait aussi prouver que les vérités qu’elle enseigne ne sont pas contraires aux lois de la raison ; mais elle nous met en garde contre les erreurs et les faiblesses de l’esprit ; là où la raison trébuche, l’autorité étend sa main bienfaisante pour la soutenir. […] Ce discours a un double but : il fait ressortir la grandeur, les talents, les vertus du personnage qu’il célèbre, en le proposant à l’admiration et à l’imitation des auditeurs ; puis il montre la mort triomphant de la grandeur et de la gloire, et l’orgueil humain confondu devant l’égalité de la tombe. Par ce double enseignement, à la fois religieux et moral, l’oraison funèbre évite de tomber dans l’écueil d’une profane et plate adulation ; elle montre la main de la Providence dans tous les évènements humains, et rapporte toute la vie du personnage à la nécessité de pratiquer la piété et la vertu.
Lorsque l’Ame est tranquille, toutes les parties du visage1sont dans un état de repos ; leur proportion, leur union, leur ensemble, marquent encore assez la douce harmonie des pensées, et répondent au calme de l’intérieur ; mais lorsque l’âme est agitée, la face humaine devient un tableau vivant où les passions sont rendues avec autant de délicatesse que d’énergie, où chaque mouvement de l’âme est exprimé par un trait, chaque action par un caractère, dont l’impression vive et prompte devance la volonté, nous décèle, et rend au dehors par des signes pathétiques2 les images de nos secrètes agitations. […] A cette noble fierté, tempérée d’une tristesse sévère, il ne manque que le rayon, l’humble désir qui appelle la bénédiction d’en haut sur l’humaine sueur et qui fait demander le pain quotidien. […] Avons-nous besoin de dire que Buffon ne fait pas ici un portrait, mais idéalise le type même de l’espèce humaine ?
Recevant d’âge en âge une nouvelle vie, Ainsi s’en vont à Dieu les gloires d’autrefois ; Ainsi le vaste écho de la voix du génie Devient du genre humain l’universelle voix… Et de toi, morte hier, de toi, pauvre Marie, Au fond d’une chapelle il nous reste une croix ! […] Connaissais tu si peu l’ingratitude humaine ? […] Ce que l’homme ici-bas appelle le génie, C’est le besoin d’aimer2 ; hors de là tout est vain ; Et puisque tôt ou tard l’amour humain s’oublie, Il est d’une grande âme et d’un heureux destin D’expirer comme toi pour un amour divin3 !
Les païens, et même dans le christianisme, les libertins l’ont réprouvée comme une loi trop sublime et trop au-dessus de l’humanité : et plusieurs, au contraire, parmi les hérétiques, l’ont attaquée comme une loi trop naturelle et trop humaine. […] Ce Jésuite connaissait parfaitement le monde et le cœur humain. […] En peignant le cœur humain, dont il avait une connaissance si profonde, il montre les différents ressorts qui le font mouvoir : il nous découvre nous-mêmes à nous-mêmes, et nous expose, pour ainsi dire, à nos propres regards avec toutes nos faiblesses, nos penchants, nos erreurs et nos vices. […] La sainteté de la chaire chrétienne ne permet pas à l’Orateur de se borner, dans l’éloge des Héros, à des fins purement humaines. […] Chargé du soin de vous instruire, et l’exciter votre piété, par la vue même les grandeurs humaines et du terme fatal où elles aboutissent, je viens satisfaire à ce que vous attendiez de moi.
Elle n’est ennemie ni des sciences ni des arts ; au contraire, elle les aide de ses lumières ; elle grandit en tout l’horizon de l’esprit humain. […] Nous y parlons de la poésie, non pas seulement comme forme littéraire, mais aussi comme expression suprême de la création divine et des créations humaines dans tous les arts ; nous la montrons partout, comme l’auréole de l’inspiration et de l’imagination dans le génie et le talent.
Aux peintures généreuses du cœur humain, il sut allier le sens historique. […] Nulle parole humaine n’eut plus d’autorité. […] Les années finissent si tôt, et les prospérités humaines valent si peu, qu’elles ne méritent pas nos premiers vœux, ni notre principale attention. […] Nul n’a représenté par de plus touchantes et de plus pathétiques analyses les faiblesses et les orages du cœur humain : il excite la pitié, la sympathie, l’attendrissement. […] Ce fut l’événement décisif de sa vie ; car son entrée dans une maison princière lui permit d’assister de près au spectacle de la comédie humaine, où figuraient les originaux de la cour et de la ville.
Il a peint avec une vérité saisissante tous les types de la physionomie humaine ; il met en scène la cour, la ville et la province, bourgeois et nobles, marchands, médecins et hommes de lois, pédants, fâcheux, fanfarons, fripons, servantes, valets et maîtres, sans compter tous les ridicules et tous les vices, bel esprit, faux savoir, avarice, prodigalité, faiblesse, égoïsme, entêtement, malveillance, vanité, sottise, jalousie, libertinage, misanthropie, irréligion, hypocrisie, en un mot, son siècle, et avec lui l’humanité tout entière. […] Cela fait rire, et pourtant que de vérité humaine sous cette verve ! […] Loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a posséder tout celui qu’on peut avoir et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ces sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles ; élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent. […] Tout bien pesé, il faut être ennemi de sa patrie pour condamner nos spectacles, chefs-d’œuvre de l’esprit humain. » 1.
Il commande au soleil d'animer la nature, Et la lumière est un don de ses mains ; Mais sa loi sainte, sa loi pure Est le plus riche don qu'il ait fait aux humains. […] L'homme puissant est humain, sensible, ou dur, intraitable ; il est juste, ou il se met au-dessus des lois. […] Si Minerve même, ici-bas, Venait enseigner la sagesse, Il faudrait bien que la déesse A son profond savoir joignit quelques appas : Le genre humain est sourd quand on ne lui plaît pas. […] « Mais l'esprit humain produira peu s'il n'a pas été fécondé par l'étude, l'expérience ou la méditation. […] Le roman est une fiction ingénieuse qui offre un tableau de la vie humaine.
Les hommes ont devant eux des terres immenses qui sont vides et incultes ; et ils renversent le genre humain pour un coin de cette terre si négligée. […] Les rochers qui montrent leur cime escarpée soutiennent la terre des montagnes, comme les os du corps humain en soutiennent les chairs. […] D’ailleurs, c’est par un effet de la providence divine que nulle terre ne porte tout ce qui sert à la vie humaine ; car le besoin invite les hommes au commerce pour se donner mutuellement ce qui leur manque, et ce besoin est le lien naturel de la société entre les nations : autrement tous les peuples du monde seraient réduits à une seule sorte d’habits et d’aliments ; rien ne les inviterait à se connaître et à s’entrevoir.