Les jeunes gens corrompus sont inhumains et cruels J’ai toujours vu que les jeunes gens corrompus de bonne heure étaient inhumains et cruels ; leur imagination, pleine d’un seul objet, se refusait à tout le reste ; ils ne connaissaient ni pitié, ni miséricorde ; ils auraient sacrifié père et mère, et l’univers entier, au moindre de leurs plaisirs1 Au contraire, un jeune homme, élevé dans une heureuse simplicité, est porté par les premiers mouvements de la nature vers les passions tendres et affectueuses : son cœur compatissant s’émeut sur les peines de ses semblables ; il tressaille d’aise quand il revoit son camarade ; ses bras savant trouver des étreintes caressantes, ses yeux savent verses des larmes2 d’attendrissement ; il est sensible à la honte de déplaire, au regret d’avoir offensé. […] Sur le penchant de quelque agréable colline bien ombragée, j’aurais une petite maison rustique, une maison blanche avec des contrevents verts5 ; et, quoiqu’une couverture de chaume soit en toute saison la meilleure, je préférerais magnifiquement6, non la triste ardoise, mais la tuile, parce qu’elle a l’air plus propre et plus gaie7 que le chaume, qu’on ne couvre pas autrement les maisons dans mon pays, et que cela me rappellerait un peu l’heureux temps de ma jeunesse8 J’aurais pour cour9une basse-cour, et pour écurie, une étable avec des vaches, afin d’avoir du laitage que j’aime beaucoup. […] Je n’ai cessé d’être heureux que quand j’ai cessé de me fier à vous. […] Voici un rêve de bonheur qui vaut bien celui de Rousseau ; je le rencontre dans Furetière : « Que l’on serait heureux si l’on pouvait avoir des livres choisir, et des amis plus encore !
Comptez-moi, quand je ne serai plus, au nombre des heureux ; et faites voir, par vos actions, comme par vos discours, que vous croyez que je le suis en effet. […] J’ai vu mes amis heureux par mes bienfaits, et mes ennemis assujettis par mes armes. […] La postérité la plus reculée pourrait-elle, après cela, ne pas me regarder comme parfaitement heureux ? […] Vous jouirez de tous les biens qui peuvent rendre les hommes heureux, et vous en jouirez sans trouble. […] Il me faudra donc mander à mon père, qui ne reçoit de tous côtés que d’heureuses nouvelles, que ses nouveaux soldats, que ses vétérans, sont insatiables d’argent et de congés ?
Chaque découverte que fait successivement ce petit être, est exprimée avec clarté ; et, à mesure que le lecteur avance dans ce tableau si naturel, il saisit le plus heureux accord entre la pensée et l’expression qui l’interprète. […] Harmonie des phrases Comme ce sont les mots qui constituent les phrases, il faut choisir les plus agréables à l’oreille, ceux qui ont une certaine étendue, ceux qui présentent une succession de sons divers ou qui offrent un heureux mélange de voyelles longues et de voyelles brèves. […] Si nous ouvrons l’admirable oraison funèbre de Turenne, nous découvrirons à chaque pas combien l’accord heureux du style avec la pensée ajoute de prix à ce discours sublime. […] Il envoie des Français défendre la chrétienté contre les Turcs, en Allemagne et dans l’île de Crête ; il est protecteur avant d’être conquérant ; et, lorsque l’ambition l’entraîne à la guerre, ses armes heureuses et rapides paraissent justes à la France éblouie. […] Florian a fait un heureux mélange de ces deux styles dans le Combat du Taureau.
Que de ressources nouvelles nous vous apportons, ô Athéniens, et que nous allons vous rendre heureux ! […] Oubliez-vous que la saine politique consiste à faire tout ce qui peut rendre un peuple heureux et puissant, sans violer la justice ? […] Je me contenterai de vous les résumer à ma manière, en vous en donnant l’esprit et la substance ; heureux si j’ai pu vous engager à les lire. […] Elle a des maladresses heureuses et des témérités triomphantes : notre émotion justifie son désordre et nos larmes sont complices de ses transports. […] Heureux qui l’a reçue de la nature pleine et sonore et qui n’a pas besoin, comme Démosthène, de s’en créer une artificielle !
Quelque soin que vous preniez pour éviter les mauvaises compagnies, comme je suis persuadé que vous le ferez, et quelque attention que vous ayez dans le choix de vos amis, il sera presque impossible que vous soyez jamais assez heureux pour ne rencontrer jamais quelqu’un de ces prétendus esprits forts qui blasphèment ce qu’ils ignorent. […] Heureux s’il croyait l’être, et malheureux souvent parce qu’il veut être trop heureux, il n’envisage jamais son état dans son véritable point de vue.
Il faut en ce sens que la métaphore soit heureuse et juste. […] — Il faut aimer tout ce qui nous rend heureux. […] — Tout ce qui satisfait le cœur rend heureux. […] — Donc la vertu rend heureux. […] L’expression trop heureux est outrée.
Ce poète a, en effet, une grande douceur de style, un heureux choix de mots, une grande fécondité de pensées et de tournures champêtres ; mais il s’élève peu, et n’a pas beaucoup de variété dans ses compositions. […] Pyrrhus vivait heureux, s’il eût pu l’écouter ; Mais à l’ambition opposer la prudence, C’est aux prélats de cour prêcher la résidence. […] Là, rarement la Raison, la Justice, Ont amené les mortels vertueux ; L’Opinion, la Mode et le Caprice Ouvrent le temple et nomment les heureux. […] Condorcet plus heureux, libre dans sa prison, Échappait au supplice en buvant le poison. […] Nous sommes plus heureux pour les Latins.
Mais on y a remarqué des beautés piquantes et des détails heureux. […] Mais ce ne fut que par l’heureuse imitation de la pièce espagnole, qu’il eut la gloire de réformer la scène comique. […] On lui reproche avec raison de n’être pas souvent heureux dans ses dénouemens. […] Ainsi je ne puis pas desirer de lui ressembler, quelque heureux que paroisse le sort dont il jouit. […] Verra-t-on à l’autel votre heureuse famille ?
Les Martyrs (1809), épopée en prose, fidèle aux formes consacrées, nous montrent l’application souvent artificielle, mais parfois heureuse, de la poétique développée dans le Génie du christianisme. […] Heureux le favori des muses, qui, comme le cygne, a quitté la terre sans y laisser d’autres débris et d’autres souvenirs que quelques plumes de ses ailes1 ! […] Partant, dans ce bas monde, où personne ne jouit de rien, où on ne vit que d’espérance, celui-là sera le plus heureux qui aura l’espérance la plus belle et la plus assurée. Heureux donc mille et mille fois les justes et les gens de bien !
Dans nos rudes hameaux faits pour la liberté, Où jamais magister ne s’était implanté, Son foyer souriant fut la première école ; Elle y prenait l’enfance au miel de sa parole ; Et4 par elle, aujourd’hui, du maître à l’ouvrier, Tous, en ces champs heureux, savent lire et prier. […] Heureuses gens qui suent et qui chantent ! […] Les vertus rendent constamment heureux ceux qui les ont.
On ne peut donc que féliciter l’élève qui aura su comprendre et digérer un enseignement si complet et si solide, et nous ne doutons pas que les professeurs eux-mêmes ne soient heureux de profiter de l’expérience d’un collégue, qui met à leur disposition un aussi riche fond d’études personnelles. […] Monsieur le Vicaire général, Je viens d’examiner votre Cours de littérature, et je suis heureux de constater que vous avez réussi à faire un ouvrage complet et élémentaire. […] Monsieur le Vicaire général, Je suis heureux de pouvoir vous adresser mes félicitations les plus sincères relativement à la nouvelle édition de votre Cours de littérature.
Non-seulement nous voulons être heureux, nous voulons aussi le bonheur d’autrui ; et, quand ce bonheur ne coûte rien au nôtre, il l’augmente. […] Voulez-vous vivre heureux et sage ? […] Alors vous serez heureux malgré la fortune, et sage malgré les passions. […] Quant à moi, si j’avais suivi ma première vocation, et que je n’eusse ni lu ni écrit, j’en aurais sans doute été plus heureux. […] Il passe comme la jeunesse, comme la beauté, comme le talent, comme tout ce qui est heureux.
Je me trouve heureuse d’avoir commencé ma journée par vous. […] Que vous étiez heureux d’avoir toutes ces lumières ! […] A l’autre bord, il est une contrée plus heureuse ; un lieu de délices vous y attend. […] On recommence si l’on veut le lendemain ; c’est une chaîne d’heureux jours. […] Heureux dans ce moment, les peuples à qui des sages ont révélé les mystères de la nature !
Je ne sais quoi de divin coule sans cesse au travers de leur cœur, comme un torrent de la Divinité même qui s’unit à eux : ils voient, ils goûtent qu’ils sont heureux, et sentent qu’ils le seront toujours. […] Sans doute que le Dieu qui nous rend l’existence, À l’heureuse convalescence Pour de nouveaux plaisirs donne de nouveaux sens : À ses regards impatients Le chaos fuit ; tout naît ; la lumière commence ; Tout brille des feux du printemps. […] J’en ai joui plusieurs fois ; et je ne suis sorti de mon enchantement, que pour m’écrier : heureux les habitants de cette délicieuse contrée ! heureux de pouvoir à leur gré contempler tous les jours ce que la nature a de plus admirable, et ce qui peut le plus faire sentir à l’homme sa noblesse et sa dignité » ! […] Les arbres se desséchèrent ; et l’on vit disparaître pour toujours ces régions enchantées, plus heureuses de n’avoir plus de quoi corrompre leurs habitants, que d’avoir fourni à ces hommes abominables l’abondance et les délices. » L’exemple suivant est tiré de l’épître de Boileau sur le passage du Rhin b, par l’armée de Louis XIV.
Quelle différence entre ces deux tableaux, et comme le choix et l’arrangement des mots sont également vrais, également heureux dans l’un et dans l’autre ! […] Le citoyen le plus heureux, si sa patrie vient à tomber, tombe nécessairement avec elle ; tant qu’elle se soutient, il trouve dans le bonheur général les moyens de réparer ses propres disgrâces. […] » Il y aurait eu de la folie, sans doute, à prendre les armes, si, heureux d’ailleurs, le choix eût dépendu de vous ; mais, s’il ne vous restait qu’un parti à prendre, celui de céder et d’obéir, ou de combattre et de triompher de l’injustice, ne serait-on pas plus blâmable d’avoir fui le péril, que de l’avoir bravé ? […] tandis que je brille par la vivacité de l’âge, et que Nicias jouit de la réputation d’un guerrier heureux, servez-vous de l’impétuosité de l’un et de la sagesse de l’autre, et ne renoncez pas à l’entreprise que vous avez résolue, comme si elle présentait en effet des difficultés insurmontables ». […] » Les villes que nous allons attaquer sont puissantes, m’a-t-on dit ; indépendantes les unes des autres, elles n’aspirent point à une révolution pour secouer le joug de la servitude, et passer à un état plus heureux ; renfermées dans une seule île, et grecques pour la plupart, elles ne préféreront pas, sans doute, notre domination à leur liberté. — Ajoutez à ces premières considérations, ce qui donne à ces villes un avantage marqué sur nous : une cavalerie nombreuse ; du grain en abondance, qu’elles trouvent dans leurs pays, et qu’elles ne sont pas obligées de faire venir, comme nous, de très loin.