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24. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Disons qu’elle agit, s’il se peut, par la parole, plus qu’elle ne parle ; qu’elle ne donne pas seulement à ses ouvrages un visage, de la grâce et de la beauté, comme Phidias, mais un cœur, de la vie et du mouvement comme Dédale6. […] Un homme qui a vu et qui a écouté longtemps avec de l’attention et du dessein3, qui a fait diverses réflexions sur les vérités universelles, qui a considéré sérieusement les principes et les conclusions de chaque science, qui a fortifié son naturel de mille règles et de mille exemples, qui s’est nourri du suc et de la substance des bons livres ; un homme, dis-je, si plein, a bien de quoi débiter ; ayant tant de fonds et tant de matière de parler, il a de grands avantages quand il parle ; et personne ne peut trouver étrange que d’une infinité de hautes et de rares connaissances sortent et fleurissent les diverses grâces de ses paroles comme de leur tige et de leur racine. […] Ce n’était pas le flatteur et le parasite du peuple : c’était son censeur et son pédagogue1… Que ces grâces austères me plaisent ! […] Cette impunité apparente n’est ni grâce ni faveur.

25. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

On y voudrait aussi plus de grâce, de finesse ou de naturel1. […] Il est, je crois, difficile de mettre plus de grâce et de bonté dans la politesse : elle a même un genre d’affabilité qui ne permet pas d’oublier qu’elle est reine, et persuade toujours cependant qu’elle l’oublie. […] L’enthousiasme et les arts 3 Les hommes sans enthousiasme croient goûter des jouissances par les arts ; ils aiment l’élégance du luxe, ils veulent se connaître en musique et en peinture, afin d’en parler avec grâce, avec goût, et même avec ce ton de supériorité qui convient à l’homme du monde, lorsqu’il s’agit de l’imagination ou de la nature ; mais tous ces arides plaisirs, que sont-ils à côté du véritable enthousiasme ? […] Ne faut-il pas être chrétien pour pénétrer la physionomie des Vierges de Raphaël et du saint Jérôme du Dominiquin ; pour retrouver la même expression dans la grâce enchanteresse et dans le visage abattu, dans la jeunesse éclatante et dans les traits défigurés ; la même expression qui part de l’âme et traverse, comme un rayon céleste, l’aurore de la vie, ou les ténèbres de l’âge avancé ?

26. (1873) Principes de rhétorique française

Jaloux des grâces qui tombent à côté d’eux, il semble qu’on leur arrache celles qui se répandent sur les autres. […] Vous avez été leurs mères selon la grâce, depuis que leurs mères selon la nature les ont abandonnés. […] Ils sont préférés suivant qu’ils offrent l’avantage de donner à l’expression plus de clarté ou de précision, plus de force ou d’élégance, plus d’énergie ou de grâce, plus de netteté ou de profondeur. […] … Ce matin elle fleurissait, avec quelles grâces ! […] Tel est le mouvement d’Oreste à la fin de la tragédie d’Andromaque : Grâce au Dieu !

27. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IV. Du Beau et des Plaisirs du Goût. »

On l’applique à presque tous les objets qui flattent l’œil ou qui charment l’oreille ; aux grâces du style, à plusieurs dispositions de l’esprit, à des choses même qui sont l’objet des sciences purement abstraites. […] Les fleurs, par exemple, les arbres, les animaux, nous offrent à la fois la délicatesse des couleurs, la grâce des figures, souvent même le mouvement de l’objet. […] Virgile lui-même, quoique très capable de s’élever quand il tend au sublime, doit son plus grand mérite à la beauté et aux grâces, qui font le caractère spécial de ses ouvrages.

28. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Sainte-Beuve 1804-1870 » pp. 291-295

c’est sans doute aimer avant tout l’élégance, la grâce, le naturel, la vérité, la sensibilité, une passion touchante et charmante ; mais n’est-ce pas cependant aussi, sous ce type unique de perfection, laisser s’introduire dans son goût et dans son esprit de certaines beautés convenues et trop adoucies, de certaines mollesses et langueurs trop chères, de certaines délicatesses excessives, exclusives ? […] Aimer La Fontaine, c’est presque la même chose qu’aimer Molière ; c’est aimer la nature, toute la nature, la peinture naïve de l’humanité, une représentation de la grande comédie aux cent actes divers1, se déroulant, se découpant à nos yeux en mille petites scènes, avec des grâces et des nonchalances qui vont si bien au bonhomme, avec des faiblesses aussi et des laisser-aller2 qui ne se rencontrent jamais dans le simple et mâle génie, le maître des maîtres. […] Nous avons ouvert le cercueil avec Fontaine12 ; nous avons revu son visage non altéré ; une centaine de religieuses, plus brillantes de charité que les cierges qu’elles portaient dans leurs mains1, l’ont regardé, ce visage d’un père, à travers leurs pleurs ; les principales, en le descendant à la fosse, lui ont donné de saints baisers, et toutes ont chanté jusqu’à la fin la prière qui crie grâce pour les plus irrépréhensibles ; et puis, les jours suivants, dans le mois, dans l’année, les voilà qui se mettent à mourir, et les messieurs aussi2 ; ils meurent coup sur coup, frappés au cœur par cette mort de M. de Sacy, joyeux de le suivre, certains de le rejoindre, oui certains, grâce à l’humble et tremblant espoir du chrétien, et redisant volontiers, comme lui, d’une foi brûlante et soupirante : « O bienheureux purgatoire3 ! 

29. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

— Les comparaisons développent la pensée et lui donnent de la force ou de la grâce ; mais elles doivent être justes et faciles à saisir. […] Si quelquefois l'emuet final se brise sur une voyelle, si la période est terminée avec grâce, l'oreille éprouve un charme qui laisse une impression durable. […] Quelquefois les épithètes donnent de la grâce ou de l'harmonie à la phrase ; mais les bons écrivains sont avares d'épithètes. […] Son tour facile et vif, heureux négligemment, Respire l'abandon, la grâce, l'enjouement. […] ) L'ode anacréontique chante l'Amour et les Grâces.

30. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Mais encore, de grâce, quelle en est la marque générale ? […] Mais cette rapidité de discours a pourtant beaucoup de grâce. […] De grâce, un mot là-dessus. […] Mais la grâce n’est-elle pas arbitraire ? […] Les vers de ces pièces sont durs, obscurs, sans harmonie, sans grâce.

31. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VIII. Épître. »

Horace, dans une épitre à Auguste, développe d’excellents principes de littérature ; Boileau raconte le passage du Rhin sur le ton de l’épopée ; Gresset déroule toutes les grâces de son vers facile dans la description de sa Chartreuse. […] L’épitre familière prend un air de négligence et de liberté ; elle badine agréablement, elle sème partout la saillie, les traits d’esprit et la grâce.

32. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

S’il est un démon de grâce et d’esprit1, il a peu d’autorité morale ; la vérité même, il la traite en homme « qui pourrait s’en passer, et lui préfère la gloire2. ». […] Prince, dont le charmant esprit Avec tant de grâce m’attire, Si j’étais mort, comme on l’a dit, N’auriez-vous pas eu le crédit De m’arracher du sombre empire ? […] Sur mon destin, de grâce, instruisez-moi. […] À chacun son tour a m. françois de neufchateau4 Si vous brillez à votre aurore, Quand je m’éteins à mon couchant ; Si dans votre fertile champ Tant de fleurs s’empressent d’éclore, Lorsque mon terrain languissant Est dégarni des dons de Flore ; Si votre voix jeune et sonore Prélude d’un ton si touchant, Quand je fredonne à peine encore Les restes d’un lugubre chant ; Si des Grâces qu’en vain j’implore, Vous devenez l’heureux amant ; Et si ma vieillesse déplore La perte de cet art charmant Dont le dieu des vers vous honore : Tout cela peut m’humilier, Mais je n’y vois point de remède. […] Grâce à Voltaire, Ferney, simple village, dénué de tout, devint une petite cité riante et prospère.

33. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

Ce passage est tiré d’une épopée champêtre, qui rivalise avec Hermann et Dorothée par l’éloquence dramatique d’une inspiration simple et touchante, par la vigueur ou la grâce du coloris, et l’art d’ennoblir les plus simples détails de la vie rustique. […] Il s’en fait, par le mouvement, comme de grosses boules vertes roulant par milliers l’une sur l’autre avec une grâce infinie. […] Grâce à ses leçons et à son zèle.

34. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Le tyran le sait ; il est aussi loin de m’accorder la paix que je suis loin de demander grâce. […] Dans leur fureur, un d’eux blesse le pape au front, puis ils l’arrachent de sa messe inachevée, et l’entraînent, l’outrageant et le frappant, sans qu’il dise un seul mot, qu’il résiste, ou qu’il demande grâce, calme, intrépide, les yeux levés au ciel. […] Tu pares nos jardins d’une grâce nouvelle ; Tu rends le jour plus pur, et la terre plus belle. […] Souffrir et patienter sont souvent leurs seules ressources, et cette peine intérieure trace sa triste empreinte jusque sur leur figure, et ne leur laisse aucune des grâces dont la nature anime tous les êtres heureux. […]          De grâce, fais trêve à tes coups.

35. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

C’est ainsi que l’élocution achève l’ouvrage de l’invention et de la disposition, et donne à la composition la vie, la grâce et la force. […] Grâce à cette progression, on sentira un attrait plus puissant à mesure qu’on avancera dans la lecture de la description. […] Mille et mille grâces soient rendues à qui m’a envoyé un vent si aimable, si favorable, si délectable, si guérissable et toutes choses en able ! […] Les traits d’esprit admis dans une lettre ne doivent jamais dégénérer en pointes froides, en fades équivoques, en bons mots sans grâce et sans sel. […] Quelquefois, on obtient en louant avec finesse, et en faisant même entrevoir à celui à qui on demande qu’il a intérêt à rendre le service demandé ; d’autres fois, en faisant ressortir l’importance de la grâce demandée, et la reconnaissance qu’on en conservera.

36. (1839) Manuel pratique de rhétorique

L’orateur doit y montrer plus de grâce que de force, plus d’art que de nature ; tout annonce qu’il veut plaire plutôt qu’éclairer l’esprit et toucher le cœur. […] après avoir obtenu d’Annibal la grâce de mon fils, ne pourrais-je point obtenir de mon fils celle d’Annibal ? […] Quelquefois aussi ces figures ne sont que pour la variété ou la grâce. […] On reproche à Fléchier de l’avoir trop prodiguée, quoiqu’elle se présente toujours chez lui avec des grâces nouvelles. […] De quels yeux regardèrent-ils le jeune prince dont la victoire avait relevé la haute contenance, et à qui la clémence ajoutait de nouvelles grâces !

37. (1852) Précis de rhétorique

On les orne de toutes les grâces de l’élocution, et l’on a grand soin surtout de supprimer les mots or et donc, qui annoncent trop le raisonnement. […] Déguisez sous les grâces de l’élocution le syllogisme que vous avez cité tout à l’heure. […] Le style fleuri parle peu à la raison ; il s’occupe des grâces du langage avant tout, il multiplie les épithètes, il cadence les phrases. […] On ferait bien de rapporter à Dieu, le maître de toutes grâces, le mérite de la faveur qu’on a obtenue. […] Nul effet poétique, nulle grâce n’est clans cette césure produite forcément par l’enjambement.

38. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

Sans courir les hasards du caprice, il en a toutes les grâces. […] Quelles charmantes matinées que celles qu’on passerait, par un beau soleil, dans une allée bien sombre, au milieu de ce bruit des champs, immense, confus, et pourtant si harmonieux et si doux, à relire tantôt une tragédie de Racine, tantôt l’histoire des origines du monde, racontées par Bossuet avec une grâce si majestueuse ! […] On y trouve et on y a relevé avec bien de l’amertume quelques traits vaniteux dont la naïveté même est une grâce de plus ; on n’y trouve pas un sentiment mauvais ! […] Le style majestueux de l’orateur se détend et s’assouplit dans ces lettres avec une grâce merveilleuse.

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