Cet homme promis à la nature, demandé par les prophètes, attendu des nations, cet homme enfin, descendu du ciel, a chassé, a exterminé les dieux de la terre3. […] A Rome, vous4 marcherez sur des pierres qui ont été les dieux de César et de Pompée : vous considérerez les ruines de ces grands ouvrages dont la vieillesse est encore belle, et vous vous promènerez tous les jours parmi les histoires et les fables.
Bossuet, en parlant des siècles d’idolâtrie, a une expression sublime quand il dit : « Tout était dieu, exempté Dieu lui-même. » Citons, comme dernier exemple, ces vers de Racine, dont le dernier est sublime : J’ai vu l’impie adoré sur la terre : Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux Son front audacieux ; Il semblait à son gré gouverner le tonnerre, Foulait aux pieds ses ennemis vaincus : Je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus. […] Phèdre, parlant à Hippolyte de sa passion, lui dit : On ne voit point deux fois le rivage des morts, Seigneur : puisque Thésée a vu les sombres bords, En vain vous espérez qu’un dieu vous le renvoie ; Et l’avare Achéron ne lâche point sa proie. […] Dans Andromaque, Racine nous en donne un admirable exemple, lorsque Oreste, après avoir tué Pyrrhus pour plaire à Hermione, apprend que celle-ci vient de se poignarder pour ne pas survivre au roi d’Épire : Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance ! […] Borné dans sa nature, infini dans ses vœux, L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. […] Dieux !
Aussi emploie-t-elle un langage extraordinaire, qu’on a appelé le langage des dieux, et donne-t-elle à tous les objets qu’elle offre à nos regards l’empreinte d’une imagination brûlante, d’un génie de feu, mais toujours dirigé par le goût. […] : Chaque objet frappe, éveille et satisfait mes sens : Je reconnais les dieux au plaisir que je sens. […] Le monarque des dieux leur envoie une grue, Qui les croque, qui les tue. […] : Nous admirons le fier courage Du lion fumant de carnage, Symbole du dieu des combats. […] Dieux mortels, c’est vous qu’il appelle Il tient la balance éternelle Qui doit peser tons les humains.
« Enfin, au dieu nouveau qu’elle avait introduit, « Par les mains d’Athalie un temple fut construit. […] “Dieux ! […] Et vous, Dieux d’Élise mourante ! […] Dieux ! […] Oh Dieux !
Les païens avaient peut-être des poèmes sacrés destinés à célébrer les fêtes de leurs dieux ; mais ces chants nous sont à peu près inconnus. […] Pindare a toujours mêlé aux exploits des béros le récit des choses divines, parce qu’il professait une véritable piété envers les dieux. […] Dans tous les anciens cultes, les dieux qu’on adorait étaient regardés comme les arbitres des événements et des destinées des hommes. […] En second lieu, ne mêlez pas les faux dieux avec les êtres surnaturels de notre religion. […] Chez les anciens, cet intervalle était rempli par des chœurs qui chantaient une invocation aux dieux ou exprimaient les sentiments que la situation avait fait naître.
Je plains tout être faible, aveugle en sa manie, Qui dans un seul objet confina son génie, Et qui, de son idole adorateur charmé, Veut immoler le reste au dieu qu’il s’est formé. […] À chacun son tour a m. françois de neufchateau4 Si vous brillez à votre aurore, Quand je m’éteins à mon couchant ; Si dans votre fertile champ Tant de fleurs s’empressent d’éclore, Lorsque mon terrain languissant Est dégarni des dons de Flore ; Si votre voix jeune et sonore Prélude d’un ton si touchant, Quand je fredonne à peine encore Les restes d’un lugubre chant ; Si des Grâces qu’en vain j’implore, Vous devenez l’heureux amant ; Et si ma vieillesse déplore La perte de cet art charmant Dont le dieu des vers vous honore : Tout cela peut m’humilier, Mais je n’y vois point de remède. […] L’existence de dieu Consultez Zoroastre2, et Minos, et Solon, Et le sage Socrate, et le grand Cicéron : Ils ont adoré tous un maître, un juge, un père : Ce système sublime à l’homme est nécessaire ; C’est le sacré lien de la société, Le premier fondement de la sainte équité, Le frein du scélérat, l’espérance du juste.
La vertu que choisit la mère de famille, C’est d’être la première à manier l’aiguille, La plus industrieuse à filer la toison, A préparer l’habit propre à chaque saison, Afin qu’en revenant au foyer domestique, Le guerrier puisse mettre une blanche tunique, Et rende grâce aux dieux de trouver sur le seuil Une femme soigneuse, et qui lui fasse accueil1. […] Pendant qu’on tient des dieux la jeunesse, on est sage De fêter cette hôtesse au rapide passage. […] Voilà bien le gynécés, voilà les dieux protecteurs, voilà l’humble quenouille de la matrone.
Heureux, qui satisfait de son humble fortune, Libre du joug superbe où je suis attaché, Vit dans l’état obscur où les Dieux l’ont caché ! […] Ajax, qui ne savait que combattre, se lève le premier ; et bouillant de colère, il regarde, d’un œil farouche, le rivage de Sigée46 et la flotte des Grecs ; ensuite tendant les mains, il s’écrie : « Grands Dieux ! […] Car ne vous imaginez pas que cet homme soit un dieu, qui jouisse d’une félicité fixe et immuable. […] Mais se dompter soi-même, étouffer son ressentiment ; mettre un frein à la victoire ; relever un ennemi abattu, un ennemi considérable par sa naissance, par son esprit, par son courage, et non seulement le relever, mais le faire monter à un plus haut point de fortune qu’il n’était avant sa chute ; en user ainsi, c’est se rendre, je ne dis pas comparable aux plus grands hommes, mais presque semblable aux dieux. […] Dieux immortels, qu’aucun de vous n’exauce de semblables vœux ; mais rectifiez plutôt l’esprit et le cœur de ces hommes pervers.
Clitiphon ou l’important Je vais, Clitiphon, à votre porte ; le besoin que j’ai de vous me chasse de mon lit et de ma chambre : plût aux dieux que je ne fusse ni votre client ni votre fâcheux ! […] Zénobie ou la vanité de la magnificence Ni les troubles, Zénobie 2, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice ; l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient du bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues3 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer à ceux qui voyagent vers l’Arabie de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez le porter, avant de l’habiter vous et les princes vos enfants. […] J’aime mieux la malice de La Fontaine disant : Le fils de Jupiter devait, par sa naissance, Avoir un autre esprit, et d’autres dons des cieux, Que les enfants des autres dieux. […] Xénophon dit aussi ceci : « Il me semble que les dieux eux-mêmes ont attaché un caractère de respect et une certaine grâce à la personne du souverain. » (Hiéron., chap.
Lucien a fait aussi des Dialogues pour censurer les vices des hommes, pour jeter du ridicule sur les faux Dieux, et sur les philosophes du paganisme. […] Les admirables Traités de la vieillesse, de l’amitié, de la nature des Dieux, par Cicéron, sont en Dialogues.
Ainsi, quand l’aigle du tonnerre Enlevait Ganymède aux cieux, L’enfant, s’attachant à la terre, Luttait contre l’oiseau des dieux ; Mais entre ses serres rapides L’aigle, pressant ses flancs timides, L’arrachait aux champs paternels ; Et, sourd à la voix qui l’implore, Il le jetait, tremblant encore, Jusques aux pieds des immortels. […] Mais à l’essor de la pensée L’instinct des sens s’oppose en vain : Sous le dieu mon âme oppressée Bondit, s’élance, et bat mon sein. […] Consul, César, maître du monde, Pontife, Auguste, égal aux dieux, L’ombre de ce reptile immonde Éclipsait ta gloire à mes yeux !
Les héros d’Homère sont des types imposants et majestueux ; ils dominent les armées et dépassent les autres guerriers de toute la tête ; leurs passions sont impétueuses, leurs actions surhumaines ; ils combattent même contre les dieux et balancent le destin. […] Qu’il soit sur ce modèle en vos écrits tracé : Qu’Agamemnon soit fier, superbe, intéressé ; Que pour ses dieux Énée ait un respect austère.
Quant aux dieux, vous ne vous en inquiétez pas non plus : vous êtes autant qu’eux, et votre vertu vous en fait l’égal. Stoïcien, ce n’est point pour plaire à la divinité que vous êtes vertueux, c’est par respect pour vous-même ; vous ne craignez, vous n’espérez rien du ciel, et l’âme de Thraséas traite de pair avec les dieux.
Je vous en supplie, au nom des dieux de la patrie. […] Je vous en conjure, par la bonne foi des dieux et des hommes. […] Semblable à un dieu par la figure et par la taille. […] ) Semblable à un dieu par la figure et par la taille. […] On en ornait les statues des dieux.
L’ellipse renfermée dans les vers suivants de Voltaire est vicieuse, parce qu’elle produit l’obscurité et l’amphibologie : J’eusse été près du Gange esclave des faux dieux, Chrétienne dans Paris, musulmane en ces lieux. […] Oreste, apprenant qu’Hermione s’est donné la mort à l’annonce de celle de Pyrrhus, s’écrie : Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance ! […] Barbare, peux-tu bien m’épargner dans ces lieux D’où tu viens de chasser et le jour et les dieux ? […] Hector, avant d’aller au combat, appelle la protection des dieux sur son fils Astyanax : ………… Dieux, prenez sa défense ! D’un Hector au berceau, dieux !