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44. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Delille 1738-1813 » pp. 464-472

Chacun sur le damier fixe d’un œil avide Les cases, les couleurs, et le plein et le vide. […] Plus loin, dans ses calculs gravement enfoncé, Un couple sérieux, qu’avec fureur possède L’amour du jeu rêveur qu’inventa Palamède, Sur des carrés égaux, différents de couleur, Combattant sans danger, mais non pas sans chaleur, Par cent détours savants conduit à la victoire Ses bataillons d’ébène et ses soldats d’ivoire… Longtemps des camps rivaux le succès est égal ; Enfin l’heureux vainqueur donne l’échec fatal, Se lève, et du vaincu proclame la défaite ; L’autre reste atterré dans sa douleur muette, Et du terrible mât à regret convaincu, Regarde encor longtemps le coup qui l’a vaincu1.

45. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300

Geruzez, les fleurs plaisent à l’ignorant comme au botaniste par leur parfum et l’éclat de leurs couleurs ; mais le naturaliste qui sait leurs noms, qui connaît leurs familles, les retrouve comme de vieilles connaissances avec un sentiment qui tient de l’amitié. […] Sans les figures, des idées peut-être, mais point de style ; une esquisse, mais point de tableau ; du dessin, mais point de couleur ; il ne faut donc pas en négliger l’étude.

46. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Diderot, 1713-1784 » pp. 303-312

comme les nuages marchent, se meuvent, et reflètent ainsi dans les eaux la teinte de leurs couleurs ! […] L’écritoire, les livres, les accessoires aussi bien qu’il est possible ; mais le peintre a trop voulu la couleur brillante et l’harmonie.

47. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VIII. Épître. »

Quant au style de l’épitre, il doit, comme le caméléon, prendre la couleur de chaque objet qu’il touche.

48. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

La couleur est un genre de beauté bien simple, et c’est, par cela même, celui dont il convient de parler le premier. […] Il est probable qu’une certaine association d’idées a quelquefois beaucoup d’influence sur le plaisir que les couleurs nous procurent. […] C’est dans ces objets que la beauté des couleurs déploie toute sa richesse ; aussi furent-ils toujours, et partout, le sujet favori des descriptions poétiques. Après les couleurs, nous allons nous occuper des formes des corps. […] On croit, en général, qu’une langue prend sa couleur dominante dans le caractère national du peuple qui la parle.

49. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

Cette différence doit être attribuée à la raison plus froide et plus positive des nations plus modernes, qui, en donnant à la poésie une couleur plus égale, lui enlève en partie son caractère d’inspiration soudaine et ses mouvements sublimes et même quelquefois désordonnés. […] Il faut que sa morale soit revêtue des plus brillantes couleurs, et que ses spéculations les plus abstraites soient animées de tout le feu de la poésie, comme on le voit dans l’Hymne au Christ, de Lamartine. […] Ce sont les jeux et les plaisirs qu’il chante ; c’est le sentiment qu’il peint avec les couleurs les plus douces. […] Par conséquent, pour bien réussir dans ce genre, il faut bien sentir et bien peindre le sentiment avec des couleurs vraies et naturelles.

50. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

Le peintre repousse sa lumière par des ombres vigoureuses ; mais c’est du même soleil ou du même flambeau que proviennent les ombres et les lumières ; pour les unir, il cherche à imiter cette transition d’une teinte à l’autre que l’air ambiant produit dans la nature, et si ses couleurs crient, si ses jours papillotent, c’est qu’il a violé ou ignoré les principes de son art. […] Ou plutôt heureux qui sait être à la fois égal et varié, égal par le tissu, varié par le dessin et la couleur.

51. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

Pour l’une comme pour l’autre, il faut faire un choix dans l’ensemble des objets, déterminer les points les plus saillants, les plus utiles ; à moins qu’il n’y ait quelque circonstance dominante et qui appelle tout d’abord les regards, distribuer le tout par groupes, le ciel, le terrain, les eaux, puis le feuillage et les fabriques, ou encore d’après les impressions des sens, les formes, les couleurs, les bruits, les odeurs ; si le sujet est vaste, préférer en général l’opposition des contrastes aux rapprochements des harmonies, les masses aux détails, et là même où les détails sont de mise, se restreindre à ceux qui ont un caractère assez tranché pour frapper l’esprit. […] La variété et l’originalité dépendent surtout du style, et je recommanderai encore ici le procédé des peintres, quand, par le mélange des couleurs, ils parviennent, eu étudiant scrupuleusement la nature, à varier les nuances à l’infini.

52. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Nulle expression, nulle couleur, nulle vie dans leurs esquisses. […] Le Juge. — En effet, mais cette émotion est d’un bon augure pour l’avenir, et il me prend envie de vous dire comme Diogène à un jeune homme de votre âge : « Courage, enfant ; ce sont les couleurs de la vertu ! 

53. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XV. Genre didactique en prose. »

Fontenelle, dans ses ouvrages scientifiques, nous montre souvent mal à propos le bel esprit ; mais on aime à voir Buffon orner de brillantes couleurs ses descriptions de la nature ; Chateaubriand, dans le Génie du Christianisme, animer de sa puissante imagination les preuves qu’il donne au sentiment religieux ; et Platon faire circuler dans ses dialogues philosophiques le souffle inspiré de la poésie35.

54. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Au brillant éclat des armes a succédé la sombre couleur de la poussière et du ramage. […] Dans l’enfoncement s’élevait la chaîne du mont Ida, dont les pentes, vues du point où j’étais, paraissaient douces et d’une couleur harmonieuse. […] Arrachez ces couleurs que la nation a proscrites et qui, pendant vingt-cinq ans, servirent de ralliement à tous les ennemis de la France. […] Dans cette voie, Buffon, arrivant le premier, avec une imagination juste et un esprit élevé, et trouvant sous ses yeux une nature encore nouvelle pour le peintre philosophe, n’a point exagéré les couleurs. […] Sous le pinceau de l’historien, cette lointaine époque reprenait sa vie première, et l’érudition semblait être pour l’art comme une aide docile qui apprêtait ses couleurs.

55. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Je vous dirai seulement qu’à la porte il y a un bois où en plein midi il n’entre de jour que ce qu’il en faut pour n’être pas nuit, et pour empêcher que toutes les couleurs ne soient noires. […] Il y a des oiseaux qui ne sont recommandables que par leur ramage, et par leurs couleurs. […] Le cœur388  est ce milieu qui altère la couleur naturelle des objets, et qui nous les fait paraître autres qu’ils ne sont en effet. […] Toujours entraîné, tu approches du gouffre affreux : déjà tout commence à s’effacer, les jardins moins fleuris, les fleurs moins brillantés, leurs couleurs moins vives, les prairies moins riantes, les eaux moins claires ; tout se ternit, tout s’efface. […] Elle est maigre comme il convient à son âge ; sa bouche fort vermeille, les lèvres grosses, les dents blanches, longues et mal rangées ; les mains bien faites, mais de la couleur de son âge.

56. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Élevés au milieu d’une civilisation qui s’épurait et s’ennoblissait chaque jour, ils ne se réfugiaient plus tout entiers dans les souvenirs et dans l’idiome des Romains, comme avaient fait autrefois quelques hommes supérieurs lassés de la barbarie de leurs contemporains : ils étaient, au contraire, tous modernes par la pensée, tous animés des opinions1, des idées de leur temps ; seulement leur imagination s’était enrichie des couleurs d’une autre époque, d’une civilisation, d’un culte, d’une vie différente des temps modernes. […] Les diverses couleurs des différents âges de l’antiquité dominaient en eux, suivant l’inclination particulière du génie de chacun.

57. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

Source des voluptés, des erreurs et des crimes, Elle a ses favoris comme elle a ses victimes ; Et toujours des objets altérant les couleurs, Ainsi que nos plaisirs elle accroît, nos douleurs. […] Son style se plie à tous les objets, et en prend la couleur : sublime, quand il déploie a nos regards l’immensité des êtres et les richesses de la création, quand il peint les révolutions du globe, les bienfaits ou les rigueurs de la nature ; orné, quand il décrit ; profond quand il analyse ; intéressant, lorsqu’il nous raconte l’histoire de ces animaux, devenus nos amis et nos bienfaiteurs. […] Dites ce qui est représenté : 1º Par le jardin ; 2º par la plante majestueuse ; 3º par l’éclat des couleurs et les parfums de la fleur ; 4ºpar l’hiver ; 5º par l’éternel jardinier ; Cº par l’ange envoyé ; 7º par ta semence précieuse à recueillir ; 8º par la tige flétrie ; 9º par les autres fleurs que les anges n’arrachent point. […] Si quelque bruit vient alors à agiter l’air, l’avalanche se détache avec un bruit semblable à un coup de tonnerre, glisse d’abord, puis roule sur les flancs tremble — … Les rochers sont tachés de couleur verdâtre, jaunâtre, rougeâtre — … On dirait que l’enfer est là — … Avis. […] Cette  description ne sera qu’une longue accumulation qu’il faudra rendre pittoresque, en rehaussant par des tournures épithétiques de bon goût, les principales idées réveillées par les termes du canevas, Quand vous en serez aux glaciers, vous vous étendrez davantage, en parlant de leurs pyramides, de leurs couleurs, et des effets impuissants du soleil sur ces masses toujours glacées.

58. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre IV. Prédicateurs français. »

La pénible uniformité de ses raisonnements n’est presque jamais interrompue par les mouvements de l’âme, et rarement son expression reçoit de la couleur.

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