Peut-on, dans un sujet chrétien, introduire les anges, les saints et les démons ?
… Ils font des vœux pour nous qui les persécutons, dit Sévère en parlant de la vertu des chrétiens.
Ne faut-il pas, chrétiens, qu’elle ait découvert intérieurement une beauté bien exquise dans ce qui s’appelle devoir, pour oser assurer positivement qu’elle doit s’exposer sans crainte, qu’il faut s’exposer même avec joie à des fatigues immenses, à des douleurs incroyables et à une mort assurée, pour les amis, pour la patrie, pour le prince, pour les autels ?
Dans un auditoire chrétien les incrédules sont en si petit nombre, que ce n’est pas la peine de les y attaquer. […] Il s’agit de faire non des chrétiens, mais de bons chrétiens, de parler comme l’Évangile, d’inspirer aux hommes la bonté, l’indulgence, la bienveillance mutuelle, la bienfaisance active, la tempérance, l’équité, la bonne foi, l’amour de l’ordre et de la paix ; il s’agit de consoler, d’encourager les uns, de modérer, d’adoucir les autres, de resserrer le nœud de la société et de la nature, et surtout les liens de cette charité universelle qui honore tant la religion ; il s’agit de rendre le vice odieux, la vertu aimable, le devoir attrayant, la condition de l’homme condamné à la peine plus douce et moins intolérable ; il s’agit en un mot de faire produire à la nature le plus de biens, et d’en extirper le plus de maux qu’il est possible. […] L’orateur chrétien ne se borne pas, dans l’éloge des héros, à des fins purement humaines.
Tous furent dès lors consacrés à célébrer les hauts faits des chrétiens contre les infidèles ; et du onzième au seizième siècle, cette lecture devint une véritable fureur dans toute l’Europe, mais principalement en Espagne, où cependant l’ingénieux Michel Cervantès contribua beaucoup à la décréditer au commencement du siècle suivant. […] C’est ainsi que leur poésie mise en musique se divisa naturellement en strophes et en antistrophes successives, et telle est probablement l’origine des antiennes et des répons en usage dans le service public de presque toutes les églises chrétiennes. […] C’est un contraste intéressant que celui qui existe entre les chrétiens et les Sarrasins.
Voilà le caractère chrétien. […] Et de là vient l’éloignement où nous sommes de consentir aux vérités de la religion chrétienne tout opposée à nos plaisirs. […] Un homme né chrétien et Français se trouve contraint dans la satire : les grands sujets lui sont défendus ; il les entame quelquefois, et se détourne ensuite sur de petites choses, qu’il relève par la beauté de son génie et de son style. […] Vous avez des écrivains habiles en l’une et en l’autre oraison ; des poëtes en tout genre de poésies, soit morales, soit chrétiennes, soit héroïques, soit galantes et enjouées ; des imitateurs des anciens ; des critiques austères ; des esprits lins, délicats, subtils, ingénieux, propres à briller dans les conversations et dans les cercles. […] Ce Père dit que Dieu a permis que ces traits d’une éloquence affectée aient échappé à saint Cyprien, pour apprendre à la postérité combien l’exactitude chrétienne a châtié dans tout le reste de ses ouvrages ce qu’il y avait d’ornements superflus dans le style de cet orateur, et qu’elle l’a réduit dans les bornes d’une éloquence plus grave et plus modeste.
« La raison conduit l’homme jusqu’à une entière conviction des preuves historiques de la religion chrétienne ; après quoi elle le livre et l’abandonne à une autre lumière, non pas contraire, mais toute différente et infiniment supérieure ».
Ainsi en définissant l’espérance, je dirai que c’est une vertu et je nommerai son genre : j’ajouterai que c’est une vertu chrétienne et j’indiquerai sa différence ; j’expliquerai sur quoi elle est fondée et quel est son but, et je préciserai ses rapports.
C’est ainsi que La Fontaine nous donne le portrait de son Héron Au long bec, emmanché d’un long cou ; et qu’Andrieux nous fait connaître Frédéric II Qui tout roi qu’il était fut un penseur profond ; Redouté de l’Autriche, envié dans Versailles, Cultivant les beaux-arts au sortir des batailles, D’un royaume nouveau la gloire et le soutien, Grand roi bon philosophe, et fort mauvais chrétien.
Félix Clément, les poètes chrétiens remplacèrent, dans les hymnes latines, la quantité minutieuse et la prosodie compliquée des anciens, par une poésie rimée et fondée sur la numération des syllabes.
C’est le sang de vingt Rois tous chrétiens comme moi ; C’est le sang des Héros défenseurs de ma loi ; C’est le sang des martyrs…… ô fille encor trop chère, Connais-tu ton destin ?
La pratique des vertus chrétiennes rehausse la gloire des plus grands Héros.
…… Tuaque exspectata parenti Vicit iter durum pietas… C'est avec un goût parfaitement religieux, avec des sentiments vraiment dignes d’un poète chrétien, que Virgile nous présente la piété filiale comme la cause première de la descente d’Enée aux enfers.
Ce grand orateur venant de peindre son Héros, prêt à rendre le dernier soupir dans les sentiments les plus sublimes et les plus affectueux, que la religion inspire au vrai chrétien, s’écrie : « Que se faisait-il dans cette âme ?
Bossuet, dans l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre, dit en employant cette figure : « Combien de fois a-t-elle remercié Dieu humblement de deux grandes grâces, l’une de l’avoir fait chrétienne, l’autre… Messieurs, qu’attendez-vous ? […] C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi, C’est le sang des héros, défenseurs de leur foi ; C’est le sang des martyrs.