Mais comment parvenir à bannir du style toute cause d’obscurité ? […] Il y a métonymie : 1° quand on prend la cause pour l’effet. Ex. : J’ai lu Chateaubriand. 2° Quand on prend l’effet pour la cause. […] L’interrogation est une question qu’on adresse à l’auditeur et au lecteur, et qui ne peut recevoir de réplique défavorable à la cause qu’on défend. […] Le style convenable à l’éloquence judiciaire varie suivant le genre des causes.
Les maîtres de l’art restreignent la métonymie aux usages suivants : 1º la cause pour l’effet, Bacchus pour le vin, Cérès pour le pain. […] 2º L’effet pour la cause. […] Le Pélion n’a point d’ombres, c’est-à-dire, d’arbres qui sont la cause de l’ombre. […] La fontaine Pyrène, consacrée aux Muses, la mort, les maladies, etc., ne sont point pâles ; mais l’application au travail, les maladies et surtout la mort, produisent la pâleur ; ainsi l’on donne à la cause l’épithète qui ne convient qu’à l’effet. […] Ξ, v. 214) La Motte, qui mutile, étrangle et défigure si indécemment Homère, dans sa prétendue traduction de l’Iliade ; La Motte qui croyait avoir rendu la sublime allégorie des Prières par ces deux vers presque ridicules : On offense les dieux ; mais par des sacrifices De ces dieux irrités on fait des dieux propices ; a cependant bien réussi dans ce morceau qui n’exigeait que de la grâce, de l’esprit et de la galanterie moderne : Vénus lui donne alors sa divine ceinture, Ce chef-d’œuvre sorti des mains de la nature, Ce tissu, le symbole et la cause à la fois Du pouvoir de l’amour, du charme de ses lois.
dont = à cause ou par suite de quoi. […] C’est fraude et trahison, que sans cause elle est notee de sedition et malefice. […] Considerons que la dissolution de nostre Eglise a esté cause de la naissance des heresies, et la reformation pourra estre cause de les esteindre. […] Je veois chascung jour des hommes passionnez, ennemys ou amys des personnes, des sectes et factions, et jugent, pour ou contre, sans considerer l’equité de la cause. […] et n’eussent-ils pas conclu, aussi faussement qu’ils font encore en cette autre affaire, que la chose n’étoit pas faisable, à cause qu’elle n’auroit pas été faite ?
Le goût de la tragédie ayant été réveillé par le talent de mademoiselle Rachel, le poëte profita des applaudissements donnés à l’artiste, et toutes ces causes concoururent à un légitime succès qui prit les proportions d’un événement. […] Ici je lui donnerais gain de cause. […] Marat cause presque plus de stupeur que d’aversion : on veut le croire fou, pour n’avoir pas à porter plus de haine que n’en contient le cœur humain.
De Rome en hors l’on nous donna quelque esperance de secours et que le Roy envoyoit M. de Brissac3 nous secourir : qui feust cause que nous accorsismes4 nostre pain à douze onces, les soldatz et les gens de la ville à neuf. […] Et alors je fis une remontrance aux Gascons, et leur dis qu’il y avoit une disputte de longue main entre les Espaignolz4 et les Gascons, et qu’il falloit à ce coup en vuider le procés commencé il y a plus de cinquante ans ; c’estoit que les Espaignolz disoient qu’ilz estoient plus vaillans que les Gascons, et les Gascons qu’ils en estoient plus que les Espaignolz ; et que, puisque Dieu nous avoit fait la grace de nous trouver en ceste occasion en mesme combat et sous mesmes enseignes, qu’il falloit que l’honneur nous en demeurast. « Je suis Gascon, je renie la patrie, et ne m’en diray jamais plus, si aujourd’huy vous ne gaignés le procés5 à force de combatre ; et vous verrés que je seray bon advocat en ceste cause.
L’histoire est chez lui une science et un art : une science, car il donne un sens aux faits, il en cherche les lois, il les explique par leurs causes ; il en surprend le secret dans les intentions des acteurs, dans les passions, les intérêts, et les caractères. […] Se servir de l’esprit de son temps pour connaître celui des autres siècles ; unir la fermeté des jugements à la fidélité des peintures ; dérouler la suite des événements en remontant à leurs causes ; montrer toute faute suivie d’un châtiment, toute exagération provoquant un retour ; assigner, dans l’accomplissement des faits, la part des volontés particulières qui attestent la liberté morale de l’homme, et l’action des lois générales de l’humanité vers des fins supérieures sous la direction cachée de la Providence : telle est aujourd’hui sa mission.
Sans doute, depuis Niebuhr, la critique historique a jeté plus de lumière sur les points traités par Montesquieu : les origines de Rome, ses institutions politiques et religieuses, ont été plus approfondies ; mais dans ses hautes parties, dans ses idées générales, l’œuvre de Montesquieu n’a pas fléchi, et c’est encore lui qui nous apprend le mieux les causes politiques de la grandeur et surtout de la décadence romaine, comme Bossuet les causes morales. […] Considérations sur les Causes de la Grandeur des Romains et de leur Décadence, chap. […] Le souvenir de Narva fut la principale cause du malheur de Charles à Pultava. […] Il est vrai ; mais une autre cause explique encore le succès de Rousseau. […] — Voilà précisément la cause de mon malheur, Excellence.
Ne pardonneriez-vous pas plutôt à toute la ville, à cause des cinquante justes qui s’y trouveraient ? […] Elle ne devra point être trop longue, et tendra à prouver que l’isolement est la cause de la faiblesse, et que l’ambition du bien-être est une déplorable folie. […] Le comte Brahé va sonner ; mais le roi rempli d’une terreur religieuse veut aller lui-même reconnaître la cause de cette illumination. […] On porte la cause devant les juges de l’Aréopage. […] Sans cloute il en est un et je suis son ouvrage ; il empreint son image lui-même au cœur du juste, il doit venger sa cause et punir les pervers.
Il voit ce qui les cause. […] Quoiqu’un tel crime soit digne de mort, l’accusateur, à cause des talents et des services de Mélanthe, demande seulement qu’il soit banni. […] Labéon perdit sa cause, et Flavianus fut réintégré dans ses droits. […] Le roi Alphonse voulait que son fils épousât une princesse d’Aragon : étonné de ses refus persévérants, il finit par en soupçonner la cause. […] Si Charles abuse aussi cruellement de sa victoire, il rendra sa cause odieuse à l’Italie, et le supplice de ce jeune infortuné entraînera les conséquences les plus désastreuses.
Quelle est pour eux la cause de la guerre ? […] Puisque notre cause est la meilleure, tâchons de vaincre l’ennemi par notre courage. […] Notre petit nombre est-il pour vous une cause de défiance ? […] Nicias est le seul qui ait soutenu la cause des Syracusains, et qui ait dissuadé ses concitoyens de faire la guerre ! […] Si les dieux n’eussent connu à fond mes intentions, ils n’auraient pas favorisé ma cause.
Plus de chant : il perdit la voix Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines. […] Vous n’avez point sans doute oublié que ce même Nicias, sur le sort duquel vous allez prononcer, est celui qui plaida votre cause dans rassemblée des Athéniens, et qui employa tout son crédit et toute son éloquence pour les détourner de vous faire la guerre. […] Mais ce qui rendra ce spectacle plus utile et plus agréable, ce sera la réflexion que vous ferez non seulement sur l’élévation et sur la chute des empires, mais encore sur les causes de leurs progrès et sur celles de leur décadence ; car le même Dieu qui a fait l’enchaînement de l’univers, et qui, tout puissant par lui-même, a voulu, pour établir l’ordre, que les parties d’un si grand tout dépendissent les unes des autres ; ce même Dieu a voulu aussi que le cours des choses humaines eût sa suite et ses proportions : je veux dire que les hommes et les nations ont eu des qualités proportionnées à l’élévation à laquelle ils étaient destinés ; et qu’à la réserve de certains coups extraordinaires où Dieu voulait que sa main parût toute seule, il n’est point arrivé de grand changement qui n’ait eu ses causes dans les siècles précédents. […] Le Sublime Le Sublime est un trait extraordinaire, qui transporte et élève l’âme au-dessus d’elle-même et lui cause une impression vive et profonde.
Il n’appartient qu’à ces génies rapides qui s’élancent tout d’un coup aux premières causes, de traiter les sciences, les arts et la morale, d’une manière également noble et lumineuse. […] Un esprit vaste et profond, qui voit les choses dans leurs causes, dans leurs principes ; un esprit naturellement fier et courageux, qui dédaigne de penser d’après les autres ; un esprit observateur qui découvre des vérités partout, et les développe par une réflexion continuelle : telles sont les propriétés du sublime talent de penser ; tels sont les grands caractères qui distinguent l’esprit philosophique de toute autre sorte d’esprit ».
Même absent, on le craint : il voit, il entend tout ; Un invisible oiseau lui dit tout à l’oreille ; Il sait celui qui rit, qui cause, qui sommeille, Qui néglige sa tâche, et quel doigt polisson D’une adroite boulette a visé son menton. […] Le chiffre aussitôt part, et remplit son objet ; Il fait autorité, l’on en cause au budget.
Dupaty, premier président du parlement de Bordeaux ; il y plaide la cause de trois hommes innocents condamnés à la roue. […] Madame de Stael plaide ici sa cause ; elle aimait l’enthousiasme, applaudissait même à ses apparences.
On remarque souvent chez un enfant, un ouvrier, un homme d’État, quelque chose qu’on ne qualifie pas d’abord du nom d’esprit, parce que le brillant y manque, mais qu’on appelle l’intelligence, parce que celui qui en paraît doué saisit sur-le-champ ce qu’on lui dit, voit, entend à demi-mot, comprend, s’il est enfant ce qu’on lui enseigne, s’il est ouvrier l’œuvre qu’on lui donne à exécuter, s’il est homme d’État les événements, leurs causes, leurs conséquences, devine les caractères, leurs penchants, la conduite qu’il faut en attendre, et n’est surpris, embarrassé de rien, quoique souvent affligé de tout. […] Quand la guerre est une routine purement mécanique, consistant à pousser et à tuer l’ennemi qu’on a devant soi, elle est peu digne de l’histoire ; mais quand une de ces rencontres se présente, où l’on voit une masse d’hommes mue par une seule et vaste pensée qui se développe au milieu des éclats de la foudre avec autant de netteté que celle d’un Newton ou d’un Descartes dans le silence du cabinet, alors le spectacle est digne du philosophe autant que de l’homme d’État et du militaire, et si cette identification de la multitude avec un seul individu, qui produit la force à son plus haut degré, sert à protéger, à défendre une noble cause, celle de la liberté, alors la scène devient aussi morale qu’elle est grande.