Retz 614-1679 [Notice] Destiné malgré lui à l’Église, d’abord coadjuteur, et bientôt archevêque de Paris, Paul de Gondi avait plus de vocation pour les affaires politiques que pour un ministère ecclésiastique. […] Il n’a jamais été capable d’aucune affaire, et je ne sais pourquoi ; car il avait des qualités qui eussent suppléé en tout autre celles qu’il n’avait pas. […] Cet air de honte et de timidité que vous lui voyez dans la vie civile s’était tourné dans les affaires en air d’apologie1 ; il croyait toujours en avoir besoin : ce qui, joint à ses Maximes, qui ne marquent pas assez de foi à la vertu2, et à sa pratique, qui a toujours été de chercher à sortir des affaires avec autant d’impatience qu’il y était entré, me fait conclure qu’il eût beaucoup mieux fait de se connaître et de se réduire à passer, comme il l’eût pu, pour le courtisan le plus poli et pour le plus honnête homme, à l’égard de la vie commune, qui eût paru dans son siècle. […] Il n’a pas eu le temps de les prendre par lui-même, parce qu’il a été prévenu dès sa jeunesse par la chute imprévue des grandes affaires et par l’habitude au bonheur.
L’exorde est inutile dans les plaidoyers, à moins qu’il ne s’agisse d’une grande cause, d’une affaire bien importante. […] Les petites affaires ne peuvent être traitées que d’un style simple ; les grandes, d’un style élevé, et celles qui tiennent le milieu, d’un style tempéré. […] Dans ceux d’Athènes et de Rome, elle s’étendait jusqu’à la discussion des affaires nationales, des grands intérêts de la république. […] Destouches avait été envoyé à la cour de Londres, en 1717, avec l’abbé Dubois, pour y traiter de grandes affaires. […] La nature de ces discours varie suivant les temps, les circonstances, les affaires, les événements.
Plaideur par nécessité dans un procès contre les héritiers de Paris Duverney, il y trouve prétexte à jouer un rôle retentissant : cette mince affaire de quelques louis devient par son adresse une question de liberté publique et d’intérêt général. […] Il conduit l’intrigue la plus embarrassée avec la dextérité qu’il déployait dans la pratique des affaires. […] … « Si mon dénonciateur suborne un témoin, que ce soit un homme simple et droit, que l’horreur des cachots n’empêche pas de revenir à la vérité, dont on l’aura un moment écarté. » Telle eût été ma prière ardente ; et si ces vœux avaient été exaucés, encouragé par tant de condescendance, j’aurais ajouté : « Suprême bonté, s’il est encore écrit que quelque intrus doive s’immiscer dans cette horrible affaire et prétendre à l’honneur de l’arranger, en sacrifiant un innocent et me jetant moi-même dans des embarras inextricables, je désirerais que cet homme fût un esprit gauche et lourd ; que sa méchanceté maladroite l’eût depuis longtemps chargé de deux choses incompatibles jusqu’à lui, la haine et le mépris public. Je demanderais surtout qu’infidèle à ses amis, ingrat envers ses protecteurs, odieux aux auteurs dans ses censures, nauséabond aux lecteurs dans ses écritures, terrible aux emprunteurs dans ses usures, colportant les livres défendus, espionnant les gens qui l’admettent, écorchant les étrangers dont il fait les affaires, désolant, pour s’enrichir, les malheureux libraires, il fût tel enfin dans l’opinion des hommes, qu’il suffît d’être accusé par lui pour être présumé honnête, d’être son protégé, pour devenir à bon droit suspect : donne-moi Marin 1 « Que si cet intrus doit former le projet d’affaiblir un jour ma cause en subornant un témoin dans cette affaire, j’oserais demander que cet autre argousin fût un cerveau fumeux, un capitan sans caractère, girouette tournant à tous les vents de la cupidité, pauvre hère qui, voulant jouer dix rôles à la fois, dénué de sens pour en soutenir un seul, allât, dans la nuit d’une intrigue obscure, se brûler à toutes les chandelles, en croyant s’approcher du soleil ; et qui, livré sur l’escarpolette de l’intérêt à un balancement perpétuel, en eût la tête et le cœur étourdis au point de ne savoir ce qu’il affirme, ni ce qu’il a dessein de nier : donne-moi Bertrand. […] L’affaire n’est pas de mon ressort.
Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin1, politique, mystérieux sur les affaires du temps : il se croit des talents et de l’esprit ; il est riche. […] Ce n’est plus pour Diphile un agréable amusement ; c’est une affaire laborieuse, et à laquelle à peine il peut suffire. […] O homme important et chargé d’affaires, qui, à votre tour, avez besoin de mes offices2, venez dans la solitude de mon cabinet ! […] « Phédon, de son côté, a toujours “les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre…” Il est toujours “libre sur les affaires publiques, chagrin contre le siècle, médiocrement prévenu des ministres et du ministère”. […] On suppose que les principaux traits de ce caractère s’appliquent au maréchal de Villeroi, dont Saint-Simon dit : « Incapable de toute affaire, même d’en rien comprendre par delà l’écorce… il se piquait néanmoins d’être fort honnête homme ; mais comme il n’avait point de sens, il montrait la corde fort aisément… On n’y trouvait qu’un tissu de fatuité, de recherche et d’applaudissement de soi, de montre de faveur et de grandeur de fortune. » (Chap. 392.)
O homme important et chargé d’affaires, qui, à votre tour, avez besoin de mes offices2, venez dans la solitude de mon cabinet ! […] Nous devons travailler à nous rendre très-dignes de quelque emploi : le reste ne nous regarde point ; c’est l’affaire des autres. […] Personne presque n’a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fond pour remplir le vide du temps1 sans ce que le vulgaire appelle des affaires. […] Pascal a dit : « On charge les hommes, dès l’enfance, du soin de leur honneur, de leur bien, de leurs amis, et encore du bien et de l’honneur de leurs amis… Ainsi on leur donne une charge et des affaires qui les font tracasser dès la pointe du jour. […] On suppose que les principaux traits de ce caractère s’appliquent au maréchal de Villeroi, dont Saint-Simon dit : « Incapable de toute affaire, même d’en rien comprendre par delà l’écorce… il se piquait néanmoins d’être fort honnête homme ; mais comme il n’avait point de sens, il montrait la corde fort aisément… On n’y trouvait qu’un tissu de fatuité, de recherche et d’applaudissement de soi, de montre de faveur et de grandeur de fortune. » (Chap. 392.)
Incapable de se passionner dans les affaires, il conservait toujours une humeur libre, qui se prêtait, sans effort, aux différents devoirs de son ministère ; il avait toujours la possession de son esprit et de son jugement ; la modération et l’égalité de son caractère le rendaient constant dans ses résolutions. […] Il n’imaginait point et n’inventait point ; il allait aux routes battues, et se laissait porter sans résistance au cours capricieux des événements ; mais il suivait avec célérité le fil des choses, et exécutait avec prudence tout ce qui ne demandait qu’un sens droit et une habitude ordinaire des affaires. […] Il n’est pas besoin de rappeler à Votre Majesté quels hommes ont été employés, dans tous les temps, et dans les affaires les plus difficiles, avec le plus de bonheur : Votre Majesté sait que ce sont ceux-là mêmes qu’il semble que la fortune en eût le plus éloignés. […] Il m’a esté comme ma conscience et m’a dicté à l’oreille beaucoup de bonnes honestetez, et maximes excellentes pour ma conduicte et pour le gouvernement des affaires.
Les princes qui ont de bonnes intentions et quelques connaissances de leurs affaires, soit par expérience, soit par étude et une grande application à se rendre capables, trouvent tant de différentes choses par lesquelles ils se peuvent faire connaître, qu’ils doivent avoir un soin particulier et une application universelle à tout. […] L’incertitude désespère quelquefois ; or, quand on a passé un temps raisonnable à examiner une affaire, il faut se déterminer et prendre le parti qu’on croit le meilleur. […] Vous oubliez l’embarras de vos affaires, et vous vous applaudissez de tenir seul vos conseils.
À juger d’eux en ce moment, Vous croiriez qu’ils n’ont qu’une affaire, Et que tout leur bonheur dépend uniquement De ce qu’en ce jour ils vont faire. […] Il n’avait eu d’autres relations à la Cour, que celles que lui donnèrent ou ses affaires ou ses devoirs. […] On fut longtemps à délibérer ; et dans une affaire aussi délicate, on crut qu’il fallait tout donner au conseil, et ne rien laisser à la fortune. […] Tandis qu’il paraissait appliqué à une seule affaire, il donnait une égale attention à toutes les autres, agissant tout à la fois avec la même vivacité dans toutes les parties de l’Europe. […] Ceux qui avaient sous lui le plus de part aux affaires, n’étaient que les exécuteurs de ses ordres.
Il n’était pas encore fort riche, comme dans l’affaire de Sthénius. […] On agite cette affaire dans le sénat : tous rejettent hautement une telle demande. […] L’affaire, qui déjà n’était pas obscure, devint évidente par le témoignage des prêtresses. […] L’affaire fut déférée à Verrès. […] N’attendez point de moi, juges, de longs raisonnements, comme si l’affaire était douteuse.
Ici l’orateur a affaire à un petit nombre de juges, qui sont en général des hommes vénérables et par la gravité de l’âge, et par la dignité du caractère et des fonctions. […] Chez nous les particuliers ne sont point accusateurs, il n’y a point d’affaires contentieuses portées au tribunal du peuple. […] Quant à l’espèce de verbosité dont il est question ici, les jeunes praticiens peuvent s’en garantir, en se formant de bonne heure l’habitude d’un style précis et correct, qui deviendra leur manière naturelle de s’exprimer, quand la multitude des affaires les forcera de travailler avec une précipitation involontaire.
Son peuple était remarquable par sa vivacité, son esprit et son intelligence pour les affaires. […] C’était dans les luttes perpétuelles des factions et de la liberté, dans le torrent d’une vie toujours active, au milieu enfin du tumulte des affaires, que l’éloquence des Athéniens acquérait cette vigueur, cette énergie qui sont devenues son caractère distinctif, et qu’elle n’eût point contractées dans le calme de la retraite et de la méditation. […] Mais, dans sa marche rapide, il subjugue, il entraîne l’auditeur à son gré ; et ce qui le distingue de tous les orateurs, c’est que l’espèce de suffrage qu’il arrache est toujours pour l’affaire qu’il traite et jamais pour l’orateur.
La pratique journalière des affaires les dégoûtait bientôt de la déclamation et les ramenait aux conditions vraies de l’éloquence. […] La lecture d’un dossier ne suffit pas pour bien connaître une affaire. […] Soyez connu pour un homme probe, loyal, désintéressé, incapable de vous charger sciemment d’une mauvaise affaire, vous n’aurez pas besoin de recourir à l’art des précautions oratoires pour forcer les cœurs ; ils vous seront ouverts avant même que vous ayez exposé vos raisons. […] L’affaire était mauvaise et perdue d’avance dans l’esprit des juges et dans l’opinion publique. […] Il venait de leur lire le discours que son rival avait prononcé dans l’affaire de la Couronne, et l’auditoire applaudissait : — « Que serait-ce donc si vous aviez entendu rugir le lion ?
D’où vient qu’elle ne cesse de nous agiter et de nous ôter notre meilleur bien, en nous engageant d’affaire en affaire, avec un empressement qui ne finit pas ? […] Que faites-vous cependant, grand homme d’affaires, homme qui êtes de tous les secrets, et sans lequel cette grande comédie du monde manquerait d’un personnage nécessaire ; que faites-vous pour la grande affaire, pour l’affaire de l’éternité ? […] La connaissance qu’elle a des affaires de son État, et son jugement exquis, lui feront démêler ce qui sera solide et réel d’avec ce qui ne sera qu’apparent. […] Bossuet dit ailleurs : « Ainsi nous allons toujours tirant après nous cette longue chaîne traînante de notre espérance ; et avec cette espérance, quelle involution d’affaires épineuses ! et à travers de ces affaires et de ces épines, que de péchés, que d’injustices !
Ma destinée est d’avoir affaire à Rome, de façon ou d’autre. […] Je me tiens très-philosophe sur cette affaire. […] Ce marchand de Francfort se croyait alors un général prussien : il commandait douze hommes de la ville dans cette grande affaire, avec toute l’importance et la grandeur convenables. […] On trouve les détails de cette affaire dans l’Appel au public que Kœnig publia en 1752, dans les Maupertuissiana, recueil de tout ce qui a paru au sujet de cette querelle. […] On se contentait à Berlin de lever les épaules, car le roi ayant pris parti dans cette malheureuse affaire, personne n’osait parler ; je fus le seul qui élevai la voix.
» Contez-moi votre affaire, cela me rajeunira d’une bonne quarantaine d’années. […] En outre, il était mal dans ses affaires, écrasé de dettes et d’hypothèques. […] Dans un exorde insinuant et modeste, j’ai regretté qu’une affaire aussi grave, aussi délicate, fût confiée à mon âge et à mon inexpérience. […] vous avez devant vous un jury composé de bourgeois et de paysans, pour qui un attentat à la propriété est le plus grand des crimes, que le seul mot d’incendie fait frémir pour leurs maisons, leurs récoltes, leurs troupeaux, et, au lieu de vous présenter avec le calme de la confiance, au lieu de dire : Messieurs, le hasard ne pouvait m’offrir pour mon début une affaire plus simple, où l’innocence de l’accusé éclatât plus manifestement et fût plus facile à démontrer, — vous allez parler de votre âge, de votre inexpérience, de la difficulté du procès ; vous allez appeler sur vous l’indulgence de ces braves gens, résolus d’avance à punir, je ne dirai pas le crime, mais l’ombre du crime d’incendie, comme si vous doutiez de la bonté de votre cause, comme si elle était déjà perdue à vos yeux et désespérée !