Quand il y avait une noblesse en France, il y avait en même temps un excellent adage : Noblesse oblige ; c’est-à-dire les prérogatives que la société attache à une haute naissance exigent de ceux à qui le hasard les a données un courage, une élévation, une générosité, certaines qualités enfin, en quelque sorte héréditaires, dans les actes, dans les sentiments, dans les habitudes, qui doivent les distinguer du commun des citoyens et se refléter dans leur langage. […] Si ce caractère ne vous frappe pas, le mot, la chose, l’acte ne méritent pas le nom de sublime.
Corneille dit dans Sertorius, acte III, scène 4 : Ce n’est pas s’affranchir, qu’un moment le paraître. […] Molière dans Pourceaugnac, acte I, sc. 2, fait dire à un médecin que M. de Pourceaugnac est atteint et convaincu de la maladie qu’on appelle mélancolie hypocondriaque, « et qu’ainsi ne soit , ajoute le médecin, pour diagnostic incontestable de ce que je dis, vous n’avez qu’à considérer ce grand sérieux, etc. » La Fontaine, dans Belphégor : C’est le cœur seul qui peut rendre tranquille ; Le cœur fait tout, le reste est inutile ; Qu’ainsi ne soit, voyons d’autres états, etc.
Admettez-vous une qualité ou un acte dans un sujet, sans avoir été instruit d’abord de l’existence de ce sujet ? L’idée de l’acte n’évoquera-t-elle pas naturellement, quand il est transitif, celle de l’objet qui en est affecté ?
C’est le propre d’un efféminé de se lever tard, de passer une partie du jour à sa toilette, de se voir au miroir, de se parfumer, de se mettre des mouches, de recevoir des billets et d’y faire réponse : mettez ces rôles sur la scène, plus longtemps vous le ferez durer, un acte, deux actes, plus il sera naturel et conforme à son original ; mais plus aussi il sera froid et insipide37. […] (Scène 11 du 1er acte de la vie et la mort de Henri IV.)
Une ample comédie à cent actes divers23.
La vertu, selon l’idée qu’ils s’en font, c’est la convenance (τò πρέπoν), c’est-à-dire la parfaite mesure dans tous les actes de la vie, la constante vigilance d’un homme attentif à ne rien commettre qui soit indigne de lui. […] Vous l’avez vu tout à l’heure faire acte de chef et ranger Thersite au devoir. […] Entendez ce mot dans sa plus large acception, et appelez honnête homme celui qui conforme en tous ses paroles et ses actes aux règles de la justice. […] Démosthène retourna cette accusation contre lui et contre les traîtres comme lui, agents corrupteurs du Macédonien ; il prouva, vous savez avec quelle éloquence, que tous ses actes avaient été conformes à l’honneur d’Athènes et à ses véritables intérêts ; qu’elle n’aurait pu trahir la cause de l’indépendance commune, sans manquer à son devoir et aux traditions des ancêtres ; que ce qu’elle avait fait, elle aurait dû le faire, même quand les événements auraient pu être prévus, même quand la défaite aurait paru certaine : « Non, Athéniens, non, vous n’avez pas failli, quand vous vous êtes exposés pour la liberté et le salut le tous, j’en jure par nos ancêtres les combattants de Marathon et de Platée, les glorieux marins de Salamine et d’Artémise, etc. » Les Athéniens applaudirent à ces belles paroles, comme à une revanche de Chéronée.
vii, p. 33, éd. 1777, dont Molière semblait se souvenir en écrivant les vers, passés en proverbe, du Dépit amoureux, acte IV, scène ii).
Acte I, Scène III.
Leur forte culture est devenue plus nécessaire aujourd’hui qu’autrefois, aux hommes publics obligés de faire prévaloir leurs pensées par la parole, et de donner les raisons de leurs actes.
Ici, tout se réduit à l’origine de nos idées ; là, à cette proposition : — « Le meurtre de Clodius fut un acte licite. » Nous avons blâmé la forme brusque et tranchante des premiers mots de l’Emile : « Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme. » Mais, d’autre part, de ce principe une fois bien posé découle l’idée unique qui circule jusqu’à la fin du volume : « L’éducation consiste donc à se rapprocher le plus possible de l’état de nature, à s’éloigner le plus possible de l’état de société. » Que cette proposition soit ou non un paradoxe, ce n’est ici le lieu ni de la justifier, ni de la combattre ; je ne prétends établir qu’une chose, c’est qu’elle communique au livre de Jean Jacques l’intérêt et la rapidité, en lui donnant, comme à l’éducation même, l’unité de dessein. […] De la conduite de l’esprit à l’égard de Jésus, type éternel et universel des vérités morales, dans chacun des actes de sa vie terrestre.
Si petit et obscur que l’on soit, on a des parents, des amis, une cité, et, tôt ou tard, les actes faisant juger de nous, on retrouve autour de soi l’estime que Dieu nous accorde et dont notre conscience nous est le sûr garant. […] Ce peuple vit enfin, il révèle sa présence par des hommes qui ont un nom, par des actes qui ont un empire.
de tes actes, de ta gloire et de tes vertus ? […] Les discours de Cicéron sont de belles pièces d’éloquence, mais ne sont pas, comme ceux de Démosthène, des actes.
Les paroles doivent-elles donc avoir plus de poids que les actes ? […] du sang d’un empereur, prenez garde que cet acte ne soit pour vous déshonorant dans le présent et dangereux dans l’avenir. […] Mais moi, pourquoi serais-je plus abattu, plus humilié qu’avant ma condamnation, puisque je ne suis convaincu d’aucun des actes coupables qu’on m’attribue ? […] Et de même que tenter de si grandes entreprises sans avoir une occasion favorable, serait un acte audacieux et téméraire ; de même, se montrer indifférent envers ceux qui vous réclament et vous implorent, mériterait le reproche de lâcheté et de trahison. […] Voir Tite-Live, livre II. — Voir le Coriolan de Shakespeare, acte V.
Sont comme des actes.]
Aimer La Fontaine, c’est presque la même chose qu’aimer Molière ; c’est aimer la nature, toute la nature, la peinture naïve de l’humanité, une représentation de la grande comédie aux cent actes divers1, se déroulant, se découpant à nos yeux en mille petites scènes, avec des grâces et des nonchalances qui vont si bien au bonhomme, avec des faiblesses aussi et des laisser-aller2 qui ne se rencontrent jamais dans le simple et mâle génie, le maître des maîtres.