Molière n’est plus restreint au Misanthrope, Corneille à quatre, Racine à trois de ses tragédies ; le cadre étroit du théâtre dit classique a été élargi, ou plutôt supprimé ; plusieurs comédies de Molière sont mises entre les mains des élèves de troisième, de seconde et de rhétorique ; plusieurs des tragédies de Corneille et de Racine sont dans les deux premières classes, leur théâtre complet est ouvert aux élèves de la dernière. […] Pour Corneille et Racine ? […] La grâce souvent délicate et touchante de son style fait penser à Racine, comme l’énergie de Garnier à Corneille.
Cet écrivain, dont la diction est habituellement faible et médiocre, et qui imitait Virgile, dit La Harpe, comme Duché et Lafosse ont depuis imité Racine, doit ses plus beaux vers à la prose de Tite-Live, dont il emprunte souvent les expressions heureuses et les tours hardis. […] Voilà ce dont notre grand Racine était plein, quand il faisait dire à son Achille avec tant de force et de vérité : Pour aller jusqu’au cœur que vous voulez percer, Voilà par quel chemin vos coups doivent passer. […] Mais celui des historiens anciens que Racine paraît avoir affectionné le plus, et qu’il a étudié, du moins avec le plus d’avantage, c’est Tacite ; et peut-être le suffrage d’un homme tel que Racine, et surtout la belle tragédie de Britannicus, à laquelle Tacite eut tant de part, ne contribuèrent pas médiocrement à accélérer la justice rendue enfin, par les modernes, au mérite supérieur de ce grand écrivain.
Ce n’est pas pourtant que ce ressort soit indispensable, puisque sans lui la tragédie antique a atteint la perfection : Athalie et Mérope sont les chefs-d’œuvre de Racine et de Voltaire, et ne contiennent aucun rôle d’amour. […] La farce ou comédie populaire, qui est une caricature des mœurs ; elle vise à exciter le gros rire par une peinture chargée des mœurs et des ridicules : l’Avocat patelin ; les Plaideurs de Racine ; Scapin, Pourceaugnac, le Médecin malgré lui de Molière. […] Corneille, Racine, Crébillon, Voltaire, Lamotte, Lagrange Chancel, Lemierre, de Belloy, Laharpe, M. […] Corneille, Scarron, Molière, Racine, Quinault, Brueys et Palaprat, Regnard, Baron, Montfleury, Visé, Dufresny, Dancourt, Voltaire, Destouches, Lamotte, Marivaux, Piron, Gresset, Collé, Favart, Sedaine, Desmahis, Boissy, Lesage, Barthe, Beaumarchais, Fabre d’Églantine, Andrieux, C.
(Racine, Esther). […] (Racine, Athalie).
Les règles de la versification permettaient à Racine le vers suivant : Allez donc, et portez cette joie à mon frère… Il a eu tort de profiter de la permission, l’euphonie le lui défendait. […] — Racine : Mais que si vous voyiez, ceint du bandeau mortel, Votre fils Télemaque approcher de l’autel, Nous vous verrions, touché de cette affreuse image, Changer bientôt en pleurs ce auperbe langage, Eprouver la douleur que j’éprouve aujourd’hui, Et courir vous jeter entre Calchas et lui. […] — Racine : Je saurai, s’il le faut. victime obéissante, Tendre au fer de Calchas une tête innocente.
Racine avait ouvert et fermé en même temps sa brillante école, en plaçant l’art des vers à une hauteur désespérante : le plus ingénieux, le plus redoutable de ses successeurs, le prodigieux Voltaire, après avoir infructueusement lutté contre une perfection qu’il ne pouvait atteindre, se fraya une route particulière, où il courut rapidement suivi d’un peuple d’imitateurs, tandis que Racine et Boileau avaient péniblement gravi le sommet du Parnasse par un sentier étroit, escarpé, hérissé d’obstacles, environné de précipices, où personne enfin n’avait pu les suivre. […] Racine, qui avait également bien étudié et le génie de la langue et le caractère de la nation française, sentit que le seul moyen de donner des ailes à notre poésie, si lourde, si rampante jusqu’à lui, et qui ne s’était encore élevée que dans quelques stances de Malherbe, était de la débarrasser de ces mots auxiliaires, de ces particules traînantes qui donnent à la versification la marche de la prose ; de l’attirail des prépositions, des circonlocutions, etc., etc. […] Il partit donc d’un principe tout opposé à celui qui avait si bien dirigé Racine : il établit, comme maxime fondamentale, que des vers, pour être bons, doivent avoir la correction grammaticale et la simplicité élégante d’une bonne prose.
Ce même recueil a montré Corneille dignement loué par Racine et par La Bruyère. […] La Harpe, moins heureux toutefois en jugeant Corneille que lorsqu’il apprécie Racine ; Geoffroy, dans son Cours de littérature dramatique ; Lemercier, dans son Cours analytique de littérature générale ; les Observations critiques de Palissot, dans son édition de Corneille ; le travail que François de Neuf-château joignit à la collection des Chefs-d’œuvre de cet auteur (Didot, 1814-1819) ; l’Histoire de la littérature française de M. […] Racine dans le poëme de la Religion, chant Ier. […] On sait que ce beau passage a été parodié par Furetière, avec le concours de Boileau et de Racine.
Racine et Buffon sont les modèles de cette espèce de construction. […] L’énallage se rencontre en français dans certaines locutions familières : Si tu parles, tu es mort ; et dans un ton plus élevé, quand pour donner à la phrase du mouvement et de la vivacité, on substitue : 1° Le présent au passé : « Turenne meurt, tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse… etc. ; » 2° Le présent au futur ; dans Boileau : … Dès que nous l’aurons prise, Il ne faut qu’un bon vent et Carthage est conquise ; 3° Le passé au présent ou au futur ; dans Racine : Bientôt ton juste arrêt te sera prononcé ; Tremble ! […] En voici une de nombre, dans Racine : Entre le pauvre et vous vous prendrez Dieu pour juge, Vous rappelant, mon fils, que caché sous ce lin, Comme eux vous fûtes pauvre, et comme eux orphelin.
Racine. […] (Racine, Iphigénie, I, 2.) […] (Racine, Britannicus, V, 5.) […] On lit dans Racine : Il faut désormais que mon cœur, S’il n’aime avec transport, haïsse avec fureur.
Comment porterez-vous votre croix, si un accent normand ou picard1 vous arrête, et si vous vous dégoûtez de qui n’est pas aussi sublime que Racine ? […] On sait que Racine, après la chute de Phèdre, abandonna le théâtre, et se repentit de ces chefs-d’œuvre où il faisait si éloquemment parler la passion.
Racine, voulant peindre la bonté de Dieu, emploie ce moyen, dans le premier chœur d’Athalie : Tout l’univers est plein de sa magnificence ; Chantons, publions ses bienfaits. […] Un modèle qu’on ne peut trop étudier sous le rapport des mœurs et des convenances, c’est Racine : l’art et le sentiment se réunissent chez lui pour atteindre la perfection ; tout y est exquis, rien ne choque ; le goût même le plus délicat ne trouve rien à reprendre.
Racine fait dire à Hippolyte : Dieux ! […] (Racine.) […] Racine parle de l’avenir qu’on allait apprendre des oracles, des pythonisses, etc… 2° De l’induction et de l’exemple. […] Racine orne de toute la pompe de la poésie l’induction par laquelle Abner, justifiant ses noirs pressentimens, représente au grand-prêtre Joad tous les dangers que court ce ministre des autels :… Pensez-vous être saint et juste impunément ? […] (Racine.)
J. Racine. […] Le style classique d’abord est celui dont nous nous sommes occupés jusqu’ici dans ces leçons ; c’est celui des écrivains qui, dans tous les genres de compositions, ont été regardés de tout temps comme dignes d’être proposés pour modèles à l’admiration de tous les peuples, et à l’imitation des écrivains qui se sont succédé dans chaque siècle : c’est Je style dans lequel ont brillé, chez les Grecs : Homère, Sophocle, Euripide, Platon et Démosthène ; chez les Latins : César, Cicéron, Horace et Tite-Live ; chez les Italiens : Dante, Arioste et le Tasse ; chez les Français : Corneille, Racine, Molière, La Fontaine, Boileau, Pascal, Bossuet, Fléchier, Fénelon, Bourdaloue, Massillon, La Bruyère et Buffon. […] Tels sont les écrits des Bossuet, des Fléchier, des Racine, des Corneille, des Voltaire, des Rousseau, etc. […] Nous rapporterons ici des vers de Racine que nous avons déjà cités ; ils sont terminés par une pensée remarquable ment sublime. […] Terminons ce que nous venons de dire sur le sublime, en citant ces beaux vers de Racine, qui peignent si bien la confiance admirable de Joad dans l’Être suprême.
Elle vivoit du temps de Racine, et mourut en 1698.
Racine voulant peindre le monstre qui s’élance sur Hippolyte, emploie des mots qui représentent bien les efforts de cet animal furieux : Indomptable taureau, dragon impétueux, Sa croupe se recourbe en replis tortueux. […] Dans une autre tragédie, Racine a encore fort heureusement imité les sifflements des serpents qu’Oreste aperçoit sur la tête des Euménides : Eh bien ! […] Les Épîtres de Boileau sont datées des conquêtes de Louis XIV ; Racine porte sur la scène les faiblesses et l’élégance de la cour ; Molière doit à la puissance du trône la liberté de son génie ; La Fontaine lui-même s’aperçoit des grandes actions du jeune roi et devient flatteur.