Buffon 1707-1788 [Notice] Fils d’un conseiller au parlement, Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, naquit à Montbar, en Bourgogne, et fut élevé au collége de Dijon. […] La nature morte et la nature animée par l’homme Voyez ces plages désertes, ces tristes contrées où l’homme n’a jamais résidé, couvertes ou plutôt hérissées de bois épais et noirs dans toutes les parties élevées ; des arbres sans écorce et sans cime, courbés, rompus, tombant de vétusté ; d’autres en plus grand nombre, gisants au pied des premiers, pour pourrir sur des monceaux déjà pourris, étouffent, ensevelissent les germes prêts à éclore2. […] Entre ces marais infects qui occupent les lieux bas, et les forêts décrépites qui couvrent les terres élevées, s’étendent des espèces de landes, des savanes qui n’ont rien de commun avec nos prairies ; les mauvaises herbes y surmontent, y étouffent les bonnes ; ce n’est point ce gazon fin qui semble faire le duvet de la terre, ce n’est point cette pelouse émaillée qui annonce sa brillante fécondité : ce sont des végétaux agrestes, des herbes dures, épineuses, entrelacées les unes dans les autres, qui semblent moins tenir à la terre qu’elles ne tiennent entre elles, et qui, se desséchant et repoussant successivement les unes sur les autres, forment une bourre grossière, épaisse de plusieurs pieds. […] Son cou élevé et sa poitrine relevée et arrondie semblent en effet figurer la proue du navire fendant l’onde ; son large estomac en représente la carène1 ; son corps, penché en avant pour cingler, se redresse à l’arrière et se relève en poupe ; la queue est un vrai gouvernail ; les pieds sont de larges rames, et ses grandes ailes demi-ou-vertes au vent et doucement enflées sont les voiles qui poussent le vaisseau vivant, navire et pilote à la fois. […] Le front élevé n’a surtout rien de bombé, de proéminent, ni d’olympien, comme nos statuaires ne manquent pas de le faire à toutes les têtes encyclopédiques.
Cette dissertation, couronnée par l’Académie des inscriptions en 1822, révélait déjà la fermeté d’un esprit philosophique, des vues élevées, une éloquence nerveuse et substantielle, un style net et vigoureux. […] N’est-ce pas d’ailleurs grâce à cette culture non interrompue que la France a occupé un si haut rang parmi les États2, a entraîné les autres nations à la suite de ses idées ou de ses entreprises, a produit sans relâche comme sans fatigue tant de brillants génies qui, après lui avoir donné la gloire élevée des lettres et les beaux plaisirs des arts, lui ont encore procuré le solide avantage des lois ?
Son caractère est la douceur : il eût plus riche, plus abondant et plus élevé que le style simple. […] Buffon nous recommande en termes élevés d’imiter la nature, lorsque nous voulons produire une œuvre de style. […] Alors il s’élèvera à mesure que la matière s’élèvera elle-même ; et si le ton est constamment élevé, si chaque idée est brillamment rendue, si le génie de l’écrivain peut la rendre avec enthousiasme, le ton s’élèvera jusqu’au sublime. […] S’il est élevé, noble, sublime, l’auteur sera également admiré dans tous les temps ; car il n’y a que la vérité qui soit durable, et même éternelle. […] Le voici : Portrait d’un bon Juge et d’un bon Prince La compassion m’a élevé et m’a nourri dès mon enfance, et je l’ai eue pour guide dès le sein de ma mère.
Mais la mer était sillonnée par cinq ou six vagues longues et élevées semblables à des chaînes de collines, espacées entre elles par de larges et profondes vallées. […] La lune, vers son plein, était déjà fort élevée sur l’horizon et brillait de l’éclat le plus pur dans un ciel sans nuages. […] Point du ciel élevé perpendiculairement sur chaque point du globe terrestre.
Né dans les premiers rangs de la société coloniale, élevé dans les écoles publiques, au milieu de ses compatriotes, il arrivait naturellement à leur tête ; car il était à la fois leur supérieur et leur pareil, formé aux mêmes études, habile aux mêmes exercices, étranger, comme eux, à toute instruction élégante, à toute prétention savante, ne demandant rien pour lui-même, et ne déployant que pour le service public cet ascendant qu’un esprit pénétrant et sensé, un caractère énergique et calme assurent toujours dans une situation désintéressée. […] Enfin c’était non-seulement un esprit supérieur, mais une âme élevée, en proie, il est vrai, au tumulte des passions mondaines, dépourvue de moralité patriotique, et pourtant capable de conviction, d’affection, de désintéressement. […] Vous vivez, au sein de nos écoles, dans une région élevée et sereine, où l’élite seule de l’humanité vous entoure et vous parle.
Religion tolérante d’un idéal élevé, voilà le fond de sa critique. […] M. de Sacy a dit ailleurs : « Le goût des livres, quand il n’est pas la passion d’une âme honnête, élevée délicate, est le plus vain et le plus puéril de tous les goûts.
Le poète y fait le plus souvent l’éloge du mort ; et il doit alors y mettre les grâces et la délicatesse du madrigal, en prenant néanmoins un ton plus noble et plus élevé, et en caractérisant la personne qui en est l’objet. […] Quelle déesse est portée sur un char élevé au milieu des airs ? […] On peut prendre un ton noble et élevé, ou badin et enjoué. […] Adam Billaut, que j’ai déjà fait connaître, offre les plus beaux modèles de chansons bachiques dans le genre élevé.
Quand on a l’État en vue, on travaille pour soi ; le bien de l’un fait la gloire de l’autre : quand le premier est heureux, élevé et puissant, celui qui en est cause est glorieux, et par conséquent doit plus goûter que ses sujets, par rapport à lui et à eux, tout ce qu’il y a de plus agréable dans la vie. […] « Heureux le prince dont le cœur ne s’est point élevé au milieu de ses prospérités et de sa gloire ; qui, semblable à Salomon, n’a pas attendu que toute sa grandeur expirât avec lui au lit de la mort, pour avouer qu’elle n’était que vanité et affliction d’esprit, et qui s’est humilié sous la main de Dieu, dans le temps même que l’adulation semblait le mettre au-dessus de l’homme !
La poésie dédaigne toute pensée triviale on rabaissée par un usage trop fréquent et trop vulgaire ; elle veut que, dans la comédie même, et jusque dans les rôles de valets, qui sont chez elle le genre le moins élevé, il y ait un certain choix d’idées qui réveille le goût, et qui annonce un certain tour d’esprit agréable et piquant. Comme, dans les genres élevés, les acteurs qui parlent ont des idées et des connaissances supérieures à celles du vulgaire, l’élévation, la force, la grandeur, la finesse, la richesse des pensées doivent y régner : tout y doit être or et pourpre. […] Pour donner une définition précise de la poésie du vers, nous dirons qu’un vers est poétique ou véritablement vers quand il a un ton, une nuance au-dessus du ton et de la nuance qu’aurait la phrase si elle était en prose ; quand son expression a une élévation, une force, un agrément dans les mots et les tours, qu’on ne trouve point dans le même genre traité en prose ; en un mot, quand il montre le langage ennobli, enrichi, paré, élevé au-dessus de ce qu’il est quand il n’est que de la prose. […] Énée à la déesse Répond ce peu de mots : La jeune chasseresse… La Harpe s’est élevé très fortement contre ce défaut, à l’occasion de Ronsard. […] Cependant, cette licence doit être assez rare ; elle est même complètement bannie du style élevé.
La césure est surtout de rigueur dans les genres élevés de poésie ; elle peut être plus faiblement marquée dans la comédie et dans les genres secondaires. […] C’est à dessein que Delille a amené l’enjambement suivant : Soudain le mont liquide, élevé dans les airs, Retombe ; un noir limon bouillonne au fond des mers, L’enjambement est défendu dans le vers français à cause de la rime, qu’il tendrait à faire disparaître ; il choque l’oreille et le goût : tel est ce vers : Consultons un devin, un prêtre, un interprète Des songes ; car souvent… Depuis Malherbe, le vers sur le vers n’osa plus enjamber ; nos meilleurs poètes ont évité l’enjambement, surtout dans les genres élevés ; on est moins sévère pour les genres simples.
Lorsque le poète raconte lui-même, il peut prendre un ton plus élevé que celui sur lequel il fait parler ses bergers : il peut employer un style plus élégant et plus fleuri ; mais il faut que ses ornements soit tirés des mœurs et des objets champêtres. […] L’idylle n’a-t-elle pas un caractère plus élevé que l’églogue ? L’idylle a un caractère un peu plus élevé que l’églogue.
On admire dans ses discours une éloquence naturellement proportionnée aux sujets : sublime dans les plus élevés ; communicative et intéressante dans les plus simples ; une érudition choisie, une profondeur de raisonnement, parées de toutes les grâces de l’élocution. […] « Il s’est élevé au milieu de nous une secte impie et audacieuse ; elle a décoré sa fausse sagesse du nom de philosophie : sous ce titre imposant, elle a prétendu posséder toutes les connaissances.
Le ton élevé du poème lyrique, la vivacité de l’enthousiasme qui y règne, ne permettent pas de lui donner une grande étendue. […] Horace, chez les Latins, nous a laissé d’admirables modèles de ces différentes espèces d’odes ; son génie facile se pliait à tous les tons, depuis le plus élevé jusqu’au plus simple, depuis l’inspiration pindarique jusqu’au simple billet en vers, à la manière d’Anacréon.
que de lieux de miséricorde élevés par ses libéralités ! […] Elevé sur un trône que les troubles de la minorité avaient affaibli, avec quelle valeur en rétablit-il la gloire et la majesté !
Le chant royal est une ballade de grande dimension et d’un caractère élevé. […] De plus, on s’est imposé des règles tout à fait artificielles ou capricieuses, qui ont élevé la valeur du sonnet, à mesure qu’il plaisait au juge de se rendre plus difficile.