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34. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

J’aurais désiré recueillir son avis sur son propre travail, sur les moyens de faire mieux, et je suis persuadé qu’il m’eût écouté avec intérêt et répondu avec franchise. […] Il parlait avec onction, et ses paroles ne jetaient point la terreur dans le cœur de ceux qui l’écoutaient ; elles y portaient la consolation ; il cherchait à réconcilier l’homme avec lui-même ; il exhortait surtout à la pratique de ces vertus douces et touchantes dont il était le modèle. […] Qu’il s’agisse de l’influence de l’orateur ou du plaisir de celui qui écoute ; que l’on recherche l’utile ou que l’on ne se propose que l’agréable, nous serons toujours déterminés par les plus puissants motifs à étudier comment nous pouvons le plus avantageusement échanger nos pensées. […] Chacune de ces trois phrases a un sens absolument particulier ; je ne m’arrêterai pas à le démontrer, parce qu’il n’est aucune des personnes qui m’écoutent, qui ne les puisse concevoir bien clairement, au moyen de différentes applications des articles a, un, et the, le. […] « Équivoque, ambiguïté. » L’équivoque a deux sens : l’un est celui qu’on veut faire entendre et qui est effectivement entendu de ceux qui écoutent ; l’autre est détourné, il est entendu de la personne qui parle, et on ne dirait pas qu’elle veuille le faire entendre à ceux qui écoutent.

35. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

Puisse adresser des cris que l’on n’écoute pas ! […] Mes amis… écoutez un mot, un seul mot. […] magistrats, écoutez la voix de la nature, voyez ces larmes, et jugez. » Nous ajouterons quelques autres noms à ceux de ces trois illustres avocats. […] Écoutons les avis que Cicéron adressait à Brutus, et gravons-les profondément dans notre souvenir. […] La correction du langage et de la prononciation est sans doute nécessaire pour se faire écouter avec plaisir, mais l’intérêt dépend davantage de la composition du discours.

36. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Il est donc d’un bon orateur d’avoir beaucoup vu, beaucoup écouté, beaucoup lu, beaucoup réfléchi. » (De Orat., l.  […] Comment mériter d’être écouté quand on parle de ce qu’on ignore ? […] Là, les passions s’allument aisément, et la sympathie les communique avec rapidité de l’orateur à ceux qui l’écoutent. […] Écoutons-le apostropher T. […] Écoutons Cicéron parlant des convenances à observer et de la mesure qu’il convient de garder sur ce point.

37. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

J’écoute ; un calme formidable pèse sur ces forêts ; on dirait que des silences succèdent à des silences. […] Middleton et Moyle, remarquables par leur corpulence, se levèrent brusquement pour l’écouter ; le plancher craqua : « La chambre saute !  […] Si la nature lui avait refusé la force physique, il avait l’art, disait-on spirituellement, de se faire entendre à force de se faire écouter. […] Robert Beale lut alors la sentence, que Marie écouta en silence, et si profondément recueillie en elle-même, qu’elle semblait étrangère à tout ce qui se passait. […] Restée seule avec lui, elle rapporte ce qu’elle a vu à Caen, puis l’écoute, le considère avant de le frapper.

38. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Le lieu même d’où il parle, celui où on l’écoute, confond et fait disparaître toutes les grandeurs, pour ne laisser sentir que la sienne. […] Alors le talent même, dans ceux qui parleraient, serait le plus souvent asservi et dépravé par ceux qui écouteraient, ou n’en serait pas écouté ; alors les caractères dominants des orateurs de cette multitude insensée, seraient ou la complaisance servile qui flatte les passions et les vices, ou la grossière effronterie de l’ignorance, ivre du plaisir d’avoir tant d’auditeurs dignes d’elle ; ou l’horrible imprudence du crime déchaîné, parlant en maître devant des complices et des esclaves. […] Ecoutons ou plutôt regardons. […] Les juges de l’aréopage se défiaient du geste, et pour en éviter la séduction, ils avaient pris le parti d’écouter les orateurs dans les ténèbres. […] Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille, Ne dis plus, ô Jacob !

39. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

Nous ferons remarquer, avant de finir cet article, que les Latins aimaient à concentrer dans le corps de la phrase les idées moins saillantes, les termes accessoires, les mots complétifs ou circonstanciels, et qu’ils réservaient pour la fin la partie du discours qui excite plus vivement l’attention et satisfait le plus les oreilles de ceux qui écoutent. […] Au contraire, l’homme écoute avec plaisir ce qui lui plaît ; et c’est ce plaisir qui l’amène à croire ce qu’on lui dit. » Il y a trois sortes d’harmonies dans le discours : l’harmonie des mots, l’harmonie des périodes, et l’harmonie imitative. […] Il faut un heureux mélange de voyelles et de consonnes, de mots longs et de mots courts, qui se prêtent une mutuelle assistance, afin de donner à la phrase une douce harmonie et de charmer les oreilles de ceux qui écoutent. […] Car il ne faut pas écouter ceux qui veulent que la vertu soit dure et pour ainsi dire de fer. […] Le même ordre de périodes longtemps continué, les mêmes nombres et les mêmes chutes produisent une monotonie qui accable d’ennui et de dégoût ceux qui lisent ou qui écoutent.

40. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

Ayant, dis-je, du temps de reste pour trouter, Pour dormir, et pour écouter D’où vient le vent, il laisse la tortue Aller son train de sénateur6 Elle part, elle s’évertue ; Elle se hâte avec lenteur7. […] La tortue écouta la proposition. […] Le député vint donc et fit cette harangue : « Romains, et vous sénat, assis pour m’écouter, Je supplie avant tout les dieux4 de m’assister ; Veuillent les immortels, conducteurs de ma langue, Que je ne dise rien qui doive être repris ! […] Son exorde n’a pas été insinuant : il n’a usé ni de narration, ni de confirmation ; il va finir par une digression ; il va écouter sa péroraison. […] Surtout point de monologues : qui ne sait pas écouter ne sait pas causer.

41. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

Écoutez avec quel art l’orateur répond à l’objection, toute forte qu’elle paraît. […] Écoutons la description de son armée. […] Il me serait facile de citer une foule de rois et de peuples que le ressentiment ou une pitié mal entendue ont entraînés dans de fausses démarches ; mais je choisis de préférence les exemples où nos ancêtres ont su triompher de leurs propres penchants, pour n’écouter et ne suivre que la voix de la raison. […] Au-dedans, une industrieuse activité ; au-dehors, un gouvernement juste, des délibérations dirigées par un esprit toujours libre, et qui n’écoutait ni la passion ni l’intérêt du crime.

42. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

si vous aviez soulagé leurs maux, si vous aviez eu pitié de leur désespoir, si vous aviez écouté leurs plaintes, vos miséricordes prieraient Dieu pour vous. […] Mais si leur voix n’est pas assez forte, écoutez Jésus-Christ qui se joint à eux : « Ingrat, déloyal, vous dit-il, tu manges5 et tu te reposes à ton aise ; et tu ne songes pas que je suis souffrant en cette maison, que j’ai la fièvre en cette autre, et que partout je meurs de faim, si tu ne m’assistes6. » La royauté Certes, ce ne sont ni les trônes, ni les palais, ni la pourpre, ni les richesses, ni les gardes qui environnent le prince, ni cette longue suite de grands seigneurs, ni la foule des courtisans, non1, non, ce ne sont pas ces choses que j’admire le plus dans les rois. […] Remarquez : elle n’est pas détruite, elle se règle ; il ne faut plus d’éperon, presque plus de bride ; car la bride ne fait plus l’effet de dompter l’animal fougueux ; par un mouvement, qui n’est que l’indication de la volonté de l’écuyer, elle l’avertit plutôt qu’elle ne le force, et le paisible animal ne fait plus, pour ainsi dire, qu’écouter : son action est tellement unie à celle de celui qui le mène, qu’il ne s’ensuit plus qu’une seule et même action.

43. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

C’est sur le champ de bataille de Marengo3, au milieu des souffrances et environné de quinze mille cadavres, que je conjure Votre Majesté d’écouter le cri de l’humanité, et de né pas permettre que les enfants de deux braves et puissantes nations s’entr’égorgent pour des intérêts qui leur sont étrangers. […] Si elle écoute les furibonds qui, il y a quatorze ans, voulaient prendre Paris, et qui aujourd’hui l’ont embarquée dans une guerre, et immédiatement après dans des plans offensifs également inconcevables, elle fera à son peuple un mal que le reste de sa vie ne pourra guérir. […] Je prie Votre Majesté de ne voir dans cette lettre que le désir que j’ai d’épargner le sang des hommes, et d’éviter à une nation qui, géographiquement, ne saurait être ennemie de la mienne2, l’amer repentir d’avoir trop écouté des sentiments éphémères qui s’excitent et se calment avec tant de facilité parmi les peuples.

44. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — De Retz. (1614-1679.) » pp. 20-28

Le premier président fit voir à la reine toute l’horreur de Paris armé et enragé, c’est-à-dire il essaya de lui faire voir, car elle ne voulut rien écouter ; elle se jeta de colère dans la petite galerie. […] C’est ainsi qu’on lit dans les Mémoires de La Rochefoucauld : « Le premier président et le président de Mesmes répliquèrent qu’il n’y avait plus lieu de délibérer, que c’était une nécessité absolue de fléchir sous la volonté des peuples, qui n’écoutaient plus la voix du magistrat… » 2.

45. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — [Notice] Maurice de Guérin, 1810-1839. » pp. 598-606

Elle enfile rapidement son ouverture étroite et ténébreuse, se tapit au fin fond, et là, tout accroupie et ramassée sur elle-même, le cœur lui battant à coups redoublés, elle écoute les aboiements lointains de la meute et les cris des chasseurs. […] Il disait ailleurs : « Je me dresse à moitié sur mon lit et j’écoute passer l’ouragan, et mille pensées qui dormaient, les unes à la surface, les autres au plus profond de mon âme, s’agitent et se lèvent.

46. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Il écouta toute la pièce avec un sérieux le plus sombre du monde ; et tout ce qui égayait les autres ridait son front. […] Elle crut, c’est elle-même qui le raconte au saint abbé : écoutez, et prenez garde surtout de n’écouter pas avec mépris l’ordre des avertissements divins et la conduite de la grâce ; elle crut, dis-je, que marchant seule dans une forêt, elle y avait rencontré un aveugle dans une petite loge. […] si même toute la terre n’est qu’un atome suspendu en l’air, et si vous écoutez ce que je vais dire ? […] Ainsi la justice fait taire la charité, mais la justice elle-même n’est plus écoutée. […] écoutez-vous vos flammes ?

47. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fénelon. (1651-1715.) » pp. 101-109

Ecoutez Virgile, il le mettra devant vos yeux. […] Ce n’est plus Virgile que vous écoutez ; vous êtes trop attentif aux dernières paroles de la malheureuse Didon pour penser à lui.

48. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Écoutez Bossuet accablé de douleur et pénétré d’espérance devant le cercueil d’Henriette d’Angleterre ; écoutez les menaces foudroyantes qu’il adresse aux impies en racontant les égarements d’Anne de Gonzague, les accents d’amour divin que lui inspire la piété de la reine Marie-Thérèse, les adieux attendrissants par lesquels il prend congé du grand Condé et de la chaire chrétienne : vous aurez entendu le langage le plus puissant, le plus sublime, le plus pur qu’aient jamais parlé la passion et le sentiment. […] — Si l’orateur est dans une position délicate, s’il s’adresse à des esprit indifférents, aigris ou hostiles, il a besoin d’adresse et de ménagement pour se faire écouter. […] Le Paysan du Danube s’excuse auprès du sénat romain des vérités qu’il va lui dire : Romains, et vous, sénat, assis pour m’écouter, Je supplie avant tout les dieux de m’assister. […] On peut s’en convaincre par la Proposition et la Division du sermon de Bossuet sur l’Unité de l’Église : « Écoutez, voici le mystère de l’unité catholique, et le principe immortel de la beauté de l’Église. […] Écoutez ce grand bruit du monde, ce tumulte, ce trouble éternel ; voyez ce mouvement, cette agitation, ces flots vainement émus, qui crèvent tout à coup, et ne laissent que de l’écume.

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