/ 242
34. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Un concert, dont toutes les parties sont bien composées et bien exécutées, tant pour les instruments que pour les voix, plaît généralement. […] Enfin cette voix s’élève, crie encore plus haut, tousse, crache, s’égosille et toujours : A boire au Roi. […] Le voisin était cette voix. […] J’ai été tantôt au grand couvert ; j’ai bien étudié le ton de la voix de mon vendeur, voilà mon diapason. […] Je le calmai avec beaucoup de peine ; je cherchai à lui expliquer que ces charges tenaient plutôt à l’étiquette qu’à la nécessité intrinsèque de leur exercice ; qu’il pouvait dormir tranquille, parce qu’à sa voix ou sans voix, le service du gobelet-pain ou du gobelet-vin se ferait avec ou sans la concurrence du commensal-juré-crieur à boire au Roi. — Comment, monsieur, me répondit cet homme, vous croyez que cela se peut comme cela ?

35. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Enfin, on doit accompagner son débit des gestes et des tons de voix que comportent les pensées et les sentimens qu’on exprime, c’est l’action. […] Au premier rang des facultés physiques faites pour prévenir et attacher l’auditeur, il faut placer une figure noble et expressive, le charme d’une voix affectueuse et d’un accent pénétrant. […] Les sens extérieurs, l’air du visage, le ton de la voix sont les principaux agens de cette communication. […] Les affections de l’âme, ces émotions qui y portent le trouble, qui oppressent la poitrine, qui altèrent la voix, ne se simulent pas avec succès dans un discours qui n’admet rien que de vrai. […] De l’altération dans la voix, de la douleur dans l’accent, quelques paroles entrecoupées, sont les signes d’attendrissement au delà desquels la commisération du défenseur ne peut aller sans sortir de nos convenances.

36. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

J’ai reconnu l’accent de cette voix si chère ! […] La voix. […] Flexibilité de la voix. […] Que votre voix descende trop bas, elle est rauque, sourde, étouffée. […] Il a, de même que la voix, son exptession, et cette expression n’est autre que le langage de la nature.

37. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Il faut moins de voix qu’on ne pense pour remplir un vaste espace ; et, au moyen d’une articulation bien distincte, un homme qui n’aura qu’une voix assez faible, sera entendu à une distance bien plus grande que celle où peut atteindre la voix la plus forte. […] Ce n’est que de vive voix que l’on peut donner des instructions à cet égard. […] Ces parties sont : le renforcement occasionnel de la voix, les pauses, les tons et les gestes. […] Tantôt il suffit de la plus légère suspension de voix, tantôt la voix doit s’arrêter sur la dernière syllabe en la prolongeant un peu ; tantôt, enfin, il faut que la voix, par des inflexions successives, indique que l’on touche ou que l’on est arrivé à la fin de la période. […] La flamme avait ravagé les maisons, la voix de l’homme ne s’y faisait plus entendre.

38. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bernardin de Saint-Pierre, 737-1814 » pp. 357-367

L’air emportait la voix, et ne permettait d’ouïr que le sifflement aigu des vergues et des cordages, et les bruits rauques des flots, semblables aux hurlements des bêtes féroces. […] Il n’y a point de voix dominantes, mais des sons monotones, parmi lesquels se font entendre des bruits sourds et profonds, qui nous jettent dans une tristesse pleine de douleur. […] Mais bientôt émues elles-mêmes par ces scènes religieuses de lumière et d’ombre, et surtout par le sentiment du tombeau de Jean-Jacques, elles se mirent à chanter une romance ; leurs voix douces, se mêlant aux chants lointains des rossignols1, me firent sentir que, s’il y avait des harmonies entre la lumière de l’astre des nuits et les forêts, il y en avait encore de plus touchantes entre la vie et la mort. […] Tout à coup j’entends son cri, je vole à sa voix : l’infortuné, foudroyé par le vent du feu, était tombé mort sur l’arène, et son dromadaire avait disparu.

39. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Sa voix, dit La Harpe, au moment où elle s’élève dans le temple de la justice, est comme un premier jugement. […] Cette voix en a protégé tant d’autres ; et moi qui ai souvent bravé la mort pour toi, je suis le seul que tu ne peux sauver !  […] Je m’en vais prendre les voix et les suffrages. […] » L’auditoire s’émut à ce cri, et la voix de l’orateur fut interrompue par les pleurs et les sanglots. […] À peine avait-il achevé que son ennemi lui crie : Tu oses donc ne pas obéir tout de suite à mes ordres, et ma voix ne t’a pas glacé d’effroi ?

40. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bernardin de Saint-Pierre. (1737-1814.) » pp. 153-158

L’orfraie marine s’élève au haut des airs, et, n’osant s’abandonner à l’impétuosité des vents, elle lutte, en jetant des voix plaintives, contre la tempête qui fait ployer ses ailes. […] Il n’y a point de voix dominantes : ce sont des sons monotones, parmi lesquels se font entendre des bruits sourds et profonds, qui nous jettent dans une tristesse pleine de douceur. […] Quand les rudes aquilons ont ravagé la terre, vous appelez le plus faible des vents ; à votre voix le zéphyr souffle, la verdure renaît, les douces primevères et les humbles violettes colorent d’or et de pourpre le sein des noirs rochers.

41. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Un oiseau peut se faire entendre Après la saison des beaux jours ; Mais sa voix n’a plus rien de tendre, Il ne chante plus ses amours. Ainsi je touche encore ma lyre Qui n’obéit plus à mes doigts ; Ainsi j’essaye encor ma voix Au moment même qu’elle expire1. […] Mon vaisseau fit naufrage aux mers de ces sirènes2 ; Leur voix flatta mes sens, ma main porta leurs chaînes ; On me dit : « Je vous aime », et je crus comme un sot Qu’il était quelque idée attachée à ce mot. […] D’autres oiseaux de différent plumage, Divers de goût, d’instinct et de ramage, En sautillant, font entendre à la fois Le gazouillis de leurs confuses voix ; Et dans les cris de la folle cohue, La médisance est à peine entendue. […] À chacun son tour a m. françois de neufchateau4 Si vous brillez à votre aurore, Quand je m’éteins à mon couchant ; Si dans votre fertile champ Tant de fleurs s’empressent d’éclore, Lorsque mon terrain languissant Est dégarni des dons de Flore ; Si votre voix jeune et sonore Prélude d’un ton si touchant, Quand je fredonne à peine encore Les restes d’un lugubre chant ; Si des Grâces qu’en vain j’implore, Vous devenez l’heureux amant ; Et si ma vieillesse déplore La perte de cet art charmant Dont le dieu des vers vous honore : Tout cela peut m’humilier, Mais je n’y vois point de remède.

42. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

Oreste veut féliciter Pyrrhus de ses exploits et en même temps le blâmer de l’appui qu’il donne à Astyanax : Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix, Souffrez que j’ose ici me flatter de leur choix, Et qu’à vos yeux, seigneur, je montre quelque joie De voir le fils d’Achille et le vainqueur de Troie. […] Le génie de Beethoven et le talent de Félicien David feront succéder au calme embaumé du matin les mugissements et les éclats de l’orage, puis ramèneront bientôt après la sérénité ; mais ces mille bruits se fondront toujours, ici, dans la grande voix du désert, là, dans l’harmonie universelle de la nature pastorale. […] Sans cesse en écrivant variez vos discours… Heureux qui, dans ses vers, sait d’une voix légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. […] L’orateur commence par isoler ses auditeurs du reste du monde, et quand, debout au milieu d’eux, il a ainsi condensé sur leur tête l’épouvante générale que dès le premier mot de l’exorde son discours a dû répandre et qu’il partage lui-même, il les transporte au jour du jugement, au jour de colère et de vengeance. — Je suppose que c’est ici votre dernière heure et la fin de l’univers… — Puis, à sa voix prophétique, la voûte du temple se déchire, les cieux s’entr’ouvrent, Jésus-Christ apparait dans toute sa gloire, les sept trompettes retentissent, et la sentence de grâce ou de mort éternelle plane au-dessus de cette petite troupe qui se serre d’effroi sur les débris de l’univers écroulé.

43. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

Mais tout à coup la voix tombe, l’oiseau se tait. […] Rien n’approche du charme de sa voix, de la grâce de son sourire. […] M. de Lamartine dit : « Le poëte est semblable aux oiseaux de passage qui ne bâtissent point leurs nids sur le rivage, qui ne se posent pas sur les rameaux des bois ; nonchalamment bercés sur le courant de l’onde, ils passent en chantant loin des bords ; et le monde ne connaît rien d’eux que leurs voix. » 2. […] Ces deux voix sorties du tombeau, cette mort qui servait d’interprète à la mort m’ont frappé ; je suis devenu chrétien.

44. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre V. Beautés oratoires. »

« Si, dociles à la voix du Seigneur, vous observez fidèlement les lois que je vous ai dictées de sa part, sa bonté toute-puissante vous élèvera au-dessus de tous les peuples de la terre. […] » Mais si, sourds à la voix de votre Dieu, rebelles à ses lois et parjures à vos serments, vous violez ses commandements, la malédiction du ciel vous poursuivra, vous atteindra partout, vous frappera dans tout ce qui vous est cher. […] Maître absolu des cieux et de la terre, il n’habite point les temples que la main de l’homme a élevés ; et celui qui dispense à tout ce qui respire la vie et la lumière, n’a pas besoin des sacrifices de l’homme, etc. » Dans le reste de ce discours, saint Paul expose en peu de mots, mais avec la force de la vérité, quelques-uns des dogmes de la religion ; et son éloquence est si entraînante, ses preuves paraissent si lumineuses, que tout l’Aréopage, à moitié convaincu déjà, lui rend sa liberté d’une voix unanime, en se proposant bien de l’entendre de nouveau sur ce sujet intéressant : audiemus te de hoc iterùm .

45. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

 ; Les quatre rimes fois, lois, rois et voix 96 id. […] Pensez-vous que ma voix Ait fait un empereur pour m’en imposer trois ? […] Mais vous, qui me parlez d’une voix menaçante, Oubliez-vous ici qui vous interrogez ? […] Pour qui, sourd à la voix d’une mère immortelle, Et d’un père éperdu négligeant les avis, Vais-je y chercher la mort tant prédite à leur fils ? […] Oui mais de quoi lui sert que sa voix le rappelle, Si, sur la foi des vents tout prêt à s’embarquer, Il ne voit point d’écueil qu’il ne l’aille choquer.

46. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Il veut les rappeler et sa voix les effraie : Ils courent. […] Chaque sujet, chaque pensée a un ton qui lui est propre : un sujet qui respire la joie demande une prononciation vive : un sujet triste demande de la dignité dans la voix. […] La confirmation réclame, ordinairement, de la dignité dans la voix. […] Parlez des modifications de la voix dans le discours. […] On entendait au loin retentir une voix Lamentable, et la foudre éclatait sur les toits.

47. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Tel est cet endroit du Poème de la Religion par Racine le fils : La voix de l’univers à ce Dieu me rappelle. […] Tes principes ne sont-ils pas gravés dans tous les cœurs ; et ne suffit-il pas, pour apprendre tes lois, de rentrer en soi-même, et d’écouter la voix de sa conscience dans le silence des passions ?  […]         Du seuil des portes éternelles,         Des légions d’esprits fidèles         À sa voix s’élancent dans l’air. […] Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble : Il voit comme un néant tout l’univers ensemble ; Et les faibles mortels, vains jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux comme s’ils n’étaient pas. […] Ses anges ont partout fait entendre leur voix ; Et sortant de la poudre une seconde fois, Le genre humain tremblant, sans appui, sans refuge, Ne voit plus de grandeur que celle de son juge : Ébloui des rayons dont il se sent percer, L’impie avec horreur voudrait les repousser.

/ 242