/ 275
47. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Mais ce n’est pas en un jour que s’est formée et a paru à la lumière cette littérature et particulièrement cette prose nouvelle qui dit adieu sans retour aux libres allures et à l’inimitable fantaisie de Rabelais et de Montaigne, et se propose un tout autre idéal dont les traits dominants seront une clarté suprême et une simplicité parfaite, rehaussées par la force et par la grandeur. […] Elle a toutes les perfections secondaires ; il ne lui manque que cette énergie divine, ces traits de feu, ce pathétique, ce sublime qui ne viennent pas de l’esprit mais du cœur, et que les grands sentiments seuls peuvent enfanter. […] Ces deux facultés-là étaient comme les maîtresses pièces, les deux grands mobiles, les ailes même du génie de Rousseau ; elles n’ont pu déployer impunément toute leur puissance que parce qu’elles avaient à leur service le style nouveau qu’il s’était formé, ce style dont le trait distinctif est la force. […] Dans un discours à l’Académie, M. de Rémusat représentait par les traits suivants la physionomie de M.

48. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Est-ce l’altération des traits qui nous retient ? […] La poésie ne diffère de la simple éloquence qu’en ce qu’elle peint avec enthousiasme et par des traits plus hardis. […] Je vous avoue qu’Homère, que je lus ensuite, ne me parut point avoir les mêmes traits d’esprit. […] Souvent un maître n’aime pas la vérité, craint les raisons, et aime mieux un compliment délicat que de grands traits. […] Ils seraient bien plus dignes d’excuse, si, portant déjà le deuil, l’amertume, le désespoir souvent dans le cœur, ils en laissaient échapper quelques traits au dehors.

49. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre III. Du Genre historique. »

Tout est peint dans un détail de circonstances affreuses : l’image du danger est exprimée dans chaque parole de l’historien ; et jamais tableau n’a paru plus fini dans l’histoire, ni touché de plus fortes couleurs et avec de plus grands traits. […] Il doit principalement s’arrêter sur les détails de sa conduite particulière ; développer d’une manière nette et précise les motifs de ses actions, et former, sous des traits bien marqués, un tableau de ses faiblesses et de ses vertus. […] Cet auteur est exact dans la chronologie, et admirable dans ses portraits : il peint d’un seul trait. […] Il peint d’ailleurs, sous des traits frappants et vrais, les grands hommes qu’il veut faire connaître. […] Il y répandait beaucoup d’agrément, plusieurs traits vifs, et quantité d’instructions incidentes.

50. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Dans le premier, chaque trait donne au conséquent qui est en avant, un degré de force qui conduit pas à pas jusqu’à l’évidence. […] Il échappe au cœur, dans la conduite extérieure, des traits qui le peignent au naturel. […] J’ai ri, me voilà désarmé, dit au théâtre un personnage dont le ressentiment ne résiste pas au comique du trait qui le fait rire. […] La manière de ridiculiser par le mot est celle qui consiste dans un trait lancé, dont le tour piquant, le mot acéré fait jaillir le ridicule. Sa valeur est dans la prestesse et le mordant du trait.

51. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Des préambules substantiels, où la biographie éclaire la critique, offriront donc, comme en miniature, tous les traits saillants d’un caractère ou d’un talent. […] Il se trouva à la naissance des choses ; il eut part à la structure de l’univers ; et rien ne fut fait sans lui, depuis le premier trait de l’ébauchement d’un si grand dessin9 jusqu’à la dernière pièce de sa fabrique. […] Lorsque vous peignez des héros, vous faites ce que vous voulez ; ce sont des portraits à plaisir, où l’on ne cherche pas la ressemblance, et vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor, et qui souvent laisse le vrai pour attraper le merveilleux. […] Là on ne regarde plus combien les traits sont envenimés, pourvu qu’ils soient lancés avec art, ni combien les plaies sont mortelles à l’honneur, pourvu, que les morsures soient ingénieuses : tant il est vrai, chrétiens, que la vanité corrompt tout, jusqu’aux exercices les plus innocents de l’esprit, et ne laisse rien d’entier dans la vie humaine ! […] que je voie sa taille et son visage, pendant qu’il vit ; que j’observe les traits et la contenance d’un homme qui seul entre les mortels possède une telle prune.

52. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre premier. Apologie de Socrate par Platon. »

. — C’est un trait de justice que Socrate et ses enfants ont peut-être quelque droit d’attendre de vous. […] Criton ne trouve rien à répondre à la solidité véhémente de ces raisons ; il cède, et Socrate termine ce dialogue, comme le précédent, par un trait sublime : « Cesse donc, ô mon cher Criton ! […] Qu’ils sont petits, froids et mesquins, en comparaison de ces grands traits de la véritable éloquence, louant des vertus réelles, les éloges trop vantés et si peu lus d’Isocrate !

53. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Béranger 1780-1859 » pp. 488-497

Trait touchant et ingénieux. […] Trait charmant. […] Ces vers font tableau : le trait est sobre, net et précis.

54. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

La pensée est vive quand l’objet qu’elle représente se peint d’un seul trait dans l’esprit. […] La pensée est hardie lorsqu’elle présente les objets avec des tours ou des traits frappants, des expressions ou des couleurs extraordinaires, qui paraissent sortir de la règle. […] Une pensée est majestueuse, noble ou magnifique, quand elle présente à l’esprit des objets grands, importants et propres à élever l’âme ; mais cependant sans traits extraordinaires et éblouissants. […] Le sentiment, tel que nous l’entendons ici, est, suivant l’Académie, un trait qui exprime un mouvement du cœur. […] L’effet que l’on se propose étant d’affecter l’imagination, les traits qui l’affectent le plus doivent avoir la préférence.

55. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Les traits de son visage paraissaient avoir été coulés en bronze. […] Ce trait nous frappe l’imagination. […] Enfin, le dernier trait est pathétique. […] — Les traits du céleste courroux contiennent une bonne métaphore : traits veut dire ici justice, vengeance. […] La marche du trait n’est point une promenade.

56. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

Ce n’est pas que les esprits bien faits n’aient senti et vu dans tous les temps à peu près de la même manière, et que les grands traits, les traits primitifs de la morale universelle n’aient été exposés par eux dans toute leur native simplicité. […] Aussi, après avoir successivement parcouru tout ce qui peut faire sur la terre la gloire, le plaisir ou le bonheur de l’homme ; après avoir vu que toutes ces prérogatives brillantes se réduisaient au même néant : Omnia vanitas , il trouve cependant une exception à cette grande vanité des choses terrestres ; et cette exception, toute philosophique (dans le sens où la philosophie est la sagesse), établit d’un seul trait toute la différence qui existe en effet entre ce qu’un Dieu a dicté, et ce que l’homme imagine. […] Cette comparaison est un de ces traits charmants, si fréquents et toujours si heureusement appliqués dans la Bible, et qui n’y sont jamais des ornements prodigués par l’esprit, mais une effusion nouvelle des sentiments de l’âme. […] C’est qu’il nous est impossible de séparer nos destinées des leurs ; c’est que leurs misères deviennent les nôtres, ainsi que leurs espérances ; c’est que l’auteur a peint à grands traits l’homme présent et l’homme futur, et que les couleurs sont si vraies, la ressemblance si frappante, que nous nous y reconnaissons malgré nous.

57. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

L’ironie, maniée grossièrement ou mal à propos, est un trait qui revient contre celui qui l’a lancé. […] Nous allons en détacher quelques traits. […]  9), et l’oppose aux plus beaux traits d’Homère. […]  » Pourquoi faut-il que les antithèses viennent donner un air de petitesse à de si grands traits ? […] La poésie ne diffère ici de la prose oratoire qu’en ce qu’elle peint avec enthousiasme et par des traits plus hardis.

58. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre III. Discours académiques de Racine, de Voltaire et de Buffon. »

Suivent les portraits de Racine et de Boileau, tracés avec cette supériorité de trait et cette vigueur de manière qui caractérisent le grand maître. […] Ce ne sont point ici de ces leçons rebattues, prises partout et répétées jusqu’à satiété, depuis que l’on parle goût et littérature : ce sont des traits hardis détachés du grand tableau de la nature, et présentés dans toute leur force primitive, par l’homme qui a le mieux lu dans ce grand livre, et qui en a traduit avec tant de succès les pages les plus intéressantes pour nous. […] L’ouvrage étonne, mais c’est l’empreinte divine dont il porte les traits qui doit nous frapper.

59. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

La naïveté, si bien caractérisée par Marmontel, est une espèce d’ingénuité, de franchise enfantine que nous aimons à rencontrer et à laquelle il échappe des traits qui nous font sourire. […] Le Style académique Le style Académique aime les traits les jeux d’esprit et les antithèses. […] L’ouvrage étonne mais c’est l’empreinte divine dont il porte les traits qui doit nous frapper. […] Le savant académicien s’élève contre remploi répété des traits saillants, qui n’éblouissent pendant quelques instants que pour nous plonger ensuite dans les ténèbres. […] Le Sublime Le Sublime est un trait extraordinaire, qui transporte et élève l’âme au-dessus d’elle-même et lui cause une impression vive et profonde.

60. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

On croirait, à vous voir, dans vos libres caprices, Discourir en Caton des vertus et des vices, Décider du mérité et du prix des auteurs Et faire impunément la leçon aux docteurs, Qu’étant seul à couvert des traits de la satire, Vous avez tout pouvoir de parler et d’écrire. […] Rousseau est demeuré très-loin de ce chef-d’œuvre dans son Epitre aux Muses, bien que cette imitation soit, en ce genre, l’un de ses meilleurs ouvrages ; Gilbert en a emprunté quelques traits dans son Apologie. — Cf. […] Trait emprunté à Perse, qui dans sa Ier satire avait osé, dit-on, désigner par là Néron à la moquerie des Romains. […] « Il faut, observe Daunou, que cet épisode de la Mollesse soit d’une beauté suprême, pour se faire tant admirer dans ce grand nombre de morceaux achevés et de vers immortels. » — Quelques-uns des traits que ce passage renferme ont été imités par Voltaire, chant IX de la Henriade ; et ce n’est certes pas le seul endroit où il a rendu hommage à Boileau en l’imitant.

/ 275