Il sera tantôt sérieux, et tantôt enjoué ; tantôt noble, et tantôt naïf ; tantôt touchant, et tantôt léger ; tantôt simple, et tantôt même sublime. […] La simplicité du style fait le caractère propre des historiens sacrés : mais c’est une simplicité, tantôt majestueuse, tantôt énergique, tantôt naïve, tantôt pleine de douceur, et toujours une simplicité sublime, qui transporte et maîtrise l’âme ; simplicité admirable, qui seule serait pour l’homme qui réfléchit, une bien forte preuve de la vérité des écritures. […] C’est alors qu’elles voient la vérité dans tout son jour, la vertu dans toute sa pureté, le bonheur suprême qui doit en être la récompense ; et c’est presque en même temps que cette lumière si éclatante, ces connaissances si sublimes opèrent la plus heureuse révolution dans les mœurs, l’esprit, le caractère, la législation et le gouvernement de tous les peuples. […] Mais les bornes de cet ouvrage ne me permettent que d’en nommer quelques-uns des plus estimés ; ce sont : Bossuet, dans son Discours sublime sur l’Histoire universelle jusqu’au temps de Charlemagne : la continuation en a été faite par une autre main. […] L’objet de l’orateur historien est de faire voir le rapport des grandes révolutions avec l’établissement de la religion chrétienne ; idée la plus vaste et la plus sublime peut-être que le génie puisse enfanter.
Du titre de vertu suprême Il dépouille la vertu même, Pour le vice que tu chéris : Et toujours ses fausses maximes Erigent en héros sublimes Tes plus coupables favoris. […] Montrez-nous, guerriers magnanimes, Votre vertu dans tout son jour : Voyons comment vos cœurs sublimes Du sort soutiendront le retour. […] Sublime imitation du psalmiste.
Ils y admireraient, malgré quelques légères imperfections, la noblesse soutenue du style, des sentiments et des idées ; la force des raisonnements, la suite et l’enchaînement des preuves ; une égale habileté à faire valoir tout ce qui peut servir l’accusé, rendre ses adversaires odieux, ou émouvoir ses juges ; des pensées sublimes, des mouvements pathétiques et surtout une péroraison adressée à Louis XIV, où le talent de l’orateur et le courage de l’ami nous paraissent également admirables. […] Il n’est pas jusqu’aux lois, sire, qui tout insensibles et tout inexorables qu’elles sont de leur nature, ne se réjouissent, lorsque ne pouvant se fléchir elles-mêmes, elles se sentent fléchir d’une main toute-puissante, telle que celle de votre majesté, etc. » Cette image des lois personnifiées et le sentiment que leur prête ici l’orateur, ont quelque chose de sublime, et qui rentre essentiellement dans la manière antique.
Combien n’avons-nous pas vu de jeunes élèves se servir des mots goût, imagination, talent, génie, beau, sublime ; parler de la poésie lyrique, de l’élégie, de l’épopée, etc. ; et quand on leur demandait une explication précise de chacun de ces objets, rester court, ou balbutier des non-sens ! […] Nous cherchons à préciser ce qu’on entend par idéal ; ce que c’est que le beau et le sublime, soit dans la nature, soit dans leur rapport avec la poésie et les arts.
Si vous ne l’imitez pas, vous ferez des choses tellement opposées aux idées reçues, à toutes les notions du beau, du naturel, du sublime, que chacun vous blâmera, et dira, tout en reconnaissant que vous avez du talent, qu’il faudrait qu’il fût perfectionné par l’art. […] En effet, si vous nous donnez un bel ouvrage, où dans un style tour à tour simple, sublime et tempéré, vous nous ayez réellement attachés, et montré toutes les ressources d’un talent qui sait imiter la belle nature, ce qui est le don le plus heureux des grands peintres, que nous importe que nous ne puissions classer votre style dans un des trois genres créés par les rhéteurs ?
Elle ne peut point embrasser les sentiments de toutes les espèces et de tous les degrés réservés à l’ode, et rejette par conséquent les pensées sublimes, les images pompeuses. […] Le sublime dans les sentiments ou les images se conçoit facilement. Les images sont sublimes quand elles élèvent notre esprit au-dessus de toutes les idées de grandeur qu’il pouvait avoir. Les sentiments sont sublimes quand ils semblent être presque au-dessus de la condition humaine. […] Rousseau est admirable dans ses vers ; son style est sublime et parfaitement soutenu, ses pensées se lient bien.
Vos Odes sont tendres, gracieuses, souvent véhémentes, rapides, sublimes. […] A vous parler ingénument, si quelque chose vous empêche d’égaler Homère, c’est d’être plus poli, plus châtié, plus fini, mais moins simple, moins fort, moins sublime : car d’un seul trait il met la nature toute nue devant les yeux. […] Longin, Traité du Sublime, chap.
Dans ce morceau de la plus sublime éloquence, comme de la plus sublime poésie, la marche des propositions est si méthodique et si lumineuse, qu’elle frappe les yeux de l’homme le moins attentif ; aussi nous sommes-nous contentés d’en indiquer les conclusions par la différence des caractères.
Genre sublime. […] Le style sublime, proprement dit, n’est autre chose que le style simple appliqué à des pensées sublimes : « Or, les pensées sublimes, dit Longin, sont celles qui transportent notre âme au-dessus d’elle-même, en la remplissant de joie et d’admiration. » L’idée de Dieu est la plus sublime qu’il soit donné à l’homme de concevoir, puisqu’il n’y a rien de plus opposé à la faiblesse humaine que la puissance infinie : « Au commencement, les ténèbres couvraient la face de l’abîme, et l’esprit de Dieu était porté sur les eaux. […] Apres Dieu, ce qu’il y a au monde de puis sublime, c’est la constance de l’homme qui se roidit contre le malheur. […] — Moi : Moi, dis-je, etc’est assez. l’idée de sacrifice, de dévouement, est sublime, parce qu’elle dépasse la portée ordinaire des forces humaines. […] Est-il une idée plus sublime et plus féconde que celle de ce Dieu caché qui échappe à nos sens, mais qui se révèle à la raison ?
Partant du principe que le sublime sur le sublime produit malaisément un contraste, et qu’on a besoin de se reposer de tout, même du beau, il voulut qu’on s’en reposât dans le grotesque et dans le laid. Selon lui, le beau n’a qu’un type, le laid en a mille ; selon lui, le monde réel comme le monde idéal, le christianisme comme la création, allient à tout coup Dieu et Satan, Homère et Rabelais, la belle et la bête ; selon lui enfin, comme tout ce qui est dans la nature est dans l’art, et que le sublime et le grotesque se croisent sans cesse dans la vie, ils doivent se croiser de même dans la littérature39.
Elle a toutes les perfections secondaires ; il ne lui manque que cette énergie divine, ces traits de feu, ce pathétique, ce sublime qui ne viennent pas de l’esprit mais du cœur, et que les grands sentiments seuls peuvent enfanter. […] Il faut une émotion toute différente de celles-là, et qui en triomphe, pour nous retenir sur le rivage ; cette émotion, c’est le pur sentiment du beau et du sublime, excité et entretenu par la grandeur du spectacle, par la vaste étendue de la mer, le roulis des vagues écumantes, le bruit imposant du tonnerre. […] Mais qu’importe la gloire et ce bruit misérable que l’on fait en ce monde, si quelque chose de lui subsiste dans un monde meilleur, si l’âme que nous avons aimée respire encore avec ses sentiments et ses pensées sublimes sous l’œil de celui qui le créa ?
Je me bornerai donc à quelques notions sur les plaisirs du goût en général ; mais j’insisterai particulièrement sur le beau et sur le sublime, dans les ouvrages de l’esprit. […] Mais si la cause première de ces sensations est obscure pour nous, leur cause finale est généralement assez facile à saisir, et c’est une consolation : c’est le cas de remarquer ici l’idée sublime que les pouvoirs du goût et de l’imagination doivent nous laisser de la bienveillance du créateur.
Quand je pense, chargé de cet emploi sublime, Plus noble que mon corps, un autre être m’anime. […] Boscovich, jésuite, a emprunté le langage des Muses latines pour traiter une des matières les plus difficiles et les plus sublimes de la physique. […] Mais ces pièces ne sont pas d’un genre bien sublime et bien touchant. […] Tout est grand dans ce morceau ; tout y est d’une simplicité sublime : il n’y a pas un seul mot à retrancher. […] Voici une scène entre Horace et Curiace, qui n’est pas moins un chef-d’œuvre par la beauté du dialogue, que par le sublime des sentimens.
Quelle simplicité vraiment sublime dans cette autre phrase : « On n’entend dans les funérailles que des paroles d’étonnement de ce que ce mortel est mort ». […] Voilà, par exemple, une pensée qui est bien dans le style et dans la manière du chantre sublime de la douleur.