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24. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Il a eu la gloire d’écrire et de signer le programme éloquent de la nouvelle école, la Deffense et illustration de la Langue françoise (1549) et de l’appliquer le premier par le recueil (même année) qui contenait les sonnets de l’Olive et des Odes ; de léguer à la poésie française, dans ses Antiquités de Rome, impressions premières de son séjour en cette ville (1551-1554), et dans ses Regrets, souvenirs et appels de la patrie absente, les plus parfaits sonnets que le siècle ait produits ; de donner, dans son Poète courtisan, le premier modèle de la satire en France ; enfin | de mériter, par les poésies diverses de ses Jeux rustiques, ajoutées à celles qui précèdent, le nom d’« Ovide français », si tant est que ce nom implique, avec la grâce et l’esprit, les qualités de mâle énergie qui nous frappent à chaque page des Antiquités et des Regrets. […] Il donna au style et au ton de la tragédie une dignité et une énergie toutes nouvelles, et l’on peut surprendre dans le théâtre des siècles suivants, particulièrement chez Corneille, des souvenirs ou des imitations du vieux poète du xvie . […] Chez lui les souvenirs d’Ovide, de Catulle, de Properce, de Tibulle, se fondent avec ceux d’Arioste, de Pétrarque, de Sannazar, dont il prend, avec la grâce, la pointe. […] il ne me reste De mes contentemens Qu’un souvenir funeste, Qui me les convertit à toute heure en tourmens.

25. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Il y eut là une heure d’espérance radieuse qui laissa de profonds souvenirs dans l’imagination des contemporains ; et l’on ne doit pas oublier que la Défense et illustration de la langue française 1 fut un généreux chant du départ. […] Tel est le moterreur, auquel fut imposé parfois le genre latin, contrairement à la règle qui féminisait tous les masculins latins en or, et dont le souvenir est resté dans le féminin plurield’amour. […] Notre langue ne fut pas moins fidèle à son berceau, quand elle disait : « mil chevaux, et deux mille hommes. » Elle se souvenait que mil provient de mille, qui désigne un singulier, tandis que mille, dérivé de millia, contient l’idée de plusieurs milliers. […] Les exemples en sont si nombreux qu’il suffira d’ouvrir notre recueil au hasard pour s’en assurer. — Même dans les verbes impersonnels, le neutre il s’effaçait d’ordinaire, et l’on disait gentiment : « Me souvient qu’Aristote… Alors tonnoit et pleuvinoit à merveilles… Bien est vray que… M’est advis que… Faut estre sage. » Cette jolie forme, nous avons eu tort de la laisser à nos villageois. […] D’autres victimes d’arrêts trop rigoureux se recommandent aussi à l’honneur d’un souvenir ; je veux parler des diminutifs, qui, beaucoup plus nombreux que de nos jours, se formaient alors soit du substantif, soit des adjectifs simples, par addition des suffixes et, el-et, ot, quin, etc., comme joliet, doucelet, seulet, bergerot, musequin (petit berger, petit museau), etc.

26. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

S’il vous laisse trop vous souvenir que ce n’est qu’un homme qui parle, si Dieu n’est pas toujours à côté de lui, on ne verra plus qu’un rhéteur mondain qui adresse à des cendres les derniers mensonges de la flatterie. […] Emploi du pathétique, le souvenir de la patrie reporte en finissant le cœur du soldat au milieu de ses parents et de ses amis, il se voit accueilli par sa vieille mère, son vieux père, et toute sa famille, ses compagnons d’enfance l’entourent et l’embrassent. […] Dans tous les cas, qu’on se souvienne que tout est faux, hors du naturel ; l’air, la voix, le geste, rien ne doit être forcé. […] Pour terminer ces observations, je recommande à l’élève de se souvenir que le rhythme poétique n’est pas une prose brisée, qu’une phrase qui tombe lourdement et platement d’un vers à l’autre n’amène pas une césure, qu’elle ne fait que deux mauvais vers, et par conséquent deux mauvaises lignes. […] Mais souvenez-vous qu’on doit D’une licence heureuse user avec prudence, Et n’oublier jamais que c’est une licence.

27. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

O cruel souvenir de ma gloire passée ! […] À une dame 2 Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu’à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux. […] Et si je mourais demain, quel souvenir pourrait vous calmer sur vos rapports avec moi depuis que vous êtes au monde ? […] Ceux qui verraient ici quelque peu d’emphase doivent songer que don Diègue, humilié par un affront, a plus que jamais besoin de s’abriter sous ses lauriers d’autrefois, de mettre sa dignité sous la protection de ses glorieux souvenirs. […] à peine un souvenir : Le tombeau qui l’attend l’engloutit tout entière, Un silence éternel succède à ses amours ; Mais les siècles auront passé sur ta poussière,   Elvire, et tu vivras toujours !

28. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Introduction » pp. -

Quant au Celtique, dont le souvenir vit encore dans le bas-breton, on ne saurait lui attribuer l’importance que revendiquent en sa faveur les thèses paradoxales de Bullet et de la Tour-d’Auvergne. […] Aux épopées nationales et locales, inspirées soit par l’invasion normande, soit par le souvenir de Charlemagne, soit par la guerre sainte, comme la Chanson d’Antioche 1, se mêlent aussi, de plus en plus, les Romans d’aventures, où la fantaisie la plus invraisemblable se donne libre carrière. […] Les croisades avaient encore contribué puissamment à raviver quelques souvenirs antiques, et la fondation d’un empire latin à Constantinople rétablit des relations fécondes entre l’Orient et l’Occident. […] Les exagérations de ses disciples rendaient nécessaire la venue d’un réformateur ; car l’italianisme avait aggravé la manie du latinisme, et la plaisanterie de Rabelais sur l’écolier limousin qui pérégrine par les compites de l’urbe, ne fut qu’une caricature pleine de vérité. — En attendant les rigueurs parfois impertinentes de Malherbe, qui doit épurer la barbarie savante de ses devanciers, Agrippa d’Aubigné (1550-1530) nous fera regretter les sublimes témérités de ses Tragiques, et Mathurin Regnier (1573-1613) la force comique d’une verve qui annonce Molière et se souvient de Panurge.

29. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

Heureux le favori des muses, qui, comme le cygne, a quitté la terre sans y laisser d’autres débris et d’autres souvenirs que quelques plumes de ses ailes1 ! […] Le souvenir de mes égarements répandit sur ses derniers jours bien de l’amertume. […] « Chactas, qui raconte cette scène, se souvient du trépas sacré de Polyxène.

30. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

(Préface des Fragments et Souvenirs 1.) […] (Fragments et Souvenirs. […] Cousin y recueillait pieusement tous les souvenirs de ses relations avec un ami, le comte de Santa-Rosa, patriote italien, qui était mort en Grèce, dans l’île de Sphactérie, en 1825, après avoir joué un rôle héroïque dans son pays.

31. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Vieillards, vous aimerez à retrouver dans les livres de morale le tableau du monde où vous aurez joué votre rôle et le souvenir affaibli des agitations de votre cœur. […] Quand elles ont entièrement disparu, on se console dans la contemplation des productions antérieures de l’impuissance de produire, comme le vieillard jouit par le souvenir des joies que l’âge lui refuse. […] Vous n’avez vu que les règles et non votre auditoire ; vous vous êtes inspiré de vos souvenirs et non de la circonstance.

32. (1863) Discours choisis ; traduction française par W. Rinn et B. Villefore. Première partie.

S’ils restent ici, souvenez-vous que c’est moins l’armée des rebelles que les déserteurs de cette armée qui sont redoutables pour nous. […] il prit tout, enleva tout, ne laissa dans le temple que les traces de son sacrilège et le glorieux souvenir de Scipion. […] Je rappelle ce souvenir, non pour faire un reproche à Syracuse, mais pour rapporter ce qui s’est passé autrefois. […] et le souvenir de votre père absent ne vous ramenait-il pas à la tendresse paternelle ? […] Ni les larmes et la douleur de leurs pères, ni le souvenir qu’ils vous ont rappelé de mon nom, rien n’a pu faire impression sur vous.

33. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

La postérité s’est surtout souvenue de ses Nouvelles récréations et joyeux devis 200, contes en prose pleins de bonne humeur, dont le recueil ne fut publié qu’après sa mort201. […] Valère. — Je ne me souviens pas maintenant de son nom. Harpagon. — Souviens-toi de m’écrire ces mots. […] Mais le style de ce petit ouvrage est un modèle d’élégance aisée et naturelle, et l’on ne trouverait guère de narrations tout ensemble plus gaies, plus fines et qui semblent avoir coûté moins de peine à l’auteur, que celles qui remplissent les meilleures pages des Mémoires : c’est à ce titre qu’il faut garder à ce livre un souvenir. […] Sa mère était seule, sans secours, sans consolation, noyée dans les larmes ; il ne lut restait rien que le souvenir de sa fortune, de sa beauté, de ses fautes et de ses folles dépenses.

34. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Je ne me souviens pas maintenant de son nom. […] Ils se plaisent même davantage dans un bois sauvage et épais, que371 dans les lieux les plus ornés, parce qu’ils n’y voient rien qui les fasse souvenir des hommes, et rien qui ne les fasse souvenir de Dieu372. […] vous la connaissez sous de moindres degrés de soleil : elle ne fait point du tout souvenir de celle de la Trappe434. […] Chacun rappelle en son souvenir depuis quel temps il lui a parlé, et de quoi le défunt l’a entretenu ; et tout d’un coup il est mort. […] Il me souvient de David, qui, touché vivement de l’esprit de Dieu, lui adresse cette parole : « O Seigneur !

35. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Molière. (1622-1673.) » pp. 29-34

Je ne me souviens pas maintenant de son nom. […] Souviens-toi de m’écrire ces mots.

36. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

« Il est triste, sans doute, dit-il, de venir prouver à des hommes à qui l’on a annoncé Jésus-Christ, que leur être n’est pas un assemblage bizarre et le fruit du hasard ; qu’un ouvrier sage et tout-puissant a présidé à notre formation et à notre naissance ; qu’un souffle d’immortalité anime notre boue ; qu’une portion de nous-mêmes nous survivra, etc. » Il est triste en effet, que de pareilles idées aient besoin d’être rappelées au souvenir des hommes ; plus triste encore qu’elles aient besoin de preuves ! […] Voyez ce tableau du pécheur mourant : « Alors le pécheur mourant ne trouvant plus dans le souvenir du passé que des regrets qui l’accablent ; dans tout ce qui se passe à ses yeux, que des images qui l’affligent ; dans la pensée de l’avenir, que des horreurs qui l’épouvantent : ne sachant plus à quoi avoir recours, ni aux créatures qui lui échappent, ni au monde qui s’évanouit, ni aux hommes qui ne sauraient le délivrer de la mort, ni au Dieu juste qu’il regarde comme un ennemi déclaré, dont il ne doit plus attendre d’indulgence, il se roule dans ses propres horreurs ; il se tourmente, il s’agite pour fuir la mort qui le saisit, ou du moins pour se fuir lui-même. Il sort de ses yeux mourans je ne sais quoi de sombre et de farouche qui exprime les fureurs de son âme ; il pousse, du fond de sa tristesse, des paroles entrecoupées de sanglots, qu’on n’entend qu’à demi, et qu’on ne sait si c’est le désespoir ou le repentir qui les a formées ; il jette sur un Dieu crucifié des regards affreux, et qui laissent douter si c’est la crainte ou l’espérance, la haine ou l’amour qu’ils expriment : il entre dans des saisissements ou l’on ignore si c’est le corps qui se dissout, ou l’âme qui sent l’approche de son juge : il soupire profondément, et l’on ne sait si c’est le souvenir de ses crimes qui lui arrache ces soupirs, ou le désespoir de quitter la vie.

37. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

Mlle de Scudéri étant allée de même que tant d’autres visiter cette prison, la vue de quelques pots d’œillets que le prince avait pris plaisir à cultiver, lui inspira ces vers charmants : En voyant ces œillets qu’un illustre guerrier Arrosa de ces mains qui gagnaient des batailles, Souviens-toi qu’Apollon bâtissait des murailles, Et ne t’étonne pas que Mars soit jardinier. […] Voici une romance de Millevoye ; elle est intitulée la Fleur du souvenir, parce qu’elle a pour sujet la fleur qui s’appelle Souvenez-vous de moi.

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