Voici ce que disent des puristes La Bruyère et Lainet : Ces sortes de gens ont une fade attention à ce qu’ils disent, et l’on souffre avec eux, dans la conversation, de tout le travail de leur esprit ; ils sont comme pétris de phrases et de petits tours d’expression ; ils ne hasardent point le moindre mot quand il devrait faire le plus bel effet du monde : rien d’heureux ne leur échappe ; rien chez eux ne coule de source et avec liberté ; ils parlent proprement et ennuyeusement. […] Toi, mon dernier enfant, souffre ma plainte amère ; Le ciel n’enferme pas tout l’amour de ta mère : A vivre loin d’Edgard je puis m’accoutumer. […] Lorsque mon peuple souffre ou qu’il lui faut des lois J’élève mes regards, votre esprit me visite ; La terre alors chancelle, et le soleil hésite. […] Vous souffrez qu’il vous parle !
Ta présence au milieu de nous est désormais impossible ; je ne puis la supporter ; je ne la souffrirai pas, je ne saurais la tolérer. […] Bien des fois je me suis tu, j’ai supporté bien des choses, fait bien des concessions, souffert bien des maux pour vous épargner des craintes. […] non seulement vous souffrirez qu’on les enlève, mais vous en protégerez encore le destructeur ! […] On comprend aisément ce qu’il souffrait, attaché ainsi nu sur le bronze et exposé au froid et à la pluie. […] ou ces cruels tourments qu’il a fait souffrir à des innocents, font-ils sur vos cœurs la même impression que sur le mien ?
Outre qu’elles exigent, chacune dans son espèce, un talent particulier, on n’y souffre pas les moindres inégalités, les plus légers défauts. […] On n’y souffre ni le moindre écart du sujet, ni un vers faible ou négligé, ni une expression impropre ou superflue, ni la répétition du même mot. […] On y souffre cependant les traits brillants d’une imagination hardie un style noble et animé, et un certain enthousiasme, cette élévation, ces transports, ce délire même, font le plaisant de ces sortes de chansons, parce qu’il semble que c’est la liqueur que le poète célèbre, qui les a fait naître, comme on peut le voir dans celle-ci : Quel effroyable bruit !
Ce sont vos louanges qui me gâtent ; il est juste que vous en souffriez ; d’ailleurs, j’aime beaucoup mieux vous écrire rarement, que retenir ma plume, lorsqu’elle est en train d’aller ; cela est plus conforme à ma paresse, et plus commode aussi pour vous. […] Il a souffert le mal qu’il ne méritait pas, et celui que son imprudence lui attira.
La nature matérielle est beaucoup plus bornée que la nature morale, soit pour jouir, soit pour souffrir. L’âme, dans ses douleurs, est patiente et variée, parce qu’elle est immortelle ; tandis que le corps, après souffrir, ne sait que mourir : c’est la seule variété et la seule péripétie qu’il sache mettre dans ses douleurs ; et de là aussi, au théâtre, la stérilité et la monotonie des souffrances matérielles.
Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr ; Encor si vous naissiez2 à l’abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n’auriez pas tant à souffrir ; Je vous défendrais de l’orage ; Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords du royaume du vent3. […] dit-il : attendez quelque peu ; Ma femme ne veut pas que je parte sans elle2 ; Il me reste à pourvoir un arrière-neveu ; Souffrez qu’à mon logis j’ajoute encore une aile3 Que vous êtes pressante, ô déesse cruelle ! […] Je ne les blâme point ; je souffre cette humeur : Elle est commune aux dieux, aux monarques, aux belles. […] La Bruyère a dit des enfants : « Les enfants sont hautains, dédaigneux, colères, envieux, curieux, intéressés, paresseux, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimulés ; ils rient et pleurent facilement ; ils ont des joies immodérées et des affections amères sur de très-petits sujets ; ils ne veulent point souffrir le mal, et aiment à en faire ; ils sont déjà des hommes. » 6. […] Où son moi n’est pas en action, soit pour jouir, soit pour souffrir, l’homme n’est pas.La terre ne me dit tout ce qu’elle peut dire à l’homme que là où je la possède ;la mort ne se révèle tout entière à mon âme que lorsqu’elle me frappe dans les miens.
Mais tout ornement qui n’est qu’ornement est de trop ; retranchez-le, il ne manque rien ; il n’y a que la vanité qui en souffre. […] Il ne le souffre pas ; et il sait borner la folie la plus impudente des hommes. […] Ce soleil ne se couche jamais, et ne souffre aucun nuage que ceux qui sont formés par nos passions : c’est un jour sans ombre ; il éclaire les sauvages mêmes dans les antres les plus profonds et les plus obscurs ; il n’y a que les yeux malades qui se ferment à sa lumière ; et encore n’y a-t-il point d’homme si malade et si aveugle qui ne marche encore à la lueur de quelque lumière sombre qui lui reste de ce soleil intérieur des consciences. […] D’ailleurs, quand le cœur est malade, tout le corps en souffre.
Enfin, l’on a, malgré soi, pitié des infortunés ; quand on est témoin de leur mal, on en souffre. […] Mais un corps qui souffre ôte à l’esprit sa liberté ; désormais je ne suis plus seul, j’ai un hôte qui m’importune ; il faut m’en délivrer pour être à moi, et l’essai que j’ai fait de ces douces jouissances ne sert plus qu’à me faire attendre avec moins d’effroi le moment de les goûter sans distraction2. […] « Il n’y a pour l’homme que trois événements : naître, vivre et mourir ; il ne se sent pas naître, il souffre à mourir, et il oublie de vivre. » 2. […] cette âme plongée dans le corps, qui en épouse toutes les passions avec tant d’attache, qui languit, qui se désespère, qui n’est plus à elle-même quand il souffre, dans quelle lumière a-t-elle vu qu’elle eût néanmoins sa félicité à part ?
Tel est le mot fumier qui fait la pointe de cette épigramme, que Patrix a imitée des Visions de Quevedo, poète espagnol : Je songeais cette nuit que de mal consumé, Côte à côte d’un pauvre on m’avait inhumé, Et que n’en pouvant pas souffrir le voisinage, En mort de qualité je lui tins ce langage. […] J’observerai seulement que les vers, à rimes suivies, manquent d’harmonie, 1º quand les rimes masculines ont une trop grande convenance de son avec les féminines, comme dans ceux-ci de Racine : Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix, Souffrez que j’ose ici me flatter de leur choix, Et qu’à vos yeux, Seigneur, je montre quelque joie De voir le fils d’Achille, et le vainqueur de Troie. […] Elle ne souffre point que les vers marchent toujours de deux en deux, encore moins un à un.
Il est mort sans souffrir, et de la mort la plus douce, la plus enviée par les militaires. […] Le duc d’Istrie est mort de la plus belle mort2 et sans souffrir. […] Le général Lamarque disait : « Nous sommes si accoutumés à nous voir mourir, que cela nous paraît dans l’ordre des convenances ; sans cela nous serions toujours dans les larmes, et le devoir en souffrirait. » 1.
Pour vaincre, elle ne fait que souffrir ; et elle n’a pas d’autres armes que la croix de son époux. […] Il a souffert le mal qu’il ne méritait pas, et celui que son imprudence lui a attiré. […] Ce zèle est trop ardent, souffrez qu’il se modère. […] On souffre avec regret quand on n’ose s’offrir. […] J’ai souffert cet outrage avec que patience.
Sans toi, frêles vaisseaux, privés de gouvernail et de pilotes, toujours battus par des vents contraires, portés çà et là sur une mer semée d’écueils, nous péririons sans être plaints, ou nous échapperions pour souffrir encore. […] Elle ne souffre rien d’impur. […] puis-je entendre et souffrir ce langage ? […] Non, non, ne souffre pas que ces peuples farouches, Ivres de notre sang, ferment les seules bouches Qui dans tout l’univers célèbrent tes bienfaits ; Et confonds tous ces dieux qui ne furent jamais.
Ainsi je m’assure que vous me souffrirez mieux si je ne m’oppose point à vos larmes, que si j’entreprenais de vous détourner d’un ressentiment3 que je crois juste ; mais il doit néanmoins y avoir quelque mesure, et comme ce serait être barbare de ne se point affliger du tout lorsqu’on en a du sujet, aussi serait-ce être trop lâche de s’abandonner entièrement au déplaisir : oui, ce serait faire fort mal son compte que de ne tâcher pas de tout son pouvoir à se délivrer d’une passion si incommode. […] Il y a, ce me semble, beaucoup de rapport entre la perte d’une main et d’un frère1 : vous avez ci-devant souffert la première sans que j’aie jamais remarqué que vous en fussiez affligé ; pourquoi le seriez-vous davantage de la seconde ?
Albe ne pourra pas souffrir un tel spectacle ; Et Rome, par ses pleurs, y mettra trop d’obstacle. […] … Jusques à quand, braves amis, le souffrirez-vous ? […] Peut-on en effet, pour peu que l’on pense en homme, souffrir sans indignation que leurs richesses excèdent la folie de leurs dépenses, qu’ils rendent la mer habitable, que les montagnes s’applanissent pour eux, tandis que nous avons à peine le nécessaire ?