Elle explique la question tout entière, et persuade en déterminant le sens des mots ; elle est générale ou partielle. […] Le mot style a donc ici le même sens, avec une nuance particulière. […] Passant du sens primitif au sens dérivé, et dans une acception plus étendue, il est devenu la forme personnelle et vivante que l’écrivain donne à sa pensée. […] Souvent aussi on entend par là une phrase isolée, intercalée dans la période, et que l’on peut enlever sans en changer le sens général. […] Cette figure consiste à étendre ou à restreindre le sens propre des mots.
La poésie didactique, en ce sens du moins qu’elle donne des conseils et enseigne ce qu’il faut faire, est bien ancienne. […] C’est dans ce dernier sens que nous le prenons toujours. […] Ce mot, dont tout le monde comprend le sens général et ordinaire, est pris en poésie dans un sens particulier, pour exprimer ce qui vient après le dénouement et qui règle définitivement le sort des personnages. […] Le merveilleux, qu’on regarde comme essentiel à la grande épopée, a dans cette règle un sens particulier qu’il faut connaître. […] Chez les Romains nous ne reconnaissons qu’un seul poème épique dans le sens étroit du mot : c’est l’Énéide de Virgile, ou le récit de l’établissement d’Énée et des Troyens dans l’Italie.
D’une autre part, la stérilité forcée du langage naissant, la paresse d’invention naturelle au sauvage et à l’habitant de la zone tropicale, la commodité qu’il trouvait à employer les mots existants en les détournant de leur sens primitif, au lieu de prendre la peine d’en créer de nouveaux, tout contribua à donner un plus grand développement au langage figuré, et c’est ainsi qu’à l’onomatopée et à la métaphore se joignirent tout naturellement l’hyperbole, la prosopopée, l’apostrophe, l’inversion, la catachrèse, etc. […] Elles comprennent : 1° Les figures de diction ou de grammaire qui modifient la forme matérielle des mots ; 2° Les figures de construction ou de syntaxe qui modifient leur arrangement ; 3° Les figures de mots proprement dites, soit que les vocables y conservent leur signification essentielle, soit qu’ils y prennent un autre sens que leur sens primitif, ce que l’on nomme aussi tropes. […] Enfin, à propos de la troisième classe de figures de mots, je demanderai comment on peut donner ce nom à celles où les vocables conservent leur signification essentielle ; s’il n’y a point certaines figures qui portent à la fois sur le sens et sur le signe de l’idée ; si la métaphore, figure de mots, n’affecte pas la pensée, en la rapprochant d’une autre, en la doublant en quelque sorte, tandis que la métonymie et la synecdoque, comme il sera prouvé plus tard, ne sont et ne peuvent être, d’après leur racine même, que des figures de mots ; si l’apostrophe, figure de pensée, n’affecte pas le mot, en modifiant son inflexion ; si l’antithèse n’appartient pas évidemment aux deux classes, puisqu’elle oppose les mots aux mots, aussi bien que les pensées aux pensées ; s’il n’eût pas fallu par conséquent ajouter à cette nomenclature une catégorie de figures mixtes, amphibies, pour ainsi dire, qui touchent à la fois et à la pensée et aux mots, et souvent même au tour de la phrase.
Aussi avons-nous ajouté aux notes grammaticales, étymologiques, explicatives des mots et de leur sens, des notes, relativement plus étendues, quoique aussi sommaires que possible, destinées à faire connaître le sujet, l’ensemble et quelquefois le caractère général de l’œuvre tout entière. […] Je suis plein de despit, quand les femmes fragiles Interpretent en vain le sens des evangiles, Qui devraient mesnager et garder leur maison. […] Je ne fay qu’allonger le trame de mes maux : Je ne vy pas, je sens les funebres travaux D’un qui tombe au cercueil ; mon aine prisonniere Est close de ce corps comme un corps de sa biere. […] Dieu qui ne peut tomber ès lours sens des humains369, Se rend come visible ès œuvres de ses mains… Le monde est un grand livre, où du souverain Mètre L’admirable artifice on lit en grosse lettre. Chaque œuvre est une page, et d’elle chaque effet Est un beau caractere en tous sens très parfet.
Les vaisseaux ont leurs soupapes ou valvules, tournées en tout sens ; les os et les muscles ont leurs poulies et leurs leviers : les proportions qui font et les équilibres, et la multiplication des forces mouvantes, y sont observées dans une justesse où rien ne manque. […] On dirait aujourd’hui, dans ce sens, élocution. […] Ce mot est pris ici dans le sens de force, conformément à l’étymologie du mot latin virtus (vis). […] Cet adverbe a, dans la langue de Bossuet, le sens de l’adverbe latin apte : il désigne l’exact rapport d’un objet avec son but et sa fin. […] On se bornerait à dire aujourd’hui dans ce sens, échappe… 2.
Boileau donne ainsi le précepte et l’exemple : Que toujours, dans vos vers | le sens coupant les mots Suspende l’hémistiche, | en marque le repos. […] Il y a enjambement quand le repos manque à la fin du vers, et qu’il y a un rejet du sens au commencement du vers suivant : L’enjambement est un défaut, quand il ne sert pas à produire une beauté. […] Deux mots semblables ne peuvent rimer que s’ils ont un sens différent. […] La stance est un nombre déterminé de vers qui forment un sens complet.
Est-il besoin de faire observer que ce mot n’a pas ici le même sens qu’au chapitre xxiv ? […] iv, on peut, à la rigueur, entendre έπεισόδιον dans le sens de la présente définition d’Aristote.
Cette traduction offre un excellent sens mais ne suppose-t-elle pas ἀλλἡλοις après ὑπεναντία ? J’avoue cependant que ce dernier mot est employé seul et dans ce sens absolu au chap.
Il est, je l’avoue, difficile d’imaginer ce que peut être cette invention des prologues, ce mot n’ayant pas d’autre sens dans Aristote que le sens défini au chapitre XII de la Poétique mais est-ce une raison suffisante pour changer dans le texte προλόγους en λόγους contre l’autorité des manuscrits ? […] La traduction de ce passage par de Norville (1671) montre combien alors les esprits étaient prévenus sur ce sujet et disposés à interpréter Aristote dans le sens de leurs théories : « La tragédie commence et termine son action en un jour ou en une nuit autant que faire se peut : et si le fort de l’action se passe dans l’un de ces temps elle anticipera bien peu sur l’autre. » Après avoir observé que les trois grands tragiques de la Grèce se conforment à l’unité de temps, d’Aubignac ajoute : « ….
Et de même qu’à l’aide du crayon ou du pinceau l’artiste représente fidèlement l’image qu’il a sous les yeux où à laquelle il pense, de même l’homme se servit de l’inflexion de sa voix pour exprimer ce qui frappait ses sens. […] La Phrase et la Proposition Après avoir exposé en quelques lignes la formation du langage, c’est-à-dire la création des mots, des langues, de l’écriture et de la grammaire, il est naturel de faire connaître que l’habitude fut bientôt prise d’assembler plusieurs mots pour exprimer une idée quelconque et représenter un sens complet : la phrase fut trouvée, et la proposition lui vint en aide pour lui servir à exprimer un jugement. […] : L’empire d’Alexandre était [trop] grand (pour qu’il pût subsister longtemps après la mort de ce grand homme) La phrase, enfin, qui est composée de plusieurs membres tellement liés entre eux que le sens général demeure suspendu jusqu’à la dernière qui vient la compléter, s’appelle Période, telle que : « Peut-être devons-nous regretter ces temps d’une heureuse ignorance, où nos aïeux moins grands, mais moins criminels, sans industrie, mais sans remords, vivaient pauvres et vertueux, et mouraient dans le champ qui les avait vus naître. » On confond souvent à tort le nom de phrase avec celui de proposition.
Métonymies du signe pour la chose signifiée : La robe, pour les professions civiles ; l’épée, pour la profession militaire ; le sceptre, la couronne, pour la dignité royale ; le chapeau, pour le cardinalat ; les bonnets rouges et les talons rouges, pour les démagogues et les aristocrates ; les parties du corps, pour le sens ou le sentiment dont elles sont ou dont on les suppose l’organe : l’œil, l’oreille, pour la vue et l’ouïe ; le cœur, la cervelle, les entrailles, pour le courage, l’esprit, la sensibilité, Mes entrailles pour lui se troublent par avance. […] C’est ce qu’on nomme catachrèse, trope par lequel un mot est pris, de nécessité, dans un sens imitatif, extensif, abusif. […] En français le mot sacré, dans le sens d’exécrable, détestable, est-il une antiphrase nationale ou simplement un latinisme107 ? […] Le mot hébreu se prend dans les deux sens, au propre ou par antiphrase, je ne sais ; ce qui est certain, c’est qu’aucune des traductions en langue vulgaire que j’ai consultées ne conserve cette antiphrase.
Écrire n’est pas créer dans le sens propre du mot ; c’est presque toujours se souvenir, et combiner les idées que l’on a acquises dans la société, dans la lecture, dans l’étude ; il n’y a que les hommes de génie qui créent véritablement, et les hommes de génie sont rares. […] La traduction est aussi l’un des meilleurs exercices pour former le style, parce qu’elle met à la fois en mouvement l’intelligence, pour comprendre le sens d’une langue étrangère ; le goût, pour saisir les beautés de l’auteur ; le style, pour chercher à le bien rendre. […] Traduire n’est pas imiter, c’est se rapprocher autant que possible de l’original, le rendre avec fidélité, précision, par des mots qui aient le même sens, ou par des expressions équivalentes ; il faut reproduire non seulement le sens des idées, mais encore le génie de l’écrivain, la couleur de sa pensée et de son style ; c’est ainsi seulement qu’une traduction peut être utile et agréable.
Encore un pas : déjà l’horreur trouble les sens, la tête tourne, les yeux s’égarent. […] C’est le sens familier. […] Dans le sens d’élocution. […] Sens énergique, mais un peu vieilli, que nous retrouvons dans ce vers : Adieu, plaisant pays de France. […] Charmante, sens propre : qui enchante.
Ne sens-tu pas que tes complots sont dévoilés ? […] Passer du sens divisé au sens composé, et réciproquement. […] Il y a des propositions qui ne sont vraies que dans ce dernier sens. […] Le sophisme a lieu quand on passe de l’un de ces sens à l’autre. […] Il n’y a que les faiseurs d’énigmes qui soient en droit de présenter un sens enveloppé.