La distinction des matières oratoires en trois genres, le démonstratif, le délibératif, et le judiciaire ne m’a pas semblé pouvoir nous convenir. […] L’ éloquence nous apparaît sous tant de formes différentes, qu’au premier abord il semble difficile de la définir. […] C’est ce que Démosthène et Cicéron me semblent avoir l’un et l’autre merveilleusement observé. […] Lorsqu’on joint deux idées qui semblent faites l’une pour l’autre, le jugement est affirmatif ; lorsqu’on en sépare deux qui se choquent et se détruisent, le jugement est négatif. […] C’est ainsi que Camille, en demandant un service aux Ardéates, semble n’être venu que pour les secourir.
Chaque coup de théâtre, chaque surprise est amenée naturellement et semble indispensable. […] S’éloignant à grands pas du village, elle prit un chemin creux qui serpentait dans les vignes, après avoir envoyé devant elle le chien, à qui elle fit un signe qu’il semblait bien connaître ; car aussitôt il se mit à courir en zigzag, passant dans les vignes, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, toujours à cinquante pas de sa maîtresse, et quelquefois s’arrêtant au milieu du chemin pour la regarder en remuant la queue. […] Les dernières paroles de sa sœur retentissaient sans cesse à ses oreilles, et il lui semblait entendre un oracle fatal, inévitable, qui lui demandait du sang, et du sang innocent.
Pour peu que je m’y arrête, il me semble que je retourne en ma première innocence. […] L’abord de ce lieu m’a semblé une chose singulière, et qui vaut la peine d’être décrite. […] Il semble qu’ils n’aient autre chose à dire : de l’argent, de l’argent, de l’argent. […] Ce nom ne fait aucun scrupule à prendre, et l’usage aujourd’hui semble en autoriser le vol. […] De là vient que l’enfance semble promettre tant et qu’elle donne si peu.
Il y a déjà une disposition naturelle qui semble assigner la place aux différents matériaux fournis par l’invention. […] Cependant elle a quelques caractères qui semblent exiger qu’on l’en sépare. […] Ceux-ci, graves et austères, dédaignent les ornements et n’estiment que cette éloquence mâle dont il leur semble que les grâces énerveraient la vigueur ; ceux-là, sentencieux, énergiques et profonds, sont avares de mots et peignent d’un seul trait. […] Il semble que du Ciel descende la vengeance. […] Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’a pu faire la magnificence et la piété pour honorer un héros ; des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant, et rien enfin ne manque dans tous ces honneurs, que celui à qui on les rend.
Il doit sembler étrange de prétendre rectifier les textes adoptés de Corneille ou de Bossuet ; et cependant rien n’est plus nécessaire, car d’incroyables altérations de toutes sortes s’y sont glissées et accréditées. […] L’hypothèse de l’homme isolé et brut semble inadmissible. […] Il semble qu’il veuille faire pitié à ceux à qui il faisait encore peur. […] » S’étendait dans la nuit comme un dernier soupir De la brise qui tombe et semble s’assoupir. […] Il semble savoir que sa mission sera courte, que le torrent qui descend de si haut s’écoulera vite ; il se hâte de jouir et d’abuser de sa gloire, comme d’une jeunesse fugitive.
Nous avons voulu qu’au sortir de leurs cours, les élèves des lycées et des colléges connussent, avec les plus grands noms de notre littérature, ce qu’elle a produit de plus parfait ; et ce sera là, nous l’espérons, le fruit d’une étude attentive de ces recueils, conçus dans un dessein unique, malgré quelques différences de compositions qu’il a semblé à propos d’y introduire. […] Dans la disposition des morceaux, nous n’avons apporté d’autre ordre que celui qui semblait indiqué par la nature des idées, selon que leur simplicité et leur clarté plus parfaites les rendaient plus faciles à saisir.
L’univers, à votre retour, Semble renaître pour vous plaire ; Les Dryades3 à votre amour Prêtent leur ombre solitaire4. […] Cependant votre âme, attendrie Par un douloureux souvenir, Des malheurs d’une sœur chérie7 Semble toujours s’entretenir.
Le système des livres élémentaires par demandes et par réponses n’est plus en vogue, mais il m’a toujours semblé regrettable pour l’utilité pratique qui manque à beaucoup de traités… » Enfin, nous avons tenu à faire un ouvrage aussi complet que peut l’être un traité classique. […] Les poètes chrétiens, considérés sans prévention, ne nous ont point paru indignes de faire entendre leurs accents sous les voûtes séculaires de nos temples ; et leur inspiration nous a semblé de nature à fixer l’attention des jeunes littérateurs.
Le premier trait que j’en vois sortir, c’est l’esprit de réflexion, le génie d’observation ; caractère plus grand et plus singulier qu’il ne semble d’abord, et qu’on doit regarder comme la racine même du talent de penser, comme le germe unique de la vraie philosophie ». […] Ce brillant caractère me frappe d’abord dans tous les ouvrages marqués au coin de la vraie philosophie : je sens un génie supérieur qui m’enlève au-dessus de ma sphère ; et qui, m’arrachant aux petits objets, autour desquels ma raison se traînait lentement, me place tout d’un coup dans une région élevée, d’où je comtemple ces vérités premières, auxquelles sont attachées, comme autant de rameaux à leur tige, mille vérités particulières ; dont les rapports m’étaient inconnus : il me semble alors que mon esprit se multiplie et devient plus grand qu’il n’était. […] Mais ce qui me semble au-dessus de tout par la vigueur de la dialectique, et l’éloquente énergie de la diction, ce sont les dernières pages de ce même discours.
La fortune a pris, ce semble, plaisir à élever ce prince au plus haut degré de la gloire où puissent monter les hommes, si toutefois on peut dire que la fortune ait eu quelque part dans ses succès, qui n’ont été que la suite infaillible d’une conduite toute merveilleuse. […] Cependant il est merveilleux que, parmi les soins d’une guerre qui a dû, ce semble, l’occuper tout entier, ce prince soit encore entré dans le détail du gouvernement de son État, et qu’on l’ait vu aussi appliqué aux besoins particuliers de ses sujets que si toutes ses pensées avaient été renfermées au dedans de son royaume. […] Corneille fait allusion à ces injustices de l’opinion publique dans une de ses Lettres, adressée à Saint-Evremond (1666), où il le remercie « de l’honorer de son estime en un temps où il semble qu’il y ait un parti pris pour ne lui en laisser aucune ».
La vraie et la fausse éloquence Il y a une faiseuse de bouquets et une tourneuse de périodes, je ne l’ose nommer éloquence, qui est toute peinte et toute dorée1 ; qui semble toujours sortir d’une boîte2 ; qui n’a soin que de s’ajuster, et ne songe qu’à faire la belle : qui, par conséquent, est plus propre pour les fêtes que pour les combats, et plaît davantage qu’elle ne sert, quoique néanmoins il y ait des fêtes dont elle déshonorerait la solennité, et des personnes à qui elle ne donnerait point de plaisir. […] que cette amertume me semble bien de meilleur goût que toutes les douceurs fades et tout le sucre des beaux parleurs ! […] Il semble qu’il veuille faire pitié à ceux à qui il faisait encore peur.
Quand la destinée sembla s’attendrir en sa faveur, cette tardive clémence ne fut qu’une cruauté de plus ; car s’il entrevit un instant le bonheur dans une alliance qui lui assurait l’aisance, la dignité d’un loisir indépendant et les joies domestiques, il ne put jouir de ces biens, et expira en vue de la terre promise. […] Les quatre grands sapins, derrière la maison, recevaient de temps à autre de si rudes coups qu’ils semblaient prendre l’épouvante et poussaient comme des hourras de terreur à faire trembler. […] On dirait, tant elles sont étrangement posées et inclinées vers la chute, qu’un géant s’est amusé un jour à les faire rouler du haut de la côte, et qu’elles se sont arrêtées là où elles ont rencontré un obstacle, les unes à quelques pas du point de départ, les autres à mi-côte ; mais ces obstacles semblent les avoir plutôt suspendues qu’arrêtées dans leur course ; car elles paraissent toujours prêtes à rouler.
« Nous sommes tous hommes, sire ; nous avons tous failli, nous avons tous désiré d’être considérés dans le monde ; nous avons vu que sans bien on ne l’était pas ; il nous a semblé que sans lui toutes les portes nous étaient fermées, que sans lui nous ne pouvions pas même montrer notre talent et notre mérite, si Dieu nous en avait donné, non pas même pour servir votre majesté, quelque zèle que nous eussions pour son service. […] Votre majesté nous avait confiés à d’autres mains que les siennes : persuadés qu’elle pensait moins à nous, nous pensions bien moins à elle ; nous ignorions presque nos propres offenses, dont elle ne semblait pas s’offenser.
Les grands hommes Lorsqu’une déplorable faiblesse et une versatilité sans fin se manifestent dans les conseils du pouvoir ; lorsque, cédant tour à tour à l’influence des partis contraires, et vivant au jour le jour, sans plan fixe, sans marche assurée, il a donné la mesure de son insuffisance, et que les plus modérés sont forcés de convenir que l’État n’est plus gouverné ; lorsqu’enfin à sa nullité au dedans l’administration joint le tort le plus grave qu’elle puisse avoir aux yeux d’un peuple fier, je veux dire l’avilissement au dehors, une inquiétude vague se répand dans la société, le besoin de la conservation l’agite, et, promenant sur elle-même ses regards, elle semble chercher un homme qui puisse la sauver. […] Mais que ce sauveur impatiemment attendu donne tout à coup signe d’existence, l’instinct national le discerne et l’appelle, les obstacles s’aplanissent devant lui, et tout un grand peuple volant sur son passage semble dire : « Le voilà !