S’il a parfois forcé ses principes jusqu’à l’absurde, si le raisonnement n’est pas toujours chez lui la raison, on admire l’écrivain, même quand on résiste au penseur. […] Une force, à la fois cachée et palpable, se montre continuellement occupée à mettre à découvert le principe de la vie par des moyens violents.
Voilà le goût classique ; qu’il soit sage sans être timide, exact sans être borné3 ; qu’il passe à travers les écoles moins pures de quelques nations étrangères, pour se familiariser avec de nouvelles idées4, se fortifier dans ses opinions, ou se guérir de ses scrupules1 ; qu’il essaye, pour ainsi dire, les principes sur une grande variété d’objets ; il en connaîtra mieux la justesse, et, corrigé d’une sorte de pusillanimité sauvage, il ne s’effarouchera pas de ce qui paraît nouveau, étrange, inusité ; il en approchera, et saura quelquefois l’admirer2. […] Quelques productions irrégulières et informes ont enlevé les suffrages ; elles ne plaisent point par la violation des principes, mais en dépit de cette violation ; et c’est, au contraire, le triomphe de la nature et du goût, que quelques beautés conformes à cet invariable modèle, répandues dans un ouvrage bizarrement mélangé, suffisent à son succès, et soient plus fortes que l’alliage qui les altère.
Ajoutons que ses principes littéraires n’ont rien d’absolu, d’étroit et d’impérieux. […] Trop de causes doivent concourir pour faire éclore ces âges d’or : une cour comme celle d’Auguste ou de Louis XIV, une démocratie comme celle d’Athènes, plus aristocrate par la finesse de ses organes et la délicatesse de son goût que l’aristocratie elle-même ; une certaine fermentation dont le principe nous échappe et qui fait germer à la fois une moisson d’esprits du premier ordre dans tous les genres1 ; du loisir pour attendre l’inspiration et ne travailler que sous son influence ; un amour de l’art pur généralement répandu ; un désir de gloire, d’avenir, d’immortalité, que les besoins du présent n’étouffent pas sous la nécessité de percer, de se faire connaître et de vivre.
Elles lui font découvrir, non seulement mille beautés qui lui seraient échappées, mais encore la source et le principe de celles qui le frappent ; et l’on conçoit aisément que cette découverte doit ajouter beaucoup au sentiment agréable, que lui cause la lecture d’un bel ouvrage.
De là une inégalité immense qui s’établit, d’abord en fait, puis en tradition et en principe, si bien qu’après avoir obéi au pouvoir religieux, les hommes sont soumis au droit de la force. […] Quand cette avalanche se rue sur le principe d’autorité, rien ne lui résiste, ni la raison, ni la vertu, ni l’héroïsme. Le principe d’autorité est un instant englouti ; mais l’anarchie révolutionnaire se détruit elle-même. En disparaissant, le principe d’autorité semble porter contre les sociétés ce jugement qu’un prophète met dans la bouche de Dieu : « Leur âme a varié envers moi, et je leur ai dit : Je ne serai plus votre pasteur. […] M. de Talleyrand, comme la grande génération à laquelle il appartenait, aimait sincèrement sa patrie, et a toujours conservé de rattachement pour les idées de sa jeunesse et les principes de 1789, qui ont survécu chez lui à toutes les vicissitudes des événements et de la fortune.
Mais heureusement on y trouve les grands principes, et quelques détails qui peuvent nous mener à ce que nous n’avons pas. […] Je vais traiter de la poésie en elle-même, de ses espèces, de l’effet que doit produire chaque espèce, et de la manière dont les fables doivent être composées pour avoir la meilleure forme : j’examinerai quelle est la nature- des parties et leur nombre ; enfin je parlerai de tout ce qui a rapport à cet art, en commençant, selon l’ordre naturel, par les principes. […] C’est à tort qu’on blâme Euripide de ce que la plupart de ses pièces se terminent au malheur : il est dans les principes. […] C’est encore Homère qui a montré la manière de faire passer le faux par un sophisme, dont voici le principe.
Quel moyen que de nous-mêmes nous assemblions une infinité de qualités, dont les principes semblent contraires ; que nos écrits soient en même temps subtils et solides, forts et délicats, profonds et polis ; que nous accordions toujours ensemble la naïveté et l’artifice, la douceur et la majesté, la clarté et la brièveté, la liberté et l’exactitude, la hardiesse et la retenue, et quelquefois même la fureur et la raison » ?
Si je ne puis raconter tant d’actions, je les découvrirai dans leurs principes ; j’adorerai le Dieu des armées, j’invoquerai le Dieu de paix, je bénirai le Dieu des miséricordes, et j’attirerai partout votre attention, non pas par la force de l’éloquence, mais par la vérité et la grandeur des vertus dont je suis engagé de vous parler. » 3° Narration. […] Pour mieux comprendre la disposition oratoire et suppléer aux citations que nous n’avons pu faire ici, il faut choisir quelque discours éloquent dans Démosthène, Cicéron, Bossuet, Bourdaloue ou Massillon, en faire l’analyse, examiner le plan, la marche, la distribution des parties : ce travail sera d’une grande utilité pour l’intelligence des principes de rhétorique énoncés ci-dessus.
Le poème didactique est une sorte de traité régulier sur un sujet sérieux et utile ; il s’attache à poser les principes d’un art ou d’une science, à prouver une vérité philosophique ou morale ; mais il revêt son langage de tous les charmes de la versification.
Tout écrivain qui s’écarte de ce principe, n’est digne ni du nom d’honnête homme, ni de celui de bon citoyen.
Il se peut que je ne puisse, avec le peu d’art que je possède, découvrir la fausseté de ses principes et démontrer ce qu’ils ont d’odieux ; mais je n’en serai pas moins certain qu’il choque, en parlant, la nature, la vraisemblance et la raison, qui sont les fondements de toutes les règles, et ma définition seule l’exclura du rang des bons rhéteurs.
Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. […] L’ignorance, qui est leur caractère, les rend incapables des principes les plus clairs et des raisonnements les mieux suivis. […] Il remonte d’abord au premier principe sur la matière qu’il veut débrouiller ; il met ce principe dans son premier point de vue ; il le tourne et le retourne, pour y accoutumer ses auditeurs les moins pénétrants ; il descend jusqu’aux dernières conséquences par un enchaînement court et sensible. […] Il faut lui montrer souvent la conclusion dans le principe. […] Repassez dans votre mémoire l’histoire de ma vie : vous verrez que j’ai tout tiré de ce principe, et qu’il a été l’âme de toutes mes actions.
Je ne crois pas qu’il soit plus conforme aux convenances de la politique qu’aux principes de la morale d’affiler le poignard dont on ne saurait blesser ses rivaux sans en ressentir bientôt sur son propre sein les atteintes. […] Dans quelle mesure devons-nous accepter les réformes et les principes de 1789 ? […] Comment établir un compromis équitable entre les deux principes de l’autorité et de la liberté, dont l’un est nécessaire à la sécurité et l’autre à la dignité des sociétés modernes ? […] En effet, toute classification suppose un principe qui serve de mesure commune. […] Mais le genre humain proteste contre une pareille qualification : il profite du résultat, il blâme le principe ; il honore le dévouement même stérile, même funeste ; il condamne l’égoïsme utile.
2, méchant même par principes ; un esprit léger et frivole, qui n’a point de goût décidé ; qui n’éclaire les choses et ne les recherche jamais pour elles-mêmes, mais uniquement selon la considération qu’il y croit attachée, et fait tout par ostentation ; un homme souverainement confiant en lui et dédaigneux, qui méprise les affaires3 et ceux qui les traitent, le gouvernement et les ministres, les ouvrages et les auteurs ; qui se persuade que toutes ces choses ne méritent pas qu’il s’y applique, et n’estime rien de solide que le don de dire des riens ; qui prétend néan-moins à tout, et parle de tout sans pudeur ; en un mot, un fat sans vertus, sans talents, sans goût de la gloire, qui ne prend jamais dans les choses que ce qu’elles ont de plaisant, et met son principal mérite à tourner continuellement en ridicule tout ce qu’il connaît sur la terre de sérieux et de respectable.